
Termites : le fléau caché de votre jardin et de votre maison ?
Découvrez comment les détecter et lutter contre leur installation
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Invisibles à l’œil nu, allergiques à la lumière, silencieux et tenaces, les termites peuvent sournoisement envahir nos jardins et nos habitations, en milieu rural comme en ville. Discrètement, ils grignotent les bois des arbres, mais aussi des huisseries, des charpentes, ou du mobilier de nos maisons. Et les dégâts peuvent être considérables… Alors, comment détecter ces insectes xylophages qui construisent de véritables cités souterraines ? Existe-t-il des solutions pour contrer leur installation ? Et surtout quelles sont les solutions pour les éradiquer ?
Plongez dans l’univers tout à la fois fascinant et secret de ces insectes nuisibles qui jouent pourtant un rôle essentiel dans les écosystèmes. Et découvrez comment protéger votre jardin et votre patrimoine immobilier et mobilier.
Que savoir sur la biologie des termites ?
Les termites sont des insectes xylophages qui appartiennent au sous-ordre des Dictyoptères, au même titre que les blattes. Ils se regroupent en huit familles différentes, présentes sur l’ensemble de la planète. Parmi ces huit familles, les Rhinotermitidées sont certainement les plus envahissantes, à 80 % souterraines, donc difficiles à détecter. En France, seules les espèces du genre Reticulitermes sont présentes. On en compte six sous-espèces différentes, quatre originaires d’Europe et deux espèces invasives :
- Le termite lucifuge (Reticulitermes lucifugus) vit principalement sur le pourtour méditerranéen, dans les forêts côtières
- Le termite Reticulitermes lucifugus corsicus est une sous-espèce du termite lucifuge, qui est présent en Corse
- Le termite des Landes (Reticulitermes grassei) vit naturellement dans les forêts du Bassin Aquitain
- Le termite de Banyuls (Reticulitermes banyulensis) est originaire du Roussillon, mais on le trouve jusqu’à Marseille
- Reticulitermes urbis, originaire des Balkans, a probablement été introduite de manière accidentelle. Il a été découvert et a été décrit en 2003 dans des villes du Sud-Ouest
- Le termite à pattes jaunes ou de Saintonges (Reticulitermes flavipes) est originaire des États-Unis, mais s’est implanté en Charente-Maritime il y a plusieurs siècles.
Termites lucifuges
À ces six espèces, on peut ajouter Kalotermes flavicolis, le termite de bois sec, qui ne présente pas de danger pour les habitations.
Bien que légèrement différents d’une espèce à l’autre, les termites sont des insectes dotés de pièces buccales broyeuses qui leur permettent de se nourrir de la cellulose du bois, mais aussi du papier ou du carton. Ils vivent, de manière très organisée, dans les forêts, où ils se nourrissent de bois mort et de débris végétaux. C’est pourquoi les termites ont un rôle écologique de régulation des forêts : ils décomposent la cellulose pour l’incorporer au sol, structurent le sol avec leurs galeries, améliorent l’infiltration de l’eau, tout en participant à la diversité des activités microbiennes.
Depuis des siècles, ces termites occupent aussi les habitations et les jardins qui jouxtent les forêts. Et c’est là que les problèmes commencent…
Comment s'organise la vie des termites ?
Les termites vivent en colonies parfaitement organisées en castes, à l’image des fourmis ou des abeilles. Chacun y a sa place, et tout semble prédestiné, puisque les œufs pondus disposent d’un potentiel ontogénique particulier. Les colonies de termites présentes en France sont lucifuges (allergiques à la lumière) : ils n’apparaissent jamais à la lumière du jour et vivent sous terre, dans des galeries. La colonie est organisée autour d’une reine qui pond et d’un roi, qui lui fournit son sperme. Le reste de la colonie comporte des milliers d’individus qui ont un rôle précis :
- Les ouvriers : ils composent environ 80 % de la colonie. Ce sont des termites stériles, au corps allongé et mou, de couleur blanchâtre. Ils sont dotés d’une tête ronde, d’antennes courtes et fines, mais ne possèdent ni ailes ni yeux. Ils se chargent des tâches de construction et d’entretien de la colonie, de la nourriture des jeunes et des autres individus.
- Les soldats : ils représentent 2 % de la colonie. Ils se distinguent par leur tête brune dotée de mandibules acérées. Ils sont chargés de défendre la colonie.
- La lignée nymphale : les nymphes muent en différentes étapes pour arriver au stade d’imagos, c’est-à-dire au stade adulte. Certains imagos ailés iront fonder de nouvelles colonies par essaimage au printemps, d’avril à juin, d’autres sont des reproducteurs secondaires ou des ouvriers en devenir qui peuvent pallier la mort de la reine ou du roi. Ces nymphes secondaires interviennent aussi en cas de dissémination de la colonie par accident, par exemple lors d’un chantier de démolition. Elles peuvent aussi se séparer de la colonie-mère pour se reproduire à leur tour.
Les termites sont très présents dans le sud-ouest, la Corse et la région parisienne (source : https://www.ecologie.gouv.fr/)
Comment déceler la présence de termites et que faire ?
Pour vivre heureux et constituer une belle colonie, les termites ont besoin de trois éléments essentiels : de l’obscurité, de la chaleur et de l’humidité. Et bien sûr de la cellulose pour assurer la subsistance de tous les membres de la communauté. C’est pourquoi ils peuvent parfaitement s’installer dans le sol du jardin, près d’un point humide comme une piscine, un puits, un bassin, un point d’eau comme un robinet, une mare… avec du bois à proximité. Et ils seront très difficiles à détecter, car totalement invisibles. En effet, à la différence des capricornes, ils ne produisent pas de sciure visible. Le seul indice qui peut vous mettre sur la piste des termites reste les “cordonnets” que les termites ouvriers laissent derrière eux. Ces cordons, le plus souvent verticaux, constitués de salive, de résidus de bois, d’excréments et de terre, sont en fait des galeries extérieures à la colonie qui permettent aux termites d’investir un arbre ou une façade, tout en étant cachés de la lumière.

Cordonnets laissés par les termites
Si vous disposez d’un grand terrain ou d’un sous-bois, n’hésitez pas à inspecter les troncs ou les grosses branches, morts ou très abîmés. Par sondage avec un outil pointu, vérifiez que votre bois n’est pas creusé de galeries tapissées d’un ciment-termite, composé de salive, d’excréments et de terre. Le bois donne l’impression d’un millefeuille. Certains termites peuvent même s’attaquer à des arbres vivants, via leur système racinaire, notamment dans les villes comme Paris. Avec une prédilection pour les essences au bois tendre, comme le tilleul. Même s’ils s’attaquent aussi à d’autres arbres comme les platanes ou les frênes.
Au printemps, il est également possible de voir voler les imagos qui cherchent à s’accoupler pour fonder une nouvelle colonie. Mais ces termites adultes ressemblent fortement à des fourmis volantes ou à des éphémères.
Quels peuvent être les dégâts occasionnés par les termites ?
Tant que les termites restent dans les sous-bois, les dégâts sont très limités. En revanche, dès qu’ils s’installent près des habitations, le danger est plus prégnant. En effet, les termites peuvent investir tout ce qui est en bois ouvré dans une maison : huisseries et menuiseries, charpente, escaliers, parquets, planchers et plinthes, meubles… Ils apprécient aussi les lieux où le papier est roi, comme les services des archives ou les bibliothèques. Sans que rien apparaisse, puisque les termites, qui craignent la lumière, se gardent bien de creuser les parois extérieures. Ils se déplacent aussi dans les cloisons en plâtre.
En général, ils ont une prédilection pour les bâtiments où règne humidité et chaleur. Venus du sol, les termites attaquent les bâtiments du bas vers le haut, grâce aux fameux cordonnets.
En creusant des galeries et en se nourrissant de la cellulose, les termites fragilisent considérablement les meubles ou les ouvrages en bois. Dès lors, il y a de gros risques d’effondrement, rendant votre habitation potentiellement dangereuse, voire inhabitable en cas d’infestation d’envergure.

Bois infesté par les termites, à l’aspect feuilleté
En cas de suspicion d’une présence de termites, il est essentiel de consulter un professionnel qui confirmera leur présence ou pas, grâce, entre autres, grâce à des solutions acoustiques. Dès lors, il pourra mettre en place un traitement curatif, doublé d’un traitement préventif.
Enfin, d’après la loi n° 99-471 du 8 juin 1999, tout occupant ou propriétaire d’un bâtiment attaqué par les termites a l’obligation d’en faire la déclaration à la mairie. S’il ne se soumet pas à cette obligation, il est passible de sanctions.
Comment éviter qu'ils s'installent ?
Plusieurs gestes préventifs peuvent être mis en place pour éviter une infestation, surtout dans les départements infestés par les termites :
- Planter des piquets en bois dans votre jardin et les contrôler régulièrement pour vérifier une potentielle attaque
- Faire tremper les racines des arbres importés
- Supprimer les arbres morts dans le jardin
- Régler toutes les fuites d’eau sur les systèmes d’arrosage
- Dans la maison et à l’extérieur, traiter tous les points d’humidité, comme les infiltrations ou les fuites d’eau, ou les remontées d’humidité dans les murs par capillarité
- Surélever le bois de chauffage pour l’isoler du sol avec des matériaux autres que le bois. Il ne doit y avoir aucun contact entre le bois et le sol
- Éviter d’entreposer du bois de chauffage, des planches, des palettes ou des débris contenant de la cellulose (papier, cartons, vieux meubles…) le long d’une façade d’habitation ou dans une cave au sol de terre battue.
Habitation infestée par les termites
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