Ce sont bientôt les Jeux Olympiques de Paris 2024 ! Certains s'en réjouissent, d'autres s'en fichent un peu et quelques-uns semblent attraper de l'urticaire dès qu'on en parle. C'est promis, on ne parlera pas vraiment de sport, mais bien de plantes. Et pour cela, quittons un peu les jeux modernes pour nous attarder sur les jeux antiques. Les Jeux Olympiques de la Grèce antique ne se résumaient pas seulement à des compétitions sportives ; ils étaient également un vibrant témoignage de la culture et des croyances religieuses de l'époque. Parmi les traditions les plus emblématiques de ces jeux figure la remise de couronnes de branches d'olivier aux vainqueurs, un symbole de paix et de victoire qui perdure encore aujourd'hui.
Theophraste : père de la botanique
Au cœur de cette tradition se trouve Theophraste, un savant du IVe siècle avant J.C., souvent reconnu comme le père de la botanique. À travers ses œuvres, il a établi les premières bases scientifiques de l'étude des plantes, classifiant et décrivant leurs formes, leurs fonctions et leurs usages. Les descriptions détaillées de Theophraste ont non seulement capturé l'essence des plantes de son époque, mais ont aussi jeté les bases de la botanique moderne, en explorant leur physiologie, leur morphologie et leur écologie.
Grâce aux œuvres de Theophraste, l'étude des plantes utilisées lors des Jeux Olympiques antiques révèle un lien profond entre la nature, la religion et la culture. Ces plantes ne sont pas seulement des vestiges d'un passé lointain, elles continuent d'influencer notre compréhension de la botanique et de la culture hellénistique. En redécouvrant les écrits de Theophraste et les illustrations de la Flora Graeca, nous ne faisons pas que revisiter l'histoire, nous apprenons également comment les anciens Grecs utilisaient les plantes pour symboliser des idéaux qui sont toujours pertinents aujourd'hui, comme la paix, la victoire et l'harmonie avec la nature.
La symbolique des plantes dans les rituels olympiques
Durant les Jeux Olympiques et autres jeux panhelléniques (qui se rapportent à l'ensemble des Grecs), différentes plantes étaient utilisées pour fabriquer les couronnes attribuées aux champions. Chacune de ces plantes avait une symbolique forte :
- L'Olivier (Olea europaea), symbole de paix et de victoire, était la plante la plus emblématique des jeux. Selon la mythologie, c'est Héraclès qui planta le premier olivier à Olympie, marquant ainsi le site sacré des compétitions.
- Le Laurier (Laurus nobilis), associé à la gloire et à l'honneur, était souvent utilisé pour couronner des poètes et des artistes, soulignant l'importance de la culture et des arts dans la société grecque.
- Le Myrte (Myrtus communis), qui symbolisait l'amour et la beauté, était utilisé dans divers rituels et cérémonies, ajoutant une couche de signification esthétique et sentimentale aux récompenses.
- Le Pin (Pinus spp.), à certains jeux panhelléniques comme ceux d'Isthmia, les couronnes étaient faites de pin, une plante qui symbolisait la longévité et l'immortalité, attributs pertinents pour les héros sportifs.
- Le Céleri (Apium graveolens), lors d'autres jeux panhelléniques, comme ceux de Némée et ceux des jeux funéraires en l'honneur des morts, les couronnes étaient parfois faites de branches de céleri, qui étaient associées au deuil, mais aussi à la victoire.
- Le Chêne (Quercus spp.) était souvent considéré comme sacré pour Zeus, le père des dieux et des hommes, symbolisant la force et l'endurance.
Les plantes symboliques et leur reflet des échanges méditerranéens
Les Jeux Olympiques antiques n'étaient pas seulement un événement sportif majeur, ils constituaient aussi un carrefour d'échanges culturels intense entre les différentes civilisations de la région méditerranéenne. Les plantes symboliques utilisées lors de ces jeux illustrent parfaitement ces interactions.
Par exemple, l'olivier, symbole de paix et de victoire, avait une signification partagée par de nombreuses cultures. Originaire principalement du bassin méditerranéen, cet arbre était vénéré non seulement en Grèce, mais aussi dans d'autres cultures telles que la culture romaine, phénicienne et égyptienne. L'usage de l'olivier aux Jeux Olympiques peut être vu comme un symbole de l'unité et des liens partagés à travers ces civilisations qui, malgré leurs différences, reconnaissaient des valeurs communes dans cet arbre.
Dans la mythologie grecque, le myrte est consacré à Aphrodite, la déesse de l'amour. Cet arbuste était également populaire en Rome antique où il était lié à Vénus, l'équivalent romain d'Aphrodite. Enfin, consacré à Apollon dans la mythologie grecque, dieu de la poésie et de la divination, le laurier symbolisait la gloire et l'honneur. Cette plante était aussi centrale dans la culture romaine, où elle était utilisée lors des triomphes militaires et autres célébrations publiques importantes.
Au-delà de leur symbolisme, ces plantes étaient aussi des objets d'échange botanique entre les cultures. Les Grecs, les Romains, les Carthaginois et d'autres peuples méditerranéens échangeaient des connaissances sur l'agriculture, la médecine et les usages religieux des plantes. Ainsi, les techniques de culture de l'olivier et la production d'huile d'olive se sont diffusées à travers la Méditerranée à partir de pratiques agricoles innovantes développées en Crète et en Grèce.
Sibthorp et la documentation botanique
Les écrits de Theophraste qui nous sont parvenus ne sont pas les seuls à nous fournir des informations sur le rapport des grecs anciens avec les plantes. Au XVIIIe siècle, le professeur John Sibthorp de l'Université d'Oxford entreprit des expéditions botaniques en Grèce, collectant et documentant la flore de la région méditerranéenne. Ses travaux, illustrés magnifiquement par Ferdinand Bauer dans l'ouvrage Flora Graeca Sibthorpiana, ont non seulement enrichi les jardins européens avec de nouvelles espèces, mais ont également contribué à la science botanique en préservant les connaissances sur les plantes de l'Antiquité.
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