En ce premier week-end du mois de juin, je suis allée faire un saut de puce à Nantes pour visiter son Jardin des plantes renommé, parc à l’anglaise situé en plein coeur de la ville, en face de la gare. M’y baladant à la fraiche de bon matin, j’ai eu la chance de le découvrir silencieux avec quelques rares joggeurs. Y retournant l’après-midi, c’est un tout autre jardin que je contemplerai, avec les familles s’y prélassant, profitant de la fraicheur des nombreux arbres plus que centenaires.

Ce jardin botanique de plus de 7 hectares est reconnu jardin d’excellence pour sa collection de Camélias et il est classé Jardin remarquable. il a conservé ses serres datant du XIXè siècle exposant toute une scénographie exotique, affiche des silhouettes géantes ponctuant le parc, et propose au cours de la balade de très belles collections de plantes abordées selon différents milieux et biotopes du monde.

Vous aimez l’exotisme ? Vous allez adorer le Jardin des Plantes de Nantes !

Les serres et le jardin d'aromatiques

 

Un peu d'histoire

La ville de Nantes est fortement liée de par son histoire et sa géographie aux grandes expéditions maritimes : dès le 16è siècle, y débarquent les premières plantes exotiques venues des colonies qui seront destinées à Marie de Médicis et à la cour à Paris. A la fin du XVIIè siècle, sous Louis XIV est ainsi créé le Jardin des Apothicaires à l’Est de la ville, qui sera à l'origine au jardin actuel : il permet de développer un jardin botanique avec acclimatation d'essences tropicales qui pourront être par la suite facilement transportées via la Loire vers Paris. Une ordonnance royale de Louis XV en 1726 lui donnera une impulsion nouvelle, en en faisant un lieu de conservation de plantes exotiques et de plantes médicinales.

Sur la base de ce jardin, le jardin des plantes beaucoup plus grand est crée en 1807, il ouvrira en partie au public en 1829, et, après une direction chancelante et critiquable par le paysagiste parisien Noisette, il sera repris de main de maitre par Jean-Marie Ecorchard qui va s’efforcer durant 40 ans d’enrichir les collections et de donner un souffle nouveau au lieu, alors que le jardin avait plutôt servi de pépinière jusqu’alors. Il est à l’origine de la création de la serre chaude, et de l’importation de milliers de graines et de plantes vivaces et exotiques. Il réalisera de nombreux aménagements, dont le grand bassin et la « montagne ». Le jardin tel qu’on le connait aujourd'hui sera inauguré en 1860. Le terrible hiver de 1879 est connu pour avoir fait disparaitre de très nombreuses plantes et arbres avec des températures jusqu’à -16°C. En 1895, le palmarium est construit, puis l’orangerie en 1900.

Le jardin est doté de nombreux points d'eau et de quelques fabriques. Une attention est portée aux fleurs sauvages aux abords de la grotte (© Gwenaëlle David)

Des arbres et des plantes

On recense pas moins de 10 000 espèces différentes au sein du vaste jardin, ce qui donne au lieu une véritable fonction de conservation d’espèces botaniques. Parmi eux, un majestueux Magnolia grandiflora, dit Magnolia d’Hector (du nom de son obtenteur, premier directeur du jardin dans les années 1830), certainement le plus emblématique du parc puisqu’ il s’agit du plus vieux de la région. Il fut planté vraisemblablement en 1807 à la création du jardin et possède un tronc de 2,30 m de diamètre.  Le jardin en compte plus de 200 autres, ainsi que de superbes Tulipiers de Virginie et d'un Métasequoia planté en 1955, de Cyprès chauve et d'un bosquet de Ginkgos biloba plus que centenaires superbement mis en scène avec à leurs pieds un tapis d’Ophiopogons.

Le long des allées courbes, je tombe sur un Catalpa bungei, au tronc exceptionnel, un pin Wollemi d’Australie faisant partie d'un plan de sauvegarde de cette espèce rare, et quelques raretés comme l’Arbre parasol de Chine (Firmiana simplex) aux incroyables feuilles palmées, un groupe de Myrtes du Chili (Luma apiculata) à l’écorce cannelle de toute beauté, l’Epicéa de Serbie (Picea omorica Purk.) et sa silhouette colonnaire exceptionnelle, arbre protégé car sur la liste rouge des espèces menacées sur la planète… Un peu plus loin un duo de Sapin de Grèce (Abies cephalonica) et de Kabylie (Abies numidica) lui donnent joliment la réplique... Mais aussi le superbe Catanopsis cuspidata en fleurs et beaucoup d'autre surprises... Le jardin est en réalité un gigantesque arboretum pour les passionnés d'arbres d'exception et remarquables...

Myrte du Chili aux superbes troncs orangés, et à droite la verticalité de l'Epicéa de Serbie (© Gwenaëlle David)

Le jardin est surtout connu pour sa collection nationale de Camélias, il en compte un millier, dont plus de 500 que l’on peut admirer en fleurs au milieu du printemps. Je n’ai pas pu les contempler dans l'explosion de leur floraison, mais le jardin regorge d'autres très beaux arbustes dont les Cercidyphyllums (Arbres caramel), Virgiliers, Sorbarias arborea... et de merveilleux Rhododendrons encore en fleurs au mois de juin… 

Les Rhododendrons à l'entrée du jardin (© Gwenaëlle David)

Les serres

Contexte sanitaire oblige, je n’ai malheureusement pu rentrer dans aucune des serres. On trouve rassemblées au Nord du jardin 800 m2 de très beaux bâtiments ayant conservé tout leur charme avec leurs piètements en brique, leur structure en fer forgé et les ombrières d’époque. Il y a là une orangerie, le palmarium et sa collection de plantes épiphytes dans un milieu semi-naturel reconstitué. On trouve dans une autre serre une collection de plantes succulentes des zones arides (Afrique centrale et du Sud de Madagascar), et puis les serres de cactées et d’orchidées, la serre des Canaries qui abrite des espèces endémiques de ces îles volcaniques et du Pérou, assez rares en France, et une serre tropicale humide. Sur l’île aux palmiers, véritable écrin au cœur du jardin, on peut admirer toute flore des pays lointains entourée de gigantesques Tetrapanax, Gunneras et autres Farfugiums géants… Une belle invitation au voyage en plein centre-ville !

La serre de l'ïle aux Palmiers (© Gwenaëlle David)

Les biotopes et les différents espaces

Le jardin propose de nombreux espaces nous faisant voyager aux quatre coins du monde, et recréé certains biotopes avec beaucoup de naturel et de poésie, le climat nantais permettant d'installer une multitude de végétaux :

  • Une mini-tourbière septentrionale du Nord a été composée près des serres : le lieu est superbe, un vrai coup de coeur pour moi, composé d’étranges autant que fascinantes plantes carnivores (Sarracenias purpurea, Droseras), d'Andromedas polifolia, d'un bassin où l’on retrouve une très belle Angélique des estuaires, espèce protégée, endémique de la côte atlantique française.
La superbe tourbière avec un morta, (tronc de chêne du parc régional de Brière fossilisé de 4000 ans) et les Saracennias (© Gwenaëlle David)
  • La Chaîne des montagnes du Japon : une autre scène où l'on retrouve la richesse de la flore japonaise : Chelonopsis moshata, Hakonechloas, Adenophoras... et de superbes vivaces d'ombre.
Un très bel endroit proposant de découvrir la flore des îles japonaises (© Gwenaëlle David)
  • L'île de Taiwan, où sont rassemblées des plantes endémiques de l'île, subtropicales à montagnardes : Fatsia polycarpa, Camelia transnokoensis Hayata, Prunus transarisanensis...
  • Les plantes médicinales : un bel ensemble de plantes médicinales et toxiques est regroupé non loin du palmarium, toujours à l'emplacement qu'il avait dans le jardin des Apothicaires. On les retrouve toutes par thématiques (système digestif, système nerveux, système respiratoire...), et on peut y déambuler un temps infini !
  • La flore armoricaine rassemble une quantité impressionnante de plantes du massif armoricain, pour les spécialistes
  • La grotte est un bel endroit rafraichissant un peu à l'écart, formé d'un petit pont en rocaille typique du XIXème, de cascade sonore et de bassins présentant un labyrinthe végétal où se croisent fougères, collection de bouleaux, une végétation de sous-bois des montagnes de l'Himalaya (Coriaria nepalensis, Roscoea purpurea...), des Alpes, du Caucase jusqu'au Chili...
La grotte, un espace où la rocaille et la cascade contribuent à renforcer l'ambiance de sous-bois (© Gwenaëlle David)
  • Le désert d’Amérique avec ses cactées, Agaves, Yuccas, etc…
(© Gwenaëlle David)
  • La montagne : il s'agit d'un belvédère aménagé en colimaçon au XIXè siècle où l'on se perd dans une petite forêt de pins, où se mêlent Acanthes, Angéliques, Magnolias, le tout dégageant une belle ambiance semi ombragée
(© Gwenaëlle David)
  • Les parterres de fleurs : ils ponctuent le jardin de touches colorées. Ce ne sont pas moins de 65 000 vivaces et annuelles qui sont plantés en mai et juin pour agrémenter 5 mosaïques au sein du jardin !
un massif de floraisons printanières (© Gwenaëlle David)

Les éléments de décor

Ce qui marque aussi dans ce jardin, ce sont les oeuvres végétales XXL comme le Dormaron, un gros chat enroulé faisant forte impression, et les personnages surdimensionnés habitant les bassins ou ratissant les pelouses créés par l’artiste Jean Julien… le célèbre poussin endormi de Claude Ponti, un illustrateur et auteur de littérature jeunesse, était adossé plusieurs années contre un banc monumental. Il s’en est allé, mais il reste beaucoup de surprises à découvrir, toutes disséminées au fil de la promenade…

Le "Dormanron" de Claude Ponti (© Gwenaëlle David)

Jardin des Plantes
5 entrées dont Rue Stanislas Baudry (Portail d’honneur) et Place Charles Leroux (Entrée principale)
44000 Nantes

Ouvert tous les jours de 8h30 à 20h (17h30 en hiver) ; visites guidées des serres de cactées (gratuit) ; des cours municipaux de botanique sont réservables sur un cycle de 2 ans.