La région Nouvelle-Aquitaine abrite la plus grande forêt artificielle d’Europe occidentale, dans les Landes de Gascogne. Si les pins maritimes font certainement partie des arbres les plus emblématiques, il existe d’autres rois de la forêt, qui imposent le respect et méritent d’être valorisés.
Ces arbres remarquables par leur silhouette, leur taille, leur longévité ou leur histoire sont de véritables symboles de force tranquille et de résistance, faisant indéniablement partie de nos richesses naturelles. S’ils ne sont pas tous classés officiellement « arbres remarquables de France » (label décerné par l’association A.R.B.R.E.S), ces végétaux vénérables méritent tous d’être contemplés.
Petit tour d’horizon de ces arbres extraordinaires à observer au gré de vos promenades en Nouvelle-Aquitaine.
Le gros châtaignier de Saint-Cernin-de-l'Herm (Dordogne)
Saint-Cernin-de-l'Herm est une petite commune de quelque 200 habitants, située dans le Périgord noir, région réputée pour ses paysages de vallons et de forêts.
Ici, c’est un châtaignier (Castanea) qui attire les amateurs de beaux arbres. Situé dans un massif forestier, au lieu-dit les Viarnais, ce végétal s’impose avec sa silhouette mesurant 25 mètres de hauteur pour 9 mètres de circonférence à la base. Cet arbre multi-centenaire aurait 300 ans pour certains, 1 000 ans pour d’autres. Et son âge avancé ne l’empêche pas de continuer à fructifier !
Un circuit de randonnée d’une dizaine de kilomètres (« la boucle du gros châtaignier ») permet de contempler cet arbre vénérable.
Le peuplier noir de Brantôme (Dordogne)
Brantôme fait partie du parc naturel régional Périgord-Limousin et se situe cette fois dans le Périgord vert.
C’est un peuplier noir (Populus nigra) qui a ici été classé « arbre remarquable de France » en 2016. Il s’agissait alors du premier peuplier à bénéficier de ce label. Son tronc atteint plus de 10 mètres de circonférence et l’arbre culmine à 40 mètres de hauteur. Il serait âgé de plus de 150 ans (mais il pourrait en fait avoir entre 180 et 250 ans). Chez les peupliers, cet âge est rarement atteint : la plupart des sujets ne dépassent pas les 18 ans, puisqu’ils sont régulièrement exploités par les hommes dans la filière bois.
L’arbre est situé dans le jardin des moines, à côté de l'abbaye de Brantôme. Un environnement protecteur et privilégié, qui a certainement participé à sa belle préservation.
Le magnolia à grandes fleurs de Montmorillon (Vienne)
Nous adorons ces magnolias pour leur floraison extraordinaire et leur feuillage persistant. À Montmorillon, c’est une variété à grandes fleurs (Magnolia grandiflora) de plus de 150 ans qui s’impose dans le square Alphonse Boudard, à côté de l’église.
Sa hauteur atteindrait plus de 13 mètres, sa circonférence près de 2 mètres et son envergure serait de 10 mètres. Une merveille à contempler surtout en été, pour profiter de sa floraison spectaculaire.
Le Ginkgo biloba de Poitiers (Vienne)
Le Ginkgo biloba est un végétal fascinant. Cet arbre majestueux force en effet le respect grâce à sa longévité et sa résistance naturelle, lui qui est apparu il y a des millions d’années pendant le Jurassique. Résistant aux maladies, aux radiations et à la pollution, c’est une véritable force de la nature.
Il est aussi connu sous le nom d’« arbre aux quarante écus ». Pour certains, ce surnom ferait référence aux prix, démesuré pour l’époque, qu’avait déboursé un botaniste français pour obtenir quelques plants. Pour d’autres, ce serait pour la couleur jaune d’or que prennent ses adorables feuilles en éventail à l’automne.
Vous pouvez admirer un de ses spécimens particulièrement remarquables dans le jardin des plantes de Poitiers. Malgré ses 150 ans, l’arbre est en très bon état, comme si le temps n’avait que peu d’emprise sur lui. On ne mentionne en effet ni cavité, ni bois mort, ni branche cassée chez ce sujet. Sa silhouette en pyramide atteint 35 mètres de hauteur, quand son tronc offre un diamètre de plus d’un mètre.
Notre ginkgo a certainement encore de beaux jours devant lui, ces arbres pouvant vivre très vieux : certains spécimens chinois auraient en effet plus de 3 000 ans !
Les arbres du parc Lafayette à Limoges (Haute-Vienne)
Si vous passez près de Limoges, prenez le temps d’aller contempler les arbres centenaires du parc Lafayette, aménagé en 1955.
Vous y découvrirez deux séquoias : le plus grand mesure plus de 8 mètres, quand le second atteint seulement 1 mètre de moins.
Vous pourrez aussi y admirer un magnifique cèdre bleu de l’Atlas (Cedrus libani Atlantica Glauca).
Un tulipier (Liriodendron tulipifera) d’environ 300 ans, qui atteignait une hauteur de plus de 5 mètres, se trouvait aussi dans ce parc. Il a malheureusement été abattu ; seul semble subsister son tronc, désormais poétiquement recouvert par du lierre.
Dans un autre « poumon vert » de Limoges, le parc Victor-Thuillat, vous découvrirez aussi de magnifiques arbres centenaires : ifs, gingko biloba, cyprès chauve de Louisiane ou encore séquoia géant.
Le chêne de Saint-Vincent-de-Paul (Landes)
Cet arbre remarquable est assez emblématique pour avoir son petit surnom : « Lou bielh cassou », ce qui signifie « le vieux chêne » en gascon.
Le chêne de Saint-Vincent-de-Paul est un chêne pédonculé (Quercus robur) multi-centenaire, dont l’âge est estimé entre 700 et 800 ans. Ce n’est pas sa hauteur qui impose ici le respect, mais plutôt sa circonférence, évaluée à plus de 12 mètres.
Cet arbre majestueux, classé monument historique en 1925, a connu une restauration en 1987. Son tronc a alors été consolidé à l’aide d’un coffrage en béton imitation bois. Il y abrite désormais en son creux une statuette de la Vierge Marie.
Notre chêne est situé juste à côté d’un autre élément historique : la maison natale de Saint-Vincent-de-Paul, qui aurait passé une partie de ses journées d’enfance sous la protection de ce bel arbre.
Le chêne vénérable de Tombeboeuf (Lot-et-Garonne)
Un autre chêne qui ne manque pas de distinctions : celui de Tombeboeuf. Il a d’abord reçu le label « arbre remarquable de France » en 2003. Puis, en 2019, il est récompensé par le Prix du Jury pour le concours de l’« arbre de l’année », face à une dizaine d’autres concurrents.
Côté mensurations, notre arbre atteint 25 mètres de hauteur pour 38 mètres d'envergure et 6,30 mètres de circonférence. Son âge estimé est de 250 à 300 ans.
Cet arbre représente un véritable refuge de biodiversité : ses feuilles abritent de nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes, de champignons ou encore de mammifères, tandis que sa silhouette voutée sert régulièrement d’abris aux vaches du coin.
Malheureusement, sa santé semble aujourd’hui préoccupante : début 2022, une fissure sur le tronc a été repérée et risquerait de fendre l’arbre en deux. Une expertise avait été lancée pour savoir quelles solutions pourraient être mises en place, sans que l’on en sache davantage pour l’instant.
Le cèdre du Liban de Bégadan (Gironde)
Le Cèdre du Liban (Cedrus libani) est un arbre considéré comme sacré, cité dans les trois grandes religions monothéistes. Il fait donc figure de symbole de paix, capable de relier les hommes au-delà de leurs croyances. Son bois, naturellement très résistant, est utilisé depuis l’Antiquité pour la fabrication de monuments sacrés, de bateaux dans de nombreuses civilisations, ou encore de sarcophages et tombeaux.
La silhouette de ce Cèdre du Liban se repère de loin. Il fait presque de l’ombre à la tour de By, qui nous offre une vue dégagée sur la très ancienne commune viticole de Bégadan dans le Médoc. Notre arbre s’impose ici comme un véritable protecteur des vignes, sur lesquelles il semble veiller avec sagesse.
Âgé de 150 ans, il a résisté aux fortes pluies et aux fréquentes tempêtes qui frappent quasiment chaque année la presqu’île du Médoc. Mais ses énormes branches ploient presque sous leur propre poids, ce qui explique sûrement que certaines ont dû être coupées.
Le zelkova du parc André Curvale à Talence (Gironde)
La commune de Talence dans la métropole de Bordeaux abrite dans son parc un orme du Caucase (Zelkova carpinifolia). Cet arbre labellisé en 2007 « arbre remarquable de France » aurait été planté vers 1830. Sa circonférence atteint 4 mètres 45.
Les pins tordus de Soulac-sur-Mer (Gironde)
Les forêts de pins maritimes sont emblématiques de la région, particulièrement dans le Médoc et des Landes. Cultivées et exploitées par l’homme, elles ont jadis été plantées pour assécher les marais insalubres.
Leurs fines silhouettes s’élèvent vers le ciel et exhalent leur puissante essence, dont nous pouvons profiter au gré de nos promenades. Habitués à résister aux assauts du vent et de la pluie, leurs troncs se sont adaptés, devenant parfois de vraies sculptures que nous nous étonnons de voir encore debout.
À Soulac-sur-Mer, commune située au niveau de l’embouchure de la Gironde, les végétaux sont en plus exposés à l’érosion. Ce ne sont pas vraiment des arbres remarquables, mais plutôt des curiosités naturelles grâce à leur forme insolite. Les troncs de certains pins sont en effet si tordus qu’ils courent sur le sol et font de vraies boucles, comme s’ils avaient disposé un temps de la souplesse d’un serpent.
Il existe d’autres spécimens de pins tordus un peu partout dans le Médoc. Vous pourrez par exemple en observer au niveau de la plage du Gressier au Porge-Océan, dans la forêt de pins maritimes traversée par la piste cyclable Vélodyssée.
Notes : Et si vous aimez les arbres sous toutes leurs dimensions (historique, économique, écologique, médicinale, …), je vous conseille le très bel ouvrage « Arbres » de Serge Schall, paru tout récemment (coédition Plume de carotte et Terre vivante).
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