Enfin un nouveau compte-rendu sur mes visites estivales au jardin Hermannshof ! Malgré la chaleur et la sécheresse de cet été, les floraisons n'ont pas cessé de se succéder et les découvertes végétales n'ont pas manqué... avec aujourd'hui une mention spéciale pour les vivaces originaires des prairies d'Amérique du Nord.
Des massifs plantureux
Démarrons en douceur avec ce massif de vivaces hautes dans des tons frais de mauve et de lavande, inspiré du style de la "Nouvelle Vague" emmenée par le paysagiste néerlandais Piet Oudolf. Librement inspiré de la Nature, ce style fait la part belle aux vivaces à floraison estivale plantées en blocs juxtaposés, avec une attention toute particulière portée sur le contraste des formes et des textures végétales. Le mariage des couleurs n'est pas la priorité, formes et textures sont privilégiées car elles ont un effet plus durable dans le temps, avant et surtout après la floraison, quand les silhouettes persistent tout l'hiver.
En vis-à-vis, des massifs immenses sont dédiés aux vivaces nord-américaines, qui sont en pleine floraison du cœur de l'été jusqu'à l'arrière-saison, alors que les espèces européennes ont plutôt tendance à fleurir de la fin du printemps au début de l'été. De très nombreuses espèces et variétés d'Helianthus, Rudbeckia, Solidago et une belle collection d'héléniums sont associés en une explosion de couleurs chaudes qui contraste avec le massif "Nouvelle Vague". Des touffes vaporeuses de Panicum virgatum au feuillage vert bleuté viennent néanmoins créer de grandes respirations bienvenues dans cette composition vibrante.
Pour assurer un spectacle floral au maximum de ses capacités, les jardiniers d'Hermannshof viennent enrichir les massifs de vivaces avec des annuelles replantées chaque année en mai-juin : sauges, zinnias, grands oeillets d'Inde, rudbéckias annuels, amaranthes paniculées... Une astuce qu'il ne faut pas avoir de scrupules à réutiliser pour garnir les trous qui se forment parfois dans les grands massifs de vivaces !
Une grande graminée annuelle ou vivace selon les régions, le Pennisetum macrourum, très utilisé chez nous dans les massifs des villes, est ici incrustée dans les plantations en masse de vivaces où elle apporte une légèreté et une luminosité incomparables. Facile et de croissance rapide, c'est vraiment une graminée qui mérite d'être encore plus connue et utilisée dans nos jardins, quitte à la replanter tous les ans si elle gèle : ses qualités graphiques justifieront amplement ce petit effort supplémentaire !
Bien qu'Hermannshof soit surtout connu pour être un temple international de l'utilisation des vivaces, deux plates-bandes sont maintenues avec des annuelles associées entre elles avec beaucoup de goût. Cette année, on joue sur les tons rouge et violet-pourpre : d'un côté le pourpre domine, relevé par le vert chartreuse du superbe zinnia 'Envy', de l'autre le rouge sombre des fleurs et des feuillages est réveillé par une subtile touche de blanc apportée par le Pennisetum villosum et des feuillages panachés à l'arrière-plan.
Pleins de charme et de légèreté, ces deux massifs dont les couleurs se répondent mutuellement ne dépareilleraient pas dans nos plus belles villes fleuries !
La diversité des prairies américaines savamment répliquée
Ce sont les prairies du Midwest américain qui ont servi de modèle aux aménagements réalisés à Hermannshof en 2001. Elles ont servi d'inspiration libre, le but n'étant pas de copier la nature à l'identique mais d'en reproduire l'essence, explique le directeur du jardin Cassian Schmidt dans le livre Le Jardin Hermannshof (éditions Ulmer, 2013).
On distingue pelouses steppiques et prairies suivant la hauteur des précipitations et la fertilité des sols sur lesquels elles viennent. Les prairies de graminées hautes, les plus impressionnantes, peuvent atteindre plus de 2 mètres de hauteur. Ces plantes réclament alors une plus longue période de croissance et la plupart ne commencent vraiment à fleurir que fin juillet sous nos latitudes.
Echinacéas, liatris (les fameuses "plumes du Kansas"), monardes, solidagos, baptisias, Asclepias, asters, tradescantias... se mêlent aux très hauts hélianthus, rudbéckias, de nombreux Silphium et les impressionants Vernonia.
Un étroit "sentier indien" serpente au cœur de la prairie et permet d'aller se confronter au plus près de ces géantes américaines ! On peut ainsi s'imaginer les sensations éprouvées par les colons à la conquête du Far-West au sein de cette végétation exubérante... et faire des découvertes botaniques, comme moi devant ce Pycnanthemum tenuifolium, élégant représentant d'un genre typiquement américain voisin des monardes, l'Apocynum cannabinum, une grande vivace drageonnante cousine des pervenches, ou encore le Silene regia, d'un coloris écarlate particulièrement brillant qui attire immanquablement le regard à défaut de fleurir en masse.
Les massifs inspirés de la prairie sèche, composés de vivaces plus basses et un peu plus précoces en floraison, sont notamment prétexte à une très belle réinterprétation naturaliste de la classique association de coloris jaune-bleu.
Coréopsis à grandes fleurs, Solidago rigida var. humilis, une espèce de petite taille, et Echinacea paradoxa jaunes sont associés à des Platycodon grandiflorus, la "fleur-ballon" qui n'est certes pas d'origine américaine mais pousse dans les milieux semblables que sont les steppes d'Asie du Nord-Est. Le tout est tempéré par le blond des graminées cheveux-d'ange et l'ivoire des Eryngium eburneum. Cette association très réussie est connue sous le nom de mélange "été indien" : c'est un modèle parfait à reproduire, adapté à des surfaces modestes et réclamant très peu d'entretien.
A l'autre extrémité de ce milieu, on retrouve des couleurs douces avec les derniers échinacéas choisis cette fois en rose (E. pallida et E. purpurea). On y retrouve les Stipa tenuifolia qui contribuent grandement à l'unité visuelle du massif, mais aussi des graminées typiquement américaines comme l'Andropogon hallii à la silhouette élancée et au feuillage glauque, qui persistera l'hiver après avoir mué vers des tons plus chauds de fauve et de cuivre. Terminant actuellement sa floraison, l'Amorpha canescens, un sous-arbrisseau de la famille des légumineuses au feuillage duveteux gris bleuté et à la floraison en épis de petites fleurs papilionacées d'un coloris violet cendré étonnant, deviendra aussi un élément structurant par sa silhouette hivernale, comme je vous le montrais dans mon reportage du mois de mars.
Pour terminer, je vous laisse sur ma découverte de l'été : l'Aster ptarmicoides, une petite espèce de 30-40 cm de haut aux nombreuses petites fleurs blanc cassé que j'ai retrouvé en fleurs lors de mes 2 visites en juillet et en août, visiblement adaptée aux milieux secs. Je l'ai inscrit sur ma liste "à essayer", il ne me reste plus qu'à en trouver...
Le jardin Hermannshof en septembre - Blog Promesse de fleurs, le 27 Septembre 2015
[…] Hermannshof… Je n’ai pas eu le temps de retourner à Weinheim depuis mon reportage sur le jardin Hermannshof en juillet-août, à mon grand regret […]
BERACOCHEA Bernadette, le 11 Octobre 2015
Excellent site, je m'y proméne comme d
Santhiran, le 24 Octobre 2015
Oui, les gauras sont toujours du plus bel effet pour alléger un parterre, je les utilise beaucoup car moi aussi, j adore leur grâce très aérienne ! Je continue la visite du jardin !