Au jardin comme à la pépinière, il y a des plantes que nous aimons et d'autres qui nous donnent des boutons ! Chez Promesse de Fleurs, les avis sont très partagés concernant le Photinia 'Pink Crispy'. Aujourd'hui, Pascal et Elisabeth le montre du doigt dans notre nouvelle rubrique J'aime/j'aime pas.

Le Photinia 'Pink Crispy', création de l’obtenteur hollandais Alexander van Oploo, promettait, lors de sa diffusion, en 2015, d’être un nouveau 'Red Robin', en mieux.

Le 'Red Robin', vous le connaissez forcément ! C’est celui qu’on trouve PARTOUT, dans tous les jardins. C’est aussi le premier arbuste que j’ai planté en pot, il y a une trentaine d’années et il a résisté victorieusement de très nombreuses années à mes mauvais traitements, c’est dire s’il est résistant ! (ensuite, j’ai déménagé, et comme la grenouille de tige que j’avais planté s’était transformé en bœuf, je l’ai abandonné aux bons soins de mon successeur…)

Le Photinia 'Red Robin', hormis un air de déjà-vu... logique, vu qu’on l’a vu partout, et notamment dans le jardin du voisin de droite, de celui de gauche, de celui d’en face (et probablement aussi dans votre jardin... En tout cas dans le mien, j’en ai replanté un récemment, un jour de faiblesse paresseuse). Hormis donc cet air de déjà-vu, il a toutes les qualités : persistant, bien couvrant pour cacher la terrasse du voisin, costaud, de croissance franchement assez rapide, avec -caractéristique clé- ces feuilles rouge vif au débourrage, passant très progressivement au vert, qui lui donnent un petit air de sapin de Noël bien sympathique.

Petite présentation

Revenons à notre mouton rose, j'ai nommé le Photinia 'Pink Crispy'.

Lors de sa diffusion, il était annoncé comme LA nouveauté végétale de l’année, voire peut-être de la décennie ! Au menu : des couleurs changeantes, passant du rose tendre au rouge, PLUS un feuillage moucheté de blanc à maturité, PLUS un port restant assez compact, 1,80 m à maturité, PLUS une complète résistance aux maladies (notamment l’entomosporium qui tache et troue régulièrement les feuilles du 'Red Robin', c’est pas grave mais c’est assez moche)

D’ailleurs, voici une photo de sa présentation officielle par Planttip, un des meilleurs obtenteurs du marché.

Présentation officielle du Photinia 'Pink Crispy' au Plantarium 2015

Effectivement, il y a du rose !

Sur promessedefleurs.com, il était présenté, par Elisabeth, notre rédactrice, habituellement pondérée et raisonnable, avec une forme de classe naturelle, et de bon goût, avec ces mots :

"Au printemps, le spectacle de ses jeunes pousses rose vif, fait de lui un arbuste unique, semblable à un tableau vivant et coloré, infiniment séduisant. Et, cerise sur le gâteau, il a été primé, avec une médaille d’or au Plantarium, célèbre foire professionnelle, en 2015."

Encore assez jeune (dans le métier de pépiniériste), naïf et influençable, faisant confiance à Planttip, Elisabeth et, aussi, à la magnifique Cadillac rose, j’en ai commandé un lot assez conséquent. On a vendu environ 2 pieds en 6 mois, ce qui, même en tenant compte de la dimension fort modeste qu’avait la pépinière à l’époque, n’était pas brillant. Mais ce stock dormant m’a permis de voir comment évoluaient les sujets.

Alors, il faut le dire, le 'Pink Crispy' évolue bizarrement. Plus précisément, chaque pied de 'Pink Cripsy' semble développer son propre ramage, sur une inspiration généralement de type "peinture pompier", sur une gamme de coloris assez représentatives de l’arc-en-ciel.

Le 'Pink Crispy' malade ?

Je me souviens être allé voir les équipes pépinière (soit une personne à l’époque), pour râler sur les mauvais traitements qu’on faisait visiblement subir à cette pauvre plante, qui en voyait, littéralement, de toutes les couleurs. Après avoir constaté qu’ils étaient correctement arrosés, sans parasite ou maladie quelconque, nous avons vainement essayé de comprendre quelle pouvait être cette maladie/mutation génétique/dégénérescence bizarre. Nous avions même benné quelques pieds à l’époque, ceux qui nous semblaient les plus aberrants en termes de mélange de couleurs.

Nous ne sommes d’ailleurs, je pense, pas les seuls à nous être posé cette question. Si vous cherchez "photinia pink crispy" sur Google, vous pourrez constater que la première suggestion de recherche associée par Google est "photinia pink crispy maladie", ce qui est remarquable pour une variété… jamais malade !

Des couleurs changeantes

Parlons de ces fameuses couleurs. Le spectacle de ses jeunes pousses rose vif, fait de lui un arbuste unique, je suis d’accord avec Elisabeth, et, il me semble, d’une laideur assez unique dans ses contrastes de couleur :

Parfois, c’est orange, parfois jaunâtre.

Les couleurs changeantes du Photinia 'Pink Crispy' : rose, orange ou jaunâtre

Certains ont de jeunes pousses qui tirent franchement vers un blanc chlorosé, genre syphilitique, mais là je n’ai pas trouvé de photo, je vous le dis de mémoire. Ensuite, le feuillage évolue... mal en général. Parfois, il garde des teintes jaunâtres, comme le truc là à gauche, c’est un 'Pink Crispy'.

Le Photinia 'Pink Crispy' à gauche...

Parfois, le bout des feuilles est tellement cramoisi qu’on a un peu l’impression d’être sur une scène de crime.

Parfois, en fin de saison, comme sur cette photo que je viens de prendre en serre fin septembre, on va, longuement, chercher quelle maladie bizarre a bien pu affecter le pied.

Un brin maladif ?

Parfois, avec un peu de chance, on se retrouve avec quelque chose de visuellement à peu près harmonieux, avec des feuilles panachées de blanc et vert.

Photinia 'Pink Crispy' en version plus soft

En résumé, le 'Pink Crispy' est spécial !

Ce que j’aime :

Il pousse peu, et reste généralement assez rachitique. C’est bien, car on le voit un peu moins.

Ce que je n’aime pas :  

  • Même s’il n’est pas malade, un seul Photinia 'Pink Crispy' réussit à donner l’air malade à tout votre jardin, avec son style post tchernobylesque.
  • N’ayant aucune couleur réellement définie (vert, blanc, rose, rouge, jaune, orange…), il est strictement impossible de l’associer à quoi que ce soit de manière harmonieuse (sauf peut-être dans un décor de film de Bollywood).

Ils sont bien peu nombreux les arbustes persistants de mon jardin auxquels je tresse une couronne de lauriers. Le Photinia ‘Pink Crispy’ est pourtant l'un d'eux !

Un arbuste original et décoratif

C'est un arbuste certes original, mais bien éloigné de la plante psychédélique que Pascal nous présente. Par principe, je suis toujours méfiante lorsque la meute des critiques se déchaine, même s’il ne s’agit que d’une plante. Alors pour vérifier par moi-même, et puis aussi par curiosité, j’ai décidé de l’essayer.

Solidement campé sur des tiges épaisses et dressées, mon Photinia ‘Pink Crispy’ présente un feuillage aléatoirement panaché de blanc crème ou de vert clair, comme celui de certains Aucubas du Japon. Au printemps, ses jeunes feuilles d’un joli rose cuivré sont belles comme des fleurs, pas du tout de ce rose fuchsia vulgaire que l’on voit sur certains chromos. Elles forment un écrin pour les gros boutons floraux rouges qui se déploient en panicules mousseuses d’un blanc crème. Leur parfum pénétrant, un peu particulier, est en tout cas très attractif pour les abeilles.

Gros plan sur le feuillage du Photinia 'Pink Crispy'

De stature modeste (2 m de hauteur tout au plus), ‘Pink Crispy’ n’a pas besoin d’être taillé (j’adore !), et il a facilement trouvé sa place dans mon jardin déjà bien encombré.

Un arbuste costaud

Cet arbuste possède à mes yeux une qualité majeure : il est aussi coriace que son feuillage ! Son port, un peu raide, est à l’image de son tempérament : imperturbable. Le Photinia 'Pink Crispy' pousse tranquillement chez moi, sans aide et sans rechigner, tout en étant intéressant en toutes saisons. Et dans mon jardin provençal, les plantes sont soumises à rude épreuve : étés interminables, arides, mistral, froid parfois vif en hiver, terre très moyenne, pluies diluviennes en automne, rien ne leur est épargné.

Un beau jour d’automne 2017, j’ai installé mon 'Pink Crispy' à l’ombre d’un olivier. Elle est devenue bien légère cette ombre, avec sa ramure qui se déplume en raison de nos étés devenus caniculaires. Un peu comme dans la fable « Le chêne et le roseau », le vaillant Photinia endure, sans faiblir, tandis que l’olivier quadragénaire décline. Il atteint aujourd'hui 80-90 cm. Je vous recommande donc sans hésiter le Photinia 'Pink Crispy', en particulier si vous jardinez comme moi en terre argilo-calcaire et dans une région très sèche en été.

Le Photinia 'Pink Crispy' dans mon jardin provençal

Un arbuste parfaitement sain

En trois années de culture, je n'ai jamais observé aucune tache suspecte, aucune maladie chronique décrite par Pascal et il se comporte comme un arbuste normalement constitué.

Des défauts ? Ses détracteurs ne manqueront pas de souligner tout au plus quelques imperfections. Car vous l’aurez compris, à mes yeux, il n’en a pas !

Ce que j'aime :

  • Son originalité me plait !
  • Il pousse lentement, ce qui limite son entretien et reste de taille modeste
  • Il endure sans jamais faillir les aléas climatiques rudes de ma région

Ce que je n'aime pas :

Personnellement, je n'en vois pas.

Et vous, qu'en pensez-vous ?