Ces semis qui aiment le froid

Les bienfaits des semis de fin d'été et de début d'automne

Si l’on sème certains légumes d’hiver en automne, il existe quelques plantes à fleurs qui vont apprécier une période de froid pour germer, voire un premier gel qui peut accélérer la germination comme chez la gentiane. Ce sont des graines qui, une fois germées, vont par ailleurs résister aux gelées de l’hiver.

Les semis automnaux permettent d’obtenir, dans les régions adéquates (voir le point suivant), des floraisons plus vigoureuses. Les annuelles ou vivaces semées en automne développent par ailleurs souvent une résistance accrue aux maladies et aux ravageurs. Elles sont en effet exposées à des conditions plus rigoureuses dès le début, ce qui les rend plus robustes.

On bénéficie également avec un semis automnal d’une floraison précoce au printemps, par rapport à des semis effectués en fin d’hiver ou début de printemps, car les plantes ont pris une longueur d’avance.

Les conditions climatiques de l’automne, humidité et températures toujours douces, permettent enfin aux graines de germer souvent plus rapidement et avec moins de stress, sans compter que la concurrence au niveau des adventices est moins forte.

Semer sous abri (serre, véranda, châssis froid) permet de hâter encore plus la floraison pour en profiter dès la fin du printemps.

Le jardin se pare de couleurs et de floraisons automnales : le top départ pour un semis d’annuelles et vivaces triées sur le volet !

Les conditions pour effectuer des semis d'automne de plantes à fleurs

Tout le monde ne va pas pouvoir effectuer des semis d’automne ou de fin d’été, cela dépend beaucoup de votre région, de votre terre et du type de plantes. Plusieurs conditions doivent être en réalité réunies :

• On sème en fin d’été ou tout début d’automne dans les régions tempérées (climat océanique – littoral atlantique jusqu’à grosso modo une ligne Caen-Poitiers, et climat méditerranéen) car ce sont des régions aux hivers doux. On peut même avancer à fin août selon la météo annoncée.
• La température de germination : alors que la température idéale pour la levée des plants est souvent comprise entre 18 et 25 degrés pour beaucoup de plantes (à fleurs ou potagères), certaines fleurs ont besoin d’un peu moins de degrés pour déclencher un processus germinatif. Mais une graine, quelle qu’elle soit, a besoin de chaleur pour germer, et la terre doit rester un minimum réchauffée, soit une température extérieure entre 10 et 15° jusqu’à et 18°C pour les plantes dont je vais vous parler.
• La récolte de vos graines : semez dès la récolte des graines que l’on effectue fin août ou début septembre sur les fleurs fanées qui n’ont pas été coupées. Ces graines doivent être arrivées à pleine maturité, sont sèches et de couleur plus ou moins brune, mais pas pourries par les pluies, et avant qu’elles ne tombent d’elles-mêmes ou ne soient mangées par les oiseaux. Vous les récolterez par temps sec. Cela donne plus de chances d’obtenir de bons résultats, comparé aux graines issues du commerce, forcément moins fraiches.
• Le type de sol est primordial : si votre terre est très argileuse, préférez les semis de printemps. Le sol doit en effet être suffisamment drainant pour ne pas se gorger d’humidité en hiver, ce qui ferait pourrir les graines dans une terre trop froide ou humide. Une terre limoneuse ou sableuse, selon les plantes, est idéale : un sol sablonneux se réchauffera plus vite au printemps, quand un sol à la fois argileux, sableux et riche en humus conservera la chaleur plus longtemps en automne, d’où l’intérêt pour nos semis.
• Des semis en exposition ensoleillée : toutes les plantes concernées seront semées au soleil, pour bénéficier de suffisamment de chaleur et de lumière en cette saison ou les jours diminuent.
• Les graines très fines qui n’ont pas besoin d’être recouvertes, ou à peine : on parle d’un semis en surface.
• Le semis en place, c’est-à-dire directement en pleine terre, est à privilégier, sauf pour certaines graines qui préfèrent un semis sous châssis froid.

Quelles plantes peut-on semer en automne ?

Ce sont surtout des plantes annuelles ou bisannuelles et des vivaces qui vont être plus faciles à réussir sur un semis automnal. On va semer des annuelles, bisannuelles ou vivaces qui se ressèment facilement seules, en suivant leur mode de fonctionnement naturel qu’elles auraient spontanément sans l’aide du jardinier.

Les annuelles

Ce sont celles qui ont une levée assez rapide, entre deux et trois semaines, et qui ont tendance à se ressemer seules :

• la capucine, la seule que l’on sèmera en poquet, car elle a de grosses graines.
• le cosmos : en fleur tout l’été, d’une allure champêtre, mais adaptable à presque tous les jardins !
• le pavot de Californie : solaire et orangé, au beau feuillage grisé, lui aussi préfère les températures fraiches pour bien germer, à réserver cependant aux sols sableux et très drainés.
• le pois de senteur : semis à faire dès septembre ou en fin d’été, sous abri non chauffé, ils fleuriront en mai, voire en avril. Vous aurez repiqué les plantules issues du semis directement en pleine terre dès octobre. Cette façon de faire est préconisée comme pour les autres annuelles présentées ici pour les régions aux hivers doux (littoral atlantique, sud du pays).
• la monnaie du pape (Lunaria annua) : reconnaissable à ces fruits étonnants. Lire notre tutoriel Réussir le semis de monnaie du pape.
• le souci (Calendula officinalis) et le tagète  : on ne les présente plus, ils font partie des plantes se ressemant naturellement en régions chaudes, idéaux en semis automnal.
• la nigelle : à semer en pleine terre comme tous nos exemples d’annuelles, à la volée en ce qui concerne la nigelle.
• le bleuet (Centaurea) : parfait dans les jardins naturalistes, les semis de septembre se montrent vraiment plus vigoureux.
• la mauve annuelle (Lavatera trimestris) : pour les jardins de cottage, bien que souvent conseillée en semis printanier, elle est possible en semis au mois de septembre dans les régions de climat doux.
• la gypsophile annuelle.

Les vivaces

On retrouve des vivaces robustes, rustiques et ayant fini leur floraison pour la récolte des graines en fin d’été ou début septembre :

• l’alchemille : aux fleurs acidulées et à l’élégant feuillage velouté et ondulé.
• la mauve
• l’ancolie : une des plus faciles à reproduire en automne, l’espèce type sauvage étant à privilégier (Aquilegia vulgaris et ses variétés).
• la gentiane au bleu intense recherché dans les jardins bleus !
• le stokesia : adorable vivace mauve la plupart du temps, ressemblant à son cousin le bleuet.
• les chardons (Eryngium sp.) : semis à effectuer en terre très légère
• les mauves, notamment la mauve musquée.
• le thalictrum : gracieux en diable avec sa floraison pointilliste, il est, lui aussi, relativement simple à réussir en septembre.
• les pavots vivaces et orientaux, qu’il est possible de semer en terre bien préparée et drainante.
• la pulmonaire : une jolie vivace couvre-sol à fleurs bleues à roses et feuillage tacheté, que l’on repiquera à mi-ombre.
• le Tricyrtis et le Penstemon peuvent aussi se tenter dès la fin de leur floraison et en régions sud, puisqu’ils fleurissent jusque tard en saison.

Monnaie du pape, pavot de Californie, nigelle et en bas alchémille, ancolie et thalictrum

On peut même essayer des arbustes, toujours en région de climat doux, comme le gatillier par exemple.

Le semis d'automne sous châssis froid et autres conseils

Le semis à froid a parfois besoin d’un petit coup de pousse. Pour les plantes qui ne supportent pas bien la transplantation et le repiquage comme les pavots, il vaut mieux semer en place.  Mais pour d’autres, le semis va pouvoir s’effectuer sous châssis froid, sorte de mini-serre placée directement sur le sol. N’oubliez pas, comme pour un semis de printemps, d’éclaircir vos plantules une fois levées : soit on les repique en pleine terre une fois qu’elles sont maniables, soit on les met en pots, laissés sous le châssis.

Les cloches de forçage sont utiles à cette période de l’année pour protéger vos semis juste effectués, ce qui permet, comme au printemps, de conserver la chaleur en journée et d’éviter trop d’humidité la nuit.

Une des règles pour bien réussir ses semis d’automne est de ne pas laisser crouter la terre, ce qui limiterait la poussée des graines : un arrosage léger, mais ne jamais laisser la terre toute sèche en cas d’arrière-saison chaude et sans pluies.

→ Lire aussi les cloches de forçage ou cloches de protection : à quoi ça sert ?