Les arbres fruitiers, pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers..., sont systématiquement greffés. Mais savez-vous pourquoi les arbres fruitiers sont greffés ? En réalité, il existe plusieurs causes à cela, mais les deux principales sont : pouvoir reproduire fidèlement une variété et pouvoir adapter un fruitier à son sol. Mais quels sont les autres avantages de la greffe des arbres fruitiers ? On voit ça tout de suite !
Un peu de théorie...
En effet, une fécondation croisée entre arbres fruitiers d'une même espèce produira un fruit donc des graines qui germeront à leur tour. Mais cette graine donnera un arbre avec des caractéristiques mêlées des deux parents. C'est parfois bien pour obtenir une nouvelle variété, mais ça ne va pas si on souhaite reproduire une variété précise avec ses caractéristiques génétiques. II ne reste alors que la solution de la multiplication végétative : bouturage, marcottage et bien entendu greffage. Comme les arbres fruitiers se reproduisent assez difficilement par bouturage, il ne reste donc que la méthode du greffage.
L'arbre fruitier sera obtenu par une greffe de la variété à reproduire : une petite partie de celui-ci, par exemple un rameau muni de quelques bourgeons. On appelle cette partie le greffon ou parfois écusson, dans le cadre de la greffe en écusson. Ce greffon sera greffé sur un porte-greffe : la partie racinée et bien ancrée dans le sol. En théorie, ce porte-greffe sera de la même espèce que le greffon. Pommier sur pommier, poirier sur poirier... Ou bien, sur une espèce botaniquement approchante : poirier sur cognassier ou pêcher sur prunier.
Ce nouvel arbre fruitier est produit en créant une "soudure" entre le greffon et le porte-greffe par mise en contact des cambiums, la partie où circule la sève élaborée. Une connexion vasculaire va se créer et ainsi le greffon pourra être alimenté par la sève du porte-greffe. Le greffon pourra continuer à pousser et devenir un arbre fruitier productif.
→ Le choix du porte-greffe est très important, si vous souhaitez en savoir plus, lisez l'article d'Alexandra : Porte-greffe, c'est quoi et comment choisir ?
La greffe : toute une technique !
Le choix de la technique de greffe est important et diffère principalement en fonction de l'essence à reproduire et du moment de la greffe.
On peut greffer au printemps, greffe à œil poussant, le rameau se développe l'année même. Ou en été, greffe à œil dormant, le rameau ne se développant que l'année suivante.
Il existe plusieurs types de greffes dont voici les plus courantes :
- Greffe en écusson : surtout pour les fruits à noyaux (cerise, prune, pêche, abricot). Elle consiste à pratiquer une incision en "T" sur le porte-greffe, puis d'y insérer un écusson, un simple petit morceau de rameau ne contenant qu'un œil, un bourgeon ;
- Greffe en fente : surtout pour les fruitiers à pépins (pommes et poires). Elle consiste à créer une fente dans la tige du porte-greffe puis d'y insérer un ou deux greffons taillés en pointe ;
- Greffe en incrustation ou greffe en "V" : pour les arbres fruitiers à noyaux. La fente est réalisée sur le côté de la tige du porte-greffe. Le greffon, taillé en pointe, est inséré dans la fente ;
- Greffe en couronne : on réalise ce type de greffe, surtout pour rajeunir ou changer la variété d'un vieux fruitier. Il est à éviter pour les arbres fruitiers à noyaux. On coupe l'arbre pour ne garder que le tronc. L'écorce est enlevée à chaque emplacement de greffons. Les greffons sont taillés en biseau et écorcés sur le côté à placer sur le porte-greffe. Le tout est solidement fixé.
- Greffe par approche : L'idée est de greffer deux arbres différents en les approchant. Il suffit d'enlever de l'écorce sur les deux arbres, de les "coller" à cet endroit en les ligaturant. Puis, une fois la greffe prise, de couper la ramure du porte-greffe et de sevrer le greffon de ses propres racines. L'avantage est que le greffon est toujours alimenté par ses propres racines avant d'être sectionné.
- Greffe à l'anglaise : pour cette greffe, il faut impérativement que le diamètre du porte-greffe et du greffon soit identique. L'un et l'autre sont coupés en diagonal, en biseau. Il suffit alors d'approcher les deux parties et de les fixer solidement.
→ Pour en savoir plus, lisez l'article d'Eva : Greffer les arbres : les différentes techniques.
Quels sont les avantages de la greffe des arbres fruitiers ?
- Multiplier un arbre fruitier par méthode végétative, surtout si le bouturage est trop compliqué, voire impossible. Par le biais du greffage, on peut produire un grand nombre de nouveaux fruitiers ;
- Obtenir un arbre bien adapté au sol : exemple la greffe d'un poirier sur cognassier dans une terre argileuse ou sur aubépine pour le rendre adapté aux sols calcaires ;
- Apporter une meilleure résistance aux attaques de ravageurs (invertébrés) et aux maladies ;
- Obtenir un arbre fruitier très vigoureux grâce à un porte-greffe franc ou, au contraire, un arbre plus petit grâce à un porte-greffe nanifiant ;
- Obtenir une mise à fruit plus rapide : un pommier issu de semis produira ses premières pommes en 10 ans, tandis qu'un arbre greffé commencera sa production à partir de la quatrième année ;
- Améliorer la qualité des fruits et une meilleure fertilité : production accrue, qualité gustative, qualité nutritionnelles... ;
- Court-circuiter la pollinisation croisée naturelle en greffant un sujet mâle et un sujet femelle (dans le cas des espèces dioïques) sur le même porte-greffe ou des greffons de variétés différentes.
Y a-t-il des inconvénients à la greffe ?
Tout n'est jamais rose dans la vie comme au jardin. Il existe quelques menus inconvénients à la pratique de la greffe.
Tout d'abord, la greffe nécessite un peu de matériel (greffoir, ligatures, sécateurs...) mais surtout une technique particulière. Même si l'apprentissage se fait relativement vite avec quelqu'un qui s'y connait, le greffage reste une technique réservée aux professionnels ou aux amateurs éclairés.
La production des arbres fruitiers greffés nécessite donc du matériel, un savoir-faire, des soins particuliers et du temps : tout cela a tendance à augmenter les prix de ventes de ceux-ci.
La durée de vie de l'arbre greffé est sensiblement réduite. Difficile d'énoncer une généralité, mais pour un pommier issu de semis qui pourrait vivre une grosse centaine d'années, ne comptez que 30 à 40 ans maximum pour un pommier greffé.
Le point de greffe, la cicatrice entre le greffon et le porte-greffe, peut se révéler être un point de fragilité. Cette fragilité peut s'avérer fatale par grand vent, l'arbre risquant de se casser en deux, ou présenter une porte d'entrée pour les maladies ou les ravageurs.
Une généralisation de la greffe (multiplication végétative) pour les fruitiers ou autres peut amener à la longue un appauvrissement génétique des arbres, donc un risque de sensibilité accrue aux maladies et ravageurs.
En dernier lieu, le porte-greffe peut finalement prendre le dessus sur le greffon. Et vous vous retrouvez avec un pommier franc ou un cognassier en lieu et place de votre variété de pomme préférée ou d'un bon poirier.
chariaud jean-pierre, le 9 Juillet 2022
Bonjour,
Ou peut-on trouver une liste des espèces végétales compatibles pour le greffage ?
Merci pour votre aide.
Réponse de Ingrid, le 11 Juillet 2022
Bonjour. Vous trouverez quelques portes greffes en consultant notre article : Qu'est-ce qu'un porte-greffe et lequel choisir ?
JeanPaul, le 12 Avril 2023
Question ? Est il possible de greffer du pommier sur un néflier?
Réponse de Ingrid, le 18 Avril 2023
Bonjour. En général, il est plus facile de greffer des variétés de pommiers sur des porte-greffes de pommiers compatibles. Cependant, certaines études semblent avoir été menées sur le sujet, mais je ne retrouve pas de source fiable. Je pense que si ce genre de greffe seraient intéressantes, il y aurait davantage de contenues sur le sujet, mais là, c'est presque introuvable.