C'est bien connu, la randonnée pédestre, c'est bon pour le corps et pour l'esprit. En effet, quoi de plus valorisant que de parcourir une distance qu'on pensait impossible à avaler, de grimper ce sommet qu'on croyait inaccessible ? Randonner, c'est surtout une activité sportive qui permet de satisfaire sa passion de la nature sauvage. Car, en marchant, nos yeux sont toujours attirés par une plante, un insecte, parfois un petit mammifère ou un reptile qui s'enfuit au moindre bruit. Et chaque rando à venir est toujours une promesse de multiples découvertes en termes de faune et de flore.

Aux portes de l'été, c'est vers le Cantal que mes pas m'ont menée. Une première escapade dans ce magnifique département, avec comme point de chute la charmante petite ville de Salers (comme le fromage et la vache !). L'occasion de sortir mon application d'identification des plantes sauvages et mon appareil photo. Découvrons ensemble les trésors de la flore sauvage cantalienne !

Le Cantal, le pays des volcans endormis

Je ne sais pas qui a dit : ""Les voyages se vivent trois fois : quand on les rêve, quand on les vit, et quand on s'en souvient". Ce Cantal, j'en ai maintes fois rêvé, je l'ai vécu à fond et il restera un merveilleux souvenir. Et je pourrai ajouter : "On y retourne forcément un jour". Bref, qui aime la nature à l'état pur, préservée, les étendues herbeuses à perte de vue, les volcans qui se dessinent à l'horizon, ces petits chemins qui serpentent vers les sommets, ces châteaux médiévaux qui s'imposent, ces burons perdus au milieu de nulle part, les troupeaux de Salers qui paissent paisiblement au fond des vallées... aimera forcément le Cantal.

Un premier arrêt, une première claque

Parce qu'avant de marcher, il faut bien prendre la route, nous sommes arrivés par Murat et le Col de Serre. Et là, c'est la première claque tant le paysage est sublime. Vite, en fin d'après-midi, on improvise une petite balade direction le Claux. Quelques pas suffisent pour être ailleurs, seuls au monde. Le ciel est bas, mais la vue s'offre à nous à 360 °C. D'un côté, la vallée de la Petite Rhue, de l'autre la vallée de l'Impradine où se devinent les troupeaux de Salers en estive

volcans cantal
Le Cantal, le pays des volcans endormis. Au fond, le Puy Mary encore un peu enneigé

Dans ce paysage à couper le souffle, le vert domine, marginé du jaune des genêts qui exhalent leur parfum particulier. Des touffes de pensées sauvages (Viola tricolor) parsèment les bords du chemin. Au loin se dessinent déjà le Puy Mary… Nous sommes en juin, mais des plaques de neige persistent encore, nous rappelant qu'ici le climat est rude.

pensées sauvages Cantal
Les toujours magnifiques pensées sauvages

Des vaches partout !

Randonner dans le Cantal, c'est forcément partager son chemin avec les vaches, les veaux, les taureaux… Et ils sont partout. Au point qu'il faut parfois traverser les troupeaux pour suivre son chemin. Pas un pas sans entendre les clarines (les cloches que portent les vaches au cou) qui chantent leur douce mélodie du fond des vallées, au pied des volcans ensommeillés, coiffés d'une brume persistante. 

Plus tard, une agricultrice, croisée à Salers devant un potager entouré de murs de pierres grises, nous expliquera que la Salers est la seule race de vache élevée pour le lait et la viande. C'est pourquoi, pour traire une vache, il faut absolument que le veau soit présent pour amorcer la venue du lait. Ensuite, les trayons sont partagés entre le veau et la traite. Cette méthode explique certainement la qualité et la saveur inimitable du Salers et du Cantal, deux fromages AOP.

vaches Salers Cantal
L'incontournable vache Salers.

À l'assaut du Puy Violent

Puy Violent 1592 m d'altitude. À la simple lecture du nom, on s'imagine déjà que la montée sera... violente. Pas du tout, puisque ce nom n'est nullement lié à une quelconque difficulté. Le "Puy Violent" ne serait qu'une déformation de l'occitan "suc d'en bioulant" qui signifie "puy bêlant". En effet, il y a quelques longues décennies, ce n'étaient pas les vaches qui paissaient dans les estives, mais des moutons. Et des vaches, il y en a à droite, à gauche, heureusement parquées.

Sac sur le dos, chaussures lacées, nous partons à l'assaut de ce Puy (pas si) Violent qu'il n'y paraît. Nous traversons les vastes étendues des estives, au rythme des clarines. La pente est douce et déjà se dessine notre puy, majestueux, fier. De loin, nous avons l'impression de voir le chemin d'ascension se dessiner. De près, nous nous apercevrons que cette sente est temporairement condamnée. Peut-être un nouveau passage aménagé ? Nous ne saurons pas, à moins de revenir !

sommet puy violent
Au sommet du Puy Violent.

Dans ces larges estives où le regard se perd, une première fleur attire mon œil. Une orchis mâle (Orchis mascula), une orchidée terrestre qui fleurit en altitude entre avril et juillet. Assez commune, elle n'en est pas moins très jolie avec ses inflorescences en épis, constituées de dizaines de petites fleurs purpurines ou roses, et ses feuilles oblongues lancéolées d'un vert moyen ponctué de taches brunâtres. Cette plante vivace des bois et des prés peut atteindre 50 cm de hauteur.

orchidée mâle (orchis mascula) cantal
L'orchidée mâle (Orchis mascula) est relativement commune en altitude.

Quelques centaines de mètres plus loin (et plus haut), un petit plant de gentiane des neiges (Gentiana nivalis) nous rappelle qu'il y a moins d'un mois, les estives étaient encore blanches. Cette petite annuelle de la famille des Gentianacées pousse en altitude, entre 1600 et 3000 m. Ses petites fleurs d'un magnifique bleu éclosent de juin à août dans les pâturages un peu humides de haute montagne. Elle est surtout beaucoup plus rare que sa cousine la gentiane jaune qui n'avait pas encore déployé ses épis jaunes. Mais j'y reviendrai. 

gentiane des neiges (gentiane nivalis)
La gentiane des neiges (Gentiana nivalis) moins connue que sa cousine la gentiane jaune (Gentiana lutea).

En poursuivant l'ascension, au milieu des pâturages, les fleurs se font plus nombreuses, toutes plus colorées les unes que les autres. Avec une prédominance de bleu et de jaune. En effet, on retrouve la bugle rampante (Ajuga reptens) (en haut à gauche sur la photo), cette sauvageonne, facile à apprivoiser qui peut former des tapis denses dans les terres fraîches, humides et lourdes, voire argileuses. Une vivace au feuillage persistant qui fleurit en épis bleus, mais aussi roses ou blancs, idéale comme couvre-sol pour illuminer les coins ombragés. Facile à vivre, très rustique, elle ne demande aucun entretien et évite notamment la corvée du désherbage dans les endroits les plus inaccessibles. 

fleurs sauvages Cantal
La bugle rampante (en haut à gauche), les genêts (en haut à droite), la véronique petit-chêne (en bas à gauche) et le myosotis alpestre.

Au milieu des genêts, s'épanouissent aussi quelques plants de véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys L.), assez fréquente dans les prés des zones montagneuses. Parfois appelée Fausse germandrée, elle forme aussi des tapis de petites fleurs d'un bleu assez vif. Quant à son feuillage sinué comme celui des chênes, il lui vaut son nom. 

Dans le voisinage de la véronique petit-chêne, un joli plant de myosotis alpestre (Myosotis alpestris F.W. Schmidt), une petite vivace résistante qui s'installe dans les pâturages maigres ou les éboulis. Rustique jusqu'à - 25 °C, elle fleurit d'un bleu indigo très doux, après être passée par le rose. Elle fleurit en général de mai à août. Cette petite vivace d'un grand romantisme, souvent appelée "herbe d'amour" ou "ne m'oubliez pas", bénéficie aujourd'hui d'une large gamme de variétés horticoles, aux différentes nuances de bleu.

Après le bleu, passons au jaune ! Avec une nouvelle découverte florale, au détour d'un chemin. La pulsatille des Alpes (Pulsatille alpestris), une anémone des Alpes de la famille des Renonculacées, qui se rencontre dans les pâturages montagnards. Suivant l'acidité du sol, elle fleurit en blanc ou en jaune. Son feuillage très finement découpé est caduc, ses tiges, couvertes de poils soyeux, ne portent qu'une seule fleur. La floraison intervient de mai à juillet, les fleurs donnent ensuite naissance à des fruits plumeux. À noter toutefois que la pulsatille des Alpes est une plante toxique pour l'homme et les animaux. Pour inviter cette jolie vivace dans votre jardin, découvrez notre gamme d'anémones pulsatilles, dotées de différentes teintes allant du blanc au violet et au rouge.

pulsatille des Alpes Cantal
La pulsatille des Alpes

On ne peut achever cette balade botanique dans le Cantal sans évoquer la gentiane jaune (Gentiana lutea). Certes, elle n'était pas en fleurs, mais son feuillage est très reconnaissable. Plante emblématique de l'Auvergne, cette plante vivace peut atteindre plus de 1 m de hauteur. Ses fleurs jaunes, perchées sur de robustes tiges, éclosent de juin à août, après 8 à 10 ans. Souvent appelée "Or des montagnes" ou "Fée jaune", la gentiane est donc dotée d'une croissance lente. Elle ne pousse qu'en altitude et bénéficie d'une longévité de près de 50 ans. Elle est surtout connue pour les vertus thérapeutiques de ses énormes rhizomes qui permettent de fabriquer différentes boissons à la saveur amère. Dont la fameuse Gentiane, un apéritif traditionnel de l'Auvergne, qui peut remplacer avantageusement l'amer dans la confection du très tendance Spritz (à consommer avec modération, il va sans dire !).

gentiane jaune cantal
La gentiane jaune (Gentiana lutea)

Le reste de notre séjour nous a permis de découvrir la cascade de Salins ou les gorges de la Jordanne, véritables berceaux d'une nature très verdoyante, et évidemment de faire l'ascension du mythique Puy Mary d'où la vue est littéralement époustouflante. 

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Cascade de Salins et Gorges de la Jordanne
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Du haut du Puy Mary