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L’espèce de Crinodendron la plus cultivée au jardin est hookerianum, nommée ainsi en hommage à Joseph Hooker (1817-1911), botaniste émérite et explorateur notamment de la Terre de feu au Chili, mais aussi de l’Himalaya. Surnommée « Arbre à lanternes » ou « Arbre aux lanternes du Chili », cette espèce constitue une plante très originale, à réserver cependant aux climats doux et humides comme le climat breton, normand ou basque et à des sols acides frais et humifères. Cet arbuste persistant offre une végétation assez dense, à feuilles allongées vert sombre et lustrées agrémentées de jeunes pousses vert clair au printemps. Les boutons de fleurs rouges constellent les rameaux durant l’automne-hiver pour s’épanouir seulement à partir du mois d’avril-mai jusqu’en septembre. Les 5 pétales charnus forment une sorte d’urne pendante placée à l’extrémité d’un long pédoncule.
Le succès de cette floraison implique cependant que le thermomètre ne descende pas en dessous de -3°C même si l’arbuste est capable de supporter des gels de courtes durée entre -7 et -10°C.
Comptez sur un développement maximal de 4 m de haut pour 3 m d’envergure sous nos latitudes. Le Crinodendron de Hook s’accorde très bien avec les plantes de terre de bruyère qui apprécient les mêmes conditions fraîches, humides et mi-ombragées de la côte atlantique. Vous pouvez aussi le cultiver en pot placé contre un mur mi-ombragé exposé à l’Ouest ou au nord. Évitez l’Est qui risque de griller les boutons et jeunes pousses.
Le genre Crinodendron possède uniquement quatre espèces d’arbres ou d’arbustes persistants, toutes originaires d’Amérique du Sud. Ce genre est cependant un proche cousin du genre Elaeocarpus qui comprend plus de 200 espèces d’arbres ou arbustes qui peuplent l’Asie tropicale, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Les crinodendrons comme les Elaeocarpus sont inclus dans la famille des Elaeocarpacées, proches des Tiliacées (tilleul). Le nom Crinodendron est formé à partir des mots grecs krinon, « belles fleurs » et de dendron qui désigne l’arbre.
L’espèce hookerianum, (syn. Tricuspidaria lanceolata), la plus communément cultivée, pousse dans les forêts pluviales des îles Chiloé ainsi que du littoral méridional chilien et tolère des gelées de -7 à -10 °C. Il existe une espèce moins spectaculaire dans sa floraison mais plus résistante à la sécheresse et vigoureuse, Crinodendron patagua, native des collines de Valparaiso plus au nord-est. Elle présente une floraison blanche en forme de petites clochettes à pétales ciselés en fin d’été.
L’arbre à lanternes du Chili, capable de s’élever de 9-10 m dans son habitat, ne pousse qu’à 3-4 m de haut en culture sur 3 m d’envergure. Les feuilles persistantes sont alternes, assez épaisses et fortement nervurées, de forme étroitement elliptiques, longues de 7 à 10 cm pour 0,7 à 1,8 cm de large. Leur teinte vert foncé brillante et le revers plus clair duveteux font ressortir l’éclat de la floraison, même au stade bouton qui débute à l’automne. Les limbes, portés par un court pétiole ont une texture coriace avec des bords grossièrement dentés et un revers pubescent vert clair.
Les boutons colorés fusiformes, surmontés du calice, d’environ 2 cm de long, font penser à des boutons de tulipes, excepté le fait qu’à l’éclosion, seule l’extrémité de la corolle s’écarte légèrement. Les fleurs apparaissent solitaires ou groupées par paires à l’aisselle des feuilles et se balancent au bout de longs pédoncules vert pourpré mesurant de 3 à 6 cm de long. Les nombreuses étamines et le pistil demeurent enfouis à l’intérieur de l’urne pendante, formée par 5 pétales charnus libres, cannelés et terminés par 3 dents. Le calice de teinte rouge pourpré dans les mêmes tons que le pédoncule forme une petite calotte à 3 sépales bilobés à la base de la corolle. L’arbre aux lanternes est remarquable par la durée de sa floraison capable de s’étaler d’avril à septembre pendant une durée d’environ 6 semaines, sachant que qu’elle démarre sur des sujets âgés d’au moins 5 ans.
Les fruits sont des capsules globuleuses dotées de 3 à 5 valves qui laissent échapper de grosses graines bombées qui germent rarement sous nos climats.
Le bois blanc du Crinodendron patagua s’emploie en menuiserie. Son écorce est riche en tanins.
Cet arbuste un peu délicat est à réserver de préférence aux climats frais et brumeux du littoral breton, normand voire basque. Il faut éviter le plein soleil, la sécheresse, les vents desséchants ou froids, les gels même faibles (-3°C) qui risquent d’affecter la floraison et de griller les jeunes pousses. L’arbuste surit cependant à des froids brefs jusqu’à -8 ou -10°C.
Pensez à lui faire passer un été baigné d’une bonne humidité atmosphérique, près d’un ruisseau par exemple ou au pied d’un mur mi-ombragé. Le sol tourbeux doit être frais mais bien drainé surtout en hiver. Il accepte cependant une immersion temporaire et un pH acide à neutre (sans calcaire).
Vu sa taille et ses exigences, il est préférable de le planter en fond de massif, ou au pied d’un mur exposé à l’Ouest. ll se comporte aussi très bien le long d’un ruisseau ou en bac sur une terrasse fraîche, à mettre en valeur parmi des érables du Japon ou des azalées.
Plantez votre arbre à lanternes à l’automne en octobre-novembre s’il ne gèle pas l’hiver sinon préférez le printemps.
Cette plante est de culture facile si les conditions de sol et de climat sont réunies.
Pour réussir sa plantation :
La multiplication la plus simple mais qui demande quelques moyens, consiste à bouturer le Crinodendron hookerianum en juillet-août ou en juin, la germination des graines étant difficile.
Les Arbres aux lanternes appréciant d’être protégés du froid, des vents frais et du soleil conviennent bien en fond de massif de terre de bruyère en compagnie de camélias, Pieris, Rhododendrons, azalées persistantes ou caduques ou encore d’hortensias. Ils peuvent aussi garnir le pied d’un mur exposé plutôt à l’ouest ou s’exposer dans un grand pot sur une terrasse mi-ombragée.
Pour compléter le cabinet de curiosité d’un jardin frais et humide de type chilien, les Crinodendrons peuvent s’associer à des arbustes comme le Desfontainia spinosa aux clochettes fusiformes orange vif, à l’Arbre de feu (Embothrium coccineum), au Nothofagus (hêtre austral à petites feuilles luisantes) et au spectaculaire Cardiocrinum giganteum, un lis géant délicieusement parfumé, originaire des montagnes boisées de l’Himalaya.
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Benureau, le 13 Juin 2023
Mon crinodendron semble avoir de l'oïdium est ce possible ?
Merci
Réponse de Ingrid, le 15 Juin 2023
Bonjour. Le crinodendron n'est pas généralement listé comme étant particulièrement sensible à cette maladie. Cependant, cela ne signifie pas qu'il est totalement à l'abri. Si les conditions sont favorables à la propagation de l'oïdium (c'est-à-dire des températures modérées et une humidité élevée), il est possible que le crinodendron soit affecté.
Vous pouvez comparer l'état de ces feuilles et trouver nos conseils pour le traitement dans cette fiche-conseil : L'oïdium ou la maladie du blanc