Mais en voilà une bonne idée ! Favoriser la vie et la reproduction de nos amis à plumes est une activité aussi utile que gratifiante. Aménager un jardin accueillant pour les oiseaux est plutôt facile si vous aimez y laisser une grande place à la nature. Des haies, des arbres, des arbustes à baie, des graminées, une petite mare… et beaucoup de calme et de contemplation. Le tour est joué ! 

La nidification : une partie importante de la vie d'un oiseau

La nidification est l'action de créer un nid, y pondre des œufs et élever sa progéniture. On utilise ce mot pour les oiseaux, mais aussi pour tous les animaux qui fabriquent un nid, notamment les reptiles.

Lorsque les journées s'allongent au printemps, l'instinct du mâle de chaque espèce va lui imposer de commencer sa parade nuptiale (chant, danse...) dans le but d'attirer une femelle et de pouvoir se reproduire. Selon les espèces, les couples ainsi formés durent un an ou plusieurs années et certains mâles sont mêmes bigames (ou trigames !), comme c'est le cas du Troglodyte mignon par exemple.

S'ensuit alors la période dite de nidification qui varie selon le climat et l'espèce de l'oiseau. En France et en Belgique, on considérera la période de nidification des oiseaux s'étalant en moyenne entre le 15 mars et le 15 août. Mais il n'est pas rare que certains oiseaux tentent une nidification avant mars ou après août selon la météo et les ressources alimentaires disponibles. Les changements climatiques perturbent aussi les oiseaux migrateurs qui arrivent plus tôt dans nos régions et repartent parfois plus tard, ce qui chamboule aussi les périodes de nidification.

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Chaque espèce réalise un nid différent 

Tous les nids sont différents et dépendent de l'espèce de l'oiseau : certains nichent dans un nid d'herbes, de mousses ou de brindilles (pigeons, tourterelles, corvidés, grives...) dans les arbres, d'autres creuseront une cavité (les pics) ou en utiliseront une existante (les mésanges, les étourneaux, les sittelles...), d'autres encore nichent au sol (les limicoles) et certains même vont occuper des vieux nids abandonnés (certains rapaces, cigognes...). Trouver un vieux nid en hiver est donc l'occasion de se rendre compte des espèces en présence au jardin, parfois bien discrètes le reste de la saison. 

Le p'tit mot d'Oli : juste pour info et si vous vous intéressez à l'identification des nids et des coquilles d'œufs, le livre de Siegfried Hoeher, "NIDS et ŒUFS des oiseaux d'Europe centrale et occidentale", édité jadis aux éditions Delachaux & Niestlé reste encore à notre époque une référence. Hélas, il n'est plus édité, mais si vous le dénichez un jour en bouquinerie, sautez dessus !

La diversité des nids chez les oiseaux

Comment favoriser la nidification des oiseaux ?

Pour aider les oiseaux à se reproduire, il faut que votre jardin soit accueillant pour eux. Voici quelques pistes pour un jardin rempli de vie : 

  • Aménager un jardin accueillant pour la nature : bannir les pesticides, laissez pousser certaines adventices, créer une prairie fleurie, planter des arbres et arbustes à baies (si possible indigènes), aménager des petites zones humides comme une mare, laisser un tas de bois... Tout ce qui peut favoriser la biodiversité sera utile aux oiseaux ; 
  • Planter une haie protectrice et multiplier les arbustes buissonnants : une haie dense constituée d'épineux (aubépine, prunellier...) se révèle parfaite pour certaines nidifications ;
  • Planter des arbres : quelques espèces apprécient de nidifier dans les arbres. C'est notamment le cas de la Pie bavarde ou la Tourterelle turque, mais aussi des oiseaux cavernicoles (mésanges, sittelles, pics, chevêches...) ; 
  • Laisser de l'argile à disposition ou un peu de terre à nue si votre sol est argileux : Les Hirondelles rustiques (Hirundo rustica) et Hirondelles de fenêtres (Delichon urbicum) en ont besoin pour confectionner leurs nids. Mais, c'est le cas aussi de la Sittelle torchepot (Sitta europaea) qui l'utilise pour refermer une partie des cavités et la Grive musicienne (Turdus philomelos) qui en tapisse le fond de son nid. À noter que l'argile est aussi indispensable pour les nids des abeilles solitaires ;
  • Conserver la mousse et le lichen sur les arbres : certains oiseaux comme l'Orite à longue queue (Aegithalos caudatus) ou le Pinson des arbres (Fringilla coelebs) utilisent mousses et lichens pour confectionner leurs nids ;
  • Laisser tranquille les toiles d'araignées : eh oui ! C'est étonnant, mais le Pinson des arbres et l'Orite à longue queue utilisent les toiles d'araignées en guise d'adhésif pour consolider le nid. Dans le même ordre d'idée, le Roitelet huppé (Regulus regulus) prend la toile pour fixer son nid aux branches des conifères ;
  • Laisser de la paille et de l'herbe séchée, un tas de brindilles à disposition ;
  • Disposer çà et là des poils d'animaux ou des courts brins de laine : les poils de chats et de chiens feront l'affaire. Faites cependant très ATTENTION si vos animaux sont traités contre les parasites. Ces produits, non toxiques pour les chiens et les chats, se révèlent être dangereux pour les oisillons dont la peau nue est directement en contact avec les éléments constituants le nid. Si vous avez un doute, abstenez-vous !  ;
  • Poser des nichoirs : Orientez l'ouverture du nichoir vers l'est ou le sud-est pour éviter les vents forts et les intempéries. Placez-les en hauteur et à l'abri d'éventuels prédateurs. Et renseignez-vous bien sur les mensurations et la confection du nichoir ! Un nichoir à Mésange charbonnière n'est pas le même qu'un nichoir à Chevêche d'Athéna... → le site nichoirs.net offre toute une série de plans pour réaliser des nichoirs spécifiques pour une vingtaine d'espèces d'oiseaux ;  
  • Disposez des mangeoires en hiver et au tout début du printemps : oubliez les boules de graisse qui ne constituent pas une bonne source d'énergie pour les oiseaux, mais privilégiez les graines de tournesol, les cacahuètes et les graines de niger. Nourrir en hiver, c'est très bien ! Et c'est encore mieux si vous continuez en début de printemps (quand il n'y a pas encore grand-chose à manger au jardin), car c'est un moment fatidique pour les oiseaux qui ont besoin d'énergie pour se reproduire et nidifier. Vous pourrez réduire graduellement le nourrissage et vous arrêter vers la fin mars ;  
  • Et conserver du calme ! : les oiseaux apprécient de se sentir en sécurité. Et pour cela, le silence et le calme du jardinier sont un atout pour leur procurer un endroit sécurisant. Ne dérangez pas les nids par votre présence et ne les détruisez pas non plus ! L'Office Français de la Biodiversité et les différents organismes de préservation de la nature préconisent d'ailleurs de ne pas tailler, élaguer ou abattre de ligneux durant la période de nidification, soit entre mars et fin juillet.

Encore un p'tit mot d'Oli : Les nichoirs sont-ils vraiment utiles ? Oui, et principalement dans le cas des nichoirs spécifiques aux espèces dont les populations se sont réduites fortement pour diverses raisons. Les organismes de protection de la nature organisent régulièrement des poses de nichoirs chez les particuliers, au sein des entreprises ou en pleine nature. Dans le cas des nichoirs spécifiques aux espèces non menacées (le classique nichoir à mésange !), l'utilité peut sembler moindre. Cependant, il ne faut pas négliger l'apport didactique et de sensibilisation de la pose d'un nichoir. Un nichoir posé dans votre jardin et ce seront vos enfants, votre famille, vos amis, vos voisins, le facteur ou un cycliste qui passait par là qui se diront peut-être : "wouah ! C'est beau la Nature ! Je file illico la protéger à mon tour !"

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Haies, mousses et lichens, toiles d'araignées, tas de brindilles et de paille, mangeoires et nichoirs…

Pourquoi favoriser la nidification des oiseaux ?

Les oiseaux constituent un maillon essentiel de la biodiversité. En tant que prédateurs et... prédatés. Les oiseaux insectivores et omnivores nous aident à réguler les populations d'insectes, de larves et de gastéropodes ravageurs. Les oiseaux frugivores sont même responsables de semis intempestifs parfois bienvenus d'arbustes dont ils ont consommé les baies.

De plus, la raréfaction des milieux naturels, les changements climatiques, l'utilisation d'insecticides durant de nombreuses années et l'arrivée d'espèces exotiques invasives... Tous ces facteurs ont amené à une réduction dramatique des populations d'oiseaux dans le monde. Un nombre toujours plus croissant d'espèces d'oiseaux est en voie de disparition. Il est donc de notre devoir de jardinier amoureux de la nature de faire en sorte d'alléger un peu cette pression... ou tout au moins de ne pas l'accentuer.