Nos clients ont du talent. Si certains excellent dans l'art d'aménager leur jardin, d'autres, comme Laetitia Mayor, ont un véritable don pour en accommoder les fleurs... en "compote", couronne ou bouquets.
Depuis plusieurs mois, charmée par le naturel de ses compositions (qu'elle qualifie humblement "d'arrangements"), j'admirais le travail de cette "fleuriste troubadoure" via son blog Florésie. Et c'est avec amusement nous nous somme aperçues que, si elle faisait partie de mes fleuristes préférées, Promesse de Fleurs comptait parmi les fournisseurs réguliers de son jardin.
Je vous propose aujourd'hui de découvrir cette fleuriste d'exception, qui a bien voulu répondre à mes questions.
Passer du métier d'ingénieur à celui de fleuriste, c'est un sacré pas à franchir. Un coup de tête ou une reconversion espérée depuis longtemps ?
Ni l'un ni l'autre, et un peu des deux à la fois ! En l'occurrence, après une petite dizaine d'années dans l'ingénierie, j'avais envie de prendre un bol d'air et de me changer les idées. En 2010, je me suis inscrite à l'École des fleuristes de Paris avec pour seul objectif de m'amuser. Mais je suis tombée amoureuse des fleurs. C'est devenu une réelle addiction, et de retour au bureau, travailler le végétal me manquait cruellement.
Pendant mon séjour à l'école, j'ai commencé à écrire mon blog Florésie. J'y racontais mes journées, mes découvertes mes déboires, avec légèreté et humour, un vrai défouloir ! Je le faisais pour mes parents et amis qui s'amusaient à lire quotidiennement mes chroniques parisiennes, moi la petite suissesse qui a grandi dans les Alpes. Mais bien plus de gens me lisaient... et au retour de Paris, un magazine m'a contactée pour contribuer à ses colonnes et de monter des ateliers floraux pour ses lecteurs. Alors, j'ai continué à bloguer et à créer avec du végétal. Des mariés ont commencé à s'intéresser à mon travail et à me solliciter pour fleurir leur "D-day". J'ai alors réduit mon temps de travail comme ingénieur, pour laisser un peu plus de place aux fleurs... Et puis, un choix familial nécessitant un changement de région a tout accéléré. Sans grande possibilité professionnelle dans mon métier technique mais avec une grande maison et un grand jardin, un atelier… Et surtout, ce besoin toujours aussi insistant de créer du beau, de toucher la fleur...
Le pas était fait, et Florésie est passé du statut de blog à celui de petite entreprise. C'était en 2012, et je ne regrette pas une seule seconde.
Tes clients sont donc principalement des futurs mariés ? Tu organises également des ateliers d'art floral... On y apprend quoi ?
Oui, je suis spécialisée dans la décoration florale de mariage, avec un style naturel, organique, inspiré par les fleurs de jardin. Et oui, j'organise également des ateliers pour les pros du mariage et pour le grand public. Les cours pour le particuliers ont en général lieu dans un jardin (le mien ou celui de mes étudiants). On apprend à connaître et reconnaître les fleurs, observer le végétal différemment pour y découvrir tous les petits trésors qui se nichent à chaque étape de vie des plantes. On cueille, on met à l'eau et on utilise des techniques qui permettent d'arranger avec les fleurs de jardin qui ne sont pas aussi "calibrées" que leurs homologues horticoles classiques.
Ton jardin, c'est ton principal "fournisseur" ? Comment l'as-tu organisé ? Qu'as-tu planté ?
J'adorerais que mon jardin soit mon principal fournisseur ! Mais pour des raisons de quantité, je dois me fournir aussi ailleurs quand j'interviens pour les mariages. Je me tourne souvent vers les horticulteurs d'Ile-de-France qui ont encore une belle une tradition de roses de jardin et de fleurs champêtres. Mais mon jardin reste le principal source d'éléments de texture, d'herbes aromatiques, de fleurs rares ou trop fragiles pour être cultivées de façon classique ou intensive.
Nous avons un terrain de 2000 m2 environ sur lequel nous avons divers espaces et niveaux. La zone de fleurs à couper représente environ 200 m2 sur laquelle j'ai environ :
- un tiers d'annuelles (Scabieuses, Bleuets, Carotte sauvage, Tournesol, Cosmos, Cléome, Amarante, Pois de senteur, Nigelles de Damas ...),
- un tiers de bulbeuses d'été (beaucoup beaucoup de Dahlias, c'est mon dada ! )
- un tiers de vivaces (Pivoines, Hortensias, Hellébores, Astrances, Cœurs de Marie, Sedum, Anémones du japon, Phlox, Asters, Heuchères, Alchémille, ...).
Nous avons aussi une vingtaine de rosiers anciens ou anglais répartis dans tous le jardin, une petite parcelle de menthe et autres jolies herbes aromatiques, des petits fruits (fraises, cassis, framboises, très joli tout cela dans les compositions florales!), des arbres dont le fleurissement est aussi très utile au printemps (cerisier, prunus, pommiers,...) et puis des arbres, arbustes et lianes qui étaient là avant notre arrivée et que nous avons maintenus ou ravivés (Millepertuis, Thuyas, Noisetiers, Buis, Lierre, Spirée, Glycine, Clématite, Vigne, Figuier, Forsythia, Sureaux, Laurier, Troène,...). En fait, je crois intimement que tout est intéressant à travailler, à arranger...
Chez nous le jardin est souvent un joyeux bazar. Les plantes poussent un peu là où elles ont envie de s'installer. La saison des mariages étant la plus intense au printemps et en été, je n'ai pas énormément de temps pour m'occuper du jardin au moment où il en aurait le plus besoin. Mais j'aime quand les herbes sont hautes, quand de jolies graminées viennent s'installer au milieu de mes allées, quand les lianes des pois de senteur envahissent mes fruitiers, et que je découvre de nouvelles venues ravissantes autrement nommées "mauvaises herbes" qui finissent bien souvent par apporter une pointe d'épice élégante et inattendue à mes compositions 🙂
Tu te qualifies de "fleuriste troubadoure", c'est à la fois pour la poésie et la fête ?
Au départ, c'était un clin d'œil à mon intérêt pour les univers médiévaux et les arts de cette période-là. Et puis avec les années, même si l'identité visuelle de ma petite entreprise a bien évolué, j'ai choisi de garder ce nom. Dans le troubadour, il y a la création artistique, la fête, le voyage, les châteaux... Au final, les mariages que je fleuris m'emmènent aux quatre coins de la France et plus loin parfois aussi, souvent dans de belles demeures. Chacune de mes réalisation est une vraie création, unique, dédiée à une fête... alors oui, j'avoue, je me sens encore et toujours troubadoure !
A découvrir, sur le site de Florésie :
- un aperçu de son travail de styliste floral, pour de nombreux mariages, mais aussi dans le cadre de ses ateliers (ouverts aux particuliers),
- des tutoriels pour réaliser, facilement, de superbes compositions, avec les fleurs du jardin.
Et pour finir, cette superbe vidéo qui vous plongera dans l'univers de Laetitia
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