La Bretagne, entre la Normandie et les Pays de la Loire, est baignée par la Manche au nord, par la mer Celtique à l'ouest et par l'océan Atlantique au sud ; la mer entoure donc les quatre cinquièmes de la région. Elle est composée de 4 départements et son paysage est constitué de collines et de plateaux. Son climat est océanique, avec des écarts de températures modérés et des pluies fréquentes et fines. Si les arbres sont nombreux en Bretagne, il y a peu de grandes forêts, exception faite de la célèbre forêt imaginaire de Brocéliande, autrement dit la bien réelle forêt de Paimpont. Ici, les arbres considérés comme remarquables sont répartis sur l'ensemble du territoire avec une prépondérance de chênes. Partons à la découverte de ces arbres extraordinaires, labellisés Arbres remarquables.
Concoret : le chêne pédonculé, dit "à Guillotin"
Le chêne à Guillotin est nommé ainsi en référence à une légende concernant Pierre-Paul Guillotin, prêtre réfractaire réfugié à Concoret en 1791. Il est situé en bordure de la célèbre forêt de Paimpont, assimilée à la forêt imaginaire de Brocéliande. Ce chêne pédonculé (Quercus robur) se trouve sur la commune de Concoret, dans le Morbihan quand la majorité de la forêt de Paimpont est sur le département de l'Ille-et-Vilaine. Son âge est estimé à plus de mille ans. Plusieurs légendes existent à son sujet. Sa circonférence est de presque 10 m et il est haut de 15 m. Son tronc massif, creux depuis des siècles et sa stature imposent le respect. Nominé au concours de l'arbre de l'année en 2016, il a également été labellisé « Arbre remarquable de France » en 2017. C'est un arbre en sénescence sur lequel plusieurs travaux ont été effectués ces dernières années. Il a été libéré de sa terrasse qui empêchait l'apport en nutriments et en eau à son pied. Il a perdu en 2019 une de ses dernières branches vivantes, sa santé est devenue critique. La forêt de Paimpont abrite quelques autres spécimens d'arbres extraordinaires.
Paimpont : le hêtre de Ponthus
Toujours en forêt de Paimpont mais cette fois-ci en Ille-et-Vilaine, le hêtre de Ponthus est situé près de la fontaine de Barenton. Il doit son nom à la légende du chevalier Ponthus au XIVe siècle, bien que son âge estimé se situe plutôt autour de 300 ans. Considéré comme l'un des plus beaux arbres de cette forêt, ce hêtre commun (Fagus sylvatica) est visible, mais non accessible, car situé sur un terrain privé. Le propriétaire du terrain ayant constaté des dégradations, il n'est plus indiqué non plus. Arbre mystérieux s'il en est ! Dans les années 2010, plusieurs épicéas l'entourant ont été coupés et il a subi la perte de deux grosses branches après la chute de plusieurs de ces épicéas sur lui. Davantage soumis au soleil et au vent, son environnement a bien changé. Souvent utilisé comme symbole de cette forêt légendaire sur les prospectus touristiques, il est pour nombre de personnes un arbre dont l'image est gravée dans l'imaginaire, sans l'avoir admiré de près.
Vitré : le thuya géant
Toujours en Ille-et-Vilaine, mais cette fois-ci au sein du jardin des plantes de Vitré, le Jardin du Parc, vit un arbre étonnant. D'une hauteur de 27 m et d'une envergure de 40 m, le thuya géant (Thuja plicata) est en fait constitué de 4 sujets, qui aujourd'hui forment à la fois une petite forêt et comme un seul arbre en forme de cône, très large à sa base et presque pointu au sommet. Centenaire, âgé de 120 ans, planté vers 1870, ses branches plongent et ses branches basses marcottent en touchant le sol. C'est assurément un sujet éloigné du thuya des haies de jardin, auparavant très utilisé, mais aujourd'hui en désamour. Ce géant a été classé « Arbre remarquable de France » en 2011. D'autres arbres intéressants sont à admirer dans ce jardin des plantes qui accueille des espèces très variées.
Bulat-Pestivien : le chêne de Tronjoly
Partons dans les Côtes-d'Armor pour admirer le beau chêne de Tronjoly situé sur la commune de Bulat-Pestivien. Installé au bord d'un ruisseau, son tronc mesure 12,5 m de circonférence, parmi les plus gros arbres d'Europe et parmi les plus anciens. Son âge est estimé entre 1300 et 1600 ans. Un système d'étaiement de qualité, mis en place il y a quelques années sur quelques branches charpentières basses longues de plus de 10 m, permet à ce colosse de mieux supporter les aléas climatiques. Ce chêne pédonculé (Quercus robur) est situé sur un lieu privé, accessible à toute personne respectueuse de l'arbre et son environnement. Les arbres très vieux et colossaux sont aussi forts que fragiles et un changement important de leur environnement (comme une fréquentation et un piétinement intense) peuvent avoir des conséquences très dommageables pour la vie de l'arbre. Aujourd'hui, le tronc du chêne de Tronjoly s'est scindé en deux parties, dont l'une continue de produire des feuilles, il met en place ses propres mécanismes de survie. Comme tous ces arbres qui nous fascinent, c'est à plus d'un titre et les ressources ingénieuses de ces arbres magnifiques et émouvants font assurément partie à la fois du mystère et de l'admiration que l'on a pour eux. Il a été élu en 2004 « Arbre remarquable de France ».
Pont l'Abbé : le châtaignier de Kerséoc'h
Balade dans le beau département du Finistère, en Finistère sud, à la découverte du châtaignier de Kerséoc'h, situé à mi-chemin entre Pont-l'Abbé et Combrit. Cet arbre, classé monument naturel en 1910, est un châtaignier commun (Castanea sativa) d'âge vénérable et rare en Europe puisqu'il aurait aux alentours de 1200 ans. Affaibli par deux incendies et une grande tempête au XXe siècle, il a perdu de la circonférence et une grosse branche. Il atteint tout de même aujourd'hui 14 m de diamètre et culmine à 16 m de hauteur. Comme les autres arbres séculaires, ces aléas ne l'empêchent pas de conserver toute la beauté conférée par son grand âge, la force et la résilience qui s'en dégage. Il a été labellisé « Arbre remarquable de France » en 2005 par l'association A.R.B.R.E.S et a été nominé au concours du plus bel arbre de France en 2018.
Trébéron : Le cyprès de lambert
Au lieu-dit Trébéron sur la presqu'île de Crozon dans le Finistère sud, on peut admirer un magnifique Cyprès de Lambert (Cupressus macrocarpa Hartweg) à la silhouette très droite et à la haute stature. Situé sur la propriété privée de l'ancien manoir de Trébéron, il est néanmoins visible de loin. Planté en 1867 à l'occasion d'un mariage, âgé de 156 ans, il présente une belle silhouette tabulaire, équilibrée, ample. Sa situation isolée captant tous les rayons du soleil ajoute à sa beauté et sa majesté. Il apprécie le climat maritime de l'atlantique, comme les autres spécimens remarquables de France, souvent plantés à la fin du XIXe siècle. D'une hauteur estimée à 30 m pour une circonférence de 7,20 m, il développe une envergure de 20 m. Il a perdu une branche importante suite à la tempête de 2014. Il a été nominé au concours de l'arbre de l'année en 2014.
Rochefort-en-Terre : la glycine
La glycine de Rochefort-en-Terre dans le Morbihan, département le plus méridional des 4 départements bretons, fait la fierté du village et de la mairie dont elle orne la façade. Son charme sied à ce village pittoresque riche en artisans et ateliers d'artistes. C'est aussi la plus remarquable du département, avec une circonférence de 2,10 m en 2012, et la troisième en circonférence de Bretagne. Taillée, elle a une allure structurée avec ses deux charpentières qui courent de chaque côté de son tronc, torsadé de la gauche vers la droite, signant son origine de Chine (Wisteria sinensis), tout comme sa première floraison de printemps sans feuilles, en grappes pendantes sur les branches nues. Labellisée « Arbre remarquable de France » en 2003, elle a atteint 200 ans et n'a pas fini de régaler les habitants et les visiteurs de sa splendide floraison violette, qui embaume au mois de mai d'un parfum de miel.
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