Ctenanthe : planter, cultiver, entretenir

Botanique

Le Ctenanthe appartient à la famille des Marantacées, qui regroupe des plantes tropicales appréciées pour leur feuillage décoratif et leur capacité à mouvoir légèrement leurs feuilles au fil de la journée. Son nom de genre vient du grec ktenos, qui signifie « peigne », en référence aux nervures parallèles bien marquées sur ses feuilles, évoquant les dents d’un peigne. Il est parfois surnommé « plante paon » en raison des motifs élégants présents sur ses feuilles, qui rappellent le plumage de l’oiseau, ainsi que de leur léger mouvement nyctinastique : bien que moins prononcé que chez le Calathea, son feuillage a tendance à s’orienter différemment en fonction de la lumière.

Ctenanthe setosa, planche botanique vers 1830

Le Ctenanthe est d’ailleurs souvent confondu avec deux autres espèces, la Maranta et le Calathea. Bien qu’ils appartiennent à la même famille, ils présentent des différences notables, notamment dans leur mode de croissance. La Maranta pousse près du sol, formant une plante retombante en intérieur, tandis que la Calathea développe des feuilles portées sur des tiges courtes, donnant une silhouette plus compacte. Le Ctenanthe, quant à lui, possède des tiges plus longues et élancées, qui poussent vers le haut, avec des feuilles qui retombent gracieusement sur les côtés. Ces caractéristiques distinctives permettent de mieux différencier ces plantes, bien qu’elles partagent des besoins similaires en termes de culture et d’entretien.

Dans son milieu naturel, le Ctenanthe pousse sous le couvert des forêts tropicales d’Amérique du Sud, notamment au Brésil. Il prospère à l’ombre des arbres, profitant d’un environnement chaud, humide et légèrement tamisé. Ces conditions en font une plante idéale pour nos intérieurs ou nos vérandas, où elle retrouve une atmosphère proche de celle de son habitat d’origine.

Le genre Ctenanthe comprend environ 15 à 20 espèces, dont certaines sont particulièrement prisées en intérieur :

• Ctenanthe burle-marxii : feuilles allongées avec des motifs en chevrons verts et gris, très graphiques.
• Ctenanthe oppenheimiana : grandes feuilles vertes panachées de crème avec un revers pourpré, parfaites pour un effet luxuriant.
• Ctenanthe setosa : feuillage lancéolé, vert foncé aux reflets argentés avec un dessous pourpre, apportant une touche sophistiquée.
• Ctenanthe lubbersiana : feuillage vert marbré de jaune, offrant un contraste lumineux et original.

Les principaux cultivars sont issus de ces espèces. Ctenanthe burle-marxii ‘Amagris’ est une variation plus douce et argentée de Ctenanthe burle-marxii, idéale pour illuminer un intérieur, il est par ailleurs l’un des moins capricieux ! De son côté, Ctenanthe oppenheimiana ‘Tricolor’, est très apprécié pour son mélange spectaculaire de vert, de blanc et de rose.

Ctenanthe setosa ‘Grey Star’, Ctenanthe lubbersiana (© Maja Dumat) et à droite Ctenanthe burle-marxii (© Leonora Enking)

Le Ctenanthe est une plante herbacée vivace au port buissonnant et légèrement étalé, formant de larges touffes denses grâce à ses tiges courtes et parfois rampantes. Sa croissance est relativement modérée, mais régulière, s’étendant davantage en largeur qu’en hauteur en raison de son développement rhizomateux. Son système racinaire est composé de rhizomes charnus qui lui permettent de produire de nouvelles pousses et de s’étendre progressivement, favorisant ainsi la densité du feuillage. En intérieur, il atteint généralement entre 50 cm et 1 m de hauteur selon les espèces et les conditions de culture, avec une envergure équivalente, voire supérieure.

Son feuillage est l’élément le plus distinctif et ornemental. Les feuilles sont disposées en alternance sur de longs pétioles élancés, persistants et de forme elliptique à lancéolée. Leur texture est souple, avec une légère épaisseur qui leur confère un aspect légèrement coriace. Le limbe présente une nervure parallèle très marquée, caractéristique de la famille des Marantacées, avec une nervure centrale proéminente et des nervures secondaires bien visibles courant sur toute la longueur de la feuille. Selon les espèces et cultivars, le dessus du limbe arbore une palette de verts variés, du vert clair au vert profond, souvent agrémentée de motifs contrastés sous forme de chevrons, de stries, de marbrures ou de panachures argentées, jaunes ou crème. Le revers, généralement teinté de pourpre ou de violet, induit un joli contraste lorsque les feuilles bougent légèrement au fil de la journée sous l’effet de la nyctinastie, un phénomène caractéristique des Marantacées.

La floraison du Ctenanthe est discrète et rare en intérieur, plus fréquente en milieu naturel. Les petites fleurs, regroupées en inflorescences terminales ou axillaires, se présentent sous forme de bractées verdâtres ou jaunâtres, abritant des fleurs blanchâtres à crème, parfois légèrement teintées de violet. Leur attrait décoratif est limité par rapport au feuillage. La fructification est exceptionnelle en culture et se produit principalement dans son habitat d’origine, sous forme de petites capsules sèches contenant des graines, disséminées par le vent ou les animaux.

Floraison d’un Ctenanthe dasycarpa (© Dick Culbert-Flickr)

Principales espèces et variétés

Ctenanthe oppenheimiana

Spectaculaire en raison des motifs présents sur ses feuilles ! L'idéal pour crée une ambiance tropicale élégante dans un salon ou une salle de bain.

• Hauteur à maturité 50 cm

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Culture du Ctenanthe en intérieur

Où placer un Ctenanthe dans la maison ?

Originaire des forêts tropicales d’Amérique du Sud, principalement du Brésil, le Ctenanthe est une plante habituée à une chaleur constante et à une forte humidité. Cette origine explique sa sensibilité au froid, rendant sa culture en extérieur impossible en climat tempéré. Le Ctenanthe étant une plante frileuse, il est cultivé exclusivement en intérieur sous nos climats. Ce mode de culture permet de mieux contrôler l’humidité du substrat et d’offrir à la plante des conditions optimales toute l’année.

Par conséquent, c’est une plante qui peut se révéler assez capricieuse, car elle exige des conditions précises pour s’épanouir. Attention aux courants d’air froids : il ne faut jamais l’exposer à des températures inférieures à 15 °C. 

Comme toutes les plantes de sa famille, elle a besoin de faibles conditions de luminosité, donc d’une lumière indirecte et d’une atmosphère humide, sous peine de produire des feuilles dont les pointes et les contours brunissent. Son exposition doit être sans soleil direct, qui risquerait de brûler ses feuilles délicates. Elle apprécie une lumière tamisée, similaire à celle filtrée par la canopée de la jungle. L’idéal est de la placer près d’une fenêtre orientée à l’est ou au nord, ou derrière un voilage si l’exposition est sud ou ouest, afin d’éviter une lumière trop intense. Attention, certaines variétés préfèrent une luminosité indirecte plus vive.

Dans la maison, elle trouve naturellement sa place dans des pièces bénéficiant d’une bonne luminosité et d’une hygrométrie élevée supérieure à 60 % (d’environ 60-80 %), comme une salle de bain ou une cuisine bien éclairée. Un salon ou une véranda peuvent aussi lui convenir, à condition de maintenir un bon taux d’humidité. Il faut l’éloigner des sources de chaleur sèche comme les radiateurs, qui pourraient provoquer le dessèchement de son feuillage.

Sa température idéale se situe entre 18 et 26 °C, des conditions qui rappellent son climat d’origine. Elle supporte difficilement les températures inférieures à 15 °C et peut souffrir au-delà de 26 °C si l’air est trop sec. Une atmosphère stable, sans variations brutales, est essentielle pour maintenir son feuillage en bonne santé.

Ctenanthe Oppenheimiana

Quand planter le Ctenanthe ?

La plantation ou le rempotage se fait de préférence au printemps, entre mars et mai, lorsque la plante reprend sa croissance active. Cela lui permet de bien s’installer dans son nouveau substrat. Il peut néanmoins être installé tout au long de l’année, à condition d’éviter les périodes de froid intense ou de chaleur excessive.

Comment planter le Ctenanthe ?

Quel susbtrat ?

Le Ctenanthe a besoin d’un substrat léger, drainant et riche en matière organique, recréant les conditions du sol forestier tropical. Un mélange équilibré permet d’éviter la stagnation de l’eau tout en conservant une bonne humidité. Voici les proportions idéales pour un substrat adapté :

• 60 % de terreau pour plantes vertes ou pour plantes d’intérieur : fournit les nutriments essentiels et retient l’humidité nécessaire au développement des racines.
• 20 % de perlite ou de sable grossier : améliore le drainage et évite le compactage du sol, favorisant une bonne aération des racines.
• 20 % de fibres de coco : allège le substrat, favorise la rétention d’eau sans excès et stimule l’enracinement.

Étapes de plantation en pot :

• Privilégier un pot en plastique ou en céramique percé au fond pour permettre l’évacuation de l’eau.
• Déposer une couche de billes d’argile ou de graviers au fond du pot pour assurer un bon écoulement de l’eau.
• Placer délicatement le Ctenanthe au centre du pot en veillant à ne pas trop enfouir le collet (base de la tige).
• Ajouter le substrat autour des racines, tasser légèrement puis arroser avec de l’eau à température ambiante, non calcaire, pour humidifier le terreau sans l’engorger.
• Placer le pot sur un plateau de billes d’argile humides ou vaporiser régulièrement son feuillage pour recréer les conditions de son milieu naturel.

Ctenanthe burle-marxii ‘Amagris’

Culture et entretien du Ctenanthe en intérieur

La famille des Marantacées, à laquelle appartient le Ctenanthe, est réputée pour être capricieuse et exigeante en culture intérieure. Ces plantes tropicales demandent une humidité élevée, une eau non calcaire et un arrosage précis pour éviter le dessèchement des feuilles ou, à l’inverse, la pourriture des racines. Bien que le Ctenanthe soit considéré comme plus tolérant que le Calathea ou la Maranta, il reste sensible aux conditions de culture : un air trop sec fait brunir les pointes de ses feuilles, et une exposition trop directe au soleil risque de les brûler. C’est une plante qui réagit rapidement aux erreurs d’entretien, ce qui peut la rendre exigeante pour les jardiniers débutants. Toutefois, en respectant quelques règles simples, elle s’adapte bien à la vie en intérieur.

Arrosage : comment et à quelle fréquence ?

Le Ctenanthe apprécie un substrat constamment légèrement humide, mais sans excès d’eau, car ses racines sont sensibles à la pourriture. Laissez bien sécher la terre entre deux apports d’eau. L’arrosage doit être modéré et régulier, en fonction de la saison :

• Au printemps et en été, arrosez 2 à 3 fois par semaine, dès que la surface du terreau commence à sécher.
• En automne et en hiver, réduisez la fréquence à une fois par semaine ou moins, en laissant sécher légèrement le substrat entre deux arrosages.

Utiliser de préférence de l’eau non calcaire, à température ambiante, comme de l’eau de pluie ou de l’eau filtrée pour éviter les dépôts blanchâtres sur les feuilles. Il est recommandé d’arroser directement le substrat sans mouiller excessivement le feuillage pour limiter les risques de maladies fongiques.

Brumisation

Le Ctenanthe a besoin d’une forte humidité ambiante pour conserver un feuillage sain et éviter le dessèchement des bords des feuilles. La brumisation est un excellent moyen de recréer ses conditions naturelles, surtout en hiver lorsque l’air devient plus sec. Il est recommandé de vaporiser deux à trois fois par semaine avec de l’eau non calcaire, de préférence le matin, pour éviter les taches blanches et l’apparition de maladies. Utilisez un pulvérisateur à fine brume et ciblez le dessous des feuilles. L’hygrométrie peut aussi être renforcée en plaçant le pot sur un plateau de billes d’argile humides. 

→ En savoir plus dans Brumiser les plantes d’intérieur.

Brumisez votre plante, surtout si l’atmosphère est trop sèche

Fertilisation : quel engrais et à quelle fréquence ?

Le Ctenanthe a besoin d’un apport en nutriments pour soutenir sa croissance et maintenir l’éclat de son feuillage.

• Au printemps et en été, apporter un engrais liquide pour plantes vertes toutes les deux à trois semaines, en le diluant à moitié pour éviter un excès de sels minéraux.
• En automne et en hiver, stopper ou espacer les apports d’engrais, car la plante entre en phase de repos et sa croissance ralentit.

Entretien du feuillage

Le Ctenanthe ne nécessite pas de taille stricte, mais un petit entretien permet de lui garder une belle allure. Il consiste simplement à :

• Supprimer les feuilles jaunies, abîmées ou sèches afin de stimuler la production de nouvelles pousses.
• Harmoniser la forme de la plante en retirant les tiges qui s’étendent trop ou se dégarnissent.

Utiliser des ciseaux bien aiguisés et désinfectés pour éviter la transmission de maladies.

Rempotage : quand et comment ?

Un rempotage est indispensable tous les 2 à 3 ans, de préférence au printemps, lorsque la plante montre des signes de manque d’espace (racines visibles en surface ou sortant du pot).

• Choisissez un pot légèrement plus grand avec un bon drainage.
• Remplacez le substrat par un mélange frais et aéré (terreau, perlite, fibres de coco).
• Manipulez les racines avec précaution pour ne pas les endommager.

Après le rempotage, arroser légèrement et maintenir une atmosphère humide pour favoriser l’adaptation de la plante.

→ En savoir plus dans Comment rempoter une plante d’intérieur ?

Parasites et maladies éventuelles du Ctenanthe

Bien que relativement robuste, le Ctenanthe peut être sujet à certaines attaques de parasites et à des maladies liées aux conditions de culture. Une surveillance régulière et des soins adaptés permettent d’éviter ces problèmes et de préserver la beauté de son feuillage.

Les parasites les plus courants

•  Araignées rouges : ces petits acariens apparaissent lorsque l’air est trop sec. On peut repérer leur présence par un jaunissement progressif des feuilles et la formation de fines toiles sous le feuillage. Pour les éliminer, il faut augmenter l’humidité ambiante en brumisant régulièrement la plante et, si nécessaire, utiliser un acaricide naturel comme du savon noir dilué.
•  Cochenilles farineuses : elles se manifestent par de petits amas cotonneux à la base des feuilles ou sur les tiges. Un traitement avec un coton imbibé d’alcool à 70° ou un mélange d’eau savonneuse et d’huile de neem peut suffire à s’en débarrasser.
• Pucerons  : plus rares en intérieur, ils peuvent néanmoins apparaître et affaiblir la plante en suçant sa sève. Une pulvérisation d’eau savonneuse permet de les contrôler.

Les maladies fréquentes

• Pourriture des racines : elle survient en cas d’excès d’eau et de drainage insuffisant. Les racines deviennent noires et molles, tandis que la plante dépérit rapidement. Pour éviter ce problème, il faut toujours utiliser un substrat bien drainant et ne pas laisser d’eau stagner dans la soucoupe. En cas d’attaque, un rempotage avec suppression des racines abîmées est nécessaire.
• Taches brunes sur les feuilles : elles sont souvent provoquées par une trop forte exposition au soleil ou des arrosages avec de l’eau calcaire. Il est recommandé de filtrer l’eau d’arrosage et d’éviter le plein soleil direct.
• Feuilles enroulées ou flétries : ce symptôme peut indiquer un manque d’humidité ou un stress hydrique. Il est alors conseillé d’augmenter la fréquence des arrosages et de brumiser le feuillage pour rétablir un bon niveau d’hygrométrie.

Des feuilles brunissant ou s’asséchant doivent vous faire réagir

Multiplication du Ctenanthe

Le Ctenanthe peut être multiplié facilement par division des touffes, une méthode simple et efficace qui permet d’obtenir rapidement de nouvelles plantes bien enracinées. La bouture de tiges est plus délicate et rarement pratiquée, car la plante développe principalement ses nouvelles pousses à partir de ses rhizomes.

Division des touffes (méthode la plus simple et efficace)

Cette technique consiste à séparer une partie de la plante mère en plusieurs éclats comprenant des racines et des tiges. Elle s’effectue au printemps, par exemple au moment du rempotage, lorsque la plante est en pleine reprise de croissance.

Étapes de multiplication par division des touffes :

• Sortir délicatement la plante de son pot.
• Dégager doucement la terre autour des racines pour mieux voir les rhizomes.
• Séparer la motte en plusieurs sections en veillant à conserver des racines et quelques tiges sur chaque éclat. Si nécessaire, utilisez un couteau propre et bien aiguisé.
• Replanter immédiatement chaque division dans un pot avec un substrat léger et drainant.
• Arroser légèrement et maintenir une atmosphère humide pour favoriser l’enracinement.

Après la division, les nouvelles plantes peuvent mettre quelques semaines à s’adapter avant de reprendre une croissance normale.

Comment mettre en valeur le Ctenanthe dans la maison

Grâce à son feuillage graphique et élégant, le Ctenanthe est une plante d’intérieur idéale pour apporter une touche exotique et raffinée à votre décoration. Son port buissonnant et ses feuilles aux motifs variés en font une plante intéressante, que ce soit en solo ou associée à d’autres plantes tropicales.

Pour le mettre en valeur, optez pour un pot en céramique ou en terre cuite aux teintes neutres (blanc, beige, terracotta), qui contrastera joliment avec son feuillage. Un panier en fibres naturelles, comme le rotin ou le jute, accentuera son allure bohème et tropicale.

Le Ctenanthe s’épanouit dans un intérieur lumineux, mais tamisé, idéalement près d’une fenêtre filtrée par un voilage. Dans un salon, il attire le regard sur une console ou une étagère. Dans une salle de bain ou une cuisine, il profite d’une humidité idéale tout en insufflant une ambiance luxuriante.

Il s’associe parfaitement avec d’autres plantes aux feuillages contrastés : un Calathea pour un effet jungle, un Monstera pour jouer avec les formes perforées ou une fougère d’intérieur pour adoucir l’ensemble. Varier les hauteurs et les textures végétales permet de dynamiser l’espace.

Vous laisseriez-vous tenter par son élégante luxuriance ?

Ctenanthe oppenheimiana (Kamm Marante), © Maja Dumat