Les 6 départements de la région Centre-Val de Loire abritent de nombreux arbres remarquables, ce patrimoine arboré que l’on admire autant pour sa valeur botanique rare, les silhouettes d’exception ou encore les dimensions hors norme ou la longévité. Ces arbres sont de vrais marqueurs identitaires d’une ville ou d’un paysage. Eléments patrimoniaux au même titre que des éléments d’architecture, nous vous présentons certains des beaux arbres remarquables à voir en Centre-Val de Loire.
Le Ginkgo biloba du jardin botanique de Tours (Indre-et-Loire)
Le Ginkgo biloba du jardin botanique de Tours est un de ces arbres dont on se souvient longtemps après les avoir « croisés ». Haut de 23 mètres, son tronc affiche une circonférence de 7,36 mètres. Son tronc remarquable, tourmenté, lui confère une silhouette grandiose et imposante. L’automne venu, il arbore les magnifiques teintes jaunes, typiques de cette essence. Offert au jardin par le Docteur Pierre-Fidèle Bretonneau, médecin en chef de l’Hôpital faisant face au jardin, le Ginkgo biloba a été planté à l’entrée du jardin botanique en son honneur en 1845. Cet arbre aux quarante écus, comme on l’appelle aussi, possède une caractéristique peu banale : c’est un sujet mâle sur lequel on est venu greffer une branche femelle en 1910.
L’arbre aux quarante écus de Tours a été labellisé arbre remarquable en 2011 par l’association A.R.B.R.E.S. et a reçu le prix coup de coeur du concours de l’Arbre de l’année en 2020 !
Le chêne de Saint Civran (Indre)
Au coeur du bocage berrichon, non loin de Châteauroux, un chêne millénaire impose le respect. Il impressionne tous ceux qui habitent le coin ou qui se promènent dans les alentours du petit village de Saint-Civran. Ses dimensions sont remarquables avec une hauteur de (10-)12 m et une circonférence du tronc de 7 m. Cet arbre est certainement millénaire. Le vieux chêne pédonculé de Saint-Civran se situe sur un terrain privé, dans un environnement bucolique à souhait, et très préservé de ce coin du bas Berry, ce qui le met particulièrement en valeur. Le vieux chêne de Saint-Civran a reçu le Prix du Jury de l’Arbre de l’année 2013. Pour le trouver, il faut s’armer de patience car il reste bien caché dans sa prairie, tout près du hameau de la Bitte, près de la D46A.
Les arbres remarquables du domaine de George Sand à Nohant (Indre)
Non loin de là, à une petite heure de route, la célèbre maison de George Sand de Nohant est un site admirable, lieu d’inspiration des nombreux romans de l’autrice. Son parc historique de 6 hectares, que George Sand, éprise de nature, arpentait quasiment chaque jour, est indissociable de la demeure et une autre raison de venir se perdre au cœur du Berry.
Dans ce jardin classé remarquable depuis 2007, ce sont pas moins de cinq arbres labellisés en 2014 que l’on vient admirer : les deux cèdres du Liban (Cedrus libani) plantés au sud derrière la maison l’encadrent et veillent sur elle. Ils ont été plantés par George Sand pour la naissance de ses deux enfants, en 1823 et en 1828. Un Sophora du Japon (Styphnolobium japonicum) et un Ginkgo biloba plantés après le décès de la romancière, sur le côté de la maison, entourent la roseraie. Enfin, un If séculaire veille sur l’écrivain dans le cimetière familial bordant le domaine.
Le chêne de l’église de Cheillé (Indre-et-Loire)
Comment ne pas citer, parmi le grand nombre d’arbres remarquables d’Indre-et-Loire, une curiosité tant botanique qu’architecturale ? Labellisé en 2018 par l’association A.R.B.R.E.S, le chêne de l’église de Cheillé ne pousse pas en terre… mais à même les murs de ce bâtiment du 12ème siècle !
Estimé à plus ou moins deux cent ans, le Quercus robur a réussi à pousser tout de même jusqu’à 12 m de haut. Pas de trace de racines ni de l’arbre à l’intérieur, comme un petit miracle, le chêne de Cheillé est accroché comme une huitre à son rocher sur le flanc droit de l’église, à 1,50 m du sol. Qui de l’église ou de l’arbre soutient l’autre ? Le mur est régulièrement solidifié. Et comment une telle chose a-t-elle pu arriver ? Probablement par quelque oiseau ou animal qui aurait apporté là un gland il y a fort longtemps. Le bourg de Cheillé, non loin d'Azay-le-Rideau, est très attaché à son arbre emblème, et a même été à l’encontre des Monuments Historiques, qui, il y a quelques années, avaient préconisé l’arrachage du chêne.
Le cèdre du Liban et les cyprès chauve à Olivet (Loiret)
A Olivet, commune limitrophe au sud d’Orléans, on peut admirer plusieurs arbres remarquables dont le plus connu est le cèdre, sans doute tricentenaire, au bout de l’impasse du château, jouxtant la chapelle du Couasnon. Il domine littéralement la chapelle de sa présence et marque le paysage de sa silhouette typique, tabulaire (étagée), et de son feuillage bleuté.
Trois cyprès chauves (Taxodium distichum) se font aussi remarquer sur un des bras du Loiret qui passe par là : imposants par leur taille, ornés de superbes couleurs fauves en l’automne avant de tomber leur feuillage (seul conifère caduc connu), ils ont la particularité de posséder des racines aériennes, dites pneupatophores, pour s’ancrer dans le sol limoneux détrempé : les excroissances typiques sortent et flirtent au-dessus de l’eau du Loiret, elles assurent une bonne assise aux arbres dans les rives en même temps qu’elles apportent l’oxygène au système racinaire. On peut admirer ces Taxodiums au parking des Béchets.
Le Faux de Verzy de l'Arboretum des Barres (Loiret)
A Nogent-sur-Vernisson, petite commune du Gâtinais à l'Est du département du Loiret, un "Faux de Verzy" a rejoint un bel arboretum dans le milieu du 20ème siècle : cet hêtre tortueux (Fagus sylvatica var. tortuosa) a en fait été déplacé de sa terre natale, la forêt communale de la Marne durant l'hiver 1838-1839, en train, pour vivre paisiblement dans ce coin de France. Les Faux de Verzy sont des arbres mythiques, des hêtres tortillards ayant subi une mutation génétique, uniques par leur silhouette énigmatique, et renommés dans la forêt de Reims. Celui de Nogent-sur-Vernisson mesure 5 m de haut, et a une circonférence d'1,9 m. Il porte en lui les caractéristiques du Faux de Verzy avec ses branches particulièrement noueuses et emmêlées. Un spectacle de toute beauté !
Le chêne du domaine de la Chapelle à Lachapelle-Montlinard (Cher)
Au lieu-dit Le domaine de la Chapelle, le long de la petite route de campagne des Thureaux près de La Chapelle-Montlinard en Sologne, un chêne pédonculé ponctue la ligne d’horizon de sa massive silhouette. Immanquable, ce colosse a une circonférence de tronc qui frôle les 10 mètres. Le tronc subdivisé dès sa partie basse en plusieurs branches monumentales, est d’une beauté rare, et l’arbre présente une asymétrie particulièrement esthétisante. On estime l’âge de ce vénérable chêne à quelques 500 ans. Avec son allure impressionnante, le chêne de la Chapelle a été labellisé en 2013 par l’association A.R.B.R.E.S.
Les tilleuls de l'Abbaye de Noirlac (Cher)
Au bord du Cher, dans les jardins de l’abbaye de Noirlac, un des plus beaux ensembles monastiques de France, une allée prestigieuse plantée d’une vingtaine de tilleuls, suscite l’admiration. Ces tilleuls bicentenaires auraient été plantés après la Révolution, par Aimable Desjobert, propriétaire du lieu qui en avait fait sa résidence secondaire. Les arbres sont magistralement mis en scène par la simplicité du lieu, et par un petit muret qui souligne la ligne parfaite. Ils font partie d’un des plus anciens alignements d’arbres subsistant de cette époque en France.
En 2016, un des tilleuls a dû être abattu car il avait été frappé par la foudre mais surtout, commençait à être attaqué par un champignon qui risquait de contaminer toute l’allée.
L’allée des tilleuls a été classée comme ensemble d’arbres remarquables en 2015. A noter que les jardins ont quant à eux fait l’objet d’un réaménagement contemporain par Gilles Clément.
Le "chêne fauteuil" de la forêt de Senonches (Eure-et-Loir)
Au coeur de la forêt domaniale de Senonches qui abrite une des plus grandes chênaie-hêtraie de France sur près de 4300 hectares, voici un chêne à l’allure peu banale. Il a d’ailleurs été baptisé « chêne fauteuil » car sa forme en cépée de cinq troncs provoque un large et énorme trône en son centre.
Haut de 33 m, avec une circonférence de tronc de 6,80 m, ce chêne rouvre aurait au bas mot 300 ans. Le chêne de la forêt de Senonches est très élancé, mais reste néanmoins fragile, souffrant lors de tempêtes. Dans cette forêt du Perche, d’autres arbres remarquables sont visibles, notamment le chêne dit Les trois frères.
Le cèdre du Liban du château de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher)
Beaucoup de cèdres du Liban ont été plantés dans les parcs de châteaux au 18ème siècle, d’abord en Angleterre, puis en France : ils étaient une des essences les plus nobles et les plus prisées à l’époque. Outre les célèbres cèdres du domaine de Chaumont-sur-Loire à voir dans le Cher, le château de Selles-sur-Cher en Loir-et-Cher possède un cèdre du Liban magnifique, qui aurait été planté entre 1734 et 1780. Haut de 34,60 m pour une envergure de 32 m, doté d’un tronc d’une circonférence de 7,90 m, il arbore une stature sublime, défiant le temps, les intempéries et les affres du château qui a subi des démolitions successives après 1788. Il a même gagné 30 cm au niveau de son tronc en un peu plus de dix ans, une prouesse pour un arbre de cet âge.
Le Cedrus libani de Selles-sur-Cher a été labellisé arbre remarquable de France en 2016.
L'allée d'ifs du cimetière de Saint-Georges-sur-Eure (Eure-et-Loir)
N’oublions pas les arbres remarquables qui ornent nos cimetières en France, où ils vivent souvent très vieux et ont une forte valeur symbolique, d’éternité. C’est le cas à Saint-Georges-sur Eure où une allée d’ifs est superbement préservée et entretenue. Les ifs de ce petit cimetière sont taillés en topiaire, de main de maitre par l’équipe municipale. Hauts de 5 m pour ceux de l’entrée et de 4,50 m pour les autres, leur circonférence est de 6,50 m en moyenne. Cet alignement a été labellisé "ensemble arboré remarquable" en 2017 par l’association A.R.B.R.E.S. Ces ifs sont certainement plus que centenaires.
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