La teigne du poireau au potager : prévention et traitement

Qu'est-ce que la teigne du poireau ?

La teigne du poireau ou ver du poireau, connue scientifiquement sous le nom d’Acrolepiopsis assectella, est un petit papillon de la famille des Acrolepiidae. Ce ravageur s’attaque principalement aux plantes de la famille des alliacées, comme le poireau, l’ail, l’oignon et l’échalote.

Identification de l’insecte

• L’adulte : le papillon mesure environ 12 à 14 mm d’envergure. Il est de couleur brunâtre, avec des ailes fines et nervurées, marquées par des motifs légèrement argentés. Bien qu’il soit discret et nocturne, c’est l’étape clé de la reproduction.
• Les larves : ce sont les chenilles qui causent les véritables dégâts. Elles sont petites (jusqu’à 8 mm), de couleur jaunâtre à vert pâle, avec une tête brune. Elles se développent en creusant des galeries dans les feuilles ou les tiges.

Cycle de vie

• Les adultes pondent leurs œufs sur les feuilles des plantes hôtes (alliacées).
• Les œufs éclosent en quelques jours, donnant naissance aux chenilles qui se nourrissent du feuillage ou des tiges pendant 2 à 3 semaines.
• Les larves forment ensuite des cocons dans lesquels elles se transforment en chrysalides, avant de donner naissance à de nouveaux papillons.
• Ce cycle peut se reproduire plusieurs fois par an, notamment dans les régions aux climats doux, rendant la lutte complexe si aucune mesure n’est prise.

Chenille, chrysalide et papillon

Conditions de développement optimales

Les températures douces, comprises entre 15 et 25 °C, sont idéales pour sa prolifération. Ces conditions permettent un développement rapide des œufs, des larves et des adultes et peuvent entraîner plusieurs générations par an dans les régions où les hivers sont doux.

L’humidité modérée à élevée favorise également l’éclosion des œufs et le développement des larves. Les périodes de printemps et d’automne, où les températures et l’humidité sont souvent optimales, correspondent généralement aux pics d’activité de la teigne. À l’inverse, des conditions extrêmes, comme des chaleurs excessives ou des hivers rigoureux, vont freiner son cycle.

Comment reconnaitre une attaque de teigne du poireau ?

La teigne du poireau laisse des signes caractéristiques sur vos plants, qu’il est important de repérer rapidement pour limiter les dégâts. Voici les principaux symptômes à surveiller :

1. Trous et galeries dans les feuilles : les larves perforent les feuilles, laissant des petits trous irréguliers ou des galeries visibles à la surface. Ces dommages nuisent à la photosynthèse et affaiblissent la plante.
2. Déformation et jaunissement : les feuilles peuvent commencer à se déformer, se dessécher ou jaunir, signe que les larves s’attaquent aux tissus internes.
3. Présence de chenilles : en inspectant vos poireaux, vous pouvez trouver des petites larves jaunâtres ou vert pâle, mesurant jusqu’à 8 mm, souvent dans les galeries ou à la base des feuilles.
4. Filaments soyeux : les larves produisent parfois des filaments ressemblant à de petites toiles, visibles entre les feuilles.
5. Pourriture secondaire : les blessures causées par la teigne peuvent favoriser l’entrée de champignons ou de bactéries, entraînant une pourriture du cœur de la plante, accompagnée d’une mauvaise odeur.
6. Papillons adultes : si vous observez des petits papillons bruns avec des motifs argentés autour des cultures, surtout en début de soirée ou tôt le matin, il s’agit probablement des adultes prêts à pondre.

Importance de l'enjeu : dégâts sur les cultures de poireaux et autres alliacées

Sans intervention, les attaques de la teigne du poireau peuvent entraîner des pertes considérables, voire la destruction totale des cultures. Les larves de cet insecte perforent les feuilles du poireau, créant des trous et des galeries qui affaiblissent la plante en compromettant sa capacité à réaliser la photosynthèse. Dans certains cas, elles pénètrent jusqu’au cœur de la tige, rendant le poireau impropre à la consommation. Ces blessures ouvrent également la voie à des infections secondaires causées par des champignons ou des bactéries, accélérant la dégradation de la plante.

Les autres alliacées, comme l’ail, l’oignon et l’échalote, ne sont pas épargnées. Les larves attaquent aussi bien le feuillage que les bulbes, provoquant des pertes à la fois en quantité et en qualité. Lorsque les infestations sont sévères, ces cultures peuvent ne jamais atteindre leur pleine maturité.

Sur le plan économique, les conséquences pour les maraîchers sont particulièrement lourdes. Les rendements peuvent chuter drastiquement, impactant directement leurs revenus. Les jardiniers amateurs, de leur côté, subissent souvent la frustration de voir leurs efforts réduits à néant, ce qui peut décourager la pratique d’un jardinage respectueux de l’environnement.

Prévention : comment éviter l'infestation ?

Pour prévenir l’infestation par la teigne du poireau, plusieurs stratégies complémentaires peuvent être mises en œuvre. Le choix de variétés de poireaux résistantes ou moins sensibles (comme ‘Géant d’hiver’ ou le poireau ‘Armor’ par exemple) est une première étape essentielle. Associée à une rotation régulière des cultures, cette pratique perturbe le cycle de vie de la teigne, réduisant sa capacité à se reproduire et à s’installer durablement.

Ensuite, espacer correctement les plants limite les zones de prolifération des larves, tandis qu’un entretien rigoureux, incluant le désherbage et l’élimination des résidus infectés, réduit les risques d’infestation. L’association avec des plantes bénéfiques, comme les carottes, peut également éloigner les ravageurs.

Enfin, la protection physique des cultures, notamment par l’utilisation de filets anti-insectes, constitue une barrière efficace. Ces filets doivent être installés au bon moment, en couvrant les cultures lors des périodes critiques, afin d’empêcher les papillons adultes de pondre leurs œufs sur les plants.

Le p’tit mot d’Oli : l’ortie semble attirer fortement la teigne du poireau. Évitez dans ce cas de l’utiliser en purin ou en paillage dans vos rangs de poireaux ou d’oignons.

La proximité avec des carottes au potager est un des moyens pour contrer la teigne du poireau

Surveillance : une détection précoce

Les pièges à phéromones contre le ver du poireau sont particulièrement utiles pour surveiller la présence des papillons adultes et piéger quelques individus mâles. Ces dispositifs attirent les mâles grâce à des substances imitant les phéromones femelles, ce qui permet d’évaluer la population et de déterminer le moment optimal pour intervenir. Parallèlement, une observation régulière des plants est importante. Inspecter le feuillage à la recherche de trous, galeries ou larves facilite l’identification rapide des premiers signes d’infestation.

Observez régulièrement vos rangées de poireaux

Lutte biologique contre la teigne du poireau

La lutte biologique et écologique est une approche respectueuse de l’environnement qui permet de gérer efficacement la teigne du poireau tout en préservant la biodiversité. Voici les principales stratégies à adopter :

Prédateurs naturels : les alliés du jardin

• Identification des auxiliaires utiles : les guêpes parasitoïdes, comme les trichogrammes, jouent un rôle clé en parasitant les œufs de la teigne, empêchant leur éclosion. Les larves de coccinelles et certains oiseaux insectivores consomment également des larves et des papillons, contribuant à limiter leur population.
• Stratégies pour attirer ces auxiliaires : maintenir un écosystème diversifié avec des zones de refuge pour la faune auxiliaire est essentiel.

Produits biologiques : des traitements doux et ciblés

• Utilisation de Bacillus thuringiensis (Bt) : ce bio-insecticide est un traitement naturel et spécifique, qui agit en détruisant les larves de la teigne après ingestion. Il est sans danger pour les autres organismes et peut être utilisé en prévention ou dès les premiers signes d’infestation. Évitez cependant de traiter près d’un point d’eau.
• Huiles essentielles et macérations répulsives : les préparations à base d’huile de neem possèdent des propriétés répulsives et insecticides naturelles. Ces solutions peuvent être pulvérisées régulièrement sur les plants pour limiter les attaques.

Plantes répulsives et compagnonnage : l’art du mélange

• Exemples de plantes répulsives : le thym, la lavande, le romarin ou encore la menthe sont connus pour éloigner les ravageurs grâce à leurs odeurs fortes. Ces plantes peuvent être utilisées en bordure de culture ou intercalées parmi les poireaux.
• Techniques d’intégration efficaces : alternez les rangées de poireaux avec des carottes ou des fleurs comme la capucine, qui attirent les insectes bénéfiques ou détournent les ravageurs.

Gestion après infestation

Une fois une infestation de teigne du poireau constatée, les plants touchés doivent être immédiatement éliminés. Ne les compostez pas, car les larves ou les œufs pourraient survivre et se propager. Optez plutôt pour un enfouissement profond loin du jardin.

Pour éviter une réinfestation les années suivantes, pratiquez une rotation des cultures en évitant de replanter des alliacées (poireaux, oignons, ail) au même endroit pendant au moins deux ans. Cette stratégie perturbe le cycle de vie de la teigne. Complétez avec une surveillance précoce et l’installation de filets anti-insectes lors des périodes critiques.

Enfin, le nettoyage minutieux des outils ayant été en contact avec les plants infestés est indispensable. Désinfectez-les avec une solution à base de vinaigre pour éliminer toute trace d’œufs ou de larves. Si le sol semble contaminé, envisagez de le pailler ou de le recouvrir pour limiter l’émergence des papillons adultes au printemps.