Certains arbres se distinguent par leur longévité, leur silhouette et leur taille, et font aujourd’hui partie du patrimoine de la France. Ces arbres monumentaux, témoins du temps qui passe, sont de réelles curiosités qui incitent à la contemplation et à l’émerveillement. Ils ont souvent une silhouette noueuse et imposante, un houppier gigantesque, et parfois un tronc creusé, sculpté par le temps. Je vous invite aujourd’hui à découvrir les arbres d’exception de la région Bourgogne-Franche-Comté.
Le Tilleul de Grange-Sauvaget à Bracon (Jura)
Bracon est une petite commune rurale située dans le nord du Jura. A quelques kilomètres de là, au lieu-dit La Grange Sauvaget, on trouve un superbe tilleul datant de 1477. Ce Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), qui fut autrefois appelé « Tille d’Ivory », a été planté à l’occasion du mariage de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, duc de bourgogne, avec l’empereur Maximilien d’Autriche. Il atteint aujourd’hui 25 m de haut pour 17 m de circonférence (mesurée à 1,30 m du sol). Cet arbre imposant forme un tronc très large, trapu et boursouflé, totalement creusé au centre. Âgé de 545 ans, c’est assurément l’un des plus vieux tilleuls de France. Il a été reconnu d'utilité publique depuis 1996, et labellisé "Arbre remarquable de France" par l’association A.R.B.R.E.S. en 2000.
Les Hêtres torses du Mont-Poupet (Jura)
Le Mont-Poupet est une montagne du Jura qui s'élève à 850 mètres d'altitude. Près du sommet, on trouve un curieux groupement de hêtres torses ou tortillards, qui ont la particularité d'avoir des branches tordues. Cela leur donne une silhouette tourmentée, bien loin de la forme classique des hêtres, au tronc droit et élancé. Il s'agit du même phénomène que chez les célèbres Faux de Verzy, situés près de Reims. Leur forme originale interroge : s'agit-il d'une adaptation naturelle ou d'une mutation génétique ?
Le Tilleul de Veilly (Côte d'Or)
Je vous emmène maintenant en Côte d’Or, dans le village de Veilly, qui abrite un tilleul remarquable et vieux de 400 ans, puisqu’il aurait été planté en 1610. Situé au centre de la commune, à côté de l’église, ce tilleul occupe une place centrale dans le village. Il est même représenté sur le blason de la commune ! Cet imposant tilleul atteint aujourd’hui 25 m de hauteur pour 10 m de circonférence. Il a une silhouette impressionnante, avec son tronc épais et court, cabossé et troué, évasé à la base. Il s’agit d’un Tilleul Sully : un tilleul remarquable planté au début du XVIIème siècle sur ordre de Sully, ministre d’Henry IV, qui fut également baron de Rosny (ces arbres sont aussi appelés Tilleuls de Rosny). Il fit effectivement planter des tilleuls et des ormes dans les villages de France, généralement près de l’église ou sur la place centrale. De nombreux tilleuls de cette époque subsistent encore aujourd’hui.
Le Hêtre pourpre de Lugny (Saône-et-Loire)
Au sein du parc Monseigneur Joseph Robert, dans la ville de Lugny, se détache une silhouette majestueuse et sombre, celle d’un ancien Hêtre pourpre (Fagus sylvatica f. purpurea) âgé de 200 ans. Cet arbre impressionnant atteint environ 30 m de hauteur et porte un superbe feuillage pourpre, offrant un joli contraste avec les autres arbres du parc. Il est situé à proximité de l’église Saint-Denis et des deux tours d’entrée du château. Il a été labellisé en 2018 « Arbre remarquable de France ».
Les Chênes de Rigney (Doubs)
Rigney est un village situé à 30 kilomètres au nord-est de Besançon, à la limite entre le Doubs et la Haute-Saône. Situés en lisière de forêt au bord de la D486, on peut voir depuis la route deux grands chênes rouvres (Quercus petraea) âgés d’environ 300 ans, plantés sous Louis XIV, sur l'ancien champ de foire du village. Ils étaient trois auparavant, mais l’un d’entre eux est malheureusement tombé en 2021.
Le Tilleul de Turenne à Fontaine (Territoire de Belfort)
Dans la commune de Fontaine, en Territoire de Belfort, trône un superbe tilleul âgé d’au moins 700 ans. Lui aussi est placé au centre du village, à côté de la mairie et de l’église. Il a été planté au XIVème siècle, au moment de la construction de l’église. Il atteint aujourd’hui environ 20 m de hauteur et une circonférence de 8 m à la base. Il a été abimé par le gel en 1978, et son tronc creux a été consolidé avec du béton. Il est classé depuis le 25 avril 1911 « monument naturel à caractère artistique », et a été labellisé « Arbre remarquable de France » en 2006.
Le Tilleul de La Postolle (Yonne)
La Postolle est un petit village de l’Yonne, situé à une vingtaine de kilomètres de Sens. Il abrite en son centre, à côté de l’église Saint-Fiacre, un vieux tilleul de Sully au tronc creux et noueux. Il s’agit d’un tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), qui fut planté en 1598, sous le règne d’Henry IV. Il est donc aujourd’hui âgé de plus de 400 ans. Cet arbre monumental, de 15 m de hauteur pour 10 m de circonférence, est soutenu par des étais et haubans. Il a été labellisé « Arbre remarquable de France » en 2007.
Le Tulipier du château de Rupt-sur-Saône (Haute-Saône)
Situé à une vingtaine de kilomètres de Vesoul, Rupt-sur-Saône est un village de Haute-Saône dominé par trois collines. Sur l'une d'elle se trouve le château datant du XIIème siècle, doté notamment d'une tour circulaire, d'un logis, d'une gentilhommière, d'une ferme et de nombreuses dépendances. Ces bâtiments sont situés dans un grand parc qui compte plusieurs arbres anciens, dont un superbe Tulipier de Virginie, Liriodendron tulipifera, âgé de plus de 300 ans. Il prend une belle silhouette harmonieuse, large et élancée, et domine en hauteur le château adjacent. Situé sur la colline, il est bien visible depuis le village en contrebas. Cet arbre porte de belles feuilles découpées et offre de mai à juillet des fleurs en forme de tulipes, vert clair à jaune crème.
Le Chêne de Brésilley (Haute-Saône)
A la sortie du village de Bresilley, au bord de la route D21 se dresse un vieux chêne à la silhouette monumentale, muni d'un énorme tronc et de deux grosses branches charpentières. Ce chêne âgé d’environ 500 ans serait l’unique survivant parmi 4 arbres qui marquaient autrefois la limite de propriété de l’Abbaye d’Acey. Il atteint aujourd’hui 23 m de haut pour 7,90 m de circonférence. On raconte que le roi Louis XI aurait fait une pose à l’ombre de son feuillage vers l’année 1470.
Durant des siècles des processions religieuses eurent lieu autour de cet arbre, ce qui explique la présence d’un ruban « Ave Maria » sur le tronc. Il était également coutume de déposer à l’Assomption une statuette de la vierge sur son tronc, à l’embranchement des deux branches charpentières. Cependant avec la croissance de l’arbre, les statuettes finirent par disparaitre, absorbées progressivement par le chêne, d’où son surnom d’ « avaleur de vierges ». Pas moins de 8 vierges furent ainsi englouties ! Elles mettraient environ 40 ans à disparaitre.
A lire aussi
- Pour en savoir plus sur ces arbres d'exception, découvrez le livre Les arbres remarquables de Bourgogne, d'Alain Desbrosse
- Guide des arbres remarquables du Jura, Anne-Sophie Obbelianne, Frédéric Mansuy, Dominique Perrod et Yannick Roueire
- Guide des arbres remarquables du Doubs, Anne-Sophie Obbelianne, Frédéric Mansuy et Dominique Perrod
- Vidéo Les arbres remarquables de Bourgogne
- Le site de l'association A.R.B.R.E.S.
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