Cultiver la châtaigne de terre : où, quand et comment ?

C'est quoi exactement cette châtaigne de terre ?

La châtaigne de terre (Bunium bulbocastanum) est une plante herbacée vivace appartenant à la famille des Apiacées, comme la carotte, le persil et le fenouil. Originaire d’Europe et d’Asie occidentale, elle pousse spontanément dans les prairies, les prés et les lisières de forêts au sol bien drainé.

Sur le plan morphologique, le Bunium bulbocastanum forme des tiges dressées pouvant atteindre 30 à 60 cm de hauteur, pour une envergure d’environ 40 cm. Elle porte des feuilles finement divisées, découpées en segments étroits et linéaires, rappelant celles du fenouil ou de la carotte sauvage. Ce feuillage léger, délicatement aromatique, est inséré sur des tiges grêles et glabres, très rameuses et dressées. Il est persistant à semi-persistant suivant les régions, et se consomme comme du persil.

La floraison a lieu en été, généralement entre juin et juillet, et donne naissance à des inflorescences en ombelles, d’aspect légèrement duveteux, composées de petites fleurs blanches, typiques des Apiacées. Très mellifères, ces fleurs attirent de nombreux pollinisateurs, notamment des abeilles et des papillons, qui participent à la reproduction de la plante.

Planche botanique de la châtaigne de terre (© Jan Kops – Wikimedia Commons)

La partie la plus prisée du Bunium bulbocastanum est son tubercule, une racine renflée de forme arrondie à légèrement allongée, brunâtre à l’extérieur et blanche à l’intérieur. Ce tubercule de 1 à 2 cm de diamètre est riche en amidon et en huiles aromatiques, lui conférant une saveur douce, entre la châtaigne, la pomme de terre et la noisette. Contrairement à d’autres tubercules comestibles, sa croissance est relativement lente et il se développe en profondeur, ce qui le rend parfois difficile à récolter.

Enfin, la châtaigne de terre produit des graines allongées et brunes, qui assurent la reproduction de l’espèce. Ces graines, en plus de leur rôle dans la dissémination, ont longtemps été utilisées comme épice, leur arôme rappelant celui du cumin noir (Nigella sativa).

Semis de graines ou plantation de tubercules ?

Le semis du Bunium bulbocastanum est une méthode de multiplication qui permet d’obtenir un grand nombre de plants, mais qui demande de la patience en raison de la lenteur de la germination, et de sa réussite aléatoire. Pour espérer goûter la châtaigne de terre, il faut attendre le développement des tubercules, ce qui peut demander plusieurs années. Pour autant, c’est une méthode qui permet d’obtenir un grand nombre de plants à moindre coût, qui favorise la diversité génétique et l’adaptation aux conditions locales de sol et de climat.

La plantation des tubercules est la méthode la plus rapide et la plus efficace pour cultiver la châtaigne de terre. En effet, la plante se développe alors plus vite, et la récolte des premiers tubercules intervient dès la deuxième année. Quant au taux de réussite, il est nettement plus élevé, car les tubercules sont moins sensibles aux conditions extrêmes en début de croissance.

Où et comment planter la châtaigne de terre ?

La plantation des tubercules ou des jeunes plants se fera dans un sol riche en humus, bien travaillé pour être ameubli, parfaitement drainé, et plutôt frais. N’hésitez pas à amender la terre avec un compost bien mûr ou du fumier bien décomposé. La terre sera idéalement argileuse ou calcaire, mais il faut éviter les sols acides ou pauvres où la croissance de la châtaigne de terre serait réduite. L’essentiel étant que le sol ne soit pas gorgé d’eau. Si tel est le cas, il est recommandé de faire un apport de sable avant la plantation.

Quant à l’emplacement choisi, il sera soit mi-ombragé dans les régions où le soleil est brûlant, très ensoleillé ailleurs.

Pour éviter l’accumulation de maladies du sol et maintenir une bonne fertilité, il est conseillé de ne pas replanter la châtaigne de terre au même endroit chaque année. Une rotation des cultures avec des cultures légumineuses (comme les fèves ou les pois) peut enrichir le sol en azote et améliorer la production future.

Les tubercules ou les plants doivent être placés à environ 5 à 10 cm de profondeur, espacés de 20 à 30 cm les uns des autres.

Feuillage et fleur de la châtaigne de terre

Quand et comment semer les châtaignes de terre ?

Le semis de graines de Bunium bulbocastanum permet d’obtenir des plants robustes, mais l’opération demande beaucoup de patience.

Quand semer ?

Les graines doivent être semées au printemps, de février à juin, ou à l’automne, de septembre à octobre, idéalement après une période de stratification à froid d’environ 4 à 6 semaines pour améliorer leur taux de germination.

Comment semer ?

Le semis se fait en pleine terre ou mieux, en terrines ou caissettes, remplies d’un substrat léger, bien drainé et riche en matière organique. Un terreau spécial semis est idéal. Il faut installer les semis dans un endroit frais et abrité. En pleine terre, il est recommandé d’espacer les graines d’environ 20 cm et de les recouvrir d’une fine couche de terre. La germination peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. L’arrosage doit être régulier, mais modéré pour garder le substrat humide.

Les plants, lorsqu’ils sont suffisamment solides, seront repiqués en godets, avant d’être transplantés en pleine terre durant l’automne ou le printemps prochain.

La plantation s’effectue aux mêmes périodes, soit au début du printemps, entre mars et mai, ou en automne, en septembre ou octobre, lorsque le sol est encore meuble mais non détrempé.

Quel entretien pour la châtaigne de terre ?

Une fois les tubercules de Bunium bulbocastanum en terre, un entretien minimal mais régulier est nécessaire pour assurer une bonne croissance et une production optimale. Voici les principaux aspects à surveiller :

Arrosage : un équilibre à trouver

La châtaigne de terre préfère un sol frais mais bien drainé. Un arrosage modéré est essentiel, surtout en période de sécheresse. Trop d’humidité peut provoquer la pourriture des tubercules, tandis qu’un sol trop sec ralentit leur développement. L’idéal est d’arroser lorsque le sol commence à sécher en surface, en veillant à ne pas détremper la terre.

Désherbage : limiter la concurrence

Comme la croissance du Bunium bulbocastanum est relativement lente, la concurrence des adventices peut nuire à son bon développement. Un désherbage manuel ou un binage régulier permet de limiter cette concurrence sans endommager les jeunes pousses. L’utilisation d’un paillage organique (feuilles mortes, paille, BRF) aide également à réduire la pousse des mauvaises herbes tout en conservant l’humidité du sol.

Fertilisation : un apport léger et naturel

La châtaigne de terre n’est pas une plante très gourmande, mais un sol bien enrichi améliore sa croissance. Un apport de compost mûr ou de fumier bien décomposé en début de saison suffit généralement. Un léger apport en potasse (cendres de bois, engrais naturel) peut favoriser le développement des tubercules. Évitez les excès d’azote, qui stimulent le feuillage au détriment des racines.

Protection contre les ravageurs et maladies

La châtaigne de terre est relativement résistante aux maladies, mais elle peut être sensible aux pourritures en sol mal drainé. Il est donc essentiel d’éviter les excès d’humidité et d’assurer une bonne aération du sol. Les rongeurs (campagnols, mulots) peuvent aussi être un problème, car ils sont friands des tubercules. Un paillage épais ou des protections souterraines (grillages fins) peuvent limiter les dégâts.

Laisser sécher le feuillage naturellement

À la fin du cycle végétatif, en automne, le feuillage jaunit et sèche naturellement. Il est préférable de le laisser en place jusqu’à ce qu’il soit complètement desséché, car il continue à nourrir les tubercules. Une fois sec, il peut être coupé et utilisé comme paillage ou ajouté au compost.

La récolte et la conservation de la châtaigne de terre

Pour récolter ses premiers tubercules de châtaigne de terre, la patience est de mise. Il faut attendre au minimum deux ans, voire trois, avant de les arracher pour une première récolte. Il est important d’attendre que le cycle végétatif soit bien terminé pour permettre aux tubercules d’atteindre leur taille optimale et de bien se conserver après la récolte. Une récolte trop précoce donnerait des tubercules plus petits et moins développés.

La récolte des tubercules de Bunium bulbocastanum s’effectue généralement à l’automne, lorsque le feuillage jaunit et se dessèche, signe que la plante entre en dormance. Ce phénomène survient souvent entre septembre et novembre, selon le climat et les conditions de culture.

Une particularité intéressante de la châtaigne de terre est qu’il est possible de récolter les tubercules au fur et à mesure des besoins, en laissant certaines racines en terre. Cela permet à la plante de continuer à produire les années suivantes, à condition de ne pas tout arracher.

Comment récolter les tubercules ?

La récolte doit être réalisée avec précaution pour éviter d’endommager les tubercules, qui sont relativement fragiles et peuvent se casser s’ils sont mal manipulés. Voici la méthode recommandée :

• Dégager doucement le sol autour de la plante à l’aide d’une fourche-bêche ou d’une griffe. Il est préférable de commencer un peu à l’écart pour ne pas sectionner les tubercules
• Soulever délicatement la motte en secouant légèrement la terre pour exposer les tubercules
• Récupérer les tubercules à la main, en prenant soin de ne pas les écraser ou les blesser. Les tubercules sont souvent situés en grappes sous la plante principale
• Nettoyer légèrement la terre adhérente, sans laver les tubercules immédiatement si vous souhaitez les conserver plus longtemps. Un simple brossage ou un passage rapide à la main suffit.

Comment conserver les tubercules ?

Les tubercules frais peuvent être consommés immédiatement, mais si vous souhaitez les conserver, il est recommandé de les stocker dans un endroit frais, sec et à l’abri de la lumière. Un stockage en cave ou en silo de sable légèrement humide permet de prolonger leur durée de conservation pendant plusieurs mois.

Pour éviter le dessèchement, les tubercules ne doivent pas être entreposés dans un environnement trop sec. À l’inverse, un excès d’humidité peut provoquer la moisissure ou la pourriture.