Aujourd'hui, je vous emmène dans un des jardins que je connais le mieux puisqu'il est situé dans ma ville de cœur, Angers : l'Arboretum Gaston Allard. C'est une des mes promenades favorites quand je me rends à Angers, et bien qu'il ne soit pas situé au centre de la cité comme le jardin des plantes par exemple, il reste très facilement accessible à tous les angevins.
L'occasion m'est donnée en ce mois d'octobre d'en faire une visite plus approfondie avec l'ASPEJA, l'Association de Sauvegarde des Parcs et Jardins d'Anjou. Si je me rends très régulièrement à chaque saison à l'Arboretum pour m'émerveiller de ses espaces divers et de ses végétaux magistralement mis en scène, cette visite automnale m'a charmée, d'autant que la météo était au beau fixe et que la visite était commentée par l'un des piliers de l'Arboretum, Dominique Véger, qui dirigea ce jardin pendant de longues années.
Gaston Allard et son jardin
Gaston Allard (1838-1918) est un nom que les angevins connaissent bien. Né à Angers, ce botaniste et entomologiste a créé un lieu de promenade apprécié par de nombreux citadins. La maison familiale où il résida, la closerie de Maulévrie, abrite désormais une partie du microcosme du végétal d'Angers : le muséum des Sciences naturelles dispose ici d'un bel espace où sont exposés de très nombreux herbiers et documents botaniques d'époque. Elle est aussi le siège de la Société d'Horticulture d'Angers (SHA) et dispose d'une riche bibliothèque. La demeure typiquement angevine héberge également le siège de l'ASPEJA et l'Espace François Cacheux dans l'ancienne orangerie.
Gaston Allard achète le parc en 1830. Véritable collectionneur, il commence à planter les premiers arbres vers 1863 : ce sont des séquoias toujours visibles et magistraux dans l'allée centrale. En 1875, il débute la collection des conifères, puis le Fruticetum (sorte d'arboretum pour les arbustes) vers 1895. Il n'aura de cesse de collectionner et d'acclimater des végétaux d'exception jusqu'en 1915. La plupart des arbres plantés à son époque sont encore debout et donnent à ce parc son statut de collection végétale à part. Une nouvelle zone est accessible au public depuis 2020 : une collection nationale d'Hydrangeas.
Le parc du jardin de la Maulévrie, qui se divise désormais en plusieurs jardins d'exception, est ouvert au public en 1964, cinq années après le rachat de la ville d'Angers. Cette belle zone de jardins a été complètement réaménagée en 2000 avec la création de nouveaux jardins, inaugurée en 2001 avec le sculpteur angevin François Cacheux, auteur des superbes statues implantées dans les jardins.
Étonnamment, l'arboretum d'Angers ne compte aucun arbre classé remarquable. Dominique Véger nous l'explique par le simple fait que de très beaux sujets n'ont pas été plantés en isolés, mais le parc dans sa totalité est classé Arbres remarquables. Le jardin se répartit sur sept hectares, dont nous allons arpenter une grande partie.
L'Arboretum
Nous commençons par pénétrer dans un des espaces les plus secrets de l'arboretum, la zone des conifères, ouverte seulement sur visite guidée 4 à 5 fois par an. Cet espace essentiellement planté de conifères magistraux est en effet fermé au public le reste de l'année. Certains arbres vieillissants et très rares sont protégés pour des raisons de sécurité et ils ne pourraient supporter la proximité d'un trop grand nombre de visiteurs. Cette zone reste d'ailleurs plus sauvage que le reste du parc, avec un fauchage effectué deux fois par an.
Sequoia sempervirens, Pinus wallichiana, Strobus vert bleuté, Juniperus drupacea (genévrier de Syrie), Torreya nucifera 'Variegata' (un des plus grands de France), pins 'Napoleon' (Pinus bungeana) à l'écorce digne d'un treillis militaire, Pin de Jeffrey, Ginkgos et mélèzes, mais aussi des petits nouveaux comme ce Wollemia nobilis d'Australie planté il y a dix ans, s'intriguent certainement de notre passage.
Il y a aussi de bien beaux sujets caducs dans cet endroit à part : un chêne liège impressionnant planté vers 1875, un Phillyrea latifolia var. rotundifolia sculptural, un vieil arbousier de Chypre et son écorce rougie... divine. Parmi les beautés de ce lieu, nous passons auprès d'un Quercus schochiana. Il était le plus gros de son espèce en France, avant qu'une écorce incluse ne le fragilise et ne fasse tomber une branche… 3,5 tonnes de branchages en moins ! Mais l'arbre n'a pas été abattu et reste grandiose.
Nous passons plus d'une heure à observer ces géants, dont beaucoup sont plus que centenaires. En ressortant, l'Arboretum plus familier du grand public nous attend. Les couleurs automnales sont magiques sous le soleil et ce sont quelques autres beaux arbres et arbustes que nous croisons : le Cornus kousa 'Samaritan' et sa belle panachure, star du printemps ici, un Magnolia delavayi, des Hydrangeas, véritables fils rouges du parc, des érables du Japon, des noisetiers et hamamélis, etc.
Alors que Dominique Véger nous rappelle combien le contrôle visuel chaque année est utile pour détecter les possibles arbres fragilisés par des champignons ou des tempêtes, nous croisons un des experts missionnés par la Ville en plein travail et nous arrêtons pour discuter avec lui. Cet expert en arbres vient tous les quatre ans pour effectuer une étude poussée dans les espaces verts.
Le Jardin des Ombrages
Nous voici à présent dans la première partie du jardin clos qu'affectionnent de nombreux visiteurs tant il a été remarquablement rénové. Ce jardin de 2500 m² présente une quantité de végétaux d'ombre, dont une collection de camélias et des érables du Japon plantés dans d'immenses pots. Ici, un séquoia immense et un Lagerstroemia datant de la création du parc veillent toujours sur le jardin. C'est dans cette zone du jardin, aux abords de la maison ainsi que dans le jardin suivant, le jardin des Essais, que sont plantés chaque année, au printemps et en automne, 12 à 15 000 vivaces, annuelles et bisannuelles, ainsi que 12 à 15 000 bulbes, représentant un mois de travail par les équipes de la Direction Parcs Jardins et Paysages. Le système d'irrigation est un système souterrain par aspersion.
Graminées d'ombre, fougères, bambous, Fatsias, Tetrapanax, Firminia simplex, Pittosporum, Brunneras et Hakonechloas façonnent un univers très inspirant. Il faut absolument déambuler dans les petits sentiers recouverts de mulching pour admirer encore mieux tous ces végétaux, dont le vénérable Arbutus andrachnoides ou le lilas des Indes qui dévoilera encore plus son écorce et sa structure dans quelques semaines.
Le jardins d'Essais
Puis le jardin d'Essais apparaît sur la façade sud de la maison : ici, tout est plus construit, aménagé dans une succession de diagonales qui se croisent. Deux longues allées proposent une débauche de couleurs en cette fin de saison. C'est un jardin rouge, basé sur des floraisons intenses et des feuillages allant du grisé au pourpre : Dahlias, baies brillantes des viornes, impatiens de Guinée, Alstroemeria, cannas, Leonitis, sauges, Helichrysum et Phormium, fuschias, et lantana sur tiges qui seront remisés pour l'hiver. Seul le Dahlia imperialis semble attendre encore un peu pour offrir sa floraison rosée, mais il faut dire que l'été maussade et pluvieux ne l'a guère aidé. Devant la maison, ce sont des carrés à l'italienne qui accueillent chaque printemps une féérie de plantes bulbeuses, entourées de bordures de buis parfaites, et des tapis verts rappelant les parterres du temps de Gaston Allard. L'ensemble est d'une beauté saisissante, dont je ne me lasse jamais en venant ici ! Et, c'est à noter, car pas si fréquent, même dans les jardins botaniques, chacune des nombreuses plantes ou presque possède sa petite étiquette permettant de repartir chez soi avec les noms d'espèces et de variétés sur lesquelles on a flashé.
Le Jardin des Cinq Sens
Nous progressons jusqu'au dernier jardin souvent visité, celui des Cinq Sens. Une serre reconstruite dans un style ancien sur l'emplacement même de l'ancienne serre, accueille des cactées et broméliacées et fait face à un bassin, ancien réservoir d'eau qui servait aux jardiniers pour arroser. Cette zone était en effet autrefois une zone fonctionnelle et de culture pour le jardinier botaniste. Un cheminement tout autour permet de découvrir d'autres beautés : un asiminier tout doré en fond de jardin, une série d'aromatiques dont un laurier sauce conduit comme une palmette sur le mur de schiste, des solanums, d'autres camélias, des buis taillés au cordeau, des romarins, de nombreuses vivaces dont les hellébores, lavandes, népetas et autres géraniums de toutes sortes… Cet espace est d'une grande discrétion, apaisant par la présence de l'eau, romantique par les différences fragrances et couleurs douces, reflétant certainement l'âme de son créateur.
Le Fruticetum
La visite touche à sa fin, et faute de temps pour visiter le jardin des Biotopes, autre découverte de la flore sauvage et locale, je passe par le Fruticetum, ouvert au public depuis 2020. Il renferme une des deux collections nationales d'Hydrangea macrophylla, labellisée CCVS (Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées) de l'Anjou. C'est un espace merveilleux pour qui aime les hortensias, et qui mérite à lui seul une autre visite, cette fois-ci en été pour profiter de la floraison de ces arbustes incomparables. À suivre donc...
Renseignements pratiques
Arboretum Gaston Allard
7 rue du Château d'Orgemont
49000 Angers
Tel : 02 41 22 53 00
Horaires d'ouverture de l'Arboretum
Les jardins sont ouverts au public de 14h à la fermeture du parc, les lundis, mardis, jeudis et vendredis, et de mars à novembre tous les jours de la semaine sauf le mercredi.
La partie jardin est interdite aux chiens, même tenus en laisse.
Commentaires