L'ascension continue et nous arrivons à 2800m d'altitude, la végétation présente moins ce caractère "exotique" que plus bas. Si d'innombrables espèces végétales poussent sur la montagne, c'est aux abords des sentiers, en lisière de forêt, que la diversité est la plus importante. Sur 1m² on dénombrera par endroit plus de 10 espèces différentes, pas la peine donc de parcourir les bois et les fourrés pour observer les végétaux! Les pentes humides de la montagne deviennent jaune d'or, elles sont colonisées par des tapis de Chrysosplenium davidianum et de Caltha palutris.
Autre plante bulbeuse emblématique des montagnes des provinces du sud-ouest, le magnifique Cardiocrinum giganteum ne montre pas encore de fleurs à cette altitude, nous en verrons de nombreuses colonies poussant ça et là dans les sous-bois, et un seul exemplaire en fleurs durant notre séjour. Voir l'aisance avec laquelle cette plante là abonde dans les sous-bois frais, la rendant presque banale dans son pays d'origine et le soin qu'on lui accorde pour réussir à la cultiver dans nos jardins me fascine toujours.
Moins présente, la faune se rappelle quelquefois bruyamment à nous, lorsqu'un macaque du Tibet surgit de la montagne en quête de nourriture ou... d'amusement.
Si pendant notre ascension nous voyons beaucoup de Persicaria, je suis frappé pour le nombre de formes différentes de Persicaria runcinata, cette vivace me laisse assez perplexe. On peut la trouver rampante ou semi-arbustive, son feuillage peut être entier ou plus ou moins pinnatide, vert uni ou dotées d'une riche palette de couleur panachées, il ne serait pas impossible qu'il puisse exister de nombreux hybrides naturel, répartis entre la Chine et le Népal.
Nous marquons quelques haltes pour admirer les majestueux rhododendrons qui bordent le sentier, certains sont de vrais arbres, haut de plus de 8m.
Les températures baissent progressivement au fur et à mesure que nous nous rapprochons du sommet, la végétation devient moins luxuriante, plus éparse, mais ne manque pas pour autant d'intérêt. Les banquettes de mousses qui bordent les allées cachent quelques trésors, nous découvrons parmi des Corydalis emeiensis, le très rare Kingdonia uniflora, plante endémique et protégée du Sichuan. Plus loin je retrouve quelques touffes de Trillium tschonoskii puis juste avant le sommet, de magnifiques Clintonia udaensis.
Nous arrivons enfin au sommet après plusieurs heures de marche et découvrons une statue étincelante, clinquante dirait certains, représentant le grand bodhisattva Samantabhadra. Dommage, le sommet est sous la brume et depuis cet exceptionnel promontoire nous ne pouvons pas apprécier cette vue donnant sur les plaines du Sichuan.
Sur le chemin du retour nous apercevons en contre-bas d'un ravin, un très joli Viburnum nervosum, passé un peu inaperçu lors de l'ascension. Immenses, les feuilles de cet arbuste dépassent largement ma main en longueur et en largeur.
Peu avant notre arrivée à l’hôtel, je remarque en bordure du chemin, des pieds en boutons de Meehania fargesii, une petite lamiacée, proche cousine de notre lamié blanc, qui produit de somptueuses fleurs violet intense et recouvre les pentes humides de ses stolons. Juste à coté, nos interrogations se porte sur un saule, dont le jeune feuillage lancéolé, teinté de bronze, nous laisse perplexe quant à son identification. Nous rentrons à l’hôtel dans la nuit, fatigués mais rassérénés.
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