J’affectionne particulièrement venir me ressourcer aux jardins du Puygirault, et m’y suis rendue à nouveau en juin dernier pour profiter de la beauté de ses espaces. Ces jardins du saumurois en Anjou sont situés sur la levée de la Loire, cette jolie route touristique longeant le fleuve entre Angers et Saumur. Ils ont été imaginés il y a près de 10 ans, en 2015, par les frères Stanislas et Yann Bouchard, et par le paysagiste Patrick Genty (un des créateurs du Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire). Ouverts en 2017, mis en œuvre par les jardiniers du site jusqu’en 2018, ils sont aujourd’hui en pleine maturité.
Les Jardins du Puygirault, du nom du manoir le jouxtant, sont conçus comme un parcours en une succession de 14 tableaux, nous faisant remonter le temps, de l’âge de la cueillette au jardin médiéval, en passant par le jardin bouquetier. Ce sont toutes les évolutions du jardin potager qui sont révélées sous nos yeux, dans un décor typique de l'Anjou, avec pour toile de fond le tuffeau et les troglodytes.
Il y avait étonnamment peu de monde en cette fin juin, ce qui m’a permis de profiter du lieu en toute quiétude. A mon tour de vous le faire découvrir...
Un parcours pédagogique
Sur deux hectares, les jardins du Puygirault ont été pensés dans une logique de parcours pédagogique, pour nous faire voyager dans l’histoire du jardin nourricier, depuis ses origines. l s’agit là d’une véritable genèse du jardin potager : on va déambuler dans pas moins de 14 mini-jardins, à commencer par l’âge de la cueillette et des plantes sauvages, puis celui des premiers labours. On y découvre les plantes ancestrales, ou remises au goût du jour, les céréales et arbres fruitiers aux origines de l’alimentation pour l’homme. Le jardin antique des romains nous présente la vigne et les figues, les coings et les pommes... Le 14è siècle voit l'apogée du jardin médiéval, transition entre le jardin nourricier et le jardin ornemental, riche de plantes aromatiques. Il est de forme carrée, figure géométrique parfaite, symbole d'éternité. Y sont cultivés de nombreux légumes racines, des choux et des salades. Plus tard au 17è siècle, nous arrivons dans le jardin du contentement : il s'agit d'un jardin devenu à la fois utile et agréable avec son potager, son jardin bouquetier, son verger et son jardin médicinal. On voyage aussi en passant par le jardin des plantes d’Asie, ce jardin qui nous a apporté au 18è siècle les légumes venus des contrées orientales et asiatiques : riz, chou de Chine, aubergine, et des épices alors inconnues en Europe.
Ces jardins sont en fait un parfait écrin et une juste réhabilitation pour un lieu qui fut jadis une ferme maraichère, produisant pour l’abbaye bénédictine de Saint-Florent, toute proche.
Un lieu harmonieux et reposant
La promenade procure beaucoup de sérénité, tant les jardins se dévoilant sous nos yeux sont propices au calme, avec des sous-espaces invitant à s’assoir en divers points stratégiques du jardin.
La présence d’une source naturelle, venant du coteau, irrigue tout le site par un système d’irrigation ingénieux de canaux datant du 16ème siècle. C’est peut-être elle qui nous donne ce sentiment d’apaisement. Mais certainement aussi le parcours habilement construit, faisant découvrir chaque jardin de façon différente, toujours avec le bois en ornement et mise en valeur, comme une ligne conductrice. Les plantations estivales sont à cette époque opulentes, les aromatiques odorantes, les légumes (aubergines, poivrons, tomates, cucurbitacées…) en très beau devenir et les floraisons des massifs en fin de balade d’une beauté simple et radieuse.
La promenade émerveille de plus en plus au fil de la balade. Elle s’achève dans un espace plus ouvert, le jardin bouquetier, composé de très beaux massifs, et d’un étonnant jardin intérieur, plus philosophique, dans les entrailles du tuffeau : le jardin troglodyte.
Un jardin savamment mis en scène
Très bien documenté à l’aide de planches explicatives à l’entrée de chaque jardin, le lieu est autant instructif pour les familles que pour le visiteur venu se régaler d’une conception paysagère maitrisée dans les lignes et les essences utilisées. Aux jardins du Puygirault, l’aménagement des différents espaces a été soigneusement étudié. Si l’acier Corten est présent sur quelques bordures ou bacs, on n’y retrouve que du bois, tressé en fascines, en couloir de branchages, assemblé pour créer des voutes ou tunnels. L’ensemble donne une cohésion parfaite aux 14 mini-jardins… De quoi s’inspirer pour nos propres potagers ou jardin d’ornement.
Dans le respect de la nature
Les jardins du Puygirault sont exemplaires en matière de biodiversité et de préservation environnementale. Un grand nombre de plantes mellifères sont invitées dans la prairie des abeilles pour nous le rappeler, mais on y pratique surtout un jardinage respectueux du sol (compostage, paillage et usage d’engrais verts). Les plantes indigènes sont favorisées, tout comme les essences fruitières locales.
Informations pratiques
Accès :
Depuis l’A11, direction Saumur par l’A 85. Sur l’A 85 prendre la sortie N° 3 Saumur et sur l’A 87 la sortie N° 26 Saumur.
Puis à Saumur, suivre la direction de Gennes sur les bords de Loire.
Les Jardins du Puygirault se situent à 1 km de la sortie de St-Hilaire-St-Florent.
Jardins du Puygirault
Route de Gennes
Saint-Hilaire-Saint-Florent
49400 Saumur
Tel. : 02 41 53 95 62
Ouvert tous les jours d’avril à octobre de 10h à 19h (18h en octobre)
Accessible aux personnes handicapées et à mobilité réduite. Parking gratuit.
Tarif de la visite libre : Adultes 9 euros, enfants 6 euros. Un pass annuel est en vente au prix de 25 euros.
Le jardin organise aussi des circuits pour les groupes et les scolaires, en français ou en anglais.
La région est riche en jardins et patrimoine ! Lors de votre visite, peut-être en faisant la Loire à vélo, le Musée du Champignon vous attend juste à côté dans les galeries troglodytes. Faites un arrêt à Saumur, et un crochet à Doué-la-Fontaine, la cité des roses, ou à Montreuil-Bellay, ravissante petite cité de caractère.
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