Dans quelques semaines, le retour du printemps nous offrira une explosion de couleurs avec les bulbes printaniers : tulipes, narcisses, crocus... suivie de celles des bulbes d'été, dont les généreux dahlias. Ces plantes, bien connues des jardiniers, sont toutes des géophytes : elles passent l'hiver sous le sol et réapparaissent au printemps. Bien qu'on les nomme "bulbes", il se cache, sous cette appellation, de nombreuses plantes qui se font passer comme telles mais qui n'en sont pas vraiment. En réalité, ce sont parfois des cormes, rhizomes ou des tubercules. En fait, on utilise le terme de bulbe car, au jardin, la façon de les cultiver est proche : il s'agit d'organes de réserve que l'on place en terre, qui fleurissent et qui permettent d'obtenir facilement de nouveaux plants.
Il est temps de rétablir la réalité... voici une petite leçon de botanique pour y voir plus clair !
1) Les vrais bulbes
Les bulbes sont des organes de réserve qui permettent à la plante de passer la mauvaise saison dans le sol, pour réapparaître dès le retour des beaux jours. Un bulbe n'est ni plus ni moins qu'une plante à l'état embryonnaire possédant une tige, parfois même une fleur, entourée de feuilles modifiées et charnues. Ces feuilles peuvent recouvrir totalement la partie centrale (bulbe tuniqué) ou l’entourer simplement (bulbe écailleux, comme chez le Lys). Il suffit de couper un oignon en deux pour observer ces différentes parties qui le composent. Le bulbe permet donc à la plante d’entrer en dormance : elle a les réserves suffisantes pour patienter en attendant des conditions climatiques favorables. Les vrais bulbes sont par exemple les lys, oignons, ails, tulipes, jacinthes ou narcisses.
On nomme caïeux les jeunes bulbes ou bourgeons qui se forment à côté d’un bulbe principal, comme chez l’ail.
2) Les cormes
Les cormes, aussi appelés Cormus, sont des organes de réserve très proches des bulbes. Ils sont cependant plus aplatis que les vrais bulbes. Ils sont constitués d’une tige renflée, où sont stockées les réserves nutritives, entourée par quelques feuilles séchées qui forment une enveloppe protectrice. A l'inverse, chez les vrais bulbes, les réserves sont stockées dans les écailles renflées, qui sont des feuilles modifiées. Ainsi, lorsque l'on coupe un bulbe en deux, on peut voir les couches d'écailles superposées, tandis que chez le corme, le bulbe a un aspect massif et entier. Il s’agit par exemple des crocus, des freesias, des colchiques, des crocosmias ou des glaïeuls.
3) Les rhizomes
Un rhizome est une tige souterraine renflée qui pousse souvent à l’horizontale et porte des racines. Généralement, il permet aussi de stocker des éléments nutritifs. Il peut émettre de nouvelles pousses aériennes, et porte parfois des feuilles sont la forme d’écailles. Lorsqu’il se détache de la plante mère, il donne naissance à de nouveaux plants.
C’est le cas des anémones des bois, des anémones du Japon mais aussi du gingembre, des prêles, des bambous, du chiendent mais aussi de la renouée du Japon. Les plantes qui ont des rhizomes se traçants se naturalisent c'est près mais certaines ont facilement tendance à devenir envahissantes.
4) Les tubercules
Le tubercule est un morceau de racine ou de tige qui s’est gonflé pour servir d’organe de réserve. Les tubercules sont chargés en glucides, parfois sous la forme d’amidon, comme chez la pomme de terre. On peut souvent voir des bourgeons directement sur le tubercule, permettant à de nouvelles pousses de se développer depuis cet organe de réserve. C’est ce qui explique qu’ils puissent être séparés du pied d’origine puis replantés en terre, où ils donneront naissance à de nouvelles plantes. Il s’agit des pommes de terre, des topinambours, mais aussi des dahlias.
5) Et les bulbilles... ?
Usuellement, on appelle bulbilles les petits bulbes qui se forment en périphérie d’un bulbe principal... Cependant, en botanique le terme de bulbilles ne désigne pas des organes souterrains mais de petits bourgeons qui se forment sur les parties aériennes, généralement sur les fleurs ou les feuilles d’une plante, et qui, une fois en contact avec la terre, séparés du pied-mère, commencent à pousser pour donner une nouvelle plante. C’est le cas des fougères Cystopteris bulbifera ou Asplenium bulbiferum, de certains ails (comme Allium vineale), ou du Kalanchoe daigremontiana.
anne, le 10 Janvier 2018
les iris font partie des tubercules ?
Virginie D., le 13 Janvier 2018
Super intéressant, merci Alexandra !
LEMENAGER, le 18 Avril 2018
Bonjour et merci pour votre article très complet
L'exemple du dahlia en tant que tubercule m'interpelle : j'ai l'habitude de décrire sa racine comme tubéreuse et fasciculée. Je réserve en revanche le terme de tubercule à la description d'une tige souterraine tubéreuse, puisque disposant de bourgeons... qu'en pensez-vous ?
Réponse de Alexandra, le 19 Avril 2018
Bonjour,
Je pense que l’on peut parler de tubercule pour le dahlia, car ce terme désigne simplement une tige ou une racine qui est renflée et sert à stocker des réserves (dans le cas du dahlia, c’est une racine)... Mais il est tout aussi juste de parler de racine tubérisée ! Ce terme est même un peu plus précis.
Mathieu P, le 28 Septembre 2023
Merci madame ! c'est clairement le meilleur article du web sur le sujet.
Réponse de Ingrid, le 2 Octobre 2023
Merci pour vos encouragements.