Le Foodscaping ou comment aménager un jardin comestible
Pour un jardin beau à croquer !
Sommaire
Et si notre jardin d’ornement s’avérait aussi bon que beau ? De nombreux jardiniers en quête de bien manger s’intéressent de plus en plus à un jardin qui sait concilier l’art du beau et du comestible. Il existe en effet une grande quantité de plantes comestibles capables de rivaliser avec les plantes ornementales traditionnelles. Leur floraison, leur feuillage ou leurs couleurs n’ont d’égal que leur fructification dont on se délecte à point nommé. Légumes et fleurs condimentaires peuvent ainsi rejoindre les autres beautés au sein du jardin, et c’est d’autant plus vrai dans un petit jardin où l’on n’a pas la place d’intégrer un potager.
Quand charmant rime avec gourmand, que l’esthétique et le fonctionnel ne font plus qu’un, le jardin devient un lieu encore plus magique, durable, complètement dans l’air du temps !
Le "foodscaping", qu'est-ce que c'est ?
Sous ce terme anglais un peu étrange se cache une nouvelle tendance qui fait fureur outre atlantique. Né de la contraction de food (nourriture) et de landscaping (paysager) il s’agit de l’art d’intégrer des comestibles au milieu des fleurs et arbustes du jardin.
Cette nouvelle façon de concevoir le jardin prend tout son sens dans une période où se nourrir sainement devient primordial, et où s’auto-alimenter permet de faire bien des économies. Cela permet aussi d’amener la permaculture au jardin d’ornement, et de tendre vers un jardin plus soucieux de l’environnement. En remplaçant certaines plantes d’ornement par des plantes comestibles, mais esthétiques, on arrive ainsi à combler les interstices de massifs, ce qui profite au sol et allège le désherbage. Allier l’utile à l’agréable en créant un jardin aussi beau que bon, voilà donc le principe du “foodscaping”.
Il nous rappelle forcément un autre jardin nourricier beaucoup plus ancien, le jardin médiéval qui était à la fois médicinal, condimentaire, décoratif et fruitier… mais de conception close et symétrique, ou tout du moins régulière. Le nouveau jardin nourricier s’intègre à la fois dans des jardins urbains, des petits ou très grands espaces !
Comment créer des massifs ou plates-bandes comestibles ?
Au lieu de confiner les plantes comestibles entre elles comme on le ferait au potager, alignées en bataillons bien sages, investissez les différents espaces du jardin avec les plus belles plantes potagères, petits fruits et plantes grimpantes : en les plantant directement auprès de vivaces et d’arbustes, elles acquièrent une nouvelle dimension, se mêlent harmonieusement et apportent une touche d’originalité.
- Commencez par des projets simples, en insérant ça et là quelques-uns de vos fruitiers favoris ou de vos légumes fétiches, quelques vivaces faciles dotées de jolies floraisons, ainsi que des plantes médicinales et aromatiques par exemple.
- Sur les jardins matures, il s’agit principalement d’installer des plantes entre celles déjà en place et opulentes, voire de créer des bordures
- Prenez en compte l’exposition et les besoins en arrosage : gardez à l’esprit que les plantes comestibles fructifiant ont pour la plupart besoin de soleil pour former suffisamment de fruits. Placez les dans les plates-bandes les mieux exposées. Les plantes sélectionnées pour leur feuillage apprécieront quant à elles souvent la mi-ombre (mis à part les feuillages grisés). Les grandes plantes procurent de leur côté un ombrage bienfaisant. Plantez chacune à la bonne place dans un massif ou une haie, en n’oubliant par leurs besoins en arrosage (surtout pour les légumes), le caractère drainant ou riche du sol propre à chacune : ainsi une sauge officinale sera rapprochée d’une Verveine de Buenos Aire, quand un shiso rougi prendra place à côté de Dahlias rosés à violacées ou orangés.
- Optimisez les associations de couleurs entre les légumes ou fruits et les fleurs et feuillages déjà en place pour des effets visuels très réussis : des aubergines violacées s’acoquineront fort bien à des fleurs jaunes et de feuillages pourpres, des choux au feuillage bleuté contrasteront avec des digitales et des campanules, les fleurs de courgettes jaunes s’alanguiront sur des massif solaires…
- Intégrez des plantes « point de mire », hautes ou sculpturales, en milieu ou fond de massif comme l’angélique, la rhubarbe, le cardon, l’artichaut, fenouil et des plantes rampantes pour border des allées ou vous en servir comme couvre-sol : patate douce, thyms, origans…
- Profitez-en pour créer les bon duos de plantes comestibles et de plantes ornementales, et réussir des associations gagnantes entre plantes compagnes, bénéfiques pour contrer les maladies et pour augmenter la biodiversité. Les arbres fruitiers comme le pommier ou le poirier viendront par paire pour assurer une pollinisation croisée
- Installez tuteurs et tipi ou obélisques pour gagner de la hauteur et accueillir capucines, faire grimper des cucurbitacées de toutes sortes, mais aussi des fraisiers ou tomates cerises grimpants : la couleur rouge, orangée ou jaune sera bien visible ainsi mise en scène
- Ne sous-estimez pas le fort impact visuel des formes fruitières palissées pour apporter une structure verticale (ou horizontale pour former des bordures avec les cordons simples) et une élégante géométrie non négligeable. Recherchez aussi les fruitiers de forme colonnaire comme le poirier ‘Obelus’ ou ‘Londres’ ou des formes sur tige. Inspirez vous des jardins de curé et des jardins de grand-mère qui intégraient déjà il y a fort longtemps l’utile à l’agréable
- Enfin, pour certaines plantes comme l’artichaut ou le fenouil, conservez quelques pieds monter à fleurs, ils n’en seront que plus attractifs !
→ A lire : Comment créer une forêt-jardin ? pour les grandes surfaces. Inspirez vous également de nos fiches association par couleur de massif !
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Quelles sont les plantes ornementales comestibles ?
Un grand nombre de plantes jouent sur deux registres, belles à regarder et bonnes à déguster, et ont ainsi une très belle carte à jouer en mode foodscaping. Certaines variétés sont souvent intéressantes pour la couleur ou panachure de leur feuillage ou pour leurs fleurs, avant même que les fruits n’entrent en scène. On privilégie les feuillages dorés, grisés ou pourpres de nombreux légumes feuilles, vivaces ou arbustes. En voici une sélection non exhaustive, à consommer sans modération, sucrées ou salées :
- les fleurs comestibles : les indispensables capucines, de nombreuses sauges, les hémérocalles, etc
- les légumes perpétuels à redécouvrir en cuisine : les choux perpétuels, le chou Daubenton, l’ail des ours, l’oignon et l’ail rocambole, le topinambour aux jolies fleurs orangées, l’hélianthi aux racines ressemblant aux topinambours…
- les plantes potagères : le cardon, les poirées ou blettes à feuillage, les choux, le fenouil, le cerfeuil musqué (Myrrhis odorata) mais aussi un ou deux pieds de courgettes et courges… si belles en fleurs
- les petits fruits à picorer : le groseillier à maquereau (ses fruits verts striés sont du plus bel effet en massif) ou les groseillers rouges, les myrtilliers, beaux en fleurs et à l’automne sous leurs couleurs cramoisies, parfait en massif de plantes acidophiles, les aronias …
- Les arbres fruitiers à floraison printanière exquise : Prunus persisca ‘Purpurea’, cognassiers, poiriers et pommiers, prunier quetsche colonnaire ‘Toronto’, abricotiers et pêchers, etc …
- les plantes aromatiques : plutôt que de les rassembler en carré aromatique, on les invite entre les vivaces des massifs estivaux les belles floraisons de la camomille et agastache anisée, et le feuillage pourpre de la sauge officinale (Salvia officinalis ‘Purpurea’) ou celui, grisé, d’’Elephant Ear’, les romarins et l’origan, le fenouil…
- les annuelles comme les salades rouges (Chicorée sauvage ‘Rouge de Trévise’), les arroches blondes ou rouges qui assurent un beau spectacle coloré, la celtuce ou laitue asperge pour la verticalité de ses pousses, la patate douce ‘Kaukura’ aux feuilles presque noires, le shiso ou basilic chinois (Perilla) aux feuilles rouge pourpré, les choux frisotés et choux kale pour des jeux de texture étonnants, etc.
- les plantes grimpantes, utiles notamment dans les petits jardins, car prenant peu de place au sol : la vigne ‘Cioutat’ pour son beau feuillage découpé aux belles teintes automnales, les kiwis aux feuillages variés et aux fruits velus, et moins commune, mais très ornementale la glycine tubéreuse aux tubercules comestibles
- les plantes exotiques ou méditerranéennes en climat doux : feijoa aux fleurs si belles et aux fruits permettant de cuisiner de délicieuses confitures, le grenadier aussi beau en fleurs qu’en fruits, le pistachier, l’amandier et l’olivier, et bien sûr les citronniers et orangers…
- Les arbres ou grands arbustes : à inclure absolument quand on a de la place pour se délecter de leurs fruits ou baies (Amélanchier, Arbousier, noisetier, kaki, etc)
→ Lire aussi : Comment utiliser la capucine en cuisine ? ; L’hélianthi : comment le récolter, le conserver et le cuisiner ? ; Cultiver des superfruits, c’est possible !, Vigne à raisin : choisir la bonne variété, Cultiver le cornouiller mâle pour ses fruits, Planter une haie fruitière qui sort de l’ordinaire ; Cultiver le Goumi du Japon pour ses fruits comestibles ; L’argousier, un fruit comestible aux multiples bienfaits
Lire aussi
18 fleurs comestiblesPour aller plus loin
De nombreux ouvrages récemment publiés abordent le concept du foodscaping. En voici quelques-uns pour en savoir beaucoup plus sur l’art de convier les plantes comestibles dans son jardin :
- Toutes les plantes belles et comestibles. Didier Willery, Pascal Garbe. Ed. Umer, 2022.
- Paysages comestibles, les nouveaux jardins nourriciers. Evaine Merle. Ed. Ulmer, 2022.
- Jardins-forêts, un nouvel art de vivre et de produire. Fabrice Desjours. Ed. de Terran, 2019.
- Tout cuisiner au jardin, Pascal Garbe, Jean-Christophe Verhaegen. Ed. Ulmer, 2023.
- La cuisine des arbres. Aurélie Valtat. Ed. Ulmer, 2021.
- Les légumes vivaces pour un potager perpétuel. Xavier Mathias. Ed. Rustica, 2017
Commentaires
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Kilroy , le 4 Mai 2023
Personnellement, j'aurais traduit foodscaping par "jardin comestible" ou "jardin qui se mange" (au hasard), mais c'est très bien d'en parler, d'autant que c'est rarement évoqué en France. Même les pros du potager sont dubitatifs et pourtant...
Foodscaping et jardin forêt sont une combinaison très intéressante : les concepts de strate et de couvre sols se marient très bien avec une approche plus esthétique du jardin nourricier.
Côté ressources vidéos, on peut aller voir sur des chaînes Youtube anglophones: Brie the Plant Lady ou Suburban Homestead qui ont des jardins très esthétiques et productifs.