Les Rendez-vous aux Jardins du premier week-end de juin sont toujours l'occasion d'aller à la rencontre de jardins non ouverts toute l'année, souvent des petites pépites pas loin de chez soi. Cette année, je me suis rendue dans le nord du Maine-et-Loire, près de Durtal visiter le jardin de la Closerie, un jardin comme je les aime : intimiste, à la fois champêtre et romantique, multipliant les surprises au fil de la balade, arboré de façon naturelle, juxtaposant, harmonieusement les différents espaces autour de l'habitation... Je vous emmène chez Christine et Jean-Luc Houdayer pour une promenade charmante qui me donne déjà envie d'y retourner !
L'ambiance
Le jardin de la Closerie se fait désirer : on y accède via un long chemin ombragé, en se demandant à un moment si l'on ne s'est pas trompé de route, et puis tout à coup la maison et le jardin surgissent. Il s'agit d'un immense jardin (7 hectares dont 5000 m² se visitent), que les propriétaires ont commencé à aménager à leur arrivée, il y a bientôt 15 ans. Christine et Jean-Luc avaient déjà à leur actif un autre grand jardin, à Gennes, un peu plus bas dans le département, vers la Loire, dont il a fallu faire le deuil. Ce jardin-ci les a à l'évidence rapidement inspirés. Ils ont su conserver le caractère bucolique environnant, et intégrer quantité de végétaux qui en font un havre de paix.
Ici, point de pelouse ni de bordures manucurées, mais un travail et entretien constants, qui donnent dès l'arrivée l'impression d'un dessin très naturel. Christine, sécateur en mains, nous accueille et nous explique comment explorer le jardin, avant de repartir s'affairer discrètement à ses diverses tâches. C'est bien là que l'on comprend qu'un si beau jardin ne l'est pas tout à fait par hasard !
Le charme opère partout où le regard se pose. L'émerveillement arrive à mesure que l'on arpente les espaces : un arbre mort devenu sculpture géante, un petit jardin secret, des chemins aux arches de rosiers, les grandes zones de prairie traitées en gestion différenciée, le potager qui s'échappe autour de ganivelles, des allées en copeaux de bois, les escaliers de schiste où le lierre a pris ses aises, le bassin terrasse derrière la maison, l'étang un peu plus bas, les ânes qu'il faut presque aller chercher dans un ultime recoin du jardin…
Le jardin s'étire jusqu'au Loir, en un grand espace ensauvagé. La rivière donne aussi la possibilité d'une végétation de terrain humide, comme les prêles, hostas et Gunnera. Clôture en double lisse, petits bancs en fer forgé, grands massifs opulents, bassines en zinc et poteries peintes en gris ou bleu contribuent à créer autour des plantations une belle atmosphère de jardin campagnard teinté des coquetteries d'un jardin à l'anglaise.
La palette végétale
Dans ce jardin, tout n'est qu'harmonie, et l'apparente simplicité des plantations montre en réalité une parfaite maitrise du sujet… Les végétaux sont pour la plupart des essences indigènes et s'intègrent à merveille dans l'environnement paysager et des rives du Loir qui passe en contrebas du jardin.
Les rosiers côtoient les artichauts, les campanules à feuilles de pêcher, tantôt blanches, tantôt bleues, paradent dans tout le jardin. Les Sisyrinchium et valérianes sont en ce début juin pimpants, quand les pavots tirent leur révérence… Graminées et feuillages bleutés ou pourpres ponctuent tout le jardin. On y trouve quantité de beaux arbres et arbustes au charme romantique, par leur port ou leurs couleurs douces : Buddleia alternifolia cascadant en grappes mauves, sureaux noir 'Black Lace' pour le contraste et la douceur des inflorescences, rosiers grimpants et églantiers, Cotinus, saule pleureur, eucalyptus, deutzias et hydrangeas, entre autres !
Le bosquet de bambous magistraux procure la seule dose d'exotisme, s'intégrant merveilleusement à côté d'une enclave secrète où gloriette et petit bassin invitent à une pause fraîcheur.
Un jardin déco... juste ce qu'il faut
Le couple, habile de ses mains, a disséminé dans tout le jardin moult objets qui contribuent aussi au charme bucolique de l'endroit. J'ai adoré les grilles en fer forgé servant de délimitation vers le coin des bambous et du petit jardin d'eau, une drôle de cabane colorée et de guingois pour les petits-enfants, mais aussi les petites trouvailles avec des papillons sortis de souches de bois débitées en lamelles, la collection de nichoirs grimpant sur le tronc d'un arbre, une vieille chaise en guise de tuteur pour graminées, des piques joliment décorées…
Tout cela reste très discret et élégant, placé de façon judicieuse, et habillant merveilleusement les grands espaces, en se fondant dans la verdure par les matières brutes. Il y a aussi la belle gloriette ancienne auprès du petit bassin, et un usage de la décoration animalière sans faute de goût, avec les moutons blancs qui accueillent le visiteur, et quelques autres bestioles à deux pattes, bien moins imposantes, que l'on se prend à rechercher un peu partout...
Nul besoin d'aller bien loin pour trouver de beaux jardins. Le jardin de la Closerie est une échappée dans la verdure angevine et le gazouillis des oiseaux... Le bonheur est dans le pré, courez-y vite ! Merci encore à Christine et son mari pour leur temps en ce week-end chargé pour eux.
Informations pratiques
Jardin de la Closerie
188 chemin de la Ruaudière
49430 HUILLE-LEZIGNE
Jardin ouvert durant les Week-ends aux Jardins du mois de juin. Visite 2 euros. Se garer en haut du chemin dans le petit "parking", et descendre tranquillement à pied.
Tel. : 06 48 76 87 35
N'hésitez pas à visiter les nombreux autres jardins du Maine-et-Loire, les jardins privés proches comme le jardin de la Grille à Durtal (dans un style radicalement différent, mais intéressant pour son adaptation au changement climatique), ou les Jardins du Manoir de la Groye à l'esthétique parfaite, le Jardin potager du Puygirault, une merveille non loin de Saumur, et bien sûr les jardins de la ville d'Angers.
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