Elle est revenue la saison des champignons ! Les balades en forêt de l'automne sont un prétexte joyeux pour assouvir ce petit plaisir qui nous ramène en enfance, où les paniers se remplissent de cèpes lorsque l'on est chanceux, ou bien de girolles, de coulemelles et autres merveilles des bois. À partir de la fin de l'été, quand les pluies qui reviennent favorisent le développement des champignons, la tentation est grande de partir chercher des champignons.
Mais cette cueillette est-elle réglementée ? Existe-t-il des interdictions ? Peut-on vraiment aller à la chasse aux champignons n'importe quand et n'importe où ? Que nous dit la loi à ce sujet ?
Suivez nos conseils pour tout savoir sur ce que l'on peut faire… ou pas, pour ramasser des champignons en forêt sans culpabiliser ou risquer une amende.
Y a-t-il un calendrier précis pour la cueillette des champignons ?
Quand on prépare son petit panier pour aller chercher des champignons, peu d'entre nous se posent la question de savoir s'il a été fixé une date précise pour cette activité traditionnellement automnale. Il n'y a pas vraiment de date d'ouverture et de date butoir au niveau national, car les périodes autorisées pour la cueillette varient en fonction des régions, des types de forêts, et des réglementations locales. Les arrêtés préfectoraux peuvent ainsi stipuler que la cueillette de champignons est autorisée du 1ᵉʳ septembre au 30 novembre. Ces dates sont ajustées en fonction des conditions locales et des décisions des autorités compétentes. À noter que les réglementations peuvent également varier d'une année à l'autre, en fonction des conditions climatiques et des objectifs de conservation de la biodiversité.
Certains départements comme le Calvados ou la Manche ont ainsi règlementé l'ouverture de la saison par arrêté préfectoral : on ne peut pas partir cueillir des champignons en forêt domaniale le mardi et le jeudi dans ces départements. Il convient donc de bien se renseigner auprès de la mairie concernée pour savoir si la cueillette peut bien avoir lieu tous les jours de la semaine ou non, au risque de se retrouver avec une amende pas très sympathique.
Généralement, on autorise la cueillette entre le lever et le coucher du soleil, mais là encore, des créneaux horaires pour la cueillette des champignons peuvent être imposés, certaines restrictions étant mises en place pour éviter les afflux massifs de cueilleurs à certaines heures de la journée, et afin de protéger les écosystèmes ou pour des raisons de sécurité. Il convient d'être particulièrement prudent en périodes de chasse pour des questions évidentes de visibilité des promeneurs.
Pour les profanes, sachez que ramasser des champignons peut s'effectuer bien au-delà de la période automnale, les champignons n'ayant besoin que de pluies suivies de températures douces pour bien pousser, ce qui laisse d'autres fenêtres de tir dans l'année, notamment tout au long du printemps ! Les amateurs de morilles s'y attelleront d'ailleurs à ce moment-là, et la saison printanière sera aussi propice à ramasser des girolles (Cantharellus cibarius) qui poussent bien à cette époque.
Enfin, les connaisseurs de champignons ne s'y trompent pas : pour remplir son panier, rien ne vaut attendre la nouvelle lune dans le calendrier lunaire.
Toutes les forêts permettent-elles le ramassage des champignons ?
Les forêts domaniales, qui appartiennent à l'Etat, donc publiques, sont celles où la cueillette est tolérée. Elles relèvent du régime forestier dont la gestion est assurée par l'ONF (Office National des Forêts). Les forêts communales sont en principe également ouvertes au ramassage des champignons, mais là encore, il convient de se renseigner en mairie avant de vous y rendre pour remplir vos paniers.
Dans les zones protégées comme les parcs nationaux, les zones naturelles et les sites Natura 2000, la cueillette de champignons est souvent strictement réglementée ou interdite pour des raisons de protection de l'environnement et de conservation de la biodiversité. Il est important de consulter les règlements spécifiques à chaque parc ou réserve avant de procéder à la cueillette.
Et dans les champs ou les prairies privés ?
La cueillette y est tolérée à condition de demander l'autorisation au propriétaire (mais il est rarement là au moment où l'on s'y promène…) et de consulter les arrêtés préfectoraux et communaux en mairie. Peu d'entre nous s'en préoccupent, mais il faut bien garder à l'esprit que les champignons sont considérés comme appartenant au propriétaire du terrain (en vertu de l'article 547 du Code civil). À éviter donc, sauf si vous connaissez le propriétaire et que vous pouvez lui demander son consentement.
Quels champignons peut-on ramasser et en quelle quantité ?
Là encore, quelques règles s'imposent, car un arrêté préfectoral peut tout à fait fixer des restrictions spécifiques pour la cueillette de cèpes ou d'autres champignons, avec des limitations sur les quantités et des interdictions de certaines zones de cueillette dans des secteurs protégés.
En ce qui concerne les quantités, il est généralement établi qu'un adulte ne prélèvera pas plus de 3 kg de champignons par jour (on parle toujours de 5 litres, pas évident à se représenter en volume de champignons), soit l'équivalent d'un gros panier ou de deux petits, mais cela se vérifie auprès des autorités locales. De toute façon, il n'est pas recommandé de manger des champignons en trop grande quantité (200 grammes par semaine au maximum par personne adulte) sachant que ce légume pas comme les autres est difficile à digérer, et que selon son aire de cueillette, il peut contenir différents polluants, le champignon étant une véritable éponge au niveau du sol. On ne les consommera pas plusieurs jours de suite non plus !
Quant au calibre, c'est un peu plus flou, mais il est raisonnable de prélever les champignons de la façon la plus responsable possible : ne pas les cueillir trop jeunes ou trop petits. Cela permet de laisser les champignons se développer et de favoriser leur reproduction. Par exemple, pour les cèpes, il est souvent conseillé de ne pas cueillir les spécimens dont le chapeau est inférieur à 5 cm de diamètre.
En cas de doute sur le champignon, passez votre chemin. Ne vous fiez pas aux applications sur téléphone qui ne sont pas 100 % fiables, ni à certains guides pas toujours bien faits, et qui pour un non-connaisseur sont parfois source d'erreur… et en matière de champignons toxiques, il vaut mieux éviter. On peut toujours les montrer à un pharmacien comme il est coutume de le faire, mais tous ne sont pas experts dans ce domaine, ou à un mycologue (beaucoup moins facile à trouver, vous l'avouerez). Laissez donc en forêt tous ceux que vous ne connaissez pas.
Petit rappel sur les bonnes pratiques
Il est toujours recommandé de se renseigner auprès des autorités locales (mairie, office de tourisme, ONF, etc.) avant de procéder à la cueillette de champignons.
Soyez respectueux de l'environnement et des zones de cueillette, en ne piétinant pas à plusieurs les endroits où poussent les champignons, et ne cueillez pas plus que vos besoins.
Enfin, respectez le mycélium des champignons, en arrachant le pied à la base plutôt qu'en le coupant. Contrairement à ce que l'on s'imagine souvent, arracher les champignons en entier ne nuit pas au mycélium (ce réseau de filaments souterrains) car ils sont souvent profondément ancrés dans le sol et ceci ne les affecte pas. On préserve quand même le mycélium qui favorise la régénération des champignons, et cela permet surtout de mieux les identifier lorsque l'on n'est pas sûr de soi (le pied contient des informations majeures comme la forme de la base du pied ou la couleur).
Et… une fois à la maison, consommez les champignons cueillis dans la nature uniquement (bien) cuits, un jour maximum après la cueillette, et conservés sans matière plastique.
Allez plus loin…
... avec le site de l'ONF et ses conseils pratiques sur la cueillette des champignons.
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