Comment enrichir son sol naturellement grâce aux amendements organiques ?

C'est quoi un amendement ?

Un amendement est une matière d’origine végétale, animale ou minérale ajoutée au sol pour améliorer ses propriétés physiques, chimiques et biologiques.

À la différence des engrais, qui fournissent directement des nutriments aux plantes, les amendements organiques enrichissent le sol sur le long terme pour dynamiser sa productivité. Ils jouent un rôle crucial dans la santé globale du sol en améliorant sa structure, sa capacité de rétention d’eau et en favorisant son aération et par conséquent l’activité microbienne.

Les amendements organiques sont dérivés de matières vivantes ou ayant vécu, comme les fumiers, le compost ou certains résidus végétaux. Ils apportent de la matière organique au sol, contribuant à la formation de l’humus, essentiel pour la fertilité et la stabilité du sol. En intégrant ces matériaux, les sols deviennent plus vivants, mieux aérés et capables de retenir davantage d’eau et de nutriments, et résistant mieux à l’érosion.

Leur impact environnemental n’est en outre pas à négliger : ils réduisent les déchets organiques, contribuent à la réduction de l’érosion des sols et la séquestration du carbone, et sont utilisables en agriculture biologique.

Les sols ont tous besoin d’amendements, surtout ceux très plantés ou le potager, qui absorbent quantité de nutriments et s’appauvrissent plus rapidement. Un seul apport d’engrais ne sera jamais suffisant si le sol n’est pas en mesure d’absorber ces éléments : c’est là que l’amendement a un rôle à jouer si important dans nos jardins…

→ Lire aussi Le rôle de l’humus dans la fertilité du sol et Engrais ou amendement : quelles différences ?

Le tas de fumier : une manne pour nos jardins et potagers

Les différents types d'amendements organiques

La plupart des amendements organiques se trouvent facilement ou se fabriquent chez soi, un gain considérable comparé à certains fertilisants vendus dans le commerce. Voici les amendements les plus efficaces pour nos jardins, utilisables en permaculture.

Les fumiers

Les fumiers sont riches en nutriments et améliorent la structure du sol. Ils sont généralement incorporés à la terre en automne pour permettre une décomposition optimale avant les semis de printemps. Les fumiers bien compostés apportent une valeur ajoutée significative en termes de fertilité du sol. On trouve essentiellement du fumier de cheval, de vache, d’ovin ou de volaille. Pascale vous explique en détail les différents types de fumiers dans son article.

Leurs atouts : ils ont riches en azote, potassium et potasse ; ils sont plébiscités pour une utilisation au potager et pour améliorer les sols lourds ; ils s’utilisent tous les deux ou trois ans après un premier apport.

Leurs inconvénients : un fumier mal décomposé va brûler les racines des plantes… Son odeur peut incommoder, surtout les voisins quand on n’habite pas à la campagne ; pas facile à se procurer quand on est un citadin.

N.B. : des versions sèches sont pratiques pour les citadins ou pour les petits jardins. On trouve ces fumiers déshydratés sous la forme de granulés qu’Olivier vous présente en vidéo.

Le compost

C’est l’or noir du jardinier !
Issu du compostage de déchets organiques comme les déchets alimentaires, les tontes de gazon, les feuilles mortes et petits branchages, il est riche en humus et est légèrement humide. C’est cette matière organique décomposée par l’activité microbienne qui va être très utile pour améliorer les sols glaiseux : les micro-organismes font leur travail, l’humus se génère peu à peu. De nombreuses structures de sol s’améliorent considérablement uniquement grâce à l’ajout de compost.

Le compost est très utile comme matière à mélanger à la plupart des amendements organiques cités ici.

♥ Son atout : il ne coûte rien, juste les allées et venues à son composteur et un peu de temps pour le retourner régulièrement ! ; il réduit nos déchets organiques, et il enrichit durablement le sol en matière organique.

⇓ Son inconvénient : il doit être bien décomposé lui aussi, et demande une certaine maitrise du processus de compostage pour le préparer dans les règles de l’art et obtenir un bon compost.

N.B. : le lombricompost (ou vermicompost) est un type de compost produit plus rapidement, reposant sur l’action des vers de terre qui décomposent les déchets organiques pour créer un amendement riche en nutriments. Il est souvent pratiqué en intérieur, dans des bacs spécialement conçus, permettant un contrôle précis de la température et de l’humidité. Il nécessite une gestion attentive pour maintenir des conditions optimales pour les vers et est de ce fait un peu plus complexe à mettre en place.

La paille et le foin

La paille hachée est utilisée principalement comme paillis pour protéger le sol et retenir l’humidité au potager. Plus fibreuse, elle se décompose lentement, enrichissant le sol en matière organique et favorisant l’activité microbienne. Mais elle consomme beaucoup d’azote. Le foin se décompose plus vite et est donc à cet égard plus intéressant. L’idéal est de mélanger trois ou quatre semaines en amont de leur utilisation la paille ou le foin à de la terre et/ou du compost, ce qui permet une meilleure décomposition.

♥ Leur atout : la paille favorise l’activité microbienne ; le foin favorise la rétention d’eau et est riche en nutriments.

⇓ Leur inconvénient : leur décomposition est plus ou moins lente lente ; la paille peut acidifier certains sols.

Les feuilles mortes et le terreau de feuilles

Les feuilles mortes se décomposent plus ou moins rapidement pour former de l’humus, améliorant ainsi la structure du sol et sa capacité de rétention d’eau. Elles peuvent être utilisées comme paillis ou incorporées directement dans le sol quand elles sont décomposées. Le terreau de feuilles, issu de la décomposition de feuilles sèches, est une excellente source de matière organique.

♥ Leur atout : c’est un amendement gratuit et une ressource renouvelable, si simple à se procurer quand on a planté assez de végétaux caducs.

⇓ Leur inconvénient : certaines feuilles coriaces ne se décomposent pas bien (chêne, mûrier) et devront être broyées,  ou sont à proscrire comme les feuilles de noyer ; mal décomposées, elles peuvent contenir certains pathogènes.

→ Lire aussi : Comment faire un bon terreau de feuilles ?

Le BRF, les copeaux de bois

Le BRF (bois raméal fragmenté) est particulièrement efficace pour améliorer la structure du sol et stimuler l’activité microbienne. Il est issu d’un broyat de bois frais (branchages d’arbustes et d’arbres).  Il se décompose lentement, libérant progressivement des nutriments et améliorant la rétention d’eau et la circulation de l’air dans le sol. On doit idéalement laisser maturer les copeaux de bois au minimum 1 à 2 ans avant de les incorporer au sol, ce qui évite le phénomène de faim d’azote.

♥ Son atout : facile à faire chez soi avec un broyeur ; il améliore efficacement la structure et l’aération des sols argileux ; il apporte beaucoup de fraîcheur durant les épisodes de sécheresse.

⇓ Ses inconvénients : sa décomposition est assez lente ; utilisé frais, il consomme une grande quantité d’azote du sol, ce qui peut temporairement priver les plantes de cet élément nutritif essentiel → Lire aussi La faim d’azote : qu’est-ce-que c’est ? Comment y remédier ?

Les extraits d’algues

Utilisés comme fumure de fond, ils sont riches en matières organiques, en nutriments et en minéraux et enrichissent les sols en micro-organismes bénéfiques. On les trouve à la vente conditionnés sous la forme d’algues pures en poudre ou de granulés d’algues, qui corrigent les carences calciques, ou bien dans des mélanges enrichissant des fumiers organiques. Les algues sont généralement issues du goémon noir (Ascophyllum Nodosum). Elles s’enfouissent dans le sol comme les autres amendements. Auprès des zones côtières, on peut tout à fait ajouter des algues à son compost ou les utiliser en paillage, en les rinçant à minima et en les récoltant avec parcimonie !

♥ Leurs atouts : les algues ont une action de fond sur les sols ; ce sont des bio-stimulants très concentrés en oligo-éléments, favorisant la croissance des plantes, et ne nécessitent un apport que tous les deux ou trois ans seulement.

⇓ Leurs inconvénients : ils sont assez chers ; ils peuvent contenir des métaux lourds si non choisis en bio.

Les guanos

Ce sont les fientes de certains mammifères : on trouve dans le commerce le plus facilement du guano de chauve-souris et des guanos d’oiseaux marins. Parfois targués d’engrais pour leur effet fertilisant, ces amendements sont riches en nutriments, particulièrement en phosphore et en azote, bénéfiques pour stimuler rapidement la croissance des plantes, mais ils améliorent aussi la structure du sol en stimulant l’activité microbienne.

Utilisés comme fumure de fond, ils sont riches en nutriments et en minéraux et enrichissent les sols en micro-organismes bénéfiques.

♥ Leur atout : le guano de chauve-souris est une riche source d’azote, adapté aux légumes ou aux plantes à feuilles ; le guano d’oiseaux de mer est plus indiqué pour les plantes à fleurs ou les fruitiers avec sa forte teneur en phosphore. Ils sont assimilables lentement par le sol.

⇓ Leur inconvénient : un surdosage peut être plus nuisible que bénéfique et peut brûler les racines ; leur coût plus élevé que les autres amendements ; leur odeur… mais est-ce bien important ?

Guano de chauve-souris

Les engrais verts

Enfin, citons les engrais verts, qui sont des plantes que l’on va semer sur une parcelle afin d’en modifier la structure et la fertilité. Après leur complet développement, ces plantes sont fauchées, puis enfouies dans la terre pour y apporter des nutriments spécifiques. Ils sont surtout utilisés au potager.

Parmi les nombreux engrais verts utiles, on trouve de nombreuses plantes de la famille des légumineuses qui fixent de l’azote dans sol : la vesce, la moutarde, la phacélie, la luzerne, etc.

Quand et comment s'en servir ?

L’utilisation des amendements organiques dépend de plusieurs facteurs, notamment du type de sol et des besoins spécifiques de certaines plantes. La période d’application est en particulier majeure. Voici quelques conseils pratiques pour une action optimale :

• Période d’application : les fumiers et la plupart des amendements seront généralement épandus sur le sol en automne (impérativement pour les fumiers frais), afin de se dégrader, composter et de nourrir lentement les sols, tandis que le compost est préférablement épandu en bonne couche en fin d’hiver. Les feuilles mortes et la paille peuvent être appliquées à différentes périodes en fonction des besoins du sol. Les fumiers décomposés depuis au moins  5 mois seront épandus en fin d’hiver.

• Méthodes d’application : soit on incorpore directement l’amendement en l’enfouissant dans le sol à l’aide d’une griffe parce qu’il est mûr, soit on l’épand simplement en surface, auquel cas, on intervient sur un sol humidifié. Dans le premier cas, déposez des pelletés de matière sur le sol. Ne reste plus qu’à griffer le sol au printemps pour mélanger grossièrement en superficie l’amendement à la terre. Renouvelez l’opération chaque année ou tous les deux ans en ajoutant une nouvelle couche si votre sol en a besoin.

• Pour la plantation des vivaces, arbres et arbustes : l’apport de compost ou de terreau de feuille booste la plante. Ils vont leur garantir une bonne nutrition pour les mois à venir.

• Conseils pratiques : il est important de stocker les amendements organiques dans des conditions sèches pour éviter la prolifération de micro-organismes indésirables. La plupart des amendements seront combinés entre eux avec du compost.

• Dosage : voir notre tableau ci-dessous, car les quantités diffèrent selon le type d’amendement. Référez-vous toujours aux dosages sur les paquets d’amendement vendus dans le commerce.

Griffez la terre pour incorporer facilement l’amendement

Le dosage doit être adapté aux besoins spécifiques du sol et en fonction du type de plantes. Voici un petit tableau récapitulatif pour déterminer la quantité d’amendement nécessaire selon le type de sol et ses actions sur celui-ci :