Le changement climatique est une réalité incontournable qui affecte tous les domaines de notre vie, y compris nos précieux jardins. En région méditerranéenne, ce phénomène global prend des formes spécifiques qui nécessitent une réflexion et des actions adaptées. Augmentation des températures, sécheresses plus fréquentes et intenses, ou encore perturbations dans les cycles de croissance des plantes sont autant de défis auxquels les jardiniers doivent faire face. Pour mieux comprendre comment nos jardins s'adaptent à ces nouvelles conditions climatiques, nous avons interrogé deux de nos collègues rédactrices chez Promesse de fleurs, mais jardinières avant tout, vivant en région méditerranéenne : Elisabeth et Sophie. Elles ont accepté de partager avec nous leurs observations, leurs stratégies d'adaptation et leurs conseils pratiques pour jardiner de manière durable dans ce contexte en pleine mutation.
Elisabeth
C'est un peu compliqué de généraliser, car les années ne se ressemblent pas... Même chez nous, le facteur limitant les acclimatations de nouvelles plantes plus « exotiques » reste le froid. Nous pouvons toujours avoir des gelées à -8°c en pointe en hiver.
Cela ne fait qu'une dizaine d'années que je vis dans la région, je n'ai donc peut-être pas tout le recul nécessaire pour pouvoir voir les changements notables, notamment en termes de flore locale. Ce que je peux dire, en tout cas, c'est que cela fait 5 ou 6 ans que nous subissons des canicules vraiment intenses en été, ce qui n'était pas le cas auparavant. Les précipitations deviennent plus irrégulières et aléatoires au printemps aussi. Cela constitue l'un des principaux problèmes pour la santé du jardin.
Concernant, ma manière de jardiner, j'ai changé une chose importante : j'ai arrêté l'acharnement thérapeutique, notamment concernant l'arrosage, pour les plantes en souffrance. Si ça crève, tant pis !
Certaines plantes souffrent plus fortement que les autres. À titre d'exemple, les rosiers perdent toutes leurs feuilles, seuls les rosiers Banks tirent leur épingle du jeu. Ma coronille arbustive périclite, de même que l'Olearia x scilloniensis qui est mal en point. Les asters turbinellus et laevis qui avaient tenu 3-4 ans ont définitivement disparu. Même les gauras ont du mal, mais je jardine dans une terre argileuse...
Évidemment, les vivaces et arbustes d'origine méditerranéenne s'en tirent mieux que les autres. Surtout s'ils sont plantés à mi-ombre, bien protégé par les arbres caducs. Dans les belles surprises, je note tout de même un Hydrangea quercifolia qui s'en tire très bien, même sans arrosage, mais bien à l'ombre.
Sophie
La première chose que je peux dire, c'est que j'ai définitivement abandonné le potager d'été, trop gourmand en eau. Je privilégie les légumes de printemps, voire d'automne. Autour de moi, je vois bien que les gens abandonnent les fleurs annuelles en jardinières ou en pots pour les mêmes raisons. On y plantera plutôt de la vivace résistante à la sécheresse, comme le Gaura lindheimeri, des cactées, des plantes grasses comme des sedums ou des joubarbes. Même au sein des municipalités, on privilégiera plutôt de la vivace solide, plutôt que les annuelles d’antan.
Sinon, même des végétaux réputés très résistants souffrent en ce moment : les eléagnus grillent, les amandiers sont en souffrance, les cyprès commencent aussi à roussir, les viorne-tin perdent leurs feuilles... La glycine et la bignone, en revanche, s'en sortent très bien, même sans arrosage. En gros, j'essaie de plus en plus d'abandonner les plantes plus fragiles pour « laisser pousser ce qui pousse ». Il faut faire des essais et s'adapter. En d'autres termes, je laisse faire la nature, je ne tonds plus, désherbe peu et laisse libre de pousser certaines plantes qui s'en sortent mieux que les autres, et tant pis si ce sont des plantes réputées invasives, comme les buddleias ou les Herbes de la pampa. Dans l'ensemble, les plantes sont en situation de stress, ce qui a pour effet d’entraîner une recrudescence des maladies et ravageurs.
Si je devais conseiller les jardiniers futurs ou présents en région méditerranéenne, je conseillerais de cultiver le plus possible à l'ombre, grâce à la plantation d'arbres, mais aussi grâce au placement d'ombrières. L'eau est un facteur limitant aussi : il faut donc récupérer toute l'eau possible (même s'il faut dire que s'il ne pleut pas, il n'y a pas grand-chose à récupérer...), et créer des points d'eau, comme des petites mares, cela permet d'aider la faune du jardin. La plantation d'automne, plutôt qu'au printemps, est primordiale. Ceci dit, même ainsi, il convient de surveiller l'arrosage pendant au moins deux ou trois ans. Alors qu'auparavant, il ne fallait presque pas s'en occuper, la pluie faisait son job. Les temps changent et le jardinier doit changer lui aussi... C'est comme ça.
Et dans vos jardins de la région méditerranéenne ?
Nous aimerions beaucoup entendre votre propre expérience et vos observations concernant l'impact du changement climatique sur vos jardins en région méditerranéenne. Avez-vous dû modifier vos habitudes de jardinage en raison des températures plus élevées ou des sécheresses plus fréquentes ? Avez-vous remarqué des changements notables dans le comportement de vos plantes ou dans les cycles de croissance ? Vos retours sont précieux pour notre communauté de jardiniers qui cherche à s'adapter et à jardiner de manière plus durable. N'hésitez pas à partager vos histoires et conseils en commentaire ci-dessous. Merci d'avance pour votre contribution à cette discussion essentielle !
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