Comment se débarrasser des chardons ?

Bien reconnaître le Chardon des champs

Caractéristiques

Il existe plusieurs sortes de chardons, mais c’est ici du Cirsium arvense que nous parlons, connu sous les noms de « chardon des champs » ou « cirse des champs ». Rappelons en effet que tous les chardons ne sont pas considérés comme nuisibles et que certaines espèces sont même protégées, à l’instar du chardon bleu (panicaut bleu des Alpes).

Le chardon des champs est une plante vivace qui produit des feuilles particulièrement piquantes, dont le revers est constitué de fins poils blancs. Les tiges peuvent atteindre près d’1,50 mètre.  La floraison intervient en été : le chardon dévoile alors de petites fleurs bleu-violet évoquant celles de mini-artichauts. Elles se transforment ensuite en akènes d’aspect plumeux.

Le chardon peut se développer dans de nombreux types de sols, même pauvres et déséquilibrés. Il apprécie particulièrement les sols bien humides et calcaires, plutôt fertiles, en situation ensoleillée. Très répandu en Europe, le chardon se retrouve dans les friches, les champs cultivés, les prairies fleuries ou encore les fossés.

Dégâts occasionnés

Comme c’est le cas chez la plupart des adventices, c’est sa capacité à se multiplier rapidement qui pose particulièrement problème.

Le chardon envahit jardin, pelouses, potagers et vergers de façon redoutable grâce à deux outils :

• une forte production de graines plumeuses (des « soies » volantes comme chez le pissenlit), qui sont disséminées par le vent et conservent longtemps leur pouvoir germinatif ;
• les rhizomes horizontaux de son puissant système racinaire pivotant, qui lui permettent de drageonner facilement.

Cette colonisation va évidemment impacter les végétaux alentours, que le chardon va concurrencer aussi bien du point de vue de l’espace que des ressources disponibles (eau et nutriment). Il peut ainsi à long terme déséquilibrer les écosystèmes.

Dans certains départements, le chardon est jugé si problématique pour les cultures agricoles que sa destruction est rendue obligatoire par arrêtés ministériel et/ou préfectoral. C’est le cas par exemple dans l’Indre qui impose une lutte obligatoire contre le chardon. Même constat chez nos voisins en Belgique : l’arrêté royal du 19 novembre 1987 impose l’échardonnage du cirse des champs.

Le Cirsium arvense

Eliminer le chardon naturellement

Soyons honnêtes, comme c’est le cas avec la plupart des adventices, le chardon n’est pas facile à éliminer totalement. La meilleure solution pour se débarrasser de cette plante envahissante est de procéder manuellement. Cela demandera de la patience et de la rigueur, mais permettra de venir à bout de la majeure partie de la plante.

La période idéale pour procéder est au printemps, avant que les fleurs ne s’ouvrent et produisent leurs centaines de graines. En évitant la production de graines, vous ralentirez indubitablement la multiplication de la plante.

Taille régulière

En coupant ou fauchant régulièrement les parties aériennes du chardon à ras du sol, vous l’empêcherez de fleurir et contribuerez à l’affaiblir. Sa photosynthèse sera en effet impactée, les réserves nutritives de la plante contenues dans le système racinaire s’épuiseront.

Certains jardiniers conseillent de procéder aux tailles pendant des jours de pluie. L’eau se diffusant jusqu’aux racines via les tiges coupées participerait à les affaiblir en les faisant pourrir.

Pour tailler vos chardons, munissez-vous de :

• gants bien épais et résistants à la perforation, les parties aériennes étant particulièrement piquantes et acérées ;
• sécateur bien aiguisé.

Si les chardons se développent sur une pelouse, vous pouvez aussi utiliser une tondeuse pour couper les parties aériennes de la plante.

Des gants épais et un sécateur

N’hésitez pas à renouveler la taille fréquemment entre le printemps et l’automne, à différents stades de croissance de la plante :

• jeune plant d’une quinzaine de centimètres (début du printemps) ;
• plant avec boutons floraux encore non ouverts (fin du printemps et début de l’été) ;
• plant qui constitue ses réserves avant l’hiver (fin d’été).

Arrachage en profondeur

Pour que l’arrachage du chardon soit efficace, il faut qu’il soit effectué en profondeur pour éviter de stimuler la formation de nouveaux bourgeons. Le chardon dispose d’une racine pivot capable de se développer à plusieurs dizaines de centimètres de profondeur dans le sol. Pour en venir à bout, utilisez :

• des gants épais ;
• un couteau désherbeur ou tire-racine, qui permet d’extirper le système racinaire en profondeur.

Procédez idéalement après un jour de pluie, lorsque le sol sera ressuyé, facilitant le retrait de la plante.

Cette opération nécessitera certainement d’être renouvelée plusieurs fois avant d’arriver à éliminer complètement les chardons.

Tire-racines, couteau désherbeur

Traitements naturels

Si vous n’avez pas besoin de cultiver sur la zone envahie par les chardons, il est possible d’y installer pendant plusieurs mois un feutre géotextile, une bâche ou des cartons (à renouveler lorsqu’ils se seront décomposés). En privant de lumière l’indésirable sur le long terme, la photosynthèse ne pourra plus se faire et la plante finira par dépérir. Si vous n’avez que quelques pieds à éliminer, vous pouvez aussi utiliser une caisse opaque ou un sceau retourné pour obtenir le même résultat.

Certains remèdes de grand-mère préconisent de verser un peu d’eau salée au niveau des plaies de coupe, ou directement sur la rosette en formation du chardon. D’autres recommandent de faire de même avec du vinaigre blanc. Si ces traitements sont naturels, puisque n’utilisent pas de produits chimiques, ils ne sont pas pour autant anodins. Ils peuvent finir par impacter de façon néfaste l’équilibre du sol et la biodiversité proche.

Enfin, il est possible d’opter pour un désherbage thermique, permettant de brûler et détruire les chardons. Si cette solution est efficace, elle est gourmande en énergie et demandera une grande précaution pour ne pas risquer d’endommager les plantes aux alentours. Évitez également d’utiliser un désherbeur thermique en période de sécheresse.

Les gestes à éviter

N’utilisez jamais de motoculteur pour éliminer des chardons. Leurs racines risqueraient de se morceler et de se démultiplier, facilitant encore la propagation.

Nous vous conseillons également toujours d’éviter les désherbants chimiques. En plus de ne pas toujours être réellement efficaces, ils sont polluants et néfastes pour la biodiversité.

Prévenir l’apparition des chardons

Sans surprise, le chardon se comporte comme d’autres plantes indésirables : elle se développe si on lui en laisse l’occasion ! Pour éviter son apparition, occupez l’espace au jardin en ne laissant jamais de terre à nu.

Pour cela :

• installez un paillage aux pieds de vos plantes ;
• cultivez des engrais verts.

Paillage et engrais vert (ici Phacélie)

Les chardons n’ont pas que des inconvénients

N’oublions pas que, comme toutes les plantes sauvages, le chardon joue un rôle dans la nature. Ses fleurs mellifères sont butinées par de nombreux insectes pollinisateurs (abeilles, papillons, bourdons, …), auxiliaires du jardin. Ses graines font quant à elles le bonheur des oiseaux, comme le fameux chardonneret élégant, dont le nom est d’ailleurs dérivé de celui de la plante.

Le chardon aurait aussi un effet bénéfique sur les sols déséquilibrés et très compacts, que ses racines puissantes contribueraient à aérer.

Enfin, la plante est également comestible : toutes ses parties peuvent être consommées, de la racine aux feuilles. Encore jeunes, elles auraient un délicat petit goût d’artichaut. Pour en savoir plus, nous vous conseillons la vidéo du Chemin de la Nature : Les cirses, des « chardons » comestibles !

Et si vous aimez le charme champêtre de ces végétaux, pourquoi ne pas vous tourner vers des variétés de chardons ornementales, qui ne sont pas envahissantes ? Pour vous inspirer, n’hésitez pas à lire notre article « Chardons d’ornement : mettez du piquant dans vos massifs ! ».