Aux confins du Maine-et-Loire et de la Vendée, se cache un des plus beaux parcs de l’hexagone, reconnu à juste titre comme le plus grand jardin japonais d’Europe : le Parc oriental de Maulévrier. Situé dans la commune de Maulévrier, à environ 10 km de Cholet, le jardin se situe en contrebas du château Colbert, un superbe édifice du début du XIXᵉ siècle, et s’étend sur 29 ha.
Je m’y suis rendue il y a 2 ans, à la fin du mois mars, alors que je revenais vivre dans ma région, pour y admirer la nature renaissant au printemps. Explosion de couleurs douces des cerisiers et des Magnolias, ravissement de ce lieu aux pagodes où l’eau et le symbolisme dominent, agréablement zen malgré le nombre de visiteurs, émerveillement devant l’art topiaire et le bâti … Suivez-moi pour une visite dépaysante en terres angevines !
L’entrée dans ce sanctuaire nippon se mérite… En ces premiers jours d’ouverture très attendue comme chaque année au printemps, il faut patienter en longeant la dense haie de bambous, puis franchir le torii, la grande porte rouge, qui nous transportent déjà dans un paysage bien différent des plates Mauges de cette partie du Maine-et-Loire : exotisme et dépaysement sont là, à portée de vue !
Une histoire
En attendant d’entrer, on découvre l’histoire du lieu : créé au début du siècle par Alexandre Marcel, architecte parisien et gendre de la famille Bergère ayant acquis le château Colbert en 1889, le jardin devient, sous son impulsion et celle du chef jardiner Alphonse Duveau, un parc japonisant. Il faut dire que le japonisme était à la mode, et qu’Alexandre Marcel, architecte de la salle (et futur cinéma) La Pagode à Paris, était féru d’orientalisme.
Il ramènera de l’exposition universelle de 1900 de Paris certains mobiliers et éléments de temples dont certains seront moulés à l’identique, qui contribuent encore aujourd’hui à l’identité du Parc.
Tombé à l’abandon pendant près de 40 ans, il va être repris en main à partir de 1980 : défrichement, restaurations, réaménagements, plantations…. Le parc reprend vie et de sa superbe pour nous offrir aujourd’hui une parenthèse de sérénité et de raffinement. Il a été reconnu par des experts japonais comme un exemple type des jardins de l'ère Edo (XVIᵉ au XIXᵉ siècle)
La conception et le symbolisme du jardin
Le parc s’articule autour d’une pièce d’eau immense, élément majeur du jardin japonais, qui symbolise le cours de la vie de l’homme de sa naissance à sa mort, de son innocence à sa sagesse. Ici tout est symbole : la couleur rouge, les éléments architecturaux, l’orientation Est-Ouest du plan d’eau, l’harmonie du Yin et du Yang, l’eau des fontaines…
Le pont rouge et les iles du paradis sont un lieu sacré qui permettent symboliquement d’atteindre le paradis taoïste… La couleur rouge, depuis le torii jusqu’à ce pont est forte en symbole : c’est la couleur du sacré. Un embarcadère à la surface de l’eau de l’autre côté du lac servait de point de départ pour des promenades en barques.
Au niveau du végétal, c’est toute l’année que se succèdent les floraisons, représentant là aussi le cycle de la vie, de la jeunesse printanière à l’automne de la vie…
Les éléments japonisants
Le parc est ponctué de constructions ramenant sans cesse à l’imaginaire japonais : le pont rouge est un des points focaux les plus admirables, mais on découvre aux détours d’autres ponts un temple khmer, reproduction d’un temple d’Angkor Vat du XIIᵉ siècle, des lanternes en pierre, des embarcadères nous faisant littéralement voyager dans un autre temps.
J’ai aimé les idées à glaner çà et là au niveau des différentes constructions en bambous, notamment les bordures partout changeantes autour de ce matériau décidément efficace. Outre l’aspect purement végétal, le parc est éblouissant dans sa scénographie et la sensation d’exotisme qu’il procure.
Une palette végétale impressionnante
Le jardin se visite donc de mars à novembre, et pour cause : chaque saison déploie ses charmes. On y admire pas moins de 400 espèces, essentiellement des végétaux de terre acide en pleine floraison au printemps, Camélias, Magnolias, Rhododendrons et Azalées, Pieris, mais aussi les charismatiques pommiers et cerisiers du Japon... et puis des Iris, des pivoines, de somptueuses Glycines japonaises conduites en arbres et quelques raretés comme le superbe Lespedeza sieboldii d’une blancheur immaculée au printemps. Les Hydrangeas et une belle collection d’Hémérocalles prennent eux le relais en été.
Les Fatsias, de nombreux couvre-sols d’ombre, les jardins de mousse se succèdent au cours de la balade… une multitude de fougères se fondent dans les parties ombragées que ponctuent quelques shishi odoshi (fontaines en bambous). De nombreux bambous viennent parfaire le décor partout élégant. On vient bien sûr également admirer à Maulévrier le formidable travail des jardiniers sur les tailles en nuages ou Niwaki, véritables dentelles végétales apportant transparence et esthétique raffinée aux abords du pont rouge.
J’y étais quelques semaines trop tôt pour admirer les coussins d’Azalées et les hordes de Rhododendrons qui font aussi la réputation du Parc… mais c’est l’occasion de revenir les admirer, tout comme une visite automnale s’impose tant le parc arbore alors une flamboyance unique avec les érables et Gingkos… avant de s’endormir pour l’hiver.
Une tradition ancestrale
Hanami, la traditionnelle fête des Cerisiers célébrée au Japon, est bien sûre fêtée à Maulévrier tous les ans : fin mars, on y vient admirer l’extraordinaire collection de cerisier d’ornements, recouverts de leur floraison blanche et rosée, qui illumine les lieux. Cet événement est incontournable et indissociable du Pays du soleil levant.
J’y étais donc pour l’occasion, et il est vrai que le spectacle est de toute beauté : légèreté et transparence des floraisons blanches et roses, tapis de fleurs aux pieds des cerisiers… Le parc est vraiment emprunt de grâce dans cette floraison à la fois éphémère et grandiose !
Au delà du parc...
Des promenades nocturnes sont proposées aux visiteurs qui reviendraient une seconde fois ou pour ceux qui restent sur place la journée (un pass spécial permet la visite de jour et de nuit). Elles permettent d’observer le parc à la lueur des lampions, avec des jeux de lumières mettant particulièrement en valeur le végétal, la statuaire et bâti Khmer. Elles permettent aussi une balade rythmée de douce musique dans l’univers des contes japonais.
Autre petit plus du Parc oriental, cette fois pour les amateurs de Bonsaï : le Salon National s’y tient chaque année en septembre. C’est un événement qui réunit pépiniéristes et potiers spécialisés dans l’art du Bonsaï, et qui propose une exposition unique de bonsaï et une exposition de photos. Passionnés, mais aussi curieux s’y donnent rendez-vous dans cet écrin fait pour eux. Une exposition permanente de bonsaïs et de céramiques est visible toute l’année.
Des ateliers de Kokedamas (confection de sphères de mousse où s'épanouissent des plantes) font aussi partie des activités proposées sur place pour s’initier à cet art décoratif ancestral typiquement japonais.
Enfin, le Potager Colbert rattaché au Château Colbert jouxte le parc… Ce potager labellisé Jardin Remarquable depuis 2019 vaut à lui seul une visite !
Parc oriental de Maulévrier
Route de Mauléon
49360 Maulévrier
Tel : 02 41 55 50 14
Ouvert tous les jours du 15 mars au 15 novembre
Tarifs : 7 euros (étudiants, jeunes 12-18 ans, demandeurs d’emploi), 8 euros (adultes), 10 euros promenades nocturnes.
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