Comment cultiver les bisannuelles d’automne ?

Quelques rappels sur le cycle de vie des bisannuelles d’automne

Les plantes bisannuelles se distinguent de leurs consœurs annuelles, dont le cycle de vie s’étend sur une année seulement, mais aussi des plantes vivaces, qui vivent plusieurs années. Leur cycle de vie va en effet s’étendre sur 2 ans. Elles vont donc vivre plus longtemps que des annuelles, mais moins longtemps que des vivaces.

La première année, elles vont commencer par développer leur système racinaire et leurs parties aériennes (tiges, feuilles…), souvent en forme de rosettes. Elles vont ainsi constituer leurs réserves d’énergie. Puis, elles vont continuer leur croissance et fleuriront lors de la seconde année. Enfin, à la suite de cette floraison, elles produiront des graines assurant leur reproduction, avant de mourir. Ces graines peuvent germer toutes seules si les conditions sont favorables, si bien qu’il sera possible d’en profiter à nouveau au jardin sans rien faire. C’est pour cela qu’elles peuvent parfois donner l’impression d’être vivaces.

Contrairement aux annuelles, les bisannuelles d’automne ont l’avantage de fleurir dès la fin de l’hiver ou dès le tout début du printemps, lorsque le jardin n’est pas encore le plus animé. Elles sont souvent résistantes au froid et bien robustes, ce qui explique leur facilité de culture.

Les bisannuelles peuvent être semées, mais aussi achetées en mini mottes (tout jeunes plants) ou en godet.

Prendre en compte vos contraintes de culture

Toutes les bisannuelles d’automne n’apprécient pas les mêmes conditions de culture. Pour les réussir et vous assurer de belles floraisons, il est nécessaire de connaître leurs besoins.

Interrogez-vous tout d’abord sur la zone dans laquelle vous souhaitez les intégrer.

• Comment est-elle exposée ? Est-elle lumineuse, tamisée ou ombragée ?
• Comment est le sol ? Est-il lourd et dense (argileux), léger (sableux), riche en matière organique, pauvre, caillouteux, etc. ?
• Comment est le climat de votre région ? Froid, humide ou plutôt doux en hiver ? Très sec et chaud en été, ou plutôt modéré ?
• Quelles sont les spécificités du lieu de culture envisagé ? Est-il venteux ou abrité ?

Les réponses à ces questions vous permettront de vous orienter vers les bisannuelles d’automne les mieux adaptées.

L’exposition

• En plein soleil, adoptez les giroflées.
• En exposition ensoleillée, mais non brûlante (mi-ombragée dans le sud de la France), installez par exemple les pensées, les violettes cornues et les pâquerettes.
• En exposition mi-ombragée, optez pour les primevères, la monnaie du pape ou les myosotis.
• L’ombre plaira plutôt à certaines variétés de primevères, comme la primevère double ‘Rubens Antique Rose F1’ ou la primevère double ‘Belarina Baltic Blue’.

Les Viola cornuta préférent une exposition au soleil non brûlant. Ici ‘Sorbet Blue’

La rusticité

Certaines bisannuelles d’automne se montrent très rustiques, à l’instar des pâquerettes, des myosotis et des monnaies du Pape.

La rusticité des myosotis et des pensées reste assez bonne pour la plupart de nos régions (jusqu’à -15°C environ).

Par contre, certaines giroflées (Erysimum ‘Winter Spirit’, Erysimum cheiri) sont plus frileuses.

Le substrat

La plupart des bisannuelles d’automne apprécient les sols riches en matière organique, mais bien drainés, qui permettent à l’eau en excès de ne pas stagner. Le substrat doit souvent rester frais, c’est-à-dire humide sans excès.

Mais certaines d’entre elles préféreront les sols pauvres, très légers, même caillouteux et sableux. C’est le cas des giroflées ravenelles, qui supportent bien la sécheresse.

Pour une culture en contenant, privilégiez un terreau pour jardinières ou un terreau pour plantes fleuries.

Opter pour la bonne utilisation

Les bisannuelles sont des plantes qui se cultivent aussi bien en massif, qu’en pot, en bordure, en haie champêtre, en sous-bois ou même au potager. Ne vous inquiétez pas si vous ne disposez pas de jardin : elles font aussi merveille en jardinière pour habiller balcons, terrasses ou rebords de fenêtre. Elles sont souvent plantées en masse pour créer un bel effet de couleurs et de volumes.

Toutefois, toutes les espèces ne se prêtent pas à la même utilisation. Les giroflées, les primevères ou les monnaies du Pape, pour les variétés assez grandes (entre 80 cm et 1 mètre 50) et à silhouettes verticales, seront plutôt réservées aux massifs. En bordures, on préfèrera les pensées, les myosotis et les pâquerettes.

La Monnaie du Pape, d’assez grand développement, est à réserver à la pleine terre

Choisir la bonne période de semis et plantation

Ici encore, la période de plantation peut varier en fonction des bisannuelles. La plupart seront plantées ou semées de la fin de l’été à l’automne, à l’instar des myosotis. Elles profitent ainsi des conditions encore clémentes de la saison, mais plus fraîches / humides, et avant les premières gelées. Ensuite, elles profiteront de la période de froid hivernale pour lancer leur floraison : c’est ce que l’on appelle la vernalisation.

Pour les bisannuelles d’automne plantées en potée ou en jardinière, prévoyez de les mettre en place dès septembre pour les mini-mottes et jusqu’à novembre pour les godets.

Le semis des bisannuelles d’automne

Le semis s’effectue généralement directement en place (les racines fragiles de certaines bisannuelles pouvant ne pas apprécier les transplantations, comme c’est le cas chez les giroflées). Optez pour un lieu abrité des vents froids et assez lumineux, mais non brûlant en été.

• Travaillez la terre pour l’ameublir et assurez-vous qu’elle soit bien drainée. Eliminez les grosses mottes de terre, les végétaux et les cailloux éventuels.
• Si besoin, ajoutez un peu de sable de rivière ou de graviers pour alléger le substrat.
• Nivelez le sol à l’aide d’un râteau.
• Semez à la volée en saisissant une poignée de graines et en les dispersant au sol.
• Recouvrez d’une fine couche de terreau.
• Arrosez délicatement pour ne pas risquer de faire migrer les graines trop en profondeur.
• Maintenez humide les semaines suivantes, jusqu’à la levée.
• Eclaircissez pour ne conserver qu’un plant tous les 30 à 40 cm, en sélectionnant les plus vigoureux.

La plantation des bisannuelles d’automne

Vous pourrez trouver en jardinerie et sur internet des bisannuelles d’automne en mini mottes ou en godet.

• Trempez la motte dans un seau rempli d’eau quelques minutes avant la plantation, afin de bien la réhydrater et de favoriser la reprise.
• Comme pour le semis, préparez le terrain en retirant grosses mottes de terre, « mauvaises » herbes et cailloux.
• Creusez un trou de plantation d’environ 2 fois le volume de la motte.
• Si le sol est lourd, ajouter des éléments drainants au fond du trou de plantation, comme du sable ou des graviers.
• Pour les bisannuelles aimant les sols fertiles, ajoutez une poignée de compost ménagé bien mûr, de fumier bien décomposé ou de tout autre engrais organique (sang séché, corne broyée…).
• Installez la motte dans le trou de plantation en manipulant les racines avec précaution pour ne pas les abîmer.
• Complétez de terre pour recouvrir toute la motte.
• Si vous cultivez en masse, veillez à respecter une distance d’environ 30 à 40 cm entre chaque pied.
• Tassez avec les doigts pour faire adhérer le substrat.
• Arrosez généreusement.
• Arrosez ensuite régulièrement lors des premières semaines de plantation, afin que la plante puisse développer son système racinaire.

Pour une plantation en pot, le processus est similaire. Choisissez toutefois impérativement un contenant percé, afin que l’eau d’arrosage ou de pluie puisse s’écouler.

L’entretien des bisannuelles d’automne

La plupart des bisannuelles d’automne ont besoin d’un substrat frais, c’est-à-dire restant humide sans excès d’eau et ne s’asséchant jamais totalement. En cas de sécheresse prolongée, n’oubliez donc pas de les arroser.

N’hésitez pas à installer un paillage végétal au pied de vos plantes, afin de limiter l’évaporation et de conserver l’humidité plus longtemps dans le sol. Cela permettra également de limiter le développement d’adventices (« mauvaises » herbes), qui peuvent faire concurrence à nos bisannuelles.

Si les bisannuelles sont cultivées en pot, les arrosages devront être plus réguliers, puisque le substrat s’assèche plus rapidement qu’en pleine terre. N’oubliez pas non plus les arrosages en hiver, si elles sont placées sont en situation abritée de la pluie. Dans ce cas, vous pouvez aussi utiliser au printemps un engrais pour jardinières et potées ou pour stimuler la floraison (riche en potasse), le substrat perdant plus rapidement ses éléments nutritifs. Qu’il soit solide (bâtonnet, granulés à intégrer dans le substrat) ou liquide (à diluer dans l’eau d’arrosage), respectez toujours bien les consignes d’utilisation indiquées sur les emballages des produits.

Lors de la floraison, éliminez les fleurs fanées au fur et à mesure, afin de stimuler la production de nouveaux boutons. A défaut, la plante va s’épuiser à produire des graines. Utilisez un sécateur propre et bien aiguisé. Si vous souhaitez que la plante puisse se ressemer sur place (ou simplement pour profiter de l’esthétisme de leur fanaison, comme chez la monnaie du Pape), gardez néanmoins quelques hampes florales.

Les bisannuelles plantées en pot nécessitent plus d’arrosages