Reptiles au jardin : Comment les identifier ? Comment les attirer ?

Quels reptiles peut-on rencontrer dans un jardin ?

Évidemment, les reptiles sont plus nombreux en pleine nature que dans les jardins. Malheureusement, la destruction de leurs habitats naturels et l’emploi des pesticides les impactent et menacent parfois leur survie, au même titre que celles des oiseaux ou des hérissons. C’est pourquoi votre jardin peut constituer un excellent lieu d’accueil pour différentes espèces de reptiles (même lorsque sa superficie est modeste).

Car, dans un jardin, un reptile peut trouver ce qui est vital pour lui : une source d’alimentation, des endroits pour se dorer au soleil (car les reptiles ont besoin de réguler leur température corporelle), des refuges pour se cacher en cas d’attaque de prédateurs ou d’intempéries, des abris pour hiberner, et des sites de ponte pour l’incubation des œufs. Bien évidemment, ces exigences diffèrent d’une espèce à l’autre, mais plusieurs espèces de reptiles peuvent parfaitement cohabiter dans votre jardin.

Alors, quels sont les reptiles aptes à élire domicile dans votre jardin ?

Les lézards et orvets

Eh oui, les lézards et les orvets sont classés dans la même catégorie, tout simplement car il s’agit de sauriens ! Et malgré son apparence de serpent, l’orvet commun ou orvet fragile (Anguis fragilis) est bien un lézard sans pattes, qui se reconnaît à ses paupières mobiles, ses écailles ventrales et ses déplacements nettement moins ondulants que ceux des serpents. Pour tout savoir sur ce lézard un peu particulier, je vous invite à consulter l’article d’Olivier : L’orvet commun ou orvet fragile, le fameux “lézard sans pattes”.

Sous ses faux-airs de serpent, l’orvet est un lézard

Parmi les lézards, on peut rencontrer différentes espèces sur tout le territoire de la France métropolitaine : le lézard des murailles (Podarcis muralis), le lézard des souches (Lacerta agilis), le lézard à deux raies ou lézard vert (Lacerta bilineata), et le lézard vivipare (Zootoca vivipara) près des points d’eau. Dans le sud de la France, on peut trouver d’autres espèces comme le lézard ocellé et le lézard catalan…

Ces lézards arborent des caractéristiques physiques légèrement différentes d’une espèce à l’autre :

• Le lézard des souches mesure environ 25 cm de long, il bénéficie d’un corps trapu, d’une tête courte et arbore un peu de vert sur les flancs et la tête, surtout en période de reproduction pour le mâle
• Le lézard des murailles mesure moins de 20 cm. Sa tête et son corps sont assez plats, la queue est fine et longue. Il affiche une couleur gris à marron, maculé de sombre. C’est l’espèce la plus courante
• Le lézard à deux raies ou lézard vert : c’est un lézard qui peut atteindre 40 cm de long, avec une tête allongée. Il arbore une couleur verte sur tout le corps, avec une gorge bleue et des lignes blanches
• Le lézard vivipare : c’est un lézard dont la longueur n’excède pas 16 cm, à la tête et au corps non aplatis, et à la queue massive. Il vit près de zones humides.

Les lézards les plus couramment rencontrés au jardin : lézard des murailles, lézard des souches, lézard vert et lézard vivipare

Les serpents

Nous attaquons le paragraphe le plus effrayant pour les ophiophobes ! Si vous avez un grand jardin très accueillant, certains serpents peuvent y élire domicile en toute discrétion. On rencontre principalement cinq espèces de serpents, parmi les couleuvres et les vipères. Pour rappel, les couleuvres sont totalement inoffensives, tandis que les vipères sont venimeuses, mais très farouches. Les couleuvres se distinguent des vipères par leurs pupilles rondes, leur museau arrondi et leurs écailles sur la tête.

• La couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus) : longue de 110 à 160 cm, cette couleuvre mince dispose d’une tête fine, d’un museau arrondi, et d’une robe uniformément colorée de brun à beige jaunâtre, piquetée de blanc
• La couleuvre helvétique ou couleuvre à collier (Natrix helvetica) : elle mesure jusqu’à 140 cm de long et se distingue surtout par sa couleur gris à vert olive avec un collier noir et jaune derrière la tête. Des bandes noires apparaissent aussi sur les flancs et sous les yeux
• La coronelle lisse (Coronella austriaca) : c’est une petite couleuvre d’environ 70 cm de long, au corps assez trapu gris marron. Une bande sombre va du museau à l’arrière des yeux, une tache sombre se distingue derrière la tête
• La vipère péliade (Vipera berus) : serpent venimeux d’approximativement 60 à 80 cm de long, au corps et à la tête larges, au museau non retroussé et à l’iris de l’œil jaune orangé. Elle porte un zigzag sombre très marqué sur le dos
• La vipère aspic (Vipera aspis) : serpent venimeux de petite taille (50 à 70 cm), au corps épais et à la queue courte, au museau retroussé et à l’iris jaune doré. Elle se reconnaît à ses bandes dorsales noires sur le dos.

Là encore, suivant les régions, on peut rencontrer d’autres serpents, couleuvres ou vipères.

Couleuvre helvétique, vipère péliade, couleuvre d’Esculape, coronelle lisse et vipère aspic

Les tortues

Dans la nature, on peut rencontrer quelques tortues, parmi lesquelles la tortue d’Hermann (Testudo hermanii) dans le Var et en Corse, la tortue grecque (Testudo graeca) ou l’invasive tortue de Floride (Trachemys scripta), introduite depuis quelques décennies et inscrite dans les espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne.

En quoi les reptiles sont-ils des auxiliaires au jardin ?

Comme de nombreuses espèces animales, les reptiles jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement et la préservation des écosystèmes. Ils participent activement au maintien de l’équilibre des milieux naturels, mais aussi de votre jardin. En tant que prédateur, mais aussi en tant que proie pour d’autres espèces. D’autant que les reptiles paient un lourd tribut, face à différentes menaces comme la prédation d’espèces sauvages ou domestiques (chats), et la dégradation de leurs habitats (routes, entretien motorisé des espaces verts…).

Les reptiles sont d’efficaces auxiliaires au jardin

Dans un jardin, les reptiles se montrent très utiles en termes de régulation des ravageurs. La plupart des reptiles sont insectivores, ce qui en fait de précieux auxiliaires dans la lutte biologique que vous menez dans votre jardin ou votre potager. Ainsi, un lézard se nourrit par exemple de chenilles, de criquets et de grillons, de cloportes, d’araignées, de pucerons et de limaces.

Quant au serpent, il va jeter son dévolu sur les souris, mulots et campagnols qui élisent domicile dans votre jardin et grignotent vos légumes-racines. Occasionnellement, il peut aussi mettre à son menu des larves et de gros insectes.

Avoir un reptile dans son jardin signifie surtout que celui-ci constitue un biotope parfaitement équilibré.

Comment accueillir les reptiles dans son jardin ?

Pour espérer voir votre jardin habité ou parcouru par des reptiles, quelques points sont essentiels pour les accueillir :

• Laisser se développer un coin de friche dans son jardin, dans un espace calme, éloigné de l’habitation et plutôt ensoleillé. Il suffit de laisser pousser les herbes sauvages, de ne pas tondre ou de semer une prairie fleurie
• Aménager des abris à différents endroits du jardin, ensoleillés et isolés, à proximité des friches (tas de bois de chauffage, de branchages, de tuiles, de pierres, de feuilles mortes, déchets de fauche… pour que les reptiles s’y réfugient afin de se réchauffer). Vous pouvez même construire un mur de pierres sèches qui joindra l’utile à l’agréable
• Installer d’épaisses couches de paillage au pied des arbustes
• Éviter les tontes rases en réglant la lame de la tondeuse plus haute pour éviter de blesser les orvets
• Créer un tas de compost pour que les orvets et les couleuvres puissent y pondre ou y mettre bas, ou encore y hiberner. Le tas de compost doit se situer dans un endroit ensoleillé et près d’une friche
• Laisser un tas de sable ou de graviers sableux, bien drainé dans le fond, dans un coin isolé, pour favoriser la ponte
• Creuser une mare si vous possédez un terrain suffisamment grand. Les amphibiens s’y installeront et attireront des couleuvres à collier.

Et surtout, il va vous falloir faciliter les déplacements de ces reptiles dans votre jardin et celui de vos voisins, en mettant en place des corridors de biodiversité. Les reptiles, comme les autres animaux, ont besoin d’élargir leur territoire. De même, n’hésitez pas à sensibiliser votre entourage à l’importance des reptiles dans un jardin, en démontant les idées reçues.

Quant aux chats, grands prédateurs de ces reptiles, il suffit parfois de les détourner en posant des rameaux épineux ou des ronces sèches autour des abris et refuges que vous avez installé dans votre jardin.