Le climat change. C'est un fait. Par conséquent, notre manière de jardiner et de planter change elle aussi. Certaines plantes vont désormais pouvoir être acclimatées sans problème chez nous alors qu'a contrario, d'autres vont disparaitre de nos jardins petit à petit. La question : "doit-on encore protéger certaines plantes en hiver ?" parait simple de prime abord. Une réponse catégorique est pourtant très compliquée à apporter. On fait rapidement le point sur la protection des plantes en hiver.
Moins froid en hiver mais aussi plus humide
Les hivers rigoureux semblent n'être qu'un lointain souvenir. Enfin... jusqu'à nouvel ordre. En effet, en tant que jardinier, nous n'avons finalement que quelques années de recul et il est tout à fait possible que nous subissions un hiver très froid dans quelque temps. Ce qui remettra en cause tout ce qu'on pensait jusque-là sur le jardin.
Mais partons tout de même sur le principe que nos hivers sont nettement moins froids par rapport à il y a 20 ans. D'un premier abord, on pourrait se dire que les plantes plus frileuses (résistantes jusqu'à -5 °C à -10 °C) peuvent désormais s'acclimater facilement dans le Nord ou les régions froides de France et de Belgique. Oui... mais. N'oublions pas que les hivers sont désormais plus humides aussi. Comme une sorte d'automne qui durerait 4 à 5 mois. Or les espèces de climat doux n'apprécient que rarement d'avoir les pieds dans l'eau en hiver. Il faudra donc vérifier que la terre soit bien drainée ou à défaut améliorer le drainage de celle-ci afin d'éviter le pourrissement des racines.
Des épisodes de gel tardif de plus en plus récurrents
Si les derniers hivers ne sont plus très rigoureux, ce n'est hélas pas le cas de certains jours de printemps. Depuis 5 ans au moins, il n'est plus rare de subir d'horribles gelées printanières qui arrivent toujours pile au plus mauvais moment. En effet, un hiver doux permet une reprise de la végétation plus précoce. Et boum patatra ! C'est l'horreur ! Certains feuillages et quelques floraisons se retrouvent fort abîmés, voire détruits. C'est le cas de la floraison des fruitiers comme les Pruniers, les pommiers, les abricotiers ou des plantes ornementales comme la glycine. Le feuillage des actinidias (Kiwis), des catalpas ou des érables japonais est bien souvent "grillé" littéralement par le gel. Et que dire des vivaces bien trop optimistes en début de saison qui se retrouvent soudainement face à un coup de froid dévastateur : hostas, astilbes, persicaires ou bien entendu gunneras ?
On ne compte plus les années "sans fruits" à cause d'une destruction des fleurs de pruniers, pommiers, poiriers... (ou de leurs pollinisateurs). Mes magnolias et ma glycine "tirent une tête d'enterrement" face aux gelées tardives et ne s'en relèvent que difficilement (l'année dernière, j'ai personnellement cru que l'heure de mon Magnolia X soulangeana était arrivée !). Et je ne parlerais même pas de nos années "sans hortensias", Hydrangea macrophylla et Hydrangea serrata notamment, qui arrivent elles aussi tous les deux ou trois ans lorsque les fleurs sont dramatiquement détruites en début de saison.
Tous ces végétaux sont-ils devenus inadaptés pour nos régions ? Peut-être bien en effet. Libres à nous de leur trouver des remplaçants moins capricieux dont le débourrement ou la floraison se font plus tardivement.
Bref : que fait-on ?
"Prudence est mère de sureté"
Dans le doute, continuons à protéger ce qui doit l'être ! Un bon paillage, une haie contre le vent, une terre suffisamment drainée, une protection à l'aide d'un voile d'hivernage : tout est bon pour protéger vos plantes les plus frileuses. "Prévoir, c'est gouverner", et il vaut mieux trop en faire que de se rendre compte trop tard qu'une protection aurait été nécessaire.
Ceci dit, inutile de tomber dans la psychose du froid et de protéger vos plantes lorsqu'il gèle à peine. Guettez les épisodes de froid intense, notamment en sortie d'hiver, et n'intervenez qu'à ce moment-là à l'aide d'un simple voile d'hivernage pour vos plantes les plus frileuses.
Mais "Qui ne tente rien n'a rien"
Tentons des choses nouvelles ! Le monde végétal est vaste. Pourquoi ne pas profiter de ces changements climatiques pour tester d'autres plantes provenant d'autres régions du monde ? Je pense notamment à certaines régions de l'Europe de l'Est ou des Balkans, deux régions habituées aux saisons très contrastées. Et puis, invitons des essences plus "sudistes". On ne sait jamais, nous n'avons le risque que de réussir.
Des espèces végétales exotiques... ou pas. En effet, la plupart des plantes indigènes ou semi-indigènes présentent une étonnante résistance voire adaptation face à ces changements (pas toutes cependant !). Peut-être est-ce l'occasion de leur retrouver une place dans nos jardins ?
Un véritable défi pour les années à venir
En d'autres termes, durant les années qui vont suivre, nous, jardiniers et professionnels du secteur, allons devoir nous retrousser les manches et les neurones pour faire face efficacement à ces différentes problématiques. Dénicher de nouvelles espèces, créer de nouvelles variétés, expérimenter de nouvelles plantations... Mais c'est ça aussi qui est gai dans le jardinage...
RAPINE Anick, le 28 Octobre 2020
je suivrai avec attention les conseils d'Olivier, étant plutôt désemparée par ces changements de temps qui dévastent mes plans et mon jardin!!!!!
DIERICK, le 28 Octobre 2020
Bravo et merci pour ces conseils pleins de bon sens,et bravo pour le commentaire sur Olivier;Ah! ces belges !!!!
Marie-Laure, le 28 Octobre 2020
En effet les gelées printanières sont souvent catastrophiques et mars est parfois le mois le plus froid de l’hiver, genre 15 degrés en janvier et -6 en mars... Pas facile mais il faut s’adapter. Couvrir, découvrir, regarder la météo et installer des thermomètres à maxima minima près des plantes qui pourraient souffrir. En bref, être réactif.