Les arbres remarquables sont de vieux patriarches, souvent centenaires, voir pluricentenaires, exceptionnels par leur âge, leur légende, leur taille ou leur forme particulière. Depuis 2000, le label « Arbre remarquable de France » permet de répertorier ces beaux arbres et de les protéger. Tulipier de Virginie, tilleul, cèdre du Liban, découvrons quelques-uns de ces vénérables spécimens à observer dans le Grand-Est de notre pays !
Le Tulipier de Coursan-en-Othe (Aube)
Coursan-en-Othe est une commune rurale située dans le département de l'Aube dans le Grand-Est. Au cœur du village, le parc de l'ancien château médiéval devenu aujourd’hui le parc de la mairie, abrite deux arbres remarquables dont ce tulipier de Virginie et un ensemble de 7 tilleuls de plus de 350 ans. Ils bordent la source et les douves. La forteresse de Coursan-en-Othe détruite en 1780 était entourée de larges et profonds fossés et de quatre tourelles toujours visibles de nos jours. Le Liriodendron tulipifera ou Tulipier de Virginie fait partie de ces arbres qui ne meurent jamais : il peut vivre plus de 400 ans ! Labélisé « Arbre Remarquable» en juillet 2015, son âge a été estimé par l'ONF à 350 ans. Sa plantation date de 1700 environ, ce qui en fait le plus vieux tulipier de France, en tout cas c’est le plus vieux et le plus gros du département. Ses dimensions sont imposantes mais pas si rares pour ce type d’arbre. Il nous regarde du haut de ses 35 m de hauteur et son tronc mesure environ 4 mètres de circonférence. Sa situation isolée dans le parc permet de bien l’admirer, et lui permet de continuer à s’épanouir librement. Il est splendide de mai à juillet lorsque ses gracieuses fleurs s’ouvrent en larges tulipes sur le beau feuillage découpé.
Les Faux de Verzy (Marne)
Avec leurs branches toutes tordues, les Faux de Verzy sont les curiosités botaniques de la Forêt Domaniale de Verzy ! Un fau de Verzy est un hêtre tortillard, une variété de hêtre (Fagus sylvatica var. tortuosa) aux rameaux et branches tortueux qui aurait subi une mutation génétique naturelle énigmatique. Cet arbre à l’architecture tourmentée pousse dans la forêt domaniale de Verzy, près de Reims, dans le Parc naturel régional de la montagne de Reims. Le site touristique des faux de Verzy, classé depuis 1932, compte près de 1 000 faux dont la moitié est située au cœur de la réserve biologique domaniale de 30 ha créée en 1981. Il s’agit de la principale réserve mondiale de faux.
On peut observer ces arbres difformes dans leur environnement forestier naturel au gré d’un sentier balisé. Ils sont spectaculaires, en été lorsqu’ils déploient leurs feuilles en un parasol très dense, comme un igloo et en hiver, quand ils dévoilent leurs branches torsadées retombant jusqu'au sol. Ils dépassent rarement 5 m de hauteur mais compensent leur croissance très lente par une longévité exceptionnelle, de l’ordre de 350 ans. Les plus caractéristiques d'entre eux portent des petits noms inspirés de leurs formes singulières ; le fau parapluie, le fau de la mariée, de la tête de bœuf ou encore le fau de la Demoiselle sur lequel Jeanne d’Arc aurait fait une sieste.
Le cèdre du Liban d’Amance (Meurthe-et-Moselle)
Avec sa silhouette reconnaissable entre toutes, ses branches étalées disposées presque à l'horizontale, cela fait plus de 150 ans que ce magnifique cèdre trône devant le clocher de l’église de ce petit village perché au creux de la Lorraine. Il a résisté à 3 guerres ! Il mesure plus de 20 m de hauteur. Le petit banc accolé à son tronc de 5 m de circonférence (1,60 m de diamètre) et placé sous sa vénérable ramure est un lieu de rencontre et de confidences. Rapporté par un missionnaire en 1865, ce cèdre du Liban majestueux a été classé arbre remarquable en 2016 par l'association A.R.B.R.E.S (Arbres remarquables, bilan, recherches, études et sauvegarde). Planté au pied de l’église Saint-Jean Baptiste au style gothique flamboyant et classée Monument Historique, il dispense une ombre bienfaisante surplombant la vallée de l'Amezule au pied de la motte castrale.
Le tilleul de Bergheim (Haut-Rhin)
Planté il y a plus 720 ans, vers 1300, date de la toute première fête populaire donnée sous ce tilleul multiséculaire, il a été labellisé "arbre remarquable" en 2017. Cette ancienne cité médiévale peut s’enorgueillir de posséder le plus vieil arbre d’Alsace et l’un des plus vieux tilleuls de France. Il rejoint la liste des plus vieux arbres de France. On peut observer ce tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) de plus de 7 siècles d’existence dans le jardin public de la ville. Avec ses 7 mètres de circonférence, ses 17 mètres de hauteur, et son âge plus qu’honorable, il est exceptionnel à plus d’un titre. Il a été surnommé “le Tilleul de la Danse” ("Tanzlinde") en raison des fêtes populaires qui étaient données sous sa ramure depuis le 14ème siècle.
Actuellement en souffrance, il a souffert d’un incendie criminel en 1917, puis des intempéries qui l’ont fragilisé au fil du temps. Des béquilles métalliques le soutiennent désormais pour préserver sa survie.
Le sapin de Douglas de Ribeauvillé (Haut-Rhin)
La forêt domaniale de Ribeauvillé renferme des arbres légendaires et monumentaux ! Sept sapins Douglas dont le plus haut de France, classés d’intérêt national dans l’inventaire national de l’ONF s’élèvent au milieu de cette forêt de la région de Colmar. Ces imposants résineux comptent parmi les arbres les plus hauts de France toutes espèces confondues. Le plus haut affiche aujourd’hui près de 64 m, quand les autres tutoient les 60 mètres, pour une circonférence de 3,40 mètres environ. Un record de taille pour ces géants âgés de seulement 120 ans. On est cependant encore loin des plus de 80 mètres de cette variété dans les parcs de l’ouest américain.
Enfin, sachez que la forêt domaniale de Ribeauvillé abrite un autre arbre immense : le séquoia géant, haut de 57 mètres, c’est le plus grand d’Europe.
Le Chêne des Sorcières de Saint-Avold (Moselle)
Parfois la forêt cache l’arbre ! Encore un spécimen vénérable ! Multiséculaire, le Gros Chêne ou Chêne des Sorcières se dresse du haut de ses 21 mètres à l'entrée de la forêt domaniale de Saint-Avold. Il s’agit d’un Chêne pédonculé ou encore chêne commun (Quercus robur), cet arbre puissant et majestueux qui peuple nos forêts d'Europe. Doté d'une longévité assez exceptionnelle, ce chêne peut vivre jusqu'à 2000 ans. Celui-ci, âgé de plus de 850 ans, est l’un des plus vieux chênes forestiers de France. Solide comme un chêne, il affiche de belles proportions avec un tronc large de 6,40 m. Ce chêne est classé Arbre remarquable de France depuis 2013. Il aurait été, selon différentes légendes, le lieu des sabbats nocturnes des sorcières, ce qui lui a valu son surnom. Sa particularité en plus de son âge séculaire ? Il est constitué de deux chênes qui ont fusionné et se divisent en deux troncs, peut-être un sortilège des sorcières qui auraient lié ces deux chênes ? Les habitants s'y rendaient également en procession car l'une de ses branches abritait une statue de la Vierge. Une autre légende rapporte que l'empereur Frédéric Barberousse au temps des premières croisades aurait planté son épieu dans le tronc de l’arbre pour indiquer l'endroit de la halte pour déjeuner à l'ombre de son feuillage.
Malheureusement, l’arbre a été vandalisé en 2008 et a souffert des tempêtes successives. Ses branches charpentières fatiguées nécessitent désormais d’être étayées.
Le séquoia géant d’Ottrott (Bas-Rhin)
A Ottrott, près d’Obernai en Alsace, dans l'arborétum du Windeck se nichent d’autres arbres record. Cette ancienne seigneurie du XIXème siècle abrite un magnifique parc à l’anglaise de 11 hectares. Niché sur les pentes du Mont Sainte Odile à 265m d’altitude, le parc réunit 13 sequoias géants (Sequoiadendron giganteum) dont le plus gros affiche un tour de taille de plus de 10 m. C’est le deuxième plus gros arbre d'Alsace, et le plus grand Séquoia d'Europe continentale avec une hauteur de 43 mètres.
Le Grand Mélèze, Durmenach (Haut-Rhin)
La forêt communale de Durmenach abrite 184 mélèzes venus d’Autriche de belles dimensions, plantés en 1784 par la famille Reuttner de Weyl. C’est le baron von Weyl qui a introduit les mélèzes dans le village durant la seconde moitié du XVIIIème siècle. L’un d’eux est appelé « Grand Mélèze », un honorable spécimen de 220 ans qui domine la forêt du haut de ses 40 mètres pour 3,90 m de circonférence. Il s’agit du premier mélèze à rejoindre la liste des arbres remarquables du Haut-Rhin. Vous pourrez admirer ces créatures botaniques séculaires au gré d’un chemin pédestre bien balisé.
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