On le sait tous depuis tout petit : détruire les forêts sans gestion raisonnée et tout ce qui y vit est potentiellement une très mauvaise idée. C'est un constat plutôt simple ! Pourtant, et trois fois hélas, certains ne reculent devant rien pour un profit immédiat, sans tenir compte des conséquences à long ou moyen terme. La déforestation n'est pas un phénomène nouveau. Elle existe depuis que l'Homme existe. Mais ces dernières décennies, le phénomène s'est accentué de manière très alarmante.
Bref état des lieux
Quelques chiffres qui font froid dans le dos
La forêt recouvre plus de 30 % de la surface du globe. De cette forêt, la moitié se situe dans seulement 5 (grands) pays : USA, Canada, Russie, Chine et Brésil. De tout cela, il ne reste plus que 40% des forêts présentant une haute intégrité écologique. Entendez par là, des forêts qui n'ont pas été dégradées par l'activité humaine.
Selon le Word Ressources Institutes, nous en sommes à 80% de forêt originelle perdue, abattue essentiellement ces 30 dernières années.
Le Botanical Gardens Conservation International (BGCI), qui regroupe des experts botanistes et de la conservation de la Nature, a publié un rapport alarmant. Ils ont étudié et recensé près de 60 000 espèces d'arbres à travers le Monde. Selon eux, près d'un tiers des arbres (environ 18000 espèces) sont menacés d'extinction. Ajoutons à cela 142 espèces d'ores et déjà disparues et 440 espèces qui en suivent le même chemin.
Les zones tropicales du continent Africain sont durement touchées : près de 60% des espèces d'arbres à Madagascar et sur l'île Maurice sont en grave danger. Mais c'est le Brésil qui remporte la palme, car la forêt amazonienne compte le plus d'espèces d'arbres différentes (8847) mais surtout le plus grand nombre d'espèces d'arbres menacés d'extinction, soit 1788. La cause principale : la déforestation !
C'est en moyenne, 15 milliards d'arbres qui sont abattus chaque année dans le monde !
Quelles sont les causes principales de la déforestation ?
Cette déforestation à grande échelle se produit en majorité dans les pays tropicaux. Elle est causée par l'agriculture intensive (huile de palme, cacao, soja...) et l'exploitation forestière pour le bois (souvent illégalement !) et le papier. Mais aussi par l'extraction des combustibles fossiles, par l'exploitation minière et finalement, mais de façon presque anecdotique, par l'urbanisation.
Déforestation directe, oui, mais pas seulement... En effet, la disparition des espèces d'arbres est la conséquence d'une somme de réactions diverses : incendies, dérèglement d'écosystèmes par le morcellement des habitats et dérèglement climatique en général qui apporte son lot de cataclysme (inondations, tempêtes, incendies et maladies). Des réactions diverses qui s'accentuent avec la déforestation. Bref, une chaine sans fin...
Pourquoi, c'est si grave ?
La forêt joue un rôle important à divers titres :
- Absorption du CO2 et production d'oxygène ;
- Habitat de nombreuses espèces végétales et animales : les forêts primaires sont des Hotspots de biodiversité ;
- Régulation des cours d'eau : la destruction des forêts amène des effets désastreux comme les inondations régulières, mais aussi plus étonnants (et inquiétants) comme la disparition des coraux. En effet, la disparition des arbres amène un transport accru des sédiments par les cours d'eau jusqu'à la mer. Ce qui réduit la lumière dans l'eau, donc fait disparaitre les algues qui nourrissent les coraux ;
- Production de ressources et même de médicaments : si 1,6 milliard d'êtres humains dépendent plus ou moins de la forêt, il faut compter que 60 millions d'individus ne vivent QUE par (et pour) la forêt. Un véritable génocide en perspective ;
- Stabilisation des sols : les arbres, on l'observe déjà dans nos propres jardins, participent au cycle des nutriments dans le sol. En outre, ils permettent de réduire l'effet d'érosion causé par l'eau ou le vent. Les arbres sont le dernier rempart contre la désertification ;
- Barrière naturelle contre les cataclysmes "naturels" : ouragan, tsunami, cyclone... ;
- Augmentation des maladies infectieuses : un dérèglement dans un écosystème produit inévitablement une recrudescence de nouveaux agents infectieux ainsi qu'une circulation épidémique plus rapide à travers la population. Exemple : le paludisme transmis par les moustiques qui ne sont plus régulés par leurs prédateurs naturels ;
- Et... régulation du climat : la forêt joue le rôle d'isolant thermique, de fixateur de carbone, régulation de l'hygrométrie de l'air,
Selon la FAO (Organisation des Nations Unis pour l'Alimentation et l'Agriculture), 1/5 de la production des gaz à effet de serre serait directement due à la déforestation ou la dégradation des forêts du globe. Mais la déforestation est aussi une source de conflit socio-économique comme l'en atteste les rixes régulières entre le gouvernement brésilien et les peuples amérindiens pour ne citer qu'un exemple.
Quelles solutions apporter ?
De notre côté, en France et en Belgique, c'est très facile à dire bien calé dans notre fauteuil : « bah, ils n'ont qu'à arrêter de déforester ! ». Le souci est qu'on peut difficilement, objectivement et humainement empêcher des pays émergents... d'émerger. L'idée n'est donc pas de diaboliser ces nations. Nous-mêmes, occidentaux, nous nous sommes « goinfrés » sur le dos des pays du sud et de la planète en général pendant plusieurs siècles (avec un pic au XXe). Nous sommes plutôt mal placés pour critiquer...
Cependant, le changement climatique est un sujet mondial. Il faudra donc bien que tout le monde prenne cela en compte.
Des solutions existent :
- Protection légale des forêts : via des parcs naturels ou des réserves naturelles. L'idée est de gérer avec du personnel une partie de "Nature" que l'on souhaite préserver ;
- Gestion durable des forêts : en appliquant des certifications (FSC par exemple) munies d'une charte qui impose une replantation après coupe et une préservation au maximum de l'écosystème en place ;
- Reboisement des zones déforestées : en 2011, un effort mondial nommé "Défi de Bonn" a initié un mouvement concernant le reboisement de 150 millions d'hectares de zones dégradées avant 2020. Le sommet sur le climat en 2014 lui a ajouté 200 millions d'arbres à replanter avant 2030. Notez bien cependant qu'une replantation d'arbres ne remplacera JAMAIS une forêt primaire. D'autant plus, si on replante n'importe quoi et n'importe comment ;
- Lutte contre la déforestation importée : le but est de limiter l'importation de produits issus de production qui détruit la forêt de façon non durable, voire illégale. Attention cependant de ne pas boycotter des importations des produits issus de la filière forestière, mais géré durablement ou sans trop d'impact écologique. Car, au final, la forêt risque de ne plus être rentable pour le pays, et sera donc détruite pour l'urbanisation ou l'agriculture.
La France agit et réagit
L'objectif principal de la SNDI, la Stratégie National de lutte contre la Déforestation importée, est de réduire au maximum la déforestation causée, à travers le Monde, par l'importation de produits agricoles non durables. À terme, en 2030, il s'agira de suspendre "toutes importations de matières premières ou de produits transformés dont la production a contribué, directement ou indirectement, à la déforestation, à la dégradation des forêts ou à la conversion d’écosystèmes naturels en dehors du territoire national".
Le ministère de la Transition écologique a d'ores et déjà lancé une plate-forme d'informations pour les consommateurs et les entreprises sur certains produits comme l'huile de palme, le bœuf, le soja ou encore le bois.
Mais la France n'est pas la seule à s'en inquiéter. L'Europe et un grand nombre de nations se penchent activement sur la question. Trop tardivement ? Sans aucun doute, oui. Mais comme on dit : "il vaut mieux tard que jamais".
Et à notre petite échelle...
Tous les petits efforts sont bons à prendre !
- Réduire l'achat de produits de consommation non nécessaire ;
- Recycler autant que possible ;
- Réduire sa consommation d'énergie et de combustible fossile ;
- Planter des arbres au jardin et bénévolement lors de projets de reboisement ;
- Réfléchir à ce que l'on achète : privilégiez le durable et le local, même si ce n'est pas toujours simple ou faisable.
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