Réussir un beau massif : les fausses bonnes idées

Dessiner un massif surdimentionné, tout petit ou placé au milieu de la pelouse

La dimension du massif et son emplacement sont des éléments prépondérants. On peut parfois être tenté de créer un petit massif pour rompre la monotonie d’une surface engazonnée ou au contraire de créer un vaste massif pour remplir l’espace. Les petits massifs plantés au milieu de la pelouse semblent tombés du ciel et ont un caractère artificiel et anecdotique, les massifs surdimensionnés perdent le regard et écrasent le reste du jardin.

→ Créez des massifs aux dimensions en harmonie avec le reste du jardin : les tout petits massifs seront noyés dans un vaste jardin. Les grands massifs empêcheront les petites surfaces de respirer.

→ Évitez les massifs créés au milieu de surfaces engazonnées : créez vos massifs en périphérie, adossés à la maison ou à la terrasse. Un massif peut aussi diviser le jardin en deux espaces plus petits, véritables chambres de verdures séparés par un charmant passage invitant à la découverte.

Posés de façon ostentatoire au milieu de la pelouse, les petits massifs ne sont pas esthétiques (à gauche). Préférez par exemple des massifs qui divisent l’espace, suscitent des surprises et créent des passages

Faire un massif au tracé compliqué

Lorsqu’on crée un massif, l’erreur commune est de vouloir (inconsciemment ou non) imiter la nature. On privilégie donc les tracés sinueux et les courbes molles. Force est de constater que le résultat n’est pas toujours heureux et n’a rien de naturel.

→ Bien souvent, un tracé net et rectiligne donnera un résultat bien plus joli et élégant. Il n’empêche pas les compositions d’allure naturelle et facilite l’ordonnancement des végétaux à l’intérieur du massif. Ces sont les végétaux choisis qui donneront le caractère de votre composition :

• naturel et champêtre avec un foisonnement de rosiers, de vivaces (Achillées, Agastaches, Gauras ou Sauges) et de graminées souples (Miscanthus),
• graphique et contemporain avec des plantes architecturées (Acanthes, Bambous ou Phormiums) et des graminées plus rigides (Carex ou Fétuques),
• méditerranéen avec des plantes emblématiques du Midi (Lavandes, Lauriers-rose, Agapanthes et Santolines),
• ou exotique avec Palmiers, Cycas, Aloès et Agaves.

Les tracés rectilignes (à droite) sont souvent plus élégants que les tracés sinueux et courbes (à gauche)

Vouloir créer un style en décalage avec le reste jardin

Le jardin est pour beaucoup un espace d’évasion et de liberté, et nous sommes tentés d’y projeter nos rêves de voyage ou de style de vie. Vous êtes fans de culture nippone et rêvez de vous envoler pour le pays du Soleil Levant ? Malheureusement, la création d’un massif d’inspiration asiatique ne sera pas forcément du plus bel effet dans votre jardin breton. La vie sous les tropiques vous tente ? Mais un massif exotique n’a peut-être pas tout à fait sa place accolé à un chalet Haut-savoyard ?

→ Abandonnons la caricature pour revenir à des principes simples pour réussir un beau massif. Celui-ci devra s’intégrer harmonieusement dans l’environnement de votre habitation et ne pas dénoter de façon inappropriée. Trouvez le style qui convient le mieux (jardin régulier, romantique, naturaliste, sauvage ou encore contemporain). L’originalité pourra plutôt provenir des harmonies de couleur choisies ou d’une sélection de quelques végétaux de collection (arbustes et vivaces).

Créer des ambiances venues d’ailleurs n’est pas toujours une bonne idée au jardin (à gauche). Les plantes locales s’intègreront mieux dans le décor (à droite)

Ne planter que des vivaces et des plantes à petit développement

Pour remplir rapidement, facilement et de façon moins onéreuse un massif, les vivaces sont d’une grande aide. De plus, leurs floraisons sont toujours merveilleuses, associées à quelques annuelles. Néanmoins, créer un massif uniquement à base de vivaces ne comporte pas que des avantages. L’entretien pourra vite être fastidieux, entre tailles, suppression des fleurs fanées, division des touffes. L’attrait du massif risque aussi d’être limité à quelques mois. Le visuel risque également d’être décevant, avec des plantes trop petites. Pour être harmonieux, un massif doit avoir une structure, une ossature que les arbustes et conifères leur confèrent à merveille.

→ Pour structurer un massif, commencez par choisir des éléments forts et persistants apportant verticalité et dimension. Pour être intéressant toute l’année, il gagnera à comporter environ 2/3 d’espèces à feuillages persistants : Cyprès de Provence ou Callistemons dans le Sud, Rhododendrons en terre de bruyère, Bambous en compositions graphiques, Camphriers en climat océanique, ou encore boules de buis pour un massif tout en élégance. Pensez également aux grimpantes qui s’élanceront sur un support, une palissade ou un arbre voisin.

Composez ensuite le massif en mixant les conifères, arbustes persistants et caduques de plus petite taille et bien sûr, faites-vous plaisir avec les vivaces et quelques annuelles pour combler les vides, en pensant à la saisonnalité des floraisons.

Les vivaces et annuelles ne constituent pas à elles seules de belles compositions (en haut). Elles ont besoin d’être mises en valeur par des végétaux forts, tels que haies, arbustes persistants, plantes grimpantes et grands feuillages (en bas)

Multiplier les couleurs et les plantes différentes

Une erreur fréquemment commise lors de la création d’un massif : se laisser tenter lors de l’achat par tout un tas de plantes, de couleurs variées. La diversité des plantes est telle qu’il est aisé de se laisser aller à les sélectionner selon des critères de beauté individuels, sans tenir compte de la manière dont elles vont s’harmoniser entre elles. Attention à la cacophonie, un beau massif n’est pas un catalogue de plantes !

Le mélange de trop de plantes et de couleurs différentes mène à la cacophonie

→ Optez dès la conception pour une harmonie de couleur, le choix ne manque pas :

• Les massifs monochromes, en optant pour une couleur mise en valeur par les feuillages (jardin blanc, jardin bleu, jardin jaune, etc).
• Les mélanges classiques, basés sur des associations de 2 ou 3 couleurs : l’usage a établi que certaines couleurs s’assemblent bien, ce qui a donné naissance à des mélanges que l’on trouve fréquemment. Ainsi, les feuillages argentés côtoient souvent les tons roses, bleu clair, crèmes ou bordeaux et les feuillages verts s’harmonisent avec les tons chauds comme le jaune, l’orange et le rouge.
• Les mélanges de couleurs plus originaux, à base de pourpre, chartreuse, bruns ou même noir.
• Gardez à l’esprit qu’un massif réussi comprend au maximum 2/3 de fleurs, au risque de heurter le regard et de comporter une lourdeur frisant le mauvais goût.

Choisissez une harmonie de couleurs qui vous plaît et tenez-vous à ce choix lors de l’achat des végétaux qui composeront votre massif

→ Retrouvez l’article de Gwenaëlle à propos de la perception de la couleur des fleurs

Planter en rangs d'oignons

Un autre principe essentiel : l’effet de masse. Ne disposez pas vos plantes en rangs d’oignons comme les légumes du potager. Pour être joli, un massif doit avoir une allure naturelle.

→ Répartissez les végétaux de manière uniforme sur toute la surface de l’espace à végétaliser, les plus grands derrière, répartis sur 2 à 4 rangs en fonction de la taille de l’espace planté. Chaque sujet devra être disposé en quinconce par rapport aux plantes voisines, c’est le meilleur moyen pour éviter les alignements. Si vous souhaitez obtenir visuellement un effet de masse, chaque plante devra occuper environ 1 m². C’est le léger déséquilibre harmonieux de cette surface entre les espèces qui garantira ensuite la réussite de votre massif. Groupez les plantes par nombre impair : 3, 5 ou 7 pour les plus petites. Les plantes fortes peuvent être placées par 2, pour un effet de symétrie et d’équilibre.

Graviers, galets, pouzzolane : abuser du minéral

Dans une bonne volonté d’apporter de la couleur, de maintenir l’humidité du sol et d’éviter la pousse des adventices, certaines personnes sont tentées d’épandre du paillage minéral sur de vastes surfaces. Galets, ardoise, pouzzolane, graviers de toutes les couleurs, le choix ne manque pas… Hélas, le rendu n’est souvent pas très heureux, tant il est peu naturel. La nature ne fait pas de genre de choses, alors le jardinier bien avisé à tout à gagner à ne pas le faire, lui non plus.

→ Économisez les sommes qui vous souhaitiez investir dans ces matériaux pour les investir dans de beaux végétaux et un paillage organique, que vous pourrez même faire vous-même grâce à l’achat d’un petit broyeur de végétaux.

La création de surfaces minérales dans les massifs n’a de sens que dans la création d’un jardin sec, en zone méditerranéenne par exemple. Si vous souhaitez néanmoins apporter l’élément minéral dans votre massif, optez plutôt pour la création d’une rocaille, si elle est pertinente dans votre région, ou disséminez par petites touches des pierres locales, disposées de façon naturelle entre les plantes.

Les divers paillages d’origine minérale ne sont pas toujours heureux dans les massifs