Les plantes baromètre

Les signes de la nature

Observer le comportement des animaux, la forme des nuages ou la direction du vent aide à connaitre l’évolution du temps dans les heures à venir. S’adaptant à leur milieu, les variations de température ou d’hygrométrie ont un effet sur eux. C’est un phénomène connu chez les oiseaux qui volent plus bas que la normale ou des abeilles qui deviennent très actives avant un orage.

On le sait, les anciens regardaient attentivement la nature pour évaluer des changements de temps, et savaient les interpréter. Tous les signaux de la nature ont été ainsi à l’origine de nombreux proverbes de nos almanachs, à l’heure où les bulletins météo et les satellites n’existaient pas.

Les plantes, statiques, ont elles aussi leur mot à dire sur le temps qu’il va faire, comme la fameuse pomme de pin qui se referme. Mais les végétaux peuvent-ils vraiment prédire le temps qu’il va faire ? Les plantes « baromètre », comme nous les appelons, réagissent subtilement aux variations des conditions météorologiques. Ce sont des espèces sensibles aux variations de la pression atmosphérique, de l’humidité, ou de la température. Leur observation attentive permet d’anticiper les évolutions du temps. Avec quelques plantes de votre jardin, vous pouvez avoir des prévisions ciblées. Les plantes ont en réalité un don de prédiction pour une durée assez courte, souvent de quelques heures, et souvent sur le mauvais temps à venir…

Les modifications observées au niveau des fleurs

Le signal le plus fréquemment constaté est la fermeture des fleurs : elles se referment quand la pluie menace, une stratégie qu’elles ont trouvé pour préserver ainsi leurs organes vitaux, étamines et pistil.

La carline (Carlina acaulis)
Aussi appelée chardon argenté, c’est la plante star de la météo des plantes ! Cette vivace semi-persistante fleurit de juillet à septembre, sur une très courte tige, souvent en montagne ou dans les causses, d’où son surnom de baromètre du berger. Son capitule entouré de bractées dorées se referme immanquablement et annonce l’arrivée de la pluie alors que lorsqu’il s’ouvre le temps est au beau fixe. C’est une vivace originale et intéressante pour les terrains secs ou rocailleux de plein soleil.

Le Cirse des champs (Cirsium arvense)
Ce robuste chardon des champs, reconnaissable par ses tiges ramifiées et ses fleurs pourpres, réagit fortement à l’humidité. En cas d’humidité élevée, les poils sur ses tiges et feuilles se dressent. Par beau temps, toutes ses feuilles sont étalées. Il referme son capitule coloré, émergeant des bractées, dès que l’hygrométrie s’élève. Les Cirses dont le cirse des champs poussent en plein soleil, en sol argileux et frais, mais il peut pousser dans des sols très divers. Plutôt du genre envahissant, vous l’observez lors de vos balades à la campagne.

L’Anémone des bois (Anemone nemorosa)
Cette délicate vivace porte des fleurs blanches très appréciées au printemps, courant mars-avril. Elles se referment en fin de journée ou s’inclinent vers le bas si la pluie approche ou bien par temps couvert. L’anémone des bois se développe en touffe herbacée à rhizome traçant, avec des feuilles basales palmées, réunies en rosette.

Le Rossolis (Drosera spp.)
Ce genre de petites plantes carnivores, souvent trouvé dans les tourbières, réagit aux variations de pression atmosphérique. Si une pression basse (souvent signe de pluie) est à venir, leurs feuilles se courbent et leurs tentacules collantes, ressemblant à de la rosée, s’enroulent. Ces plantes peuvent se cultiver en intérieur ou en région de climat très doux.

Les Narcisses (Narcissus spp.)
Leurs fleurs parfumées et élégantes se referment souvent avant une ondée. Les Narcisses font partie des plantes vivaces à bulbes les plus charmantes du printemps, à feuilles allongées et étroites, dont la corolle forme une cloche unique par tige. Les narcisses botaniques sont les plus concernés.

Le Coquelicot (Papaver rhoeas)
Ce délicat annuel aux pétales d’un rouge vif a la particularité de fermer ses fleurs lorsque la pluie est proche. Ses fleurs éphémères, délicates et soyeuses, s’épanouissant entre les mois de mai et d’août, préviennent souvent de l’arrivée d’une averse. Le pavot est une des meilleures plantes pour réensauvager le jardin : pour couvrir de grandes surfaces, des talus ou fossés et les prairies fleuries.

Le pissenlit (Taraxacum officinale) : Courant dans nos jardins, les fleurs jaunes du pissenlit s’ouvrent et se ferment en réponse à la lumière. Il a la particularité de fermer sa fleur quand la pluie approche. Si elles restent fermées dans la matinée, on peut s’attendre à une journée pluvieuse. C’est donc un bon indicateur pour anticiper les arrosages.

Le tournesol (Helianthus annus): lorsque sa fleur ne s’épanouit pas complètement, un risque de pluie est souvent à prévoir…

Mais aussi : les soucis, les ostéospermum et la belle de jour (Convolvulus tricolor – mais aussi tout le genre Convolvulus et Ipomoea) dont les fleurs se referment aussi à l’approche de la pluie. Tandis que la belle de nuit (Mirabilis jalapa) s’ouvrira plus tôt dans l’après-midi en cas de temps humide.

⇒ Attention : comme de nombreuses fleurs de la famille des astéracées se referment la nuit, observez les plutôt en pleine journée pour avoir un indicateur fiable !

Carlina aucaulis, Cirsium arvense et coquelicot

Les modifications observées sur les feuilles ou fruits

Les feuilles peuvent aussi se modifier chez certains végétaux, tout comme les fruits, le plus connu étant la pomme de pin. Voici quelques-uns des phénomènes les plus rencontrés dans nos prés, jardins ou vergers :

Le pin maritime (Pinus pinaster) : Arborant fièrement ses aiguilles persistantes, ce pin est un précieux baromètre naturel. Si ses pommes de pin referment leurs écailles, c’est que l’humidité augmente, et que le temps va vers le moins beau : il est probable que la pluie soit à venir. La plupart des conifères sont ainsi très sensibles aux variations climatiques, et les cônes d ‘épicéa et de sapin sont aussi indicateurs de beau temps quand ils restent bien ouverts. Cela marche aussi avec une pomme de pin détachée de l’arbre !

Le trèfle des prés (Trifolium pratense) : Ce modeste résident de nos pelouses et prairies a la particularité de replier ses feuilles lorsque le temps est humide ou devient venteux, ou qu’une pluie est proche.

La capucine (Tropaeolum majus) : Cette plante grimpante bien connue, aux fleurs éclatantes, est un excellent indicateur de la pluie à venir. Ses feuilles rondes se crispent et se replient légèrement en cas de pluie imminente.

Le Mimosa pudique (Mimosa pudica)
Ce petit arbrisseau tropical (Amérique du sud) est connu pour sa réaction rapide aux stimuli. En cas de menace d’orage, les feuilles bipennées de ce mimosa miniature se referment sur elles-mêmes, réduisant ainsi sa surface d’exposition. La sensitive comme on l’appelle couramment réagit aussi au toucher et se ferme la nuit. Il produit des petites fleurs mauves plumeuses en fin d’été, et a besoin de beaucoup de chaleur et d’humidité pour bien pousser (culture en pot chez nous).

Le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum) : Ce grand arbre majestueux, aussi appelé marronnier commun, très présent dans nos parcs et avenues, est particulièrement sensible aux changements de temps. Lorsqu’une pluie est en approche, ses grandes feuilles palmées se referment pour protéger les parties sensibles de la plante.

Le bouleau pleureur (Betula pendula)
Le bouleau pleureur, aussi appelé bouleau blanc, connu pour son écorce blanche se desquamant et sa ramure retombante, réagit à l’humidité en torsadant ses feuilles. On dit que lorsqu’une pluie est à prévoir, ses feuilles se retournent pour montrer leur face inférieure plus claire.

Le tilleul  : Ses feuilles ont également tendance à se refermer par temps de pluie, laissant apparaître leur revers, blanchâtre.

Le poirier (Pyrus communis)
Les poiriers, en particulier les variétés anciennes, montrent des signes de l’arrivée de la pluie. Ils tendent à exsuder des gouttelettes d’eau à partir de leurs fruits, un phénomène appelé guttation, quand le temps humide est en route.

Le Phyllanthe couché (Phyllanthus urinaria)
Cette petite plante herbacée, résistante à la sécheresse, est dotée de feuilles qui se dressent lorsque le temps est sec, et tombent lorsque l’humidité augmente. C’est un indicateur fiable du niveau d’humidité.

Pin, marronnier à fleurs rouges, et capucine