9 arbustes pour une haie bocagère

Sureau noir : des fleurs et des fruits comestibles

Le Sureau noir ou Sambucus nigra se rencontre dans nos campagnes un peu partout. Il a donc tout à fait sa place dans une haie bocagère. C’est une espèce d’aspect sauvage au port ouvert, lâche et qui rejette souvent de souche. Cet arbuste possède un feuillage caduc à l’odeur un peu désagréable lorsqu’on le froisse. Mais c’est surtout la floraison (et la fructification !) qui nous importe. Les fleurs se déploient en fin de printemps en corymbes larges et plats blanc crème, à la fois esthétiques, parfumées et attractives pour les pollinisateurs. Elles peuvent servir aussi pour aromatiser du vin blanc ou des beignets. Par la suite, apparaissent des baies noires comestibles une fois cuites et très appréciées par les oiseaux. 

Le sureau noir se plante au printemps ou en automne, dans tout sol ordinaire, pas trop pauvre, assez profond et pas trop sec, au soleil ou à la mi-ombre. Ce grand arbuste peut atteindre 6 m en tous sens, mais se taille très bien et peut même être rabattu.

Nota bene : il existe un bon nombre de variétés horticoles du Sureau noir. Tantôt au feuillage pourpre, ou doré, ou lacinié, tantôt plus compact ou possédant un port colonnaire. N’hésitez pas à jeter un œil à tous nos sureaux noirs (Sambucus nigra) à la pépinière.

Viorne obier : un peu oubliée et pourtant si belle

On a tous des viornes au jardin. En effet, les espèces et leurs cultivars sont très nombreux. Le plus célèbre d’entre eux est probablement le Viburnum opulus ‘Roseum’ ou Viorne ‘Boule de neige’. Une variété, issue de l’espèce Viorne obier, que l’on a peut-être trop vu dans nos jardins et les parcs et qui nous a fait bouder l’espèce type. Pourtant, c’est un arbuste absolument remarquable !

La Viorne obier ou Viburnum opulus est un arbuste indigène que l’on trouve dans les sous-bois humides. Doté d’un port naturellement arrondi, on le reconnait à ses feuilles palmées, ses bouquets aplatis de fleurs blanches suivis de petits fruits rouge vif appréciés des oiseaux et ses belles couleurs d’automne. De croissance assez rapide, l’arbuste atteindra environ 3,50 m de hauteur pour 3 m d’envergure. 

La Viorne obier se cultive au soleil ou à mi-ombre dans un sol de préférence consistant, frais à humide et riche, en tout cas pas trop sec.

Nota bene : dans notre flore, nous avons une autre viorne indigène, la Viorne lantane ou Viorne mancienne (Viburnum lantana). La floraison et la couleur du feuillage automnal sont superbes. Alors, n’hésitez pas à l’adopter aussi !

Viburnumr opulus et Viburnum lantana

Cornouiller sanguin : beau toute l'année !

Rares sont les arbustes réellement beaux toute l’année. Mais, c’est clairement le cas du Cornouiller sanguin ou Cornus sanguinea et de ses cultivars. Le cornouiller sanguin est un petit arbuste indigène, reconnaissable par ses jeunes rameaux d’un rouge luisant très vif en hiver. Il produit en fin de printemps ou en début d’été des inflorescences blanches et aplaties, assez discrètes, mais largement visitées par les insectes butineurs. La floraison est suivie par une production de baies bleues-noires appréciées des oiseaux. Le feuillage caduc et vert luisant prend de chaleureuses teintes automnales.

À maturité, il atteindra en moyenne 2,50 m à 3 m en tous sens s’il n’est pas régulièrement taillé près du sol. Il est vraiment peu exigeant sur la nature du sol et accepte très bien la présence de calcaire. On le plantera au soleil ou à la mi-ombre.

Nota bene : il existe quelques cultivars de Cornouillers sanguins qui se distinguent par un feuillage doré ou des rameaux très colorés, orange vif. Ils possèdent les mêmes qualités (floraison et fructification) pour la biodiversité au sein d’une haie bocagère. En général, les cornouillers à bois colorés peuvent être insérés sans soucis au sein d’une haie naturelle.

Charme commun : caduc, oui mais...

Le Charme commun ou Carpinus betulus sert à tout : arbre de bosquet, arbre à cultiver en isolé, arbre pour une haie taillée (charmille) et même arbre pour une haie bocagère. Vous pourrez ainsi soit le laisser pousser à sa guise (arbre de haut jet), soit le travailler en cépée à la plantation pour qu’il se développe comme un grand arbuste.

Le feuillage vert et un peu gaufré à une particularité : il est marcescent. Cela veut dire que les feuilles mortes ne tombent pas à l’automne, mais restent sur l’arbre jusqu’à l’apparition du nouveau feuillage. Les fleurs (mâles et femelles) et les feuilles apparaissent en même temps, au printemps. Le Carpinus betulus produit aussi des fruits en grappes pendantes, des samares, de 3 à 6 cm de long, de couleur verte qui vire au jaune-brun à l’âge adulte, fin septembre.

Le charme est un arbre très rustique et peu exigeant, s’adaptant à tout sol suffisamment profond, même calcaire et ponctuellement sec. Il apprécie particulièrement les endroits frais et semi-ombragés, mais peut également vivre au soleil non-violent. Il peut atteindre 10 m dans nos jardins, mais beaucoup mois s’il est taillé (charmille ou en cépée).

Saule blanc : un bel arbre aux multiples atouts

Typique des milieux humides de nos campagnes, le Saule blanc (ou Saule argenté) ou Salix alba peut tout à fait être incorporé dans une haie bocagère, soit en cépée, soit en arbre, soit travaillé en têtard. Son port à la fois érigé et retombant ne manque pas d’élégance, tout comme sa large cime arrondie parée d’un feuillage luisant dévoilant sous le vent un revers argenté. Les rameaux souples peuvent être utilisés en vannerie et portent des chatons au printemps, particulièrement utiles aux premiers butineurs de la saison. L’arbre, en vieillissant, pourra servir d’abri à toute une faune, notamment des chauves-souris ou même la Chevêche d’Athéna.

Très rustique, le Salix alba se plante dans tout sol frais, voire humide, assez lourd, riche, en situation ensoleillée. Il peut atteindre 20 m de haut, mais supporte très bien la taille et peut donc être travaillé en cépée, en têtard ou en buisson.

Nota bene : parmi, les saules indigènes, n’oubliez pas le Saule marsault (Salix caprea) ! Ce dernier résiste mieux au sec que les autres saules de notre flore.

Salix alba (à gauche et en haut à droite) et Salix caprea en bas à droite

Aubépine : un abri solide pour la faune

L’Aubépine monogyne (Épine blanche) ou Crataegus monogyna est un arbre au port érigé et arrondi, assez compact. Les courtes tiges sont épineuses et la floraison de mai dévoile des fleurs blanches très parfumées, réunies par 6 à 12 fleurs en corymbes denses et plats. Par la suite, des fruits rouges, appelés cenelles, se développent, faisant le bonheur des oiseaux et des petits mammifères. Les feuilles dentées et caduques sont de couleur vert clair brillant, avec un revers blanchâtre. La floraison et la fructification apportent la nourriture à la faune du jardin, tandis que l’enchevêtrement de branches épineuses servira à créer un abri sûr pour les nidifications.

Très rustique, cet arbre originaire d’Europe est très répandu dans toute la France. Plantez-le dans un sol sec et chaud, calcaire et surtout bien drainé au soleil ou à la mi-ombre. Supportant bien la taille, on peut planter une aubépine dans une haie libre et bocagère, mais aussi au sein d’une haie taillée. En isolé, une épine blanche peut grandir jusqu’à 7 m en tous sens.

Nota bene : il existe d’autres espèces et variétés intéressantes parmi les aubépines. Retrouvez-les au sein de notre pépinière : toutes nos aubépines.

Pommier sauvage : des belles fleurs et des petites pommes

Le Pommier sauvage (Pommier des bois) ou Malus sylvestris est une espèce de pommier indigène que l’on peut rencontrer en forêt claire ou en lisière des bois. Ce petit arbre forme une couronne ovale à arrondie, assez irrégulière, qui s’évase et s’amplifie avec l’âge. Au printemps, on découvre une charmante floraison, rose pâle à l’éclosion, devenant blanc pur. À ces fleurs succèdent de toutes petites pommes jaune verdâtre à reflets rouges qui persisteront longtemps sur les rameaux. Floraison et fructification serviront à nourrir les insectes, les oiseaux et quelques petits mammifères.

De culture facile en sol ordinaire, mais profond, le pommier sauvage demande une exposition lumineuse. Les Malus sont très accommodants sur le sol, mais ils préfèrent les terres fertiles et restant fraîches. Les pommiers sauvages peuvent, en forme libre, grandir jusqu’à 8 m de haut.

Le Saviez-vous ? : Les pommiers sauvages sont aussi utiles dans nos vergers. En effet, ils permettent de polliniser une large gamme de variétés fruitières de pommiers grâce à sa longue floraison (avril à mai).

Pour le sud : la Filaire à feuilles étroites

Le Phillyrea angustifolia ou Filaire à feuilles étroites est un arbuste persistant apparenté à l’olivier, mais plus discret, et surtout plus rustique et encore plus frugal. Cet arbuste est en effet extrêmement robuste, résistant à la sécheresse et aux embruns, et indifférent aux sols pauvres et rocailleux. La Filaire se fait un peu remarquer au printemps, grâce au parfum de ses petites fleurs blanc-verdâtre assez insignifiantes. Ces fleurs sont suivies de baies bleutées semblables à de petites olives : attention, elles ne sont pas comestibles, mais les oiseaux en raffolent !

Arbuste originaire du bassin méditerranéen, le Phillyrea peut toutefois résister à des gelées jusqu’à -15°C en sol drainé. Le Filaire est très accommodant sur le sol et même au niveau de l’exposition (soleil ou ombre). En outre, cet arbuste est bien adapté à la sécheresse et à la chaleur estivale. Il supporte aussi très bien la taille, ce qui permet de le conduire en haie ou en topiaire. Mais le mieux est de laisser pousser comme il l’entend dans votre haie, il grandira jusqu’à 3 m de haut pour environ 2 m de large.

Pour le sud : la Viorne-tin

La Viorne-tin ou laurier-tin ou Viburnum tinus est un arbuste intéressant toute l’année, mais surtout lors de la morne saison, l’hiver. En effet, il est doté d’un feuillage persistant et sa floraison en petits bouquets blanc-rosé intervient dès janvier et jusqu’au début du printemps, soit à un moment où peu de fleurs sont présentes. L’arbuste résiste particulièrement bien à la sécheresse et aux sols calcaires.

Les lauriers-tin supportent des gelées jusqu’à -12°C en sol drainé et en situation abritée, repartant de souche lorsque sa végétation a subi des dommages. Le Viburnum tinus se plante au soleil, mais aussi à mi-ombre. Il n’a pas d’exigence particulière sur le sol, mais préfère les terrains bien drainés, sans excès d’eau. L’espèce type poussera de 2, 50 m en tous sens.

Nota bene : il existe désormais des variétés horticoles de Viorne-tin, parfois plus compacte, ou au feuillage pourpre (Viburnum tinus ‘Purpureum’) ou encore panaché (Viburnum tinus ‘Variegatum’). Laissez-vous tenter au sein d’une haie bocagère. Après tout, ce sera tout de même un Viburnum tinus.

Pour aller plus loin

• Retrouvez nos conseils pour savoir comment créer une haie bocagère ?
• Envie de lire sur le sujet ? Nous vous conseillons le livre « La Maubrairie, jardins du bocage » de Stéphane Marie-Dany Sautot, Editions Tana