Il y a des plantes pour lesquelles le coup de cœur immédiat… Pour moi, ce fut le cas avec le Selinum wallichianum. Le problème, c’est que notre première rencontre eût lieu sur papier glacé et que, rare, cette vivace s’avérât impossible à trouver, même en tentant des recherches avec son ancien nom, « Selinum tenuifolium ».
Après être passée pour une originale (... ou une jardinière qui cherchait à faire l'intéressante) auprès de nombreux pépiniéristes, je me résolus à acheter, à prix d'or, des graines et à la semer. Sa germination pouvant prendre jusqu’à 50 jours, je n’obtins, sur mes 20 graines, que 5 plants dignes de ce nom qui ne fleurirent que deux ans plus tard !
Pourquoi tant d’acharnement et de patience ? Tout simplement parce c’est, à mes yeux, une des plus belles ombellifères qui soit tant elle cumule d'atouts ! Tout d’abord, en fin de printemps, elle me ravit par son feuillage très décoratif. Présent 9 mois sur 12, bien vert, il est très finement découpé et forme une élégante dentelle qui n’a rien à envier aux plus jolies variétés de fougères plumeuses. Ce feuillage est porté par des tiges vert bronze pourpré, recouvertes d’une légère pruine. Solides, elles ne craignent pas le vent. En fin d’été, apparaissent enfin ses fleurs qui prennent d’abord la forme d’une ombelle plates pour s’arrondir ensuite en ombelle sphérique, à tiges teintées de rose et fleurs blanc crémeux.

Fleur, feuillage et tiges du Selinum wallichianum
Parfois donné pour atteindre jusqu’à 1,8 mètre, le Selinum wallichianum ne dépasse pas les 1,2 mètre dans mon jardin… ce qui me semble finalement assez conforme avec ce que j’avais pu lire dans « le jardin de vivaces et de graminées » de Piet Oudolf.
Vivace, cette Himalayenne affiche une belle rusticité, de l’ordre de - 15 °C. Par contre, les avis divergent sur sa longévité : certains la considèrent plutôt comme une plante bisannuelle, au mieux, pluriannuelle alors que d’autres assurent l’avoir au jardin depuis près de 10 ans.
Dans mon jardin, le Selinum wallichianum est installé depuis 4 ans dans un massif de mi-ombre, en sol assez frais mais bien drainé. Il ne reçoit pas de compost, mais son pied est régulièrement paillé et, détail qui a peut-être son importance, je coupe ses fleurs avant la montée en graines.
Est-ce cette précaution qui prolonge vraiment sa durée vie ou tout simplement une question de chance combinée à un sol qui lui convient parfaitement bien ? Mystère ! En tous les cas, c’est une plante qui mérite vraiment d’être essayée, surtout si, comme moi, vous êtes particulièrement sensible au charme des jardins naturalistes.
Virginie D. , le 29 Août 2017
Si je te dis que c'est aussi l'une de mes chouchoutes, tu me crois ? lol Ça fait plus de 2 ans qu'elle est au jardin aussi et elle revient fidèlement (c'est là qu'elle disparaît l'année prochaine ... euh !). Ce qui n'est pas le cas du Chaerophyllum hirsutum 'Roseum' que j'adore tout autant, je l'ai tenté plusieurs fois mais je soupçonne les limaces de l'aimer autant que moi sinon plus. Pour en revenir au Selinum, je ne coupe pas ses fleurs par contre, elle ne veut pas se ressemer pour autant ... sans doute trop de concurrence dans le massif. Bonne soirée ;-)
Agathe , le 28 Juin 2022
Je ne comprends pas qu'on puisse dire que c'est une plante de "jardins naturalistes" (notion qui reste à préciser par ailleurs), alors que ce n'est pas une plante indigène !! La biodiversité locale n'est adaptée ni à la compétition (autres fleurs locales), ni à la collaboration (cas des pollinisateurs) avec cette espèce ! Certains papillons ont par exemple des pièces buccales spécialisées, qui ne lui seront alors d'aucune utilité !
Réponse de Olivier , le 30 Juin 2022
Bonjour madame, tout le problème réside en effet sur la définition de "jardins naturalistes" pour les jardiniers et les paysagistes. Ce type de jardin veut imiter (sans jamais y arriver) un morceau de nature... en introduisant la plupart du temps des plantes qui n'ont rien à faire là. Bref, pour aménager un vrai jardin naturaliste, utile à la faune locale, il convient de choisir des plantes indigènes. Vous avez entièrement raison ! Mais là aussi, la notion d'indigénéité pour la flore est souvent compliquée à appréhender. Je m'explique : je jardine du côté du nord de la France. Par conséquent, les plantes indigènes et utiles à la biodiversité locale seront des plantes du cru et... quelques plantes originaires plutôt du centre, voire quelques unes provenant de l'est de l'Europe. Mais surtout pas des plantes alpines ou du sud de la France (pourtant techniquement plus indigènes). Pour revenir sur le Selenum wallichianum, cette apiacée (ombellifère) va nourrir en nectar un peu d'insectes (ceux dont les pièces buccales sont plus génériques), mais ne servira pas de plante hôte par exemple. En conclusion, ce n'est effectivement pas la première représentante de cette famille botanique à laquelle j'aurais pensé. Il eut mieux valu tabler sur Daucus carotta, Foeniculum vulgare, Pastinaca sativa, Angelica sylvestris... Pour ma part, j'ai créé des zones Hot-spot de biodiversité dans mon jardin sur lesquelles je n'ai pratiquement rien fait. J'ai laissé pousser, enlever ou déplacer ce qui ne devait pas y être et, de temps à autre, ajouter une plante sauvage qui me plaisait. C'est, je crois, la meilleure façon de créer un "vrai" jardin naturaliste. Merci pour votre commentaire en tout cas, cela fait toujours plaisir de discuter avec des gens proches de la Nature. Olivier