Les fleurs préférées des bourdons

Quelques infos sur les bourdons

Qu’est-ce qu’un bourdon ?

Le nom commun « bourdon » se rapporte aux insectes du genre Bombus (famille des Apideae et ordre des hyménoptères). Il existe plus d’une soixantaine d’espèces de Bombus en Europe, dont les plus communs chez nous sont le Bourdon terrestre (Bombus terrestris), le Bourdon des pierres (Bombus lapidarius), le Bourdon des prés (Bombus pratorum) et le Bourdon des champs (Bombus agrorum). Pour rappel, le bourdon n’est absolument pas le mâle de l’abeille.

Nota bene : certains insectes sont nommés vulgairement « bourdon quelque chose ». C’est le cas, par exemple, du Xylocope violé (Xylocopa violaceae) parfois surnommé « bourdon noir ». Notons aussi que les mâles des espèces d’abeilles sont couramment appelés « faux-bourdon » par les apiculteurs. Dans cette fiche conseil, nous nous contenterons de ne parler que des « véritables » bourdons : les Bombus.

Bombus terrestris, Bombus lapidarius et Bombus pratorum

Le bourdon est un pollinisateur très efficace

Les bourdons se nourrissent du nectar des fleurs et utilisent le pollen (et un peu de miel) pour nourrir leurs larves. Les bourdons visitent pratiquement toutes les fleurs, mais certaines sont plus appréciées que d’autres (voir plus bas). Ce sont des pollinisateurs efficaces, grâce notamment à la présence de poils sur lesquels s’accroche le pollen des fleurs. Mais aussi, par le fait que les bourdons sortent butiner dès 5 °C (contre 15 °C pour les abeilles) et sont actifs dès le mois de mars et jusqu’en novembre, dès l’aube et même les jours venteux et pluvieux.

Si votre jardin n’est pas habité par suffisamment de bourdons, la production de fruits et légumes en pâtira lourdement : c’est le cas pour les tomates, les aubergines, les piments, les myrtilles, les fraises, les courges et courgettes, les framboises, les pois, les haricots…

Les bourdons sont en danger

Hélas, les populations de bourdons s’amenuisent à cause surtout de la disparition de milieux naturels provoqués par l’urbanisation galopante et l’agriculture intensive, l’utilisation durant des décennies de produits insecticides ainsi que les changements climatiques. L’agroécologie et la restitution des prairies fleuries sont des pistes pour la sauvegarde des bourdons.

Le cycle de vie des bourdons

Les bourdons sont des insectes sociaux, ils vivent en colonies. La reine passe l’hiver seule, puis recherche un trou (cavité de rongeur, nichoir à oiseaux…) pour y construire son nid avec de la mousse, des poils, de l’herbe et des feuilles.

La femelle va pondre les premiers œufs et s’occuper de la construction des cellules de cire. Les œufs vont éclore et les larves se développeront en nymphes puis en ouvrières stériles. Ces ouvrières s’occuperont de la colonie : butinage pour récupérer de la nourriture pour les larves suivantes et protection du nid.

À la fin de l’été, la reine pond une nouvelle fois pour donner naissance à d’autres reines et aux bourdons mâles. Ils seront nourris par les bourdons stériles. Une fois adultes, les reines et les mâles vont s’accoupler. Mais seules les reines passeront l’hiver et commenceront une nouvelle colonie au printemps suivant.

Seules les femelles bourdons peuvent piquer, mais uniquement pour se défendre. Lorsqu’on marche dessus où si on le serre dans sa main par exemple. Le bourdon est un insecte paisible. 

La sortie de l'hiver - le tout début du printemps : nourrir la reine

La sortie de l’hiver (février-mars) est une période critique pour les reines qui doivent prendre des forces avant de construire leur nid et y rester plusieurs jours pour pondre.

À cette période, la nourriture (pollen et nectar) est peu présente dans la nature et au jardin. Toutefois, les saules commencent déjà à fleurir et les chatons constituent l’une des principales sources de nectar et de pollen. Les bruyères d’hiver (Erica carnea et Erica (x) darleyensis) sont aussi largement visitées. Les premières fleurs à bulbes qui fleurissent à la sortie de l’hiver aident grandement les bourdons : les perces-neiges et les premiers crocus.

Parmi les floraisons de l’hiver, attractives pour les bourdons : les saules, bruyères et perce-neige

Le printemps : les ouvrières sortent et commencent à faire des réserves

Le printemps est synonyme de floraison. La nature se réveille enfin : les bulbes de printemps, un grand nombre d’arbustes et beaucoup de fleurs vivaces ou annuelles dévoilent leur nectar aux insectes.

Le pissenlit reste la fleur préférée des bourdons au printemps (et pas seulement eux d’ailleurs). N’hésitez pas à en laisser fleurir dans votre pelouse ou vos massifs. Le trèfle blanc et le trèfle incarnat, qui fleurissent dès le mois d’avril (pour le trèfle blanc) jusqu’à l’automne, constituent aussi une bonne source de nourriture.

Parmi les autres floraisons de printemps, on retiendra les lamiums ou lamiers, indigènes ou non, qui fleurissent souvent dès le mois de mai, les pulmonaires, les consoudes ou Symphitums, la ciboulette…

Le pissenlit, une fleur qu’adorent les bourdons

L'été : il est temps de penser à la ponte des futures reines

Les ouvrières stériles sont très actives en été, pourvu qu’il ne fasse pas trop sec. Auquel cas, le nectar est beaucoup moins présent dans les fleurs et les bourdons risquent tout simplement de mourir de faim.

Parmi les fleurs à floraison estivale préférées des bourdons, on retrouve : les scabieuses, les échinops, la lavande, les géraniums vivaces dont les Geranium macrorrhizum et les Geranium pratense, la bourrache, la vipérine commune, les digitales, les centaurées, les pavots vivaces et les coquelicots, les roses trémières, les capucines, pois vivaces… et n’oublions pas les rosiers à fleurs simples.

Mais aussi quelques plantes aromatiques : thym, romarin, Sauge officinale, Origan…

En été, de nombreuses fleurs dont la lavande sont prisées des bourdons

L'automne : on prend des forces avant l'hiver

En automne, il reste encore quelques belles floraisons nectarifères au jardin. Les floraisons estivales font encore un peu de résistance et les vivaces qui fleurissent tardivement font le bonheur des butineurs.

Pour les bourdons, il restera les dahlias à fleurs simples, les anémones du Japon, les asters à floraison automnale, les gauras, les kalimeris, les Hylotelephium spectabile (anciennement Sedum spectabile)…

Bourdon en pleine dégustation au cœur d’un Dahlia…

Comment favoriser le bourdon au jardin ?

En plus, de semer, planter et laisser pousser le plus de fleurs possibles, on peut favoriser la présence de bourdons au jardin grâce à quelques simples aménagements. Il suffit juste de garder dans un coin oublié du jardin : un tas de feuilles mortes, de pierres ou de bois sous lequel la reine peut venir préparer son nid. Un jardin qui accueille des plantes sauvages, ainsi que de la mousse (pour le nid), de l’herbe un peu haute… apportent encore des petits plus pour la sauvegarde des bourdons.

Pour l’anecdote, des nids à bourdon à enterrer sont désormais en vente dans le commerce. Mais, laissons aux reines des bourdons le soin de confectionner leur nid. Après tout, cela fait des millions d’années qu’elles se débrouillent très bien, elles n’ont assurément pas besoin d’un nid fabriqué par des humains…