Même si mon département, le Maine-et-Loire, regorge de jardins d’intérêt, je m’échappe parfois hors de ses frontières pour aller visiter d’autres lieux enchanteurs. Ce fut le cas ce lundi de Pentecôte, par une journée quasi estivale, quand je décidais enfin de me rendre à Chédigny, dans l’Indre-et-Loire, connu pour ses rues et ruelles inondées de roses. Unique village en France à être labellisé jardin remarquable, c’est un lieu merveilleux, qui ne peut que séduire les amoureux de roses, mais pas que…
Après un petit pique-nique bucolique au bord de l’Indre, dans cette région de Touraine qui compte également de nombreux jardins, me voici en à peine plus d’une heure de route aux portes de ce jardin pas comme les autres, puisque c’est un village entier que l’on vient visiter. Il détient 4 Fleurs au label des Villes et Villages Fleuris, et depuis 2019 la Fleur d’or pour son engagement exemplaire dans le fleurissement, l’amélioration du cadre de vie et la valorisation du patrimoine !
Délaissant son célèbre Festival des roses qui avait lieu cette année les 27 et 28 mai, j’ai préféré arpenter le village un jour plus calme, le village étant victime de son succès. Bien m’en a pris, car ce jour-là, les visiteurs étaient là, mais les rues assez calmes en tout début d’après-midi, et il était agréable d’y flâner en prenant son temps. Les axes principaux sont réservés aux piétons, ce qui laisse tout loisir de s’y promener.
La passion des roses anciennes
Le village s’est transformé sous l’impulsion de l’ancien maire, Pierre Louault, il y a 25 ans. Les trottoirs ont vu leur physionomie changer avec la création de pieds de trottoirs et de zones de plantation accueillant des rosiers anciens. Pas moins de 1000 rosiers jouent de leurs charmes sous nos yeux, tous parfaitement étiquetés avec leur date de création et le rosiériste obtenteur de la variété. Remontants, très remontants, à floraison continue ou non remontants, on connait tout de leur pedigree.
Ici, ce sont les rosiers anciens qui ont été privilégiés, des rosiers grimpants et des rosiers lianes qui partent à l’assaut des façades, souvent de façon impressionnante. Tous attirent irrésistiblement le regard, et on se rend rapidement compte qu’ils sont pour la plupart de très anciennes obtentions, comme le rosier 'Baronne Prévost' datant de 1842, ou le très remontant 'Alister Stella Gray' créé en 1894. On y trouve aussi les grands noms de rosiers spectaculaires : Neige d'avril (1908), Ghislaine de Féligonde (1916), Maria Lisa (1925), et des rosiers plus récents ('Agnès Sorel', d'André Eve, créé en 2013, ou 'Petite Coquine de Chédigny', baptisée en 2020.
Les roses, l'ambiance... coup de cœur assuré !
Chacun s’émerveille de toutes ces beautés, en pleine floraison à cette saison. Ce foisonnement de rosiers rajoute au caractère déjà charmant des maisons du village, où la tuile me transporte loin de l’Anjou pourtant si proche. Un soin particulier est également apporté à chaque demeure, dans la couleur des volets qui se fondent avec la verdure ambiante, mais aussi dans les compositions auxquelles les vivaces, arbustes et bulbes se mêlent de façon évidente : digitales, lys pas encore fleuris, clématites, Alliums, géraniums vivaces, Delphiniums, mufliers, coquelourdes, cistes, œillets de poète, cerfeuil sauvage, Acanthes, Cotinus, buis parfaitement taillés et tant d'autres...
Ce qui m’a charmé à Chédigny, c’est la réelle harmonie de tons dans toutes ces fleurs, le choix de la palette choisie : tous les rosiers ont des teintes pastel, blanches, roses, saumonées, violettes, et sont d'une simplicité et d'une beauté rare… Et puis bien sûr, cette effluve de roses qui en plein cœur de la saison titille constamment les narines au fil de la balade. On ne peut s’empêcher de passer la tête pour admirer aussi les jardins intérieurs ou les petites cours des habitants, admirablement entretenus, pour prendre la photo idéale !
Un entretien de main de maitre
Un arrêt chez le libraire de livres anciens - où je me procure à l'occasion quelques beaux livres de jardins - m’apprend que c’est la commune qui gère l’entretien de ce patrimoine végétal incomparable. Trois jardiniers s’affairent toute l’année à tailler, planter et soigner ces divines roses et les nombreuses vivaces du village, les quelque 600 habitants se consacrant à leur propre jardin, tous ravissants.
Pour toutes ces merveilles et le bien vivre qui s’en dégage, Chédigny a été reconnu en 2020 par le CEREMA (Centres d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), pour le mieux vivre ensemble qu’apporte le végétal dans la commune.
Au-delà des roses...
En s’écartant à peine des quelques rues principales, on tombe sur le beau lavoir restauré, sur des auges toutes fleuries, et puis on arrive à l’église et au jardin de curé (créé en 2017) que l’on peut également visiter, dans l’enceinte de l’ancien presbytère. C’est ici aussi que l’on peut admirer un vénérable tilleul de plus de 20 m (un Tilia platyphyllos) planté en 1811, répertorié arbre remarquable. Enfin, quelques citations illuminent aussi la visite, et une très belle exposition de photos sur les oiseaux des jardins de France.
Informations pratiques
Village jardin de Chédigny
37 310 Chédigny
Téléphone de la mairie ; 02 47 92 51 43 et 06 98 89 82 94
Site internet : http://www.chedigny.fr
Ouvert toute l’année, mais la période idéale de visite pour les roses se situe entre mai et octobre.
Gratuit, sauf pour l’entrée au festival des roses, chaque année, fin mai, 3 euros. Visite du jardin de curé à 3 euros. Visite sur rendez-vous pour les scolaires le vendredi.
Agenda : 17 juillet 2023 Animation pêche dans l'espace naturel sensible, et 28-29 juillet 2023 Festival de Bouche et de Blues
Visites guidées et visites de groupe sur rendez-vous.
Non loin de Chédigny se trouvent la cité royale de Loches, et le château de Chenonceau, de bien belles étapes si vous restez un peu plus dans ce joli coin de la Touraine !
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