Chancre de l'olivier : identification et traitement

Le chancre de l'olivier c'est quoi exactement ?

Le chancre de l’olivier est une maladie, et plus particulièrement une bactériose. Et la bactérie coupable est Pseudomonas savastanoï. Parfois appelée « rogne », cette maladie affecte, dans un premier temps, l’aspect ornemental de l’arbre. Ensuite, l’arbre a tendance à se montrer moins vigoureux. Enfin, le chancre de l’olivier peut avoir un impact sur la production des olives, voire leurs qualités organoleptiques. Pour autant, le chancre ne met en péril l’olivier que dans des cas extrêmes.

Cette bactérie Pseudomonas savastanoï est capable de survivre sur l’écorce et les feuilles, plus rarement dans le sol. Surtout si des conditions climatiques entretiennent une forme d’humidité, suivie de périodes de chaleur. C’est pourquoi la période de contamination s’étend de l’automne à la fin du printemps, une longue période pendant les précipitations sont plus nombreuses.

Si la bactérie Pseudomonas savastanoï peut en outre se propager par le vent, à des centaines de mètres autour du foyer de contamination, c’est surtout via les outils de coupe, non nettoyés et non désinfectés, qu’elle passe d’un arbre à un autre. Notamment si ces tailles sont menées lors de périodes humides et chaudes.

Le chancre de l’olivier utilise les plaies comme portes d’entrée

Enfin, sachez que cette bactériose qui touche toutes les variétés d’olivier affecte essentiellement les arbres qui comptent quelques blessures : des plaies de taille mal cicatrisées, des meurtrissures dues à une chute de grêle, des lésions provoquées par le gel… De même, l’abscission, c’est-à-dire le point de rupture du pédoncule des feuilles, des fleurs ou des fruits, peut être une porte d’entrée pour cette maladie. Habituellement, la bactérie se concentre et reste au niveau de son point de pénétration. Mais, dans les cas plus graves, elle peut se propager à l’ensemble de l’arbre via la sève.

Quels sont les symptômes pour identifier le chancre de l'olivier ?

Des verrues, des galles, des bourrelets, des tumeurs, des grosseurs… Peu importe le nom qu’on leur donne, l’essentiel étant de savoir les identifier. En effet, le chancre de l’olivier se manifeste par le développement d’excroissances sur les rameaux secondaires, voire sur les branches charpentières et le tronc lorsque l’olivier est très atteint. Mais c’est essentiellement sur les branches qu’apparaissent les premiers symptômes.

De couleur marron au début, ces chancres noircissent avec le temps. Ils sont provoqués par une sécrétion d’auxine bactérienne qui provoque une multiplication anormale de cellules du bois. À la surface du chancre est sécrété un exsudat, très riche en bactéries. Avec le vent, avec les pluies, avec les outils de coupe, ces bactéries sont disséminées ailleurs, sur les oliviers voisins.

Lorsqu’elle est installée sur l’arbre, Pseudomonas savastanoï peur provoquer le dessèchement des branches et des feuilles, voire leur déformation. Les parties atteintes noircissent, car la bactérie pénètre les tissus de l’arbre. Si rien n’est fait, c’est la vigueur même de l’arbre qui est mise en jeu. Ce qui peut avoir un impact non négligeable sur la production des olives et leur qualité.

Le chancre de l’olivier se détecte grâce aux excroissances sur les rameaux secondaires, voire les branches charpentières

Cette bactérie s’avère très difficile à totalement éradiquer. C’est pourquoi il est essentiel de bien vérifier les oliviers lors de leur achat. Le moindre signe d’excroissances, aussi petites soient-elles, doit inciter à écarter l’arbre. C’est d’ailleurs par l’introduction d’arbres venus d’Italie et d’Espagne que la bactériose s’est propagée en France, en particulier dans les départements du sud.

Comment traiter ?

Pour traiter la bactériose, il n’y a qu’une réelle solution. Il faut couper le ou les rameaux atteints juste au-dessus du ou des chancres. Comme le brûlage des végétaux verts est interdit, le mieux est d’emmener des déchets à la déchèterie la plus proche. Ils seront compostés sur une plateforme de compostage où la température est suffisamment élevée pour tuer la bactérie. Bien évidemment, il est impératif de nettoyer tous les outils de coupe, sécateur, ébrancheur ou outil mécanique, puis de les désinfecter avec du vinaigre blanc ou de l’alcool à brûler, avant et après l’opération.

En cas d’atteinte des branches charpentières, il est préférable de cureter. Il s’agit d’enlever la partie atteinte de l’écorce jusqu’au bois sain, à condition que les chancres soient détectés suffisamment tôt. Cette opération se fait à l’aide d’un grattoir à chancre. Là encore, il faut absolument protéger les autres oliviers. C’est pourquoi il faut ramasser avec soin les copeaux tombés au sol, désinfecter la plaie à l’alcool à brûler puis appliquer un mastic ou un badigeon cicatrisant. 

La prévention est-elle possible ?

Comme le traitement du chancre de l’olivier est assez radical, il est préférable de privilégier les mesures préventives. Sans être efficaces à 100 %, elles limitent grandement les risques d’atteinte et de propagation du chancre de l’olivier :

• Les différentes tailles de l’olivier doivent être faites en périodes sèches et chaudes. Il est donc impératif de jeter un œil aux bulletins météorologiques pour choisir le meilleur jour pour procéder à la taille d’entretien ou à la taille de fructification.
• Avant et après toute taille d’un olivier, il est absolument impératif de nettoyer et de désinfecter avec le plus grand soin tous les outils de taille, sécateur, ébrancheur ou coupe-branche, voire le couteau-scie ou la tronçonneuse. N’oubliez pas les gants et les bottes si vous êtes amené à monter dans l’arbre. L’alcool à brûler ou le vinaigre blanc peuvent être utilisées.
  

  La taille des branches malades est la seule solution pour traiter le chancre de l’olivier

• Après la taille, chaque coupe doit être recouverte d’un mastic pour éviter les plaies ouvertes.
• Bien ramasser les rameaux taillés et les copeaux après chaque opération de taille. Idéalement, il faut les emmener à la déchèterie si le moindre doute subsiste.
• Le travail du sol autour des arbres doit être fait par temps sec, le plus loin du tronc.
• La fertilisation du sol doit être normale, sans excès. En effet, un excès d’azote peut favoriser l’installation de la bactérie.
• Les produits à base de cuivre comme la bouillie bordelaise peuvent s’avérer efficaces en prévention. Ils doivent être appliqués assez systématiquement après tous épisodes impactants de grêle ou de gel, ou encore après la taille ou la récolte.