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Les cloportes : ces étonnants alliés du jardinier

Les cloportes : ces étonnants alliés du jardinier

Des crustacés terrestres indispensables pour un sol sain et un jardin prospère

Sommaire

Rédigé le 23 Août 2024  par Olivier 10 min.

Les cloportes, également connus sous le nom de « cochons de mur », « cochons de cave » ou encore « porcs de Saint-Antoine », sont des petits crustacés terrestres que l’on retrouve fréquemment dans nos jardins. Bien que leur apparence puisse parfois surprendre, ces organismes discrets jouent un rôle fondamental dans l’écosystème du jardin. Souvent observés sous des pierres, dans les tas de feuilles mortes ou à l’ombre des murets, les cloportes sont de précieux alliés pour les jardiniers. En se nourrissant de matières organiques en décomposition, ils contribuent à la formation d’un sol fertile et à la création d’un environnement sain pour les plantes. Leur présence indique aussi un sol riche en biodiversité et en bonne santé.

Partons à la découverte de ces bien sympathiques petits crustacés terrestres que sont les cloportes !

Difficulté

Les cloportes : description et adaptation à la vie terrestre

Comment reconnaître un cloporte ?

Le cloporte est un petit arthropode du sous-embranchement des crustacés, ce n’est donc absolument pas un insecte. Mesurant généralement entre 1 et 2 centimètres de long, son corps est allongé, aplati et segmenté en plusieurs plaques rigides. Ces segments lui confèrent une certaine protection contre les prédateurs et lui permettent de se rouler en boule lorsqu’il se sent menacé, une particularité que l’on retrouve principalement chez certaines espèces comme Armadillidium vulgare. Ce comportement de défense est une réponse efficace pour se protéger.

cloporte carapace protection

Armadillidium vulgare

Les cloportes possèdent sept paires de pattes, ce qui est un trait distinctif important, et leurs antennes sont courtes et segmentées, adaptées à leur mode de vie terrestre. Leur couleur varie du gris au brun, parfois avec des nuances plus sombres ou des motifs tachetés selon l’espèce. Leur aspect global peut paraître rigide et robuste, mais ces petits crustacés sont étonnamment agiles et capables de se faufiler dans les moindres recoins du sol.

Seul crustacé terrestre, le cloporte a su s’adapter

Contrairement à la grande majorité des crustacés, qui sont aquatiques, le cloporte est le seul groupe de crustacés à avoir totalement conquis le milieu terrestre. Cette adaptation est le résultat d’une série de modifications morphologiques et physiologiques. Pour respirer, les cloportes possèdent des structures appelées pléopodes, situées sous l’abdomen, qui fonctionnent comme des branchies adaptées à l’air libre. Toutefois, pour que ces organes respiratoires restent fonctionnels, les cloportes nécessitent un environnement humide. Cette particularité explique pourquoi ils sont souvent trouvés sous des pierres, dans des feuilles mortes ou tout autre endroit frais et humide.

Les cloportes ont également développé une cuticule cireuse sur leur carapace qui aide à réduire la perte d’eau par évaporation, un atout majeur pour leur survie en milieu terrestre. De plus, leurs habitudes nocturnes les aident aussi à éviter la déshydratation pendant la journée.

Quelques espèces courantes en France

  • Armadillidium vulgare : ce cloporte, connu pour sa capacité à se rouler en boule, est l’une des espèces les plus répandues. De couleur gris-brun, il mesure entre 10 et 18 mm. On le trouve sous les pierres et les feuilles mortes, où il contribue à la décomposition de la matière organique, favorisant ainsi la fertilité du sol.
  • Porcellio scaber : identifiable par sa surface dorsale rugueuse et sa couleur gris foncé à brun, ce cloporte préfère les environnements très humides. Il se déplace rapidement pour échapper aux prédateurs et joue un rôle important dans l’aération et la décomposition du sol.
  • Oniscus asellus : plus grand (jusqu’à 20 mm), ce cloporte aime les zones boisées et humides. Il est crucial pour la décomposition des matières organiques, aidant à créer un sol riche en humus. On le trouve souvent sous les écorces d’arbres et dans les tas de feuilles.
  • Autres espèces : d’autres cloportes, comme Porcellionides pruinosus (gris-bleuâtre), Philoscia muscorum (brun jaunâtre) et Trichoniscus pusillus (rose pâle), sont également présents dans les jardins français, jouant, eux aussi, un rôle dans la décomposition et la structure du sol.
cloportes differences

Porcellio scaber, Oniscus asellus et à droite Philoscia muscorum

Cycle de vie des cloportes

Le cycle de vie des cloportes comprend trois étapes principales : œuf, juvénile et adulte. Les femelles pondent leurs œufs dans une poche incubatrice sous leur abdomen, où ils restent protégés jusqu’à l’éclosion après 3 à 9 semaines. Les jeunes cloportes, ou juvéniles, passent par plusieurs mues pour grandir et atteindre leur forme adulte, un processus qui prend plusieurs mois. Les cloportes adultes atteignent leur maturité sexuelle en environ un an et peuvent vivre jusqu’à 3 ans.

La reproduction a lieu principalement au printemps et en automne, mais peut se dérouler toute l’année dans des conditions favorables. Leur cycle de vie est fortement influencé par la température et l’humidité : ils prospèrent à des températures modérées (15-25°C) et ont besoin d’un environnement humide pour éviter la déshydratation. Ces facteurs environnementaux déterminent leur rythme de croissance, leur activité et leur capacité à se reproduire.

cycle de vie reproduction cloportes

Un jeune cloporte

L'alimentation des cloportes

Les cloportes sont essentiellement des décomposeurs, se nourrissant principalement de matière organique en décomposition. Leur régime alimentaire comprend une variété de matières végétales mortes, comme les feuilles tombées, les morceaux de bois en décomposition, les racines mortes et même certains types d’algues. Ils consomment également des champignons, des lichens et parfois de la matière animale en décomposition, ce qui fait d’eux des acteurs essentiels dans le recyclage des nutriments dans l’écosystème du jardin.

habitat nourriture cloportes

On retrouve souvent les cloportes sur du bois ou des mousses, dont ils se nourrissent.

Pourquoi les cloportes sont-ils des alliés du jardinier ?

Contribution à la décomposition des matières organiques

En se nourrissant de débris végétaux morts (voir plus haut), les cloportes accélèrent le processus de décomposition. Ce processus est essentiel pour transformer les matières organiques en humus, une forme stable et riche en nutriments. L’humus ainsi formé enrichit le sol, rendant les nutriments plus disponibles pour les plantes et favorisant une croissance saine.

En décomposant ces matières organiques, les cloportes contribuent à la libération d’éléments nutritifs essentiels, tels que l’azote, le phosphore et le potassium, indispensables au bon développement des plantes. Leur action permet également d’éviter l’accumulation de débris organiques et réduit les risques de maladies liées à la pourriture.

Amélioration de la structure du sol grâce à leur action

En se déplaçant et en creusant des galeries dans le sol, les cloportes améliorent la structure physique de celui-ci. Ces mouvements créent des espaces vides dans le sol, augmentant ainsi son aération et facilitant l’infiltration de l’eau. Un sol bien aéré permet aux racines des plantes de se développer plus librement et d’accéder plus facilement à l’eau et aux nutriments. De plus, en transformant les débris végétaux en fragments plus fins, les cloportes contribuent à la formation d’une structure granulaire du sol, idéale pour la rétention d’eau tout en permettant un bon drainage.

cloporte vie du sol

Oniscus asellus

Importance pour la biodiversité du sol et l’équilibre écologique

En tant que décomposeurs, les cloportes interagissent avec une multitude d’autres organismes du sol, tels que les bactéries, les champignons, les vers de terre et les insectes. Leur présence favorise un réseau alimentaire complexe où chaque espèce possède un rôle spécifique à jouer. Un sol riche en biodiversité est plus résistant aux maladies, aux ravageurs et aux conditions environnementales défavorables.

Mais ce n’est pas tout, les cloportes représentent également une partie non négligeable de la nourriture du hérisson, de la musaraigne, de quelques oiseaux insectivores, du mille-pattes, des crapauds, des lézards et même de certaines araignées.

Comment favoriser la présence des cloportes dans votre jardin ?

Les cloportes ont besoin d’un environnement humide pour prospérer, car ils sont sensibles à la déshydratation. Maintenez des zones ombragées et humides dans le jardin, en laissant des tas de feuilles, des morceaux de bois en décomposition ou des pierres dans lesquelles ils peuvent se réfugier.

Laisser une couverture végétale naturelle sur le sol, comme du paillis organique, aide aussi à conserver l’humidité et à fournir un habitat favorable aux cloportes. Enfin, la pratique du compostage est bénéfique, car elle génère une source constante de matière organique décomposée que les cloportes peuvent consommer, contribuant ainsi à un cycle des nutriments sain.

Les cloportes sont-ils nuisibles aux plantes ?

Non ! Les cloportes sont souvent accusés à tort d’être nuisibles aux plantes, principalement en raison de leur apparence et de leur habitude de se regrouper en grand nombre dans les zones humides du jardin. Toutefois, cette perception est largement exagérée et repose sur des idées reçues plutôt que sur des faits.

Leur régime alimentaire se compose de matière organique en décomposition, comme les feuilles mortes, les morceaux de bois pourris et d’autres débris végétaux. Ils préfèrent largement ces sources de nourriture mortes et en décomposition aux plantes vivantes. Par conséquent, dans la grande majorité des cas, les cloportes ne s’attaquent pas aux plantes en bonne santé et ne causent pas de dommages significatifs aux cultures.

Le mythe selon lequel les cloportes seraient des ravageurs de plantes vivantes provient souvent d’observations incorrectes. Par exemple, les cloportes peuvent être vus autour de plantes malades ou mourantes, mais ils ne sont généralement pas la cause première de ces problèmes. Ils se contentent plutôt de consommer les tissus déjà en décomposition. De plus, leur présence dans des pots de fleurs ou des serres peut être mal interprétée, car ils se regroupent dans ces environnements simplement parce qu’ils y trouvent l’humidité et les débris organiques dont ils ont besoin pour survivre.

Les cas où les cloportes peuvent poser un problème

Bien que les cloportes soient normalement inoffensifs pour les plantes vivantes, il existe des situations spécifiques où ils peuvent poser des problèmes, surtout lorsque leurs populations deviennent trop importantes ou lorsque les conditions sont favorables à une prolifération excessive.

  • Plantes jeunes ou fragiles : les cloportes peuvent parfois endommager les jeunes semis, les boutures ou les plantes très fragiles, en particulier si ces plantes sont en contact direct avec le sol ou sont entourées de matière organique en décomposition. Dans ces cas, les cloportes peuvent grignoter les racines tendres ou les tiges, causant des dégâts mineurs, mais visibles.
  • Milieux confinés ou humides : comme les serres ou les pots de fleurs, où l’humidité est élevée et où la matière organique est abondante, les cloportes peuvent devenir plus nombreux et commencer à explorer de nouvelles sources de nourriture, y compris les parties basses des plantes.
que faire trop de cloportes invasion

Une prolifération de cloportes dénote souvent une zone très humide

Solutions :

  • Réduire l’humidité excessive : une des premières mesures à prendre est de contrôler l’humidité dans les zones affectées. Assurez-vous que le drainage est suffisant dans les pots et les jardinières, et évitez de sur-arroser les plantes. Réduire l’humidité autour des semis peut aider à prévenir les infestations.
  • Éloigner les débris organiques des plantes fragiles : si vous cultivez des semis ou des boutures, essayez de minimiser la quantité de matière organique en décomposition directement autour de ces plantes. Utilisez des paillis secs ou de la paille, qui sont moins attractifs pour les cloportes.
  • Favoriser les prédateurs naturels : encouragez la présence de prédateurs naturels comme les oiseaux, les crapauds et certains insectes prédateurs, qui régulent naturellement les populations de cloportes.

Questions fréquentes

  • Les cloportes sont-ils nuisibles pour mes plantes ?

    Les cloportes sont généralement inoffensifs pour les plantes en bonne santé. Leur régime alimentaire est principalement composé de matières organiques en décomposition, comme les feuilles mortes et les débris végétaux. Ils préfèrent ces sources de nourriture morte aux plantes vivantes. Cependant, dans des situations spécifiques, comme lorsque les populations de cloportes sont très importantes ou lorsque les plantes sont jeunes et fragiles, les cloportes peuvent parfois grignoter les racines ou les tiges tendres. Pour éviter cela, assurez-vous que vos jeunes plants ne sont pas en contact direct avec le sol ou la matière organique en décomposition.
  • Comment puis-je contrôler les populations de cloportes dans mon jardin ?

    Pour gérer les populations de cloportes, commencez par contrôler l'humidité excessive, car ils prospèrent dans des environnements humides. Assurez-vous que le sol est bien drainé et évitez les arrosages excessifs. Réduisez la quantité de débris organiques en contact direct avec vos plantes fragiles, et utilisez des pièges simples comme des morceaux de pommes de terre ou des écorces de melon pour attirer et retirer les cloportes en excès. Encouragez aussi la présence de prédateurs naturels, comme les oiseaux et les crapauds, qui aident à réguler leurs populations.
  • Les cloportes peuvent-ils entrer dans ma maison ?

    Il est rare que les cloportes envahissent les maisons, mais cela peut arriver, surtout si l'environnement est humide et que de la matière organique est présente à proximité des fondations. Les cloportes ne survivent pas longtemps à l'intérieur, car ils ont besoin d'humidité et de matière organique pour se nourrir. Si vous trouvez des cloportes dans votre maison, il suffit généralement de réduire l'humidité à l'intérieur (souvent plus facile à dire qu'à faire !) et de sceller les points d'entrée potentiels, comme les fissures dans les murs ou les ouvertures autour des portes et fenêtres.
  • Les cloportes sont-ils un signe de problèmes dans mon jardin ?

    La présence de cloportes dans votre jardin est généralement un bon signe, indiquant que le sol est riche en matière organique et en bonne santé. Les cloportes jouent un rôle crucial dans la décomposition des débris organiques, ce qui améliore la fertilité et la structure du sol. Cependant, si vous remarquez une population excessive de cloportes, cela peut indiquer une humidité trop élevée ou un excès de matière organique en décomposition. Dans ce cas, ajustez les pratiques de gestion du jardin, comme le drainage et l'aération du sol.
  • Les cloportes posent-ils des risques pour la santé humaine ?

    Les cloportes ne posent aucun risque pour la santé humaine. Ils ne mordent pas, ne piquent pas et ne transmettent pas de maladies. Ils sont totalement inoffensifs et peuvent même être manipulés sans danger. Leur présence dans le jardin ou autour de la maison est un signe de biodiversité et d'un environnement sain.

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