Le Festival international des jardins du domaine de Chaumont-sur-Loire dans le Loir-et-Cher est un des rendez-vous majeurs pour tous les amoureux des jardins. Il présente depuis 33 ans une vingtaine de jardins éphémères lors d'un concours adressé à des paysagistes et étudiants français et internationaux. Je m'y rends régulièrement pour passer un moment complètement déconnecté dans un site par ailleurs exceptionnel, en surplomb du fleuve royal, et pour prendre le pouls des tendances actuelles.
Cette année, j'ai arpenté la vingtaine de jardins en compétition en fin de saison, une occasion de profiter des couleurs sublimes de l'automne, et de voir aussi comment ces jardins à vocation éphémère s'étaient comportés au fil des mois, vus qu'ils sont implantés sur le site en février. La thématique cette année était "Le jardin, source de vie". Un thème particulièrement riche qui permettait d'explorer dans sa diversité la vie qui nait du sol, de la pollinisation, de la faune… Voici quelques-uns des jardins de cette 33ème édition qui ont attiré mon attention, souvent pour leur usage du végétal, auquel je suis plus que sensible, ou pour leur esthétique et leur originalité en lien avec le thème de l'année !
Soli vivi
Un des premiers jardins que l'on visite est un jardin imaginé et conçu par deux paysagistes françaises qui ont abordé le thème de l'année en se focalisant sur la vie du sol. Ici, point d'effets floraux ou verdoyants tape à l'œil, mais une attention portée donc sur la terre, l'humus, ses bactéries et champignons, le couvert de feuilles mortes qui en se décomposant stimule la vie. J'ai aimé cette idée simple de Soli vivi, et cette attention aux sols vivants, nourriciers, source de vie à part entière. Une sorte d'igloo en torchis, grosse boule de terre, habille l'ensemble et chacun pourra l'interpréter à sa manière. Personnellement, j'y ai vu la boule du scarabée bousier.
Pollinators City
Ce jardin détonne un peu, et ce n'est pas vraiment pour son aspect végétal qu'il frappe, mais bien pour son impact dynamique et très parlant : nous voici au sein de Manhattan, à New York, où des nichoirs sur piques, des maisons à chauve-souris et papillons et des refuges pour abeilles ont investi Central Park. Ses concepteurs sont trois américains, un enseignant et deux étudiantes de l’École d’architecture et de design Fay Jones, de l’Université de l’Arkansas. Un message porté haut et fort pour nous suggérer une ville où les pollinisateurs auraient pris le pas sur l'homme.
L'éveil de la graine
C'est sans nul doute mon chouchou cette année. J'y ai adoré la palette végétale incroyable et foisonnante, qui resplendissait à mon passage sous un soleil d'octobre, dans des teintes mauves portées par des sauges à leur apogée, des géraniums, des graminées et un superbe bananier rouge d'Abyssinie en focale au fond du jardin. Mais ce jardin est aussi remarquable par sa structure et sa navigation qui le font paraitre plus grand qu'il n'est, du kokedama de bambous à l'entrée et sa graine figurative, jusqu'à l'éclosion de la fleur tout aussi réussie un peu plus loin dans le jardin. Quand on sait que ce sont cinq étudiants de l'Institut Agro Rennes Angers qui ont travaillé sur ce projet, on ne s'inquiète pas pour l'avenir de ces jeunes talents très inspirés !
Le jardin Source de vie
Sur cette carte verte donnée à Paul Hervey-Brookes, un paysagiste anglais renommé, j'ai apprécié le cadre reposant avec au centre un ilot de verdure accueillant végétaux et arbres, pierres et eau, en contraste avec le contour symbolisant un champ de monoculture stérile. Les lignes, la structure en acier sont pures et tout simplement harmonieuses, les plantes ont réussi à coloniser l'espace et à former un abri pour la petite faune du jardin.
Cher jardin, prends soin de moi
Encore un "jardin promenade", proposé par un quintet d'ingénieurs, d'architectes, d'agronomes et de designers italiens : nous sommes conviés à y déambuler le long d'une allée de bois, entre une forêt de bambous, des petits étangs et une belle structure centrale en bois. Cher jardin, prends soin de moi est un jardin refuge, très végétalisé qui met en scène des bacs en hauteurs, des zones de compostage, un potager, des éléments aquatiques... Une vraie vie nait de ce microcosme très maîtrisé et stylisé !
Cette édition a aussi été l'occasion de découvrir certains jardins très originaux, comme Stigma mettant en avant l'importance de l'insecte dans la chaine de vie, Carcasse et son squelette géant pour nous rappeler le cycle de la matière, ou Le jardin pastoral, jardin expérimental qui recouvre les sols de laine de mouton dans une vision étonnante.
Je vous ai donné envie d'y aller ? C'est fini pour cette année, mais l'an prochain, un nouveau thème très prometteur laisse déjà rêveur, "Il était une fois au jardin : jardin enchanteur, jardin enchanté". Retrouvez dans le détail tous les jardins présentés cette année sur le site du festival international des Jardins.
Et en attendant, le domaine de Chaumont-sur-Loire propose une exposition d'hiver, du 16 novembre 2024 au 23 février 2025, pour les passionnés de photographie d'art. Avis aux amateurs !
Informations pratiques
Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire
41150 Chaumont-sur-Loire
Tel. : 02 54 20 99 22
Tarifs : 20 euros, tarif réduit 12 euros, enfants 6 euros (gratuit pour les enfants de moins de 6 ans). Egalement à la vente, une carte d'accès à l'année ou des pass pour un ou deux jours.
Le Festival des jardins est ouvert tous les jours entre avril et tout début novembre chaque année, de 10h à 20h. Nocturnes en juillet et août, de 22h à minuit.
L'entrée au Festival des jardins du domaine permet en outre de visiter les jardins pérennes, les prés du Goualoup, le potager, les expositions d'art dans les écuries, et de flâner dans le superbe parc historique du château. Plusieurs restaurants et cafés permettent de se restaurer sur place. La librairie offre quant à elle un large choix de livres sur le jardin et une petite sélection de plantes vivaces.
Comptez au moins 3h de visite.
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