À travers 35 jardins thématiques installés dans l'enceinte du Royal Hospital Chelsea à Londres, le Chelsea Flower Show nous livre inspirations et propositions avant-gardistes pour nos propres jardins ! Une nouvelle édition placée sous le signe de l'adaptation au dérèglement climatique et de la durabilité. Retour sur ce qui nous a marqué et les tendances clés de cet événement de renommée internationale organisé par la Royal Horticultural Society que notre équipe a eu la chance de découvrir !

Les grandes tendances du RHS Chelsea 2024

Colorama, palette végétale, choix des matériaux et philosophie dans l'air du temps : le RHS Chelsea Flower Show est un véritable baromètre des tendances en matière de jardinage et de conception de jardin. Alors, nous aussi, nous sommes allés prendre le pouls du moment. La lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité, le besoin de reconnexion avec la nature, la réduction de l'empreinte carbone, l’écoresponsabilité ou encore la durabilité figurent sans surprise en tête de liste des préoccupations du moment. Parmi les thématiques marquantes de cette édition :

  • Bilan décarboné et "re-use" : Pour réduire l'empreinte carbone et construire un avenir durable, le thème du recyclage et de la durabilité se confirme. Cette année, les plans des plus grands jardins ont été adaptés afin de réduire l’empreinte carbone. Des matériaux recyclés pour les constructions ou cheminements (bois cultivés et récupérés au Royaume-Uni, pavage de briques d'argile locale du Hertfordshire, absence de ciment, semelles en béton préfabriqué réutilisables, béton à faible teneur en carbone, sable de récupération) au recyclage des déchets et à la récupération de l'eau de pluie pour lutter contre la sécheresse, tous les jardins de Chelsea devaient afficher un profil écoresponsable et un bilan carbone honorable. Dans cet esprit, depuis l’an dernier, après l'exposition, chaque jardin profitera d'une nouvelle vie en étant transféré, dans son intégralité ou en partie, dans des hôpitaux, écoles ou autres lieux publics du pays.
  • Capture de l'eau de pluie : l'eau est partout et on met en scène son mode de récupération et de circulation. On la capte à l'aide de réservoirs d'eau, ruisseaux, rigoles, ou de chaînes de pluie... On la stocke et on la redistribue de manière ingénieuse et esthétique en circuit fermé. Et l'espace du jardin se remplit du son apaisant du ruissellement de l'eau.
  • Résilience : les jardins se font résilients aux inondations, aux sécheresses et aux conditions difficiles à l'image du « Flood Re (The Flood Resilient Garden) », et du « WaterAid garden ». On y sélectionne des plantes capables de s’adapter aux fluctuations des précipitations et de se remettre après de fortes pluies, ainsi que des plantes qui ont une forte tolérance à la sécheresse.
  • Effet canopée : bains de forêt, valons moussus ou couvertures de mousses enveloppant les pierres, tapisseries de feuillage (des fougères, des mousses), clairières boisées... Cette année, on note la forte présence d'arbres (bosquets de bouleaux et de noisetiers) dans tous les jardins d'exposition pour l'apport d'ombre et le stockage de CO2, mais aussi des collections de plantes de sous-bois plus tolérantes à la sécheresse (comme la Melica altissima 'Alba', le Boehmeria platanifolia, le Geranium sylvaticum). C'est l'avènement d'un jardin immersif qui s'inspire de l'atmosphère de la forêt et de ses différentes strates arborées, à l'image du jardin pour le National Garden Scheme qui célèbre la forêt britannique indigène, du « Forestbathing Garden » ou encore du « Size of Wales Garden », qui reproduit avec 313 espèces de plantes une micro-forêt tropicale.
  • 50 nuances de verts : arbres, arbustes et plantes indigènes ou non constituent une palette végétale luxuriante, mais limitée, verte, crémeuse et blanche. La profusion de feuillages verts est simplement réveillée par des touches de mandarine (Cytisus 'Lena', Eschscholzia californica, Geum, Verbascum, Trollius asiaticus, capucines...) ou de rouille présentes également dans les graviers vermillon, les éléments structurants (gabions, acier Corten) les briques, pots d'olla en argile ou les poteries en terre cuite.
  • Container gardens (jardins en pots) : Avec l'augmentation de la population et la raréfaction des espaces verts en milieu urbain, les micro jardins et les aménagements paysagers sur les balcons, les terrasses et les toits fleurissent. Les pots et contenants se mettent en valeur dans des espaces confinés. Plantes herbacées vivaces et végétaux persistants s'unissent dans une conception modulaire pour créer des microcosmes florissants. Une alternative pour se protéger de l'agitation incessante de la ville, mais aussi pour préserver les plantes des aléas météo.
  • Autosuffisance : Les concepteurs de jardins mettent en avant des espaces verts résilients, durables et autosuffisants, qui répondent aux préoccupations environnementales actuelles et futures. Le jardin est conçu pour être un espace nourrissant à la fois le corps et l’esprit reprenant les principes de la permaculture. À l'instar du « Microbiome Gardern », on y crée des écosystèmes prospères pour se nourrir. Une prairie comestible nourrit le microbiome humain et renforce la résistance de l'organisme face à certaines maladies liées aux intestins. Les plantes édimentaires, belles et comestibles à la fois, y fleurissent, alliant esthétique, valeur culinaire et médicinale.

Jardins primés et surprises végétales

Parmi les 35 jardins d'exposition en compétition, voici ceux qui ont retenu notre attention, mais également celui du jury du RHS !

  • Octavia Hill Garden, médaille vermeil, Prix ​​du public « Meilleur jardin d'exposition »  : Celtis sinensisDigiplexis, Bouteloua, Clematis vitalba, Allium 'Summer Drummer', Craspedia globosa, iris et herbes folles, investissent joyeusement ce jardin faunique communautaire urbain. Construit autour d'un étang avec trois chutes d’eau et d'un ruisseau, et ponctué de bancs en chêne sculpté immergés dans une nature foisonnante, cette friche urbaine se révèle un véritable petit paradis qui favorise les pollinisateurs ou plus largement la biodiversité et inspire la joie !
Chelsea Flower Show : le jardin primé Octavia Hill Garden
Octavia Hill Garden
  • WaterAid Garden, médaille d'or : un jardin époustouflant axé sur la gestion durable de l'eau. Très sculpturaux, des réservoirs de collecte d'eau de pluie, inspirés par la forme en entonnoir des Alnus glutinosa 'Pyramidalis' qu'ils entourent, surplombent une terrasse surélevée et canalisent l'eau de pluie vers des réservoirs souterrains. Les plantes (Hottonia palustris, Menyanthes trifoliata, Acer campestre, Hesperaloe parviflora...) ont été sélectionnées pour leur capacité à supporter la sécheresse comme les fluctuations des précipitations (un peu, beaucoup ou pas du tout d'eau !) On passe de plaines denses et humides à des zones plus clairsemées et plus sèches.
Le jardin primé WaterAid Garden, Chelsea 2024
WaterAid Garden
  • Terrence Higgins Trust - Bridge to 2030 Garden, médaille vermeil, Prix ​​de la meilleure construction. Cette conception imaginée autour d'une carrière d'ardoise inondée se concentre sur un avenir post-2030 optimiste sans nouveaux cas de VIH (Terrence Higgins Trust est une association caritative de lutte contre le Sida). Iris et pavots gallois - Meconopsis cambrica, sedum ou Sisyrinchium résilients poussent dans les interstices des rochers et du granit froid. Les plantations s'inspirent de la recolonisation des plantes dans les mines d'ardoise désaffectées du nord du Pays de Galles. Une caractéristique intéressante est le niveau d'eau dans le jardin qui monte et descend.
Le jardin primé Bridge to 2030 Garden, Chelsea 2024
Terrence Higgings Trust Bridge to 2030 Garden
Le jardin des marées changeantes ou Changing Tides Garden
mgr Changing Tides Garden