Après la Normandie où j’ai pu visiter les jardins shamrock et plume, je passe un moment à Tours, et une escale s’impose naturellement au festival des jardins de Chaumont-sur-Loire ! Le thème de cette année : Flower power – Le pouvoir des fleurs.
J’apprécie particulièrement ce festival parce qu’on est transporté d'un jardin à l'autre, avec un thème comme fil conducteur. On entre dans un nouvel univers à chaque instant. Difficile de faire un choix entre tous ces jardins, mais en voici quelques-uns parmi ceux que j’ai préféré.
Jardin de sous-bois
C’est le premier jardin du Festival. On descend des marches, et la vue s’ouvre sur une perspective, avec un bassin rectangulaire, allongé. Un jardin assez graphique, et en même temps naturel et frais, avec une végétation de sous-bois, des arbustes conduits en cépée et des fougères. Un espace avec des bancs surplombe la scène, permettant de se poser et de profiter d’une vue sur le bassin.
Inspiration
Ici, on traverse l’atelier d’un artiste, avec des toiles, des pinceaux, des peintures, pour arriver ensuite dans le jardin. Des cadres sont placés là et nous permettent de voir le jardin à travers eux. Des scènes végétales sont recréées en face de chacun, reprenant des tableaux célèbres : les tournesols de Van Gogh, les nymphéas de Claude Monet, la jungle paradisiaque d’Henri Rousseau... J’apprécie l’originalité de ce jardin, qui donne toute sa place à l’art et à la créativité ! Je le vois comme une invitation à se mettre à la place de l’artiste qui observe une scène végétale et se prépare à la peindre. Un jardin très inspirant.
Papillonnez !
C’est le jardin le plus luxuriant ! Il y fait frais, on s’y sent bien. Les plantes sont exubérantes, on se croit dans une jungle végétale. Ce jardin se veut une adaptation du conte Le Papillon, d’Andersen. Il rassemble surtout des plantes mellifères et parfumées, mais essentiellement à fleurs blanches. Il n’y a pas d’autres couleurs, ce qui rend le jardin encore plus apaisant ! On y trouve des Échinacées, des buddleias, du houblon, des marguerites, de la menthe, des scabieuses...
Le bouquet d'après
Il s’agit d’une œuvre très poétique. Sur un jardin bétonné, les plantes jaillissent du sol, les fougères et mousses s’immiscent par des brèches dans la dalle de béton, accompagnées par des graminées, knauties ou népétas. Les grimpantes (glycines, lierre, clématites...) s’élèvent et partent à l’assaut d’une structure en acier. Elles se réimplantent dans un univers minéral, qui semble ne pas vouloir d’elles. Ici, la nature reprend ses droits, après le déluge, sur les ruines de ce qu'il reste. C’est sûrement ça, le pouvoir des fleurs : revenir et fleurir malgré tout. Les plantes portent en elles l’espoir d’une renaissance.
De l'autre côté du miroir
En entrant dans ce jardin, j’arrive directement devant un genre de mur végétal, avec du lierre et une belle fougère arborescente au centre. Je contourne les murs et je passe sur les côtés. Il n’y a pas de couleurs, le décor est très vert et sobre. Une fois derrière ce bloc, je me trouve face à une grosse porte en bois, qui grince. Je la pousse... Et, surprise, à l’intérieur, c’est une vraie explosion de couleurs !! Je me retrouve dans une pièce carrée, avec une multitude de fleurs colorées, dont le reflet se répète à l’infini sur des miroirs ! Cela donne l’impression d’un vaste champ de fleurs. C’est une sensation folle et étrange. D’autres visiteurs me rejoignent, passent la porte, et je vois leur étonnement, à leur tour ! On ne s’y attend pas, et la surprise crée une joie communicative... On est tous émerveillés !
Je crois que c’est mon jardin préféré, il arrive à nous surprendre et suscite une vraie émotion. C’est le jardin qui m’a le plus impressionné ! Il crée un contraste incroyable entre un monde extérieur sobre, et un univers intérieur rempli de mille nuances.
Monochrome blanc
Ce jardin s’ouvre sur une allée centrale, avec des murs blancs alignés de chaque côté. Au fond est placé un miroir. Alors j’avance, droit devant. Je passe devant les murs et me dirige vers le miroir, réalisant qu'il reflète des couleurs. Arrivé au niveau du miroir, je me retourne, et découvre les murs colorés, chacun dans une teinte vive : rose, violet, bleu, rouge, jaune et vert. Ce sont comme des murs végétaux, avec des plantes vraiment dans les tons. Cette palette de couleurs m'impressionne. Je fais le chemin inverse, en reprenant l’allée centrale, passant devant chaque mur : les couleurs défilent au fur et à mesure de mon avancée.
L'homme qui aimait les fleurs
J’entre dans une allée de hauts blocs carrés, d’où retombent quelques plantes, comme des passiflores, du jasmin ou des géraniums. Tout est parfaitement droit, aligné, sous contrôle... à part ces fleurs qui semblent vouloir s’échapper ! D’une allée à l’autre, les blocs se font moins hauts. Et l’on monte sur une estrade pour profiter d'une vue sur tout le jardin. Parmi les plantes, on trouve des sauges, échinops, géraniums, fétuques, delphiniums...
Ce jardin raconte l’histoire d’un collectionneur, d’un passionné qui voulait collecter les fleurs et les emprisonner au cœur de blocs de pierre. Les protéger, les enfermer, se les approprier. Il pose la vraie question de notre rapport à la nature. De notre volonté de contrôle : cette tendance à vouloir s'emparer de chaque chose, domestiquer la vie. Sur le panneau explicatif, une belle conclusion : « les fleurs sont faites pour être partagées et évoluer ».
J'adore ce jardin, autant pour sa belle palette végétale que parce qu'il lance une vraie réflexion ! Et rien que la forme, l'architecture générale du jardin, avec les blocs alignés, crée un superbe effet. Un contraste entre un côté ordonné, rigide, droit, et les formes libres des plantes.
La planète en ébullition
C’est un jardin original, puisque la plus grande partie est constituée d’eau : un bassin central occupe tout l’espace. Je m’avance sur un ponton en bois, et je vois l’eau bouillonner tout autour. Sur l’extérieur, il y a des vallons arides, composés de terre rouge, avec des palmiers, des strelitzias, des capucines, quelques sphères en métal, comme de petites planètes, d’où émergent des plantes. C’est une végétation tropicale et exotique, qui crée un côté paradisiaque. Ce jardin parle du réchauffement climatique et de la montée des eaux. Il crie l’urgence de réagir.
Les fleurs prennent le pouvoir
On entre dans ce jardin en traversant un couloir obscur et fermé, qui symbolise les guerres, le chaos. Quelques ouvertures laissent cependant entrevoir une lueur d’espoir, la possibilité d’un lendemain sans conflit. Puis d’un coup on arrive dans un espace dégagé et lumineux, où foisonne la vie, où les fleurs s’épanouissent ! Seuls quelques objets abandonnés témoignent d’anciens conflits (murs en ruine, etc.). Les peuples ont retrouvé leur liberté, la vie peut renaitre. On reconstruit sur les ruines des anciennes guerres qui déchirèrent les peuples.
Tous ces jardins révèlent de belles variations autour du thème Le pouvoir des fleurs. Certains ont un côté plutôt terre-à-terre, tandis que d’autres se font bien plus philosophiques. Certains jouent avec le public, tentent de susciter des émotions (De l'autre côté du miroir), d’autres racontent une histoire (L'homme qui aimait les fleurs). Certains se veulent artistiques, d’autres sont un appel, comme La planète en ébullition : un cri pour dire « réagissez ! ». Alors on explore, des thèmes, des idées, des couleurs... Et au final, aucun jardin ne se ressemble ! Ce qui me fascine, c’est comment à partir d’un seul thème, on peut dériver sur autant de résultats différents. Ce festival reflète une imagination débordante, la richesse qui émerge de l’esprit humain. C'est une vraie source d’inspiration.
anne, le 26 Août 2017
merci pour cet article qui donne vraiment envie d'y aller
Edwige, le 29 Septembre 2017
J'ai lu votre article et je me suis décidée, cette après-midi, je serai au festival des jardins de Chaumont- sur -Loire. Et si la météo le permet, je survolerai Chaumont- sur- Loire en montgolfière...
edwige, le 29 Septembre 2017
Je visite ces jardins cette après-midi et la lecture de votre article me rends impatiente d'y être ! Cerise sur le gâteau, si la météo le permet, je survolerai Chaumont-sur-loire en montgolfière.