Quel paillage choisir pour les fraisiers ?

La paille

C’est sans conteste le paillis le plus utilisé depuis des générations dans les potagers.

Et pour cause, la paille a de nombreux atouts : elle est légère, facile à manipuler et économique, et elle protège efficacement les petits fruits délicats que sont les fraises de la saleté et des éclaboussures de terre occasionnées par les fortes pluies. Elle limite ainsi le risque de maladies fongiques. De plus, elle réduit plutôt bien la croissance des mauvaises herbes.

• Ses effets sur l’humidité du sol : la paille est un excellent isolant qui maintient le sol frais et humide. Elle ne crée pas d’humidité, elle la conserve, retenant l’humidité si elle est installée en fin de matinée, sur un sol déjà humide.
• Ses inconvénients sur les nuisibles et maladies : elle attire plus facilement les limaces (voir les serpents quand on vit à la campagne !) si elle est appliquée en couche trop épaisse.
• Petits bémols : elle peut provoquer une faim d’azote, car elle est riche en carbone (rapport C/N élevé). On la trouve moins facilement en milieu urbain, attention à utiliser une paille non grainée, et elle peut contenir des graines de mauvaises herbes si elle n’est pas propre.

Quantité à utiliser et renouvellement du paillage

Appliquez une couche de 5 à 10 cm d’épaisseur. Ni trop, ni trop peu, puisque plus le paillage est épais, plus il reste humide et risque d’attirer les rongeurs. La paille se décompose rapidement, nécessitant un renouvellement fréquent, souvent annuel.

⊕ Notre avis : la paille reste un grand classique et convient parfaitement pour les grandes fraiseraies au potager. Utilisez-la idéalement associée à des tontes de gazon pour limiter la faim d’azote.

N.B. : on peut aussi utiliser du foin, mais il est plus riche et se décompose plus vite que la paille, avec un risque plus élevé de contenir des graines de mauvaises herbes.

Les tontes de gazon

Un autre petit trésor est à portée de main tout le long de la belle saison, lorsque nous passons la tondeuse. Récupérer les résidus de tontes de gazon et les faire sécher, c’est un paillage efficace, naturel… et tellement pratique !

Les tontes de gazon fraîches sont riches en azote, particulièrement utiles au démarrage de la culture, et complétant efficacement des paillis plus secs comme la paille. Bien étalées en fines couches, les tontes limitent efficacement la pousse des mauvaises herbes tout en enrichissant légèrement le sol à mesure de leur décomposition. Elles offrent aussi une bonne couverture thermique et conservent l’humidité du sol.

• Les effets sur l’humidité du sol : les tontes conservent très bien l’humidité du sol, surtout si elles sont déposées sur une terre déjà humide. En formant une couche dense, elles limitent l’évaporation, ce qui est utile en période chaude ou ventée.
• Les inconvénients sur les maladies / ravageurs : si elles sont appliquées en couche trop épaisse ou trop fraîche, les tontes peuvent fermenter et attirer les limaces. Elles créent un milieu chaud et humide qui peut favoriser certaines maladies cryptogamiques, notamment en cas de pluie fréquente.
• Petits bémols : l’herbe coupée se décompose rapidement et doit donc être renouvelée très souvent. De plus, son utilisation suppose de disposer d’un gazon non traité chimiquement.

Quantité à utiliser et renouvellement du paillage

Appliquez régulièrement en petites couches successives au printemps : étalez les tontes en couches fines de 2 à 3 cm maximum, légèrement séchées au préalable, car elles fermentent rapidement, chauffent et asphyxient le sol, ou attirent les limaces si elles restent humides en surface. Il faut les laisser sécher légèrement quelques heures au soleil avant de les étaler. Refaites l’apport toutes les deux à trois semaines au printemps… ou dès que vous passez la tondeuse.

⊕ Notre avis : les tontes de gazon sont un paillage très intéressant à court terme, particulièrement en début de saison, ou en complément d’un autre paillis plus sec comme la paille ou le BRF. Elles stimulent le sol et limitent la faim d’azote, mais demandent un peu plus de rigueur dans leur application.

Le BRF

Nous en parlons fréquemment pour le paillage de massifs d’arbustes, le BRF (bois raméal fragmenté) est un broyat de bois issu du broyage de jeunes branches. Il est possible de s’en servir pour les fraisiers, car le broyat de bois imite leur environnement naturel, les fraises étant à l’origine des plantes de sous-bois. Le BRF limite plutôt bien la concurrence des mauvaises herbes tout en offrant une bonne aération du sol. Biodégradable, il améliore la structure du sol à long terme et l’enrichit. On peut ainsi y penser pour d’autres cultures que les fraisiers.

• Ses effets sur l’humidité du sol : le BRF forme une couverture efficace contre l’évaporation de l’eau. Il permet au sol de garder sa fraîcheur, tout en favorisant la formation d’un humus stable à long terme. Il est très utile pour les fraisiers en été ou en période sèche.
• Ses inconvénients sur les maladies / ravageurs : il attire peu les limaces. Bien qu’il ne favorise pas directement les maladies, le BRF peut temporairement déséquilibrer le sol (notamment le rapport carbone/azote) et ainsi affaiblir les plants s’il est utilisé seul sur sol pauvre.
• Petits bémols : il peut provoquer une faim d’azote les premières semaines. Il faut donc l’associer à un bon compost maison ou des tontes de gazon pour inverser cette tendance. Il reste coûteux si on ne le produit pas chez soi à l’aide d’un broyeur. À éviter juste après la plantation ou sur de jeunes plantations de fraisiers.

Quantité à utiliser et renouvellement du paillage

Étalez une couche de 4 à 6 cm entre les rangées de fraisiers, idéalement à l’automne ou au début du printemps. Il se décompose lentement et peut durer 2 à 3 saisons.

⊕ Notre avis : le BRF est un excellent paillage pour les fraiseraies bien établies. Il structure le sol et conserve durablement l’humidité, à condition de l’associer à une source d’azote au départ (tontes, compost ou fumier). Lent à se décomposer, il est utile chez les jardiniers du dimanche qui ont peu de temps à consacrer à leur carré potager. Et si on n’a rien d’autre sous la main, il fait très bien le job !

Les paillages de chanvre, de miscanthus ou de lin

Ce sont des paillis que l’on trouve facilement désormais dans le commerce. Ils se présentent sous la forme de paillettes. Ces paillis végétaux prêts à l’emploi sont de plus en plus prisés pour leur efficacité, leur esthétique et leur durabilité. Issus de cultures agricoles ou de fibres recyclées, ils sont biodégradables et faciles à mettre en œuvre. Ces paillis sont notamment recommandés sur les sols lourds, car ils améliorent leur structure sur le long terme, limitent la battance et stimulent la vie du sol. Ils sont aussi intéressants en régions à pluviométrie importante.

• Leurs effets sur l’humidité du sol : très efficaces pour conserver une bonne hygrométrie, ces paillages créent une barrière légère et aérée qui protège le sol du dessèchement. Le lin est particulièrement absorbant, tandis que le chanvre retient aussi bien la fraîcheur. Il est conseillé de bien les arroser après la pose afin qu’ils adhèrent au sol et jouent pleinement leur rôle.
• Leurs inconvénients sur les maladies / ravageurs : ils sont peu favorables au développement des limaces ou des champignons. Ces paillis, surtout le miscanthus, sont peu appétants pour les nuisibles. Pas d’effet connu non plus sur les maladies racinaires.
• Petits bémols : ils sont plus coûteux que d’autres paillages organiques, notamment pour les versions compressées et conditionnées. Certains produits sont importés et donc peu écologiques. Vérifier aussi leur pureté (sans traitement ou additif).

Quantité à utiliser et renouvellement du paillage

Appliquez une couche régulière de 4 à 5 cm. Ce type de paillage dure en général une saison complète, voire 18 mois selon les conditions météorologiques, avant de nécessiter un renouvellement. Arrosez généreusement après l’installation pour qu’il s’humidifie rapidement et commence son rôle de régulation.

⊕ Notre avis : ces paillages sont parfaits pour les petites surfaces, les bacs et les balcons, grâce à leur aspect propre et à leur efficacité contre les mauvaises herbes. Ils sont un excellent compromis entre confort d’utilisation, esthétique et performance.

N.B. :  les trois se valent, mais le lin est idéal pour les fraisiers en pot ou en jardinière, car il est léger, propre et très absorbant. Le miscanthus est recommandé pour le plein champ ou les régions humides, puisqu’il est très durable, dense et peu attractif pour les limaces. Le chanvre offre un bon compromis, facile à manipuler et rapide à se dégrader.

Paillis de miscanthus

Les feutres de plantation

On les appelle aussi toiles de paillage biodégradables. Ils sont souvent peu adaptés aux grandes surfaces que composent les fraiseraies, compte tenu de leur prix.  Mais ils représentent une solution technique et durable, conçus pour un paillage longue durée, sans entretien et sans plastique.

• Leurs effets sur l’humidité du sol : ils bloquent efficacement l’évaporation tout en laissant l’eau et l’air circuler. Le sol reste plus frais, surtout en été. Ces toiles permettent aussi de réduire drastiquement les besoins d’arrosage pour les fraisiers.
• Leurs inconvénients sur les maladies / ravageurs : très peu d’impact négatif : en limitant les éclaboussures de terre, ces feutres réduisent même les risques de contamination des fraises par des champignons du sol. Peu d’attraction pour les ravageurs.
• Petits bémols : leur coût est plus élevé, notamment pour les versions 100 % naturelles. Il faut prévoir une bonne installation dès le départ (découpe, fixation). Certains produits sont faussement “biodégradables” (bien vérifier les labels).

Quantité à utiliser et renouvellement du paillage

Installez la toile découpée à la taille des rangs ou des plants, fixée au sol avec des agrafes. Durée de vie : 1 à 3 ans selon le matériau.

⊕ Notre avis : les feutres sont idéaux pour ceux qui veulent un paillage propre, durable et sans entretien. Ils sont pratiques en milieu urbain pour des contenants limités ou sur de petites surfaces potagères, où le surcoût est compensé par le confort d’usage.

→ En savoir plus dans nos sujets : Comment poser une toile de paillage biodégradable ? et Les toiles de paillage pour ou contre

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