Ce n'est pas toujours facile d'être jardinier et il arrive que certaines plantes dépérissent ou refusent obstinément de pousser dans nos jardins. Il faut dire que cette année, la météo a été particulièrement capricieuse, avec son cortège de déboires : gel tardif, plantes rebelles ou qui boivent la tasse, limaces et escargots à fête, sécheresse ou tondeuse folle. Découvrez les déceptions de l'équipe de rédaction.
Olivier : L'Adiantum pedatum 'Imbricatum'
J'aime bien les fougères. Je n’en suis pas vraiment collectionneur, mais je commence doucement à en avoir quelques beaux spécimens. En plus, ça tombe bien, elles poussent bien chez moi. Sauf une : Adiantum pedatum 'Imbricatum' ! J'en ai planté quatre chez moi l'année passée : un groupe de trois dans le sous-bois et une autre dans une sorte de rocaille, mais toujours bien à l'ombre. Le résultat est sans appel : c'est moche ! Ces vivaces semblent obstinément être sur le point de passer l'arme à gauche (enfin, la fronde à gauche). On croirait qu'elles sèchent à vue d'œil malgré la pluie (non, le déluge !) de cette année. Pourtant, cette capillaire du Canada, bien que plus compacte que l'espèce type, est très rustique et réputée sans soucis. Mais je dois bien reconnaitre que, bien que mon sol soit suffisamment acide et frais pour elles, ma terre n'est sans aucun doute pas assez bien drainée. J'aurais dû améliorer le drainage à la plantation comme je le fais d'habitude pour les plantes plus sensibles à l'humidité du sol. Résultat, mes Adiantum pedatum 'Imbricatum' végètent ostensiblement. Bref, un beau flop ! Mon premier concernant une fougère.
Ingrid : L'Hémérocalle 'Buttercup'
Voilà plusieurs années que je m’évertue à transformer mon petit jardin de ville, à la pelouse impeccable, en un magnifique jardin comestible, aromatique et médicinale. Dans ma recherche de fleur comestible, j’ai découvert avec envie l’Hémérocalle 'Buttercup'. Ce magnifique Lis d’un jour offre des fleurs d’un jaune doré éblouissant, ressemblant à des lys et se renouvelant quotidiennement durant tout l’été. Non contente d’être belles, elles sont en plus délicieuses en salade, dans des plats sucrés comme salés, ou encore frit comme au Japon. Mon hémérocalle se plaisait bien dans mon jardin. Il faut dire que je l’avais chouchouté : un sol riche, frais, bien drainé et une exposition ensoleillée. Pour me récompenser, ma belle hémérocalle m’offrit ses premières fleurs éphémères. Ma joie fût de courte durée, lorsque mon cher et tendre décida, pour m’aider, de passer la tondeuse en mon absence. Vision d’horreur, je retrouvai mon beau Lis de jour scalpé au plus court. Cette belle vivace est généralement facile à cultiver et c’est dans cet état d’esprit qu’elle essaya de survivre tant bien que mal. Finalement, ce sont les limaces qui décidèrent de finir le travail de monsieur en se régalant des jeunes pousses de la pauvre plante.
Elisabeth : Le câprier sans épine
Rien à faire, et croyez bien que cela me contrarie de le dire, le câprier, Capparis spinosa var, inermis pour les intimes, refuse obstinément de pousser dans mon jardin méditerranéen. Le score se passe de commentaire : câpriers plantés : 6, câprier vivant (notez le singulier) : 0. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir consulté les forums de discussions, demandé à Google de me traduire des livres anciens rédigés en vieux françois ou en italien classique (le câprier se prélasse dans les murs de pierre en Sicile) et même interrogé de vive voix l'un des meilleurs spécialistes des plantes méditerranéennes. Depuis une dizaine d'années, je teste différents stratagèmes : planter au soleil en octobre sur une petite montagne de cailloux branlante, elle-même aménagée dans une bordure surélevée en terre ingrate. Traquer la présence de gastéropodes affamés au printemps et qui ruinent tous les espoirs, ne surtout pas arroser plus qu'il ne faut, espérer que le thermomètre ne descendra pas en dessous de -5 ou -6 °C. Je commence sérieusement à manquer d'idées, et je crois bien que je vais finir par jeter l'éponge. Si parmi vous, chers lecteurs, certains réussissent la culture de cette plante merveilleuse qu'est le câprier, pouvez-vous partager votre secret ?
Gwenaelle : Pachysandra terminalis 'Green Carpet'
J'ai souvent recours aux couvre-sols pour m'éviter de fastidieuses corvées de désherbage dans de nombreux massifs. Possédant un grand jardin en Anjou, ils me sont d'une aide précieuse pour consacrer plus de temps à d'autres activités et surtout ils protègent de façon efficace le sol contre le froid et la chaleur. Le Pachysandra terminalis m'a toujours impressionné planté en masse dans les jardins que j'ai visités, produisant un bel effet moutonnant et un superbe feuillage découpé et lustré. J'ai donc voulu le tester sur un massif d'ombre (qui devient un massif de mi-ombre en été) en plantant 6 pieds achetés en godets. Cela fait maintenant 2 ans qu'ils sont installés, ils se comportent bien, mais malheureusement je crains ne jamais voir cette mer vert foncé au pied de mes arbustes. Ils se sont même fait rattraper et presque recouvrir par les Epimediums et les Brunneras plantés en même temps, qui eux, me donnent toute satisfaction. C'est vrai que j'avais jeté mon dévolu sur le cultivar 'Green Carpet' qui est réputé pour sa croissance encore plus lente que l'espèce type. Je regrette de ne pas en planter beaucoup plus finalement pour obtenir l'effet escompté plus rapidement.
Christine : Rudbeckia fulgida ‘Goldsturm’
Durant l’année suivant sa plantation, mon Rudbeckia fulgida ‘Goldsturm’ m’a gâté de sa superbe et éclatante floraison. Planté dans mon jardin alsacien, en situation ensoleillée, il était magnifique ! Mais cette année, j’ai constaté que la reprise de sa végétation était difficile au printemps, malgré un rabattage de la touffe et un apport de compost à l’automne précédent. Ses tiges et feuilles se sont développées très lentement. Je n’ai trouvé aucune trace de maladie comme l’oïdium et pas de ravageur dans les parages. Finalement, j’ai été étonnée de voir qu’il n’a développé que très peu de fleurs. Le Rudbeckia vivace est pourtant une plante vigoureuse, robuste et peu exigeante. Il est probable que cet état de la plante est dû à la météo plutôt maussade, froide et pluvieuse que nous avons eu du début de l'année jusqu'à cet été. Du gel, trop d’eau et pas assez de soleil. À l’automne prochain, il fêtera ses trois ans et j'en profiterai pour diviser sa souche afin de l’aider à se renouveler. Même si ma Rudbeckie m’a déçu cette année, je garde bon espoir de la revoir fleurir comme elle sait si bien le faire avec ses nombreuses et grandes fleurs jaunes à cœur noir !
Sophie : Le Vitex agnus-castus 'Flip Side'
Résidant en région méditerranéenne, je cherche toujours des arbustes intéressants adaptés à la sécheresse. Le Vitex agnus-castus 'Flip Side' m'avait paru à tenter. Je ne suis d’habitude pas déçu par ces arbustes de la famille des Lamiaceae, dont la belle floraison bleu lavande, rose ou blanche est souvent une réussite. Je lui ai donc trouvé un bel emplacement plein soleil, je lui ai fait une belle fosse de plantation, je l’ai planté, arrosé, je lui ai parlé… mais il me boude. Depuis maintenant 3 ans, il en est resté au même stade. De plus, il me paraît assez frileux, car il souffre lors de petits épisodes de froid de l'ordre de -1°C à -5°C, accentués, il est vrai, par la Tramontane et il ne semble pas très résistant non plus à la sécheresse mais mon sol étant très argileux, il garde la moindre goutte d'humidité pour lui ! Je re-tenterai la plantation de cet arbuste dans de meilleures conditions : en sol plus drainé, léger et riche, il devrait mieux se plaire. Il faudra aussi que je veille à l'arrosage le temps que la plante soit bien installée.
Céline Sompayrac, le 30 Janvier 2022
Je trouve sympa l'idée de partager nos déceptions, c'est toujours très agacant de voir des réussites sans jamais voir les nombreux d'échecs.