Quelles clématites pour nos jardins secs et chauds ?
Comment ne pas succomber au charme des clématites à grandes fleurs ? À leurs cascades de grandes corolles rondes, en pompons ou en étoiles, blanches, bleues, roses ou violettes que l’on aperçoit dans les jardins alsaciens ou angevins ? Autant s’y résoudre, elles ne sont pas pour nous… du tout !
Il ne vous a pas échappé que notre climat, par son caractère saisonnier, diffère profondément de celui des régions plus septentrionales. Ce climat méditerranéen est si particulier qu’il a donné son nom à celui que l’on retrouve dans quatre autres régions du monde bien éloignées de notre mer Méditerranée. (lire aussi l’article de Pierre : Plantes méditerranéennes, d’où viennent-elles vraiment? )
Rappelons d'abord les contraintes du climat méditerranéen : pour résumer, nous n’avons généralement pas de pluie significative de juin à début septembre : c’est-à-dire que nous connaissons plus ou moins trois mois de vraie sécheresse. Et la sécheresse, de l’air cette fois, s’installe dès le mois de mai, écourtant le printemps chez nous tandis qu’il explose plus au nord. Il gèle ici en hiver à l’intérieur des terres. Le plus souvent en fin de nuit et sur de courtes durées. Et puis nous avons ce soleil qui brille plus de 300 jours par an, mais au prix du Mistral et de la Tramontane qui soufflent en rafales un air glacé en hiver et accentuent l’assèchement des sols en été.
Il faut se faire une raison : les clématites à grandes fleurs ne sont pas heureuses dans le Midi. C'est source d’une grande déception mais c'est une évidence : les clématites à grandes fleurs (de type Patens) ne conviennent pas à notre climat, en dépit des efforts et des ruses. Il en existe cependant de fort jolies, sinon exubérantes, qui s’accommodent parfaitement de nos étés secs et chauds et de nos terres argilo-calcaires.
Les clématites de mon jardin provençal
Commençons si vous le voulez bien par celles qui se plaisent dans mon jardin provençal. Viendra ensuite une liste de celles qui pourraient peut-être s’y plaire, je ne les ai pas encore essayées chez moi.
- Clematis armandii : la clématite d’Armand, reine des clématites persistantes.
Cette vigoureuse liane chinoise de 8 m choisit chez nous la fin de l’hiver pour fleurir en bouquets parfumés, blancs ou teintés de rose chez la variété Apple Blossom. Cette floraison précoce, tout comme ses grandes feuilles coriaces et vernissées, lui permettent de traverser sans encombre nos étés. Dans certaines provinces de cet immense pays qu’est la Chine, les étés sont parfois très secs : le Rosier de Banks, véritable modèle de sobriété, n’est-il pas originaire, comme elle, des régions occidentales et centrales de la Chine ? Rusticité : -12/-15°C, cette clématite aime les sols profonds et supporte l’argile.
- Clematis cirrhosa (balearica) ou clématite de Noël : une authentique méditerranéenne, originaire de Corse et des Baléares.
Persistante et garnie de fleurs en cloches blanches et cireuses en plein hiver, elle sera, dans nos jardins, caduque en été pour échapper à la sécheresse. Son feuillage curieusement découpé, qui rappelle un peu celui du persil, réapparaît en fin d’été, avec le retour des pluies. Dans la nature, cette petite liane de 2 à 3 m se faufile dans les buissons et les haies voisines. Et c’est ainsi que je l’ai placée dans mon jardin : près d’un Cotinus et du rosier anglais Graham Thomas. Rusticité : -12°C en sol bien drainé.
Quelques jolies variétés : ‘Lansdowne Gem’, ‘Jingle Bells’, ‘Whisley Cream’ et ‘Freckles’, la plus vigoureuse et la plus rustique. - Clematis flammula : la clématite des haies et des murs de pierre sèches dans le Midi.
Hôte des lieux incultes et de la campagne méditerranéenne, elle remonte jusque dans la Drôme et l’Aveyron. Semi-ligneuse, cette clématite émet des tiges annuelles atteignant 5 m et disparaît en été sous un brouillard de fleurs blanc-crème, minuscules mais très agréablement parfumées. Si elle n’est pas spectaculaire, elle est pleine de charme et accepte de pousser dans les pires conditions. C’est une plante réellement spontanée qui, à l’image des cistes, permet de réaliser une douce transition entre le jardin et la garrigue environnante. Rustique.
- Clematis terniflora : une vigoureuse clématite des zones subtropicales d’Asie du sud-est (Corée et Japon), pour la fin de l’été. Elle grimpe jusqu’à 4 m et fleurit en abondance, un peu comme la Clematis flammula : ses innombrables petites fleurs blanc-crème forment un nuage qui embaume tout un secteur de mon jardin en septembre-octobre. Peu exigeante en matière de sol, elle tolère parfaitement le calcaire et s’avère très résistante à la sécheresse une fois établie. Ne faites pas comme moi : évitez de l’exposer à l’ouest, redoutable chez nous : son feuillage y brûle en été. Cette plante est par ailleurs parfaitement rustique.
- Clematis viticella : la clématite bleue, italienne, jolie et discrète. C'est encore une méditerranéenne, dont la végétation annuelle ressemble à celle de la C. flammula. Chez le type, les fleurs sont des petites clochettes pendantes, elles éclosent durant une longue période, de l’été à l’automne. Cette espèce peu sensible au dépérissement de la clématite que l’on déplore trop souvent chez les clématites à grandes fleurs, a inspiré les horticulteurs : sélectionnée, puis hybridée avec d’autres, elle est à l’origine de variétés à fleurs plus grandes allant du blanc au pourpre, toutes plus ravissantes les unes que les autres : dans mon jardin, je cultive et adore ‘Madame Julia Correvon’, aux étoiles d’un rouge éclatant, et ‘Purpurea Plena Elegans’, enguirlandée de pompons d’un vieux rouge lie de vin. Installez-la non loin d’un arbuste défleuri en été, ou dans un arbuste persistant à floraison hivernale. Chez moi, je l’ai plantée à côté d’un Garrya elliptica James Roof. Rustique.
Toutes ces clématites, une fois bien établies, ne devraient poser aucun problème aux jardiniers méditerranéens, elles sont en tout cas très à l’aise ici en Provence.
Un mot, enfin, sur celle que l’on n’attend pas forcément dans le Midi méditerranéen, mais qui semble bien s’adapter ici :
- Clematis integrifolia : originaire du sud-est de l’Europe jusqu’à l’Asie, c’est une petite clématite herbacée, vivace, non grimpante, poussant en touffe dressée et fournie, à peine plus haute que le genou. Elle démarre de la souche au printemps et fleurit chez nous en début d’été, en clochettes bleu acier suivies de fruits plumeux et argentés. Elle s’adapte à tous les sols, même pauvres et assez secs en été. Rustique.
D'autres clématites à essayer :
Parmi les autres clématites, on pourrait semble-t-il, tenter (c’est ce que je compte faire), moyennant une plantation très soignée, c'est-à-dire dans une grande fosse à fond drainé que l’on remplira d’une terre bien amendée en compost, sans oublier un épais paillage salvateur et quelques arrosages en été :
- Clematis jackmanii et ses nombreux cultivars. Rustique et très solide.
- Clematis macropetala : Originaire du nord de la Chine, de Sibérie et de Mongolie, de petit développement, 2 à 3 m. Elle grimpe ou rampe sur le sol et se faufile dans les arbustes voisins. Sa floraison est précoce, en mars-avril et peut remonter en fin d’été, sous forme de fleurs pendantes à 4 tépales longs et pointus suivies de fruits plumeux et soyeux très décoratifs. Les formes doubles sont de véritables petits bijoux. Parfaitement rustique, économe en eau et peu exigeante, elle mériterait chez nous la mi-ombre et un endroit un peu frais, arrosé de temps en temps.
- Clematis montana et ses variétés (Mayleen, Giant Star, Rubens…) : cette clématite des montagnes n’atteindra pas chez nous les 8 à 9 m habituels, et offrira une floraison plus timide. Elle sera jolie dans un petit arbre ou grand arbuste. Rustique.
- Clematis texensis, ses hybrides : la clématite texane est rarissime en culture. On la connaît sous les traits de ses hybrides ‘Diana’ ou ‘Gravetye Beauty’ ou encore 'Queen maxima', par exemple. Sa végétation est annuelle et sa floraison estivale est caractéristique : ses fleurs sont comme des petites tulipes pendantes, bleues, roses, rouges ou blanches. Rustique.
- Clematis orientalis et C. orientalis var. tangutica : chinoises, à fleurs en clochettes du jaune crème au jaune d’ocre-orangé selon les variétés. Elles atteignent 4 à 5 m. Elles offrent une très longue floraison qui commence chez nous assez tôt au printemps, marque le pas en été et reprend de plus belle en automne, pour ne s’achever que tard en saison. Culture en tout sol bien drainé, même pauvre et assez sec. Quelques variétés : ‘Golden Tiara’, 'Orange Peel', ‘Golden Harvest’, ‘Grace’. Rustique.
Pour conclure, rappelons-nous qu’il est préférable de planter tôt à l’automne dans notre région, c’est-à-dire dès le retour des pluies, en septembre-octobre, en tout cas au plus tard en février : nos jeunes plantes s’enracineront profondément en automne et en hiver, ce qui leur permettra d’affronter leur premier été avec plus de sérénité. Un arrosage suivi sera également indispensable les deux premiers étés.
Et vous? Quelles sont les clématites qui réussissent dans votre jardin du Midi sec ? Partagez votre expérience !
Anne, le 21 Janvier 2018
Je confirme que les clématites vivotent dans ma vallée du Rhône sous climat méditerranéen. Je garde cet article bien au chaud pour mes commandes du printemps.
méresse-doré, le 17 Février 2018
je suis une passionnée de grimpantes et de clématites entre autres. Vyvyane Pennell fleurit très bien chez moi ds le nord toulousain, ds une terre très argileuse bcp mieux de dans mon précedent jardin normand. Fleuraison abondante fin de printemps et une petite remonté en été, mais la chaleur/sècheresse y est probablement pour quelques chose, n'arrosant si possible, que les plantes plantées dans l'année
MD
Anne BF, le 20 Mai 2024
Sous climat mediterrannéen, mais originaire du Nord, votre article m'a bien aidé à comprendre les variétés de clématites à retenir.
Je vais préparer ma sélection pour l'automne. Merci
Réponse de Ingrid, le 21 Mai 2024
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