Notre pays possède un patrimoine arboré remarquable, qui est labellisé depuis l'année 2000. Ces arbres vénérables, souvent mis à mal par la météo et les maladies, sont parfois des essences rares, ou bien des arbres familiers, jugés remarquables par leur âge, leur intérêt historique, leurs dimensions ou leur forme particulière. Nous vous présentons quelques-uns des plus beaux arbres à voir en Pays de la Loire.
Le Zelkova du Jardin des plantes à Angers (Maine-et-Loire)
Labellisé depuis 2002 par l'association A.R.B.R.E.S (Arbres remarquables, bilan, recherches, études et sauvegarde) , le Zelkova serrata ou orme de Sibérie, arbre emblématique du Jardin des plantes d'Angers, est bien connu des angevins. Ce monumental arbre, inratable quand on pénètre par l'entrée principale du jardin, est remarquable à plusieurs titres : pour son histoire, car il a été planté en 1905 lors du réaménagement du jardin par le paysagiste Edouard André. Par ses mensurations, puisqu'il a une hauteur de 33 m pour une circonférence du tronc de 3,80 m, et un houppier d'un diamètre de 22 m. Actuellement en souffrance, il penche sérieusement et son système racinaire a souffert en 2020. Il a dû être "béquillé" en 2021, et est désormais cerné par un périmètre de sécurité. Son avenir est encore incertain... Le Zelkova d'Angers nous rappelle combien le patrimoine arboré, vivant, est aussi fragile et à protéger coûte que coûte.
Le Châtaignier de l'Eraudière (Loire-Atlantique)
Non loin du centre-ville de Nantes, en direction du stade de la Beaujoire, se dresse un châtaignier millénaire, dit Châtaigner de l'Eraudière (du nom d'un château aujourd'hui disparu). Il aurait été planté en l'an 756, donc un contemporain si l'on peut dire de Charlemagne. Outre son âge plus qu'admirable, c'est son tronc spiralé, comme vrillé, qui suscite l'admiration. Ce châtaignier, plus large que haut (il mesure 12 mètres), a tout de même des mensurations à de rêve : une circonférence du tronc de 11,70 m et une envergure de 16 m. Situé de nos jours en zone plus qu'urbanisée, tout près d'un lotissement, il ne semble pas souffrir plus que cela de l'environnement, produisant toujours des châtaignes, même s'il accuse quelques signes de faiblesse par sa production de bois mort. Il faut dire qu'il bénéficie pour ses (très) vieux jours d'un périmètre de sécurité mis en place par la direction des espaces verts de la ville, un bel enclos pour un arbre hors du commun...
L'ensemble d'arbres remarquables de l'Arche de la nature (Sarthe)
Au Sud-est du Mans, un sentier de découverte permet de découvrir un ensemble d'arbres remarquables : l'Arche de la nature. Ce site de 350 hectares compose un vaste espace naturel où, sur 2,5 km, un parcours permet depuis 2003 d'admirer une trentaine d'arbres, labellisés par l'association A.R.B.R.E.S. en 2005. Parmi les arbres les plus spectaculaires, un Pin maritime (Pinus pinaster), mesurant 17 m, couché au sol, ayant pris une posture étonnante par l'obstacle d'un chêne à ses côtés, une cépée de bouleau verruqueux, un chêne tricentenaire, dont le tronc creux a une circonférence de 7,7 m, mais aussi un alignement de Pins Douglas et de Pins sylvestre...
Le platane de l'île Saint-Aubin (Maine-et-Loire)
Angers, seule ville française à avoir reçu le prix "Tree cities of the World", possède de nombreux arbres remarquables. Le platane de l'île Saint-Aubin est de ceux-là, offert une grande partie de l'année aux nombreux promeneurs. Ce site classé Natura 2000, merveilleux biotope en forme de grand triangle situé au cœur des basses vallées angevines, est une zone naturelle humide, qui résulte de la cohabitation de 3 rivières, la Maine, Mayenne, la Sarthe, à quelques minutes du centre-ville.
On peut accéder à l'île aux beaux jours par un bac. Juste en arrivant, derrière la guinguette, Le Platanus acerifolius s'offre au regard, imposant et majestueux : il est haut de 28 m, son houppier a un diamètre de 40 m, et la circonférence de son tronc à hauteur d'homme est de 6,95 m. Ses charpentières sont nombreuses et impressionnantes. Quant à son âge, il reste indéterminé, comme souvent dans le cas d'arbres de cette ampleur, mais certainement au moins bicentenaire. Depuis 10 ans, afin de le préserver, il a été nécessaire d'interdire la circulation sous son houppier, une mesure de protection utile vue l'affluence certains jours d'été sur ce lieu de randonnée favoris des angevins.
Le chêne Marinier de Mervent (Vendée)
Dans la forêt de Mervent-Vouvant, plus grand massif forestier de Vendée, le plus vieux chêne connu est un chêne sessile (Quercus petraea) : il aurait au moins 300 ans. Cet arbre, emblématique de nos forêts, est classé à l'inventaire national forestier. Rebaptisé "chêne marinier" ou "chêne Colbert", c'est le dernier chêne répertorié descendant des futaies qui étaient jadis plantées et destinées au bois pour les constructions navales, dit bois de marine. En effet, Colbert se servait des arbres de la forêt de Mervent pour approvisionner les arsenaux de Rochefort et de La Rochelle. On estime qu'il fallait environ 2500 chênes pour construire un vaisseau de guère de 60 m de long, d'où une implantation de chênes à grande échelle en fin de 17ème siècle et au 18ème siècle dans cette forêt vendéenne.
Le chêne Colbert, lui, a été miraculeusement épargné : haut de 22,50 m, il a une circonférence de 4,35 m à 1,30 m. Son tronc est en partie creux, il a dû subir de nombreux élagages, et les mesures de prévention pour empêcher le piétinement n'ont malheureusement jamais été respectées par les promeneurs se souciant a priori peu de son état de santé... Il reste lui aussi un arbre remarquable par son histoire, bien que sénescent.
L'aubépine de Saint-Mars-sur-la-futaie (Mayenne)
Elle serait le plus vieil arbre connu en France : l'aubépine monogyne (Crataegus monogyna) de Saint-Mars-sur-la-futaie s'est vue décerner le label arbre remarquable de France en 2002 par l'association A.R.B.R.E.S. Devant l'église de ce petit village de 500 et quelques âmes du nord-ouest de la Mayenne, se dresse une aubépine séculaire, dont l'âge est estimé à plus ou moins 1700 ans... Info ou intox ? Celle que nous pouvons admirer à ce jour est peut-être un rejet qui aurait remplacé le tronc originel, mentionné par le moine Bernard de Tiron au 11ème siècle. Mais qu'importe... Il y a un peu plus de 10 ans, l'aubépine remarquable s'est vue amputée de deux branches maitresses malades, pour éviter tout parasitage. Depuis, elle reste la fierté de ce village mayennais.
Le Sequoia de Meurcé (Sarthe)
Le séquoia géant de Meurcé (Sequoiadendron giganteum) aurait entre 120 et 150 ans... d'aucun diront 300 ans. Certes pas le plus grand de France (il faut aller en Haute-Vienne et dans la Creuse pour les trouver), ni comparable avec les mastodontes californiens qui culminent à plus de 80 m, cet arbre impressionne tout de même par sa stature, 42 mètres de hauteur, et une belle circonférence à 1,50 m de 7,40 m. Il domine fièrement le sommet du clocher de l'église du village, et cette position en fait une carte postale étonnante dans ce petit village du nord de la Sarthe.
N.B. : le Sequoiadendron giganteum, de la famille des Taxodiacées, a un feuillage en écailles, à ne pas confondre avec celui, en aiguilles plates ressemblant à l'If, du Sequoia sempervirens. Son qualificatif de géant s'entend par la circonférence et volume de son tronc, le Sequoia sempervirens étant lui connu pour sa démesure en taille, avoisinant pour l'arbre le plus haut du monde, les 110 m de hauteur.
Le Chêne pédonculé du Plessis Landry (Vendée)
Du haut de cet arbre, 4 siècles nous contemplent se plairait-on à dire au sujet du Chêne pédonculé des Achards, en Vendée. On estime l'âge de ce Quercus robur à plus de 300 ans, ce qui ne reste malheureusement pas vérifiable, mais estimé à partir d'un chêne semblable ayant été décimé lors de la tempête de 1999. Ce vénérable sujet mesure près de 25 mètres, et présente une circonférence à hauteur d'homme de 6,30 m. Il se situe sur un joli chemin facilement empruntable par les habitants, qui passe devant le château du Plessis, entre les hameaux de La Richard et la Mothe Achard. Ayant survécu à la révolution française et aux guerres de Vendée, il a fière allure, se tenant très droit et toujours en forme pour son grand âge.
Le Thuya géant du parc des Ondines à Changé (Mayenne)
En Mayenne, un Thuya géant nous fait oublier la mauvaise réputation de l'essence commune associée bien souvent chez nous aux haies des années 70. Car le Thuya plicata ou Thuya géant de Californie est bel et bien un arbre remarquable, visible dans le parc des Ondines à Changé, en Mayenne. Il a une envergure de 412 m². Fleurtant avec les 18 m de hauteur, ce Thuya géant est estimé à 400 ans. Ses branches basses reposent sur le sol et elles ont produit différents marcottages. Comme pour le Zelkova d'Angers, le Thuya géant de Marcé a dû subir des opérations de sauvegarde, la municipalité ayant constaté un affaiblissement de l'arbre par la cime, et a mis en place un périmètre de sécurité pour éviter un tassement du sol. Malgré tout, une grosse branche est tombée, nécessitant un abattage partiel pour éviter tout risque d'accident.
Le platane doré du parc de la Bretesche à Missillac (Loire-Atlantique)
Pour finir cette liste non exhaustive, rencontre avec un platane doré à la silhouette magistrale : ce Platanus orientalis affiche un tronc d'une circonférence de 11,50 m (deux troncs en réalité), monte à plus de 20 mètres de hauteur. Il a une traversée de 80 m sous les branches. Il est situé en face du château de la Bretesche, au bord de l'étang, à Missillac, petite commune bordant le parc régional de Brière. C'est son port qui retient avant tout l'attention, ce platane doré d'orient présentant une ramure noueuse, tortueuse, formant une voute végétale remarquable, descendant jusqu'au sol, certaines branches ayant marcotté. Il sert de refuge à de très nombreux oiseaux et petite faune du parc, et son feuillage vert clair en été prend une belle teinte jaunie en automne. En hiver, le platane doré d'Orient dévoile plus encore ses branches et sa silhouette d'exception. Ce platane nous rappelle que les arbres orientaux étaient particulièrement appréciés dans les parcs des grandes demeures et châteaux, qui se devaient d'en posséder quelques exemplaires. On estime son âge à 400 ans, il aurait été planté entre 1620 et 1640. Dix autres platanes pleureurs bien plus jeunes l'ont rejoint... 200 ans plus tard. Le platane d'Orient de Missillac a obtenu le Prix Coup de cœur de l'Arbre de l'année en 2018 !
En savoir plus sur les arbres remarquables de la région Pays de la Loire :
- avec le bel ouvrage de 2003, téléchargeable en ligne Arbres remarquables en Maine-et-Loire,
- le livre aquarellé Arbres remarquables de Loire-Atlantique paru chez Locus Solus 2020,
- Arbres et lieux de Poitou, Charentes et Vendée paru en 2008,
- Arbres remarquables en Mayenne de 2005,
- et Au fil des arbres qui répertorie 24 arbres remarquables de la Sarthe (édité en 2012).
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