Cultiver le curcuma pour ses bienfaits sur la santé

Le curcuma, une plante exotique facile à cultiver sous nos latitudes

Curcuma longa est une plante herbacée vivace rhizomateuse de la famille des Zingibéracées, comme le gingembre.

Présentation de la plante curcuma

Originaire du sud de l’Inde et du Sri Lanka, il se développe dans des climats chauds et humides, avec des températures supérieures à 18 °C. Il s’agit d’une plante gélive, rustique jusqu’à seulement – 5 °C. Il produit de longues feuilles acuminées, oblongues et lancéolées d’un vert soutenu, qui peuvent atteindre 60 à 100 cm de haut, et des inflorescences zygomorphes, en épis érigés, entourées de bractées jaune pâle ou vertes, parfois teintées de rose.

La partie souterraine, le rhizome, est la plus recherchée. C’est lui qui concentre les principes actifs, en particulier la curcumine, un pigment polyphénolique responsable de sa couleur orange intense.

Fleur de Curcuma longa

Comment cultiver le curcuma ?

Pour cultiver le curcuma au jardin, il faut respecter son cycle végétatif et son besoin de chaleur. Il se plante à partir de petits morceaux de rhizome frais, entiers ou divisés, comportant au moins un bourgeon.

En climat tempéré, la culture en pot est recommandée pour pouvoir le rentrer en hiver. Utilisez un contenant large, profond et percé, garni d’un mélange léger à base de terreau, de compost mûr et de sable pour assurer un bon drainage. Placez le pot dans un endroit chaud et lumineux, sans soleil direct brûlant. L’arrosage doit être régulier durant la période de croissance, de mars-avril à septembre-octobre, tout en évitant les excès d’eau qui feraient pourrir les rhizomes. La plantation se fait en février-mars.

Sur le bassin méditerranéen et la côte atlantique, le curcuma peut être planté en pleine terre en avril-mai, lorsque les risques de gelée sont écartés, en situation très ensoleillée, abritée des vents et des intempéries, dans une terre riche en matière organique, légère et parfaitement drainée.

Comment récolter et utiliser le curcuma ?

À l’automne, lorsque les feuilles jaunissent et sèchent, la plante entre en dormance. On peut alors récolter les rhizomes qui s’utilisent frais et secs. Dans un premier temps, il faut faire tremper le rhizome une nuit dans de l’eau à température ambiante. Ensuite, le rhizome est coupé en rondelles et broyé pour obtenir une poudre fraîche, qui ne se conserve qu’une semaine au réfrigérateur.

Pour augmenter le temps de conservation de cette poudre, faites-la sécher au four pendant 20 minutes à une température de 110 °C. On peut ensuite la conserver dans un bocal hermétique.

Cette poudre de curcuma est très riche en curcumine aux propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Le curcuma contient aussi d’autres curcuminoïdes, des huiles essentielles (zingibérène, turmérone), des polysaccharides et des minéraux. Ces composants agissent en synergie.

Rhizomes de curcuma fraîchement cueillis

Comment l’utiliser pour ses bienfaits thérapeutiques ?

• En tisane : 2 cuillères à café de rhizome de curcuma en poudre dans 250 ml d’eau que l’on fait bouillir pendant cinq minutes, puis infuser durant cinq minutes. 1 à 3 tasses par jour au début des repas
• En cataplasme : mélanger une cuillère à café de poudre de curcuma avec un peu d’eau pour obtenir une pâte. À appliquer localement 3 fois par jour
• En masque : mélanger deux cuillères à soupe de miel avec une cuillère à soupe de poudre fraîche de curcuma, et deux gouttes d’huile essentielle de géranium rosat. Appliquer sur le visage pendant 10 à 30 minutes et rincer à l’eau claire.

Quels sont les bienfaits reconnus du curcuma ?

Les bienfaits du curcuma sont multiples, à condition d’en faire un usage régulier et adapté. Il est entre autres très utilisé en médecine ayurvédique. Pour autant, il ne doit pas remplacer un traitement médical conventionnel. C’est pourquoi il est recommandé de consulter un professionnel avant de commencer une consommation régulière de curcuma.

Un anti-inflammatoire réputé

Le curcuma est particulièrement efficace contre l’inflammation chronique. Plusieurs études ont démontré que la curcumine réduit les médiateurs inflammatoires impliqués dans l’arthrose et l’arthrite, les douleurs musculaires, les tendinites et certaines maladies auto-immunes.

Des essais cliniques ont montré qu’elle peut soulager les douleurs articulaires aussi efficacement que l’ibuprofène, avec moins d’effets secondaires gastriques.

Un anti-oxydant puissant

La curcumine est aussi un excellent antioxydant. Elle neutralise les radicaux libres et réduit les dommages oxydatifs dans les cellules. Cette action préventive est utile contre le vieillissement cellulaire, les pathologies dégénératives et certaines affections cutanées. Elle pourrait également jouer un rôle dans la prévention de certains cancers.

La poudre de curcuma est dotée de nombreux bienfaits médicinaux

Un stimulant digestif et hépatique

Le curcuma est cholérétique et cholagogue, c’est-à-dire qu’il stimule la production et l’évacuation de la bile. Cela facilite la digestion, en particulier des graisses, et améliore les fonctions hépatiques. En tant qu’allié pour la digestion, il est indiqué en cas de troubles digestifs fonctionnels : ballonnements, flatulences, dyspepsies, nausées, lourdeurs après les repas, mais aussi diarrhées et syndrome de l’intestin irritable.

Il peut aussi réduire les inflammations du foie et de la vésicule biliaire et aurait la capacité de réduire les risques de calculs biliaires, ou d’ulcères gastriques.

Associé à des plantes comme le pissenlit ou l’artichaut, il est souvent utilisé en cure dépurative au changement de saison.

Des propriétés cicatrisantes

Utilisé en masque, le curcuma serait bénéfique pour la peau grâce à ses propriétés cicatrisantes et anti-inflammatoires. Il pourrait améliorer les problèmes de peau comme l’acné, l’eczéma, les mycoses et le psoriasis, ou encore les cicatrices et les brûlures.

Quelles sont les précautions d'emploi et effets secondaires du curcuma ?

Malgré ses nombreuses vertus, le curcuma n’est pas exempt d’effets secondaires, surtout lorsqu’il est consommé à fortes doses ou sous forme de compléments concentrés. Une supplémentation excessive peut provoquer des troubles gastro-intestinaux comme des nausées, des diarrhées ou des douleurs abdominales, voire des ulcères digestifs.

En raison de son effet stimulant sur la vésicule biliaire, il est déconseillé en cas de lithiase biliaire ou d’obstruction des voies biliaires. Une vigilance est aussi de mise pour les personnes souffrant d’ulcère gastroduodénal actif, de gastrite ou de reflux gastro-œsophagien, car la racine peut irriter les muqueuses digestives sensibles.

Le curcuma possède également une légère action fluidifiante du sang, ce qui peut interagir avec certains traitements anticoagulants ou antiplaquettaires. De même, son usage est déconseillé avant une opération chirurgicale ou un accouchement.

En cas de traitement médical au long cours, notamment pour des troubles hépatiques, cardiovasculaires ou endocriniens, un avis médical est recommandé avant d’entamer une consommation régulière de curcumine sous forme concentrée.

Pendant la grossesse, il est déconseillé d’en consommer à fortes doses, car il pourrait avoir un effet emménagogue (stimulant de la circulation utérine).

Le saviez-vous ?

Bien avant d’être reconnu par la science moderne, le curcuma (Curcuma longa) était déjà considéré comme une plante sacrée en Asie du Sud. Son usage remonte à plus de 4000 ans dans la médecine ayurvédique, où il est mentionné dans des traités anciens comme remède purificateur du sang, stimulant digestif et tonique général.

En Inde, il est aussi indissociable des rites religieux : appliqué en pâte sur le front des fidèles lors des cérémonies hindoues, il symbolise la prospérité et la protection divine. Utilisé pour teindre les tissus, notamment les robes safran des moines bouddhistes, il servait aussi de pigment naturel dans les fresques et les manuscrits.

Dès l’Antiquité, les marchands arabes l’introduisent au Moyen-Orient, le faisant connaître des médecins grecs et perses. À l’époque médiévale, le curcuma est parfois confondu avec le safran en Europe, d’où son surnom de « safran des Indes ». On le retrouve dans les traités de pharmacopée arabes et dans les collections botaniques des apothicaires de la Renaissance. Une anecdote rapporte que Marco Polo, en découvrant la plante au XIIIe siècle, s’étonne de sa ressemblance avec le gingembre, mais note sa couleur dorée et ses usages médicinaux.

Dans de nombreuses cultures, le curcuma a aussi été utilisé comme cosmétique : les femmes indiennes l’appliquaient sur la peau pour éclaircir le teint avant le mariage ou pour apaiser les irritations cutanées.